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Peintres et sculpteurs - Page 18

  • Où est donc passé le buste de Joë Bousquet ?

    Dernièrement, je lisais la remarquable biographie du poète Joë Bousquet écrite par René Nelli et publiée chez Albin Michel en 1975 : Joë Bousquet. Sa vie, son oeuvre. Comme vous l'imaginez, certaines informations contenues dans cet ouvrage n'ont pas pu échapper à ma curiosité. On apprend qu'en 1946 la sculptrice Salomé Vénard réalisa un buste du poète Carcassonnais ; elle le représenta sous les traits d'une femme. René Nelli indique : "elle pressentait que la destinée de Bousquet allait bientôt se terminer. Il s'était enfin détaché du double qui était à la fois sa blessure, sa mère et sa propre conscience devenue maintenant assez libre pour ne plus considérer le corps comme un obstacle à l'esprit."

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    D'après R. Nelli, ce n'est pas un mais deux bustes qui ont été réalisés par Salomé Vénard. Le premier, c'est celui dont nous venons de parler. Bousquet en fit cadeau à l'une de ses amies, mais cette dernière trouvant qu'il portait malheur décida de le rendre à sa créatrice. En 1951 - l'année suivant le décès de Bousquet - la sculptrice en exécuta un autre. L'état en fit l'acquisition et l'envoya en dépôt au Musée des Beaux-arts de Carcassonne. René Nelli - conservateur de ce musée depuis 1947 - note qu'au cours de réparations effectuées au musée des Beaux-arts, le visage de pierre de Bousquet eut le nez cassé... (Sic)

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    Deux questions - vous le pensez bien - me tarabustent depuis quelques jours :

    A quoi ressemble ce buste ? Qu'est-il advenu de lui ?

    J'ai remué dans tous les sens internet afin de tenter de trouver une photographie de la sculpture , ceci sans résultats. Même le site du Ministère de la culture sur lequel elle est référencée, n'en possède pas. C'est alors, grâce à je ne sais qu'elle source divine - l'esprit de Bousquet soufflant sur moi - que j'ai trouvé sa photographie sur le frontispice d'un ouvrage de l'illustre poète.

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    Voici donc Joë Bousquet sculpté comme Virgile, le poète de l'antiquité romaine. Aujourd'hui, il aurait le nez cassé ; le sphinx de Guizeh n'en est pas moins impressionnant de beauté. Tout ceci ne répond pas hélas à ma seconde question... J'ai tenté de joindre hier après-midi le directeur du Centre de la maison des mémoires, rue de Verdun ; il semblerait que pour moi, il s'en trouvait éloigné... du centre. Je ne cherche querelle à personne, mais en honnête citoyen - béotien de surcroît - il est normal que j'en appelle à la haute autorité intelligente à condition qu'elle veuille bien m'entendre. Donc, par l'intermédiaire de ce blog je la sollicite afin qu'elle nous dise ce qu'il est advenu de cet objet payé par l'état ; il est signé en bas et au dos. Se trouve t-il dans le musée des Beaux-arts,  dans un coin des réserves ou bien ailleurs ?...

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    On pourra également se souvenir de ce médaillon réalisé par René Iché, commandé par l'Administration des monnaies et médailles et frappé en 1939. Il est signé et daté d'octobre 1938.

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    Quant aux tableaux de la collection Joë Bousquet, voici ce qu'il est noté à la page 227 :

     Le conservateur du musée, René Nelli, en déposant lui-même les oeuvres surréalistes qui lui appartenaient en propre, obtint de quatre ou cinq amis de Bousquet qu'ils missent eux aussi, en dépôt au musée celles dont ils avaient hérité. Il y eut donc, pendant dix ans, au musée des Beaux-arts de Carcassonne, une salle Joë Bousquet. Mais la peinture surréaliste ayant pris une valeur marchande très considérable, les prêteurs - et quelquefois même les donateurs - revinrent sur leur décision première et, l'un après l'autre, retirèrent leurs tableaux. Il ne reste au musée de Carcassonne que cinq toiles ayant fait partie de la Collection Joë Bousquet, et le buste en pierre de Salomé Vénard, qui le représente.

    Qu'est-il advenu de tout cela ? Le Musée des Beaux-arts de Carcassonne n'a pas - à ma connaissance - de salle consacré à ce style de peinture. 

