Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Peintres et sculpteurs - Page 15

  • Où est passée l'oeuvre du sculpteur François Sicard ?

    1310691129.jpg

    Le 7 juillet 1901, Jacques Hilaire Théophile Marcou était honnoré dans sa ville natale par l'érection d'un monument à sa gloire dans la Cité de Carcassonne. Sénateur de l'Aude, il se lia d'amitié avec Armand Barbès et combattit avec tenacité le gouvernement de Louis-Philippe et plus tard, la présidence autoritaire de Louis-Napoléon Bonaparte. Condamné par contumace à la déportion, Marcou s'était réfugié en Espagne jusqu'en 1867. A son retour, il fonde le journal "La fraternité" à Carcassonne et deviendra maire de la ville le 22 août 1870.

    1248270840.jpg

    Le buste en bronze qui aujourd'hui, comme tant d'autres choses mériterait un nettoyage, trône sur l'actuelle place Marcou au milieu de la terrasse des cafés. L'oeuvre est du sculpteur Théophile Barrau à qui l'on doit de nombreuses réalisations dans Carcassonne.

    3916724994.jpg

    Ce buste est soutenu par un emmarchement de plan carré avec des quatre côtés du socle, un bassin de fontaine demi-circulaire avec mascaron en bronze.

    1706061817.jpg

    Le mascaron en bronze

    161271557.jpg

    En 1910, un comité se forme pour la construction d'un monument plus important. Une subvention municipale de 15 000 francs est accordée le 5 juin 1911 et l'oeuvre est confiée au sculpteur

    Sicard

    François Sicard (1862-1934),

    1er Grand prix de Rome en 1891. L'emplacement choisi est le jardin des plantes (Square Chénier) en lieu et place de la statue "Héléna", puis finalement sur le boulevard Marcou. La sculpture en marbre de Sicard présentée au Salon de Paris en 1914 sera livrée à Carcassonne, mais remisée dans les caves du Musée des Beaux-arts de Carcassonne en 1930.

    Plusieurs questions se posent :

    Pourquoi l'oeuvre de Sicard a-t-elle été mise aux oubliettes en 1930? La municipalité Radical-socialiste d'Albert Tomey voulait-elle rompre avec une décision politique prise par celle de Gaston Faucilhon en 1911?

    L'oeuvre de François Sicard est-elle toujours dans les caves du musée? Seule madame Maynard, la conservatrice pourrait peut-être y répondre. Il est à craindre toutefois que l'opacité d'un siècle de gestion du musée des Beaux-arts, ait eu raison d'une oeuvre d'art que d'autres villes auraient sûrement préservé. Puisse ce blog une nouvelle fois lever le mystère, sur une histoire que j'ignorais jusqu'à l'achat de cette carte postale...

    _________________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2016

  • EXCLUSIF ! On a retrouvé la fabuleuse collection de tableaux de Joë Bousquet !

    Voilà le résultat d'une enquête de plusieurs mois... Vous vous souvenez sans doute d'un précédent article dans lequel nous vous révélions que la collection de tableaux du poète Joë Bousquet avait quitté Carcassonne. Après avoir été exposée au Musée des beaux-arts grâce à René Nelli, chaque propriétaire était venu récupérer son tableau légué par Bousquet. Ces toiles de maîtres du surréalisme ont été vendues au début des années 1960 dans des galeries en France, le plus souvent pour un prix très en-deçà de la côte actuelle. Je me suis mis en tête de retrouver le maximum de ces oeuvres ayant appartenues au poète. Pour cela, j'ai cherché les brochures des galeristes parisiens de cette époque, les salles des ventes, les musées, les archives. J'ai également consulté le livre de Pierre Cabane "La chambre de Joë bousquet" publié en 1997, mais si cet ouvrage recense certaines de ses toiles, d'autres ni sont pas. Mon enquête s'est bornée à tenter de trouver la photo du tableau, localiser les oeuvres dans les musées ou les collections privées. Bien entendu, cet article n'a pas la prétention d'avoir retrouvé tous les tableaux.

    Joë_Bousquet_(par_Jean_Camberoque)_1943.jpg

    J. Bousquet par Jean Camberoque

    (1943)

    J'ai longuement hésité a révéler sur ce blog le fruit de ce travail de bénédictin, car j'ai conscience qu'on s'en servira, comme à chaque fois, sans me citer avec un opportunisme teinté d'une indifférence malhonnête. Ce qui m'a déterminé à vous le présenter, c'est l'idée que le notre Musée des Beaux-arts pourrait rassembler à nouveau cette collection et la présenter lors d'une exposition. Nous savons que les musées se prêtent mutuellement des tableaux pour une courte durée, aussi en mémoire de Joë Bousquet, Carcassonne pourrait initier ce projet. En tout état de cause, voici ci-dessous la plus fabuleuse collection de toiles surréalistes que la ville de Carcassonne a laissé se disperser et partir aux quatre coins de la planète. Elle n'a pas senti souffler le vent de l'histoire de l'art...

    Salvador Dali

    La tour (Dali).png

    La tour

    (1935)

    Huile sur toile (65,5 x 54)
    Exposée en 1961 à Besançon au Palais Granvelle lors de l’exposition intitulée « Surréalisme et précurseurs ». Déposée en 1962 dans la Galerie André-François Petit (rue du Faubourg St-Honoré, Paris VIIIe) avec des oeuvres de Bellmer, Ernst, Dali, Delvaux, Brauner, Magritte, Tanguy… La tour provient de la collection J. Bousquet. A la mort du poète, c’est Monsieur T. (professeur de philosophie à la Sorbonne) qui en hérita. Elle fut ensuite vendue dans la galerie Petit et se trouva successivement à la Hanover Gallery de Londres, puis dans la collection de Erna et Curt Burgauer qui en fit don en 2007 à la Fondation Gali-Dali de Figueras (Espagne) où elle se trouve aujourd’hui.

    Salvador Dali_Etude pour Le Miel est plus doux que le sang.jpg

    Étude pour « le miel est plus doux que le sang »
    (1926)

    Exposé en 1956 au casino de Knokke le zoute, elle se trouve en 1970 dans la Galerie André-François Petit où elle fut acquise par Jacques Ullmann. Vendue aux enchères le 9 février 2011 pour 4 073 250 livres sterling. Elle se trouve actuellement à