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  • L'artiste peintre Jean Dubuffet (1901-1985) à Carcassonne chez Joë Bousquet

    Nous sommes au début de 1944...

    Jean Dubuffet

    n'est pratiquement connu de personne. Dans sa chambre sombre et calfeutrée de la rue de Verdun, Joë Bousquet reçoit une lettre de son ami Jean Paulhan au sujet de ce nouveau peintre : "Te parlerai de lui..." Les mois passent et la curiosité du poète Carcassonnais se trouve mise à mal : "Tu me fais griller d'impatience avec Dubuffet..." lui répond-il. 

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    © Archives Fondation Dubuffet

    Jean Dubuffet en 1945

    Durant l'année 1944, Jean Dubuffet envoie une de ses toiles à Joë Bousquet. Il s'agit de "Haut négoce" dont nous avons emprunté la photo ci-dessous à la Fondation Jean Dubuffet.

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    © ADAGP, Paris 2016

    "Chaque jour, je pense à Dubuffet, et maintenant devant Haut négoce (on est gosse, on naît gosse, on n'est gosse) qu'il m'a envoyé, et qui a chassé la nuit de ma chambre, car pour mieux voir ce tableau, je vis les contrevents ouverts... (Lettre de Jean Paulhan)"

    "Ce dimanche aurait été comme effacé de ma vie si je n'avais eu continuellement sous les yeux le petit Dubuffet. Je te devrai et lui devrai d'avoir passé le jour le plus inoubliable, le plus créateur de mon existence... Mais j'avais le Dubuffet ! J'ai d'abord admiré ces couleurs, j'ai vu les trouvailles avant tout, l'art de creuser une teinte avec des lignes, de donner à des bleus, grâce à des traits noirs, une sorte de profondeur ardente. Mais hier soir, déjà, ayant posé la peinture près de Paul Klee j'ai vraiment préféré le Dubuffet et j'ai compris pourquoi."

    "Une nouvelle lettre de Joë Bousquet, si émouvante ! il aime bien, vous voyez, mon Haut Négoce". Il a ouvert sa fenêtre et moi, j'aime passionnément ses lettres... (Lettre de Jean Dubuffet à Jean Paulhan)

    Le 4 avril 1946, Joë Bousquet écrit au chanoine Sarraute : "Dubuffet m'envoie un admirable recueil de lithos en couleurs". L'année suivante, Jean Dubuffet se déplace à Carcassonne et rend visite à Joë Bousquet. Il réalise coup sur coup trois portrait du poète dans son lit, dont un en grand format se trouve au Museum Of Modern Art de New York (MOMA).

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    © ADAGP, Paris 2016

    En retour d'une admiration réciproque, Bousquet écrit "Partition" dont la veine poétique est essentiellement issue des liens tissés avec Dubuffet. On pourra lire dans le remarquable ouvrage "Max Ernst, l'imagier des poètes" la note suivante :

    "Dans la Romance du seuil, Joë Bousquet intitule une de ses sections "La Rainette du noir" qui renvoie à son texte concomitant sur Dubuffet dans lequel il compare la main de Dubuffet à la rainette du noir."

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    On pourra également se référer au catalogue de l'exposition Jean Dubuffet qui se tint au Musée des beaux-arts de Carcassonne en 1998.

    Paysages du mental

    Sources

    La contrition de Joe Bousquet / Gabriel Sarraute / 1981

    La chambre de Joe Bousquet / Pierre Cabanne

    J. Bousquet : Une vie à corps perdu / E. de la Héronnière 

    Remerciement à Fondation J. Dubuffet

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Une statue méconnue dans la cour de l'Evêché...

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    Dans la cour de l'évêché de Carcassonne, située derrière le chevet de l'église des Carmes se trouve un enfeu dans lequel nous avons remarqué une statue de la Vierge Marie.

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    Il s'agit d'une sculpture en marbre signée Cabrol en avril 1876. Qui était ce Cabrol ? Nous l'ignorons, il faudrait que sur ce point la responsable des objets sacrés de département de l'Aude puisse nous venir en aide. A moins, que cette statue ne soit pas répertoriée ; auquel cas, elle court le danger de disparaître un jour de la circulation et de se retrouver chez quelque antiquaire recéleur. 

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    C'est précisément à cet endroit qu'au début du XXe siècle, l'oeuvre des Carmes jouait la Passion du Christ avec de nombreux fidèles Carcassonnais.

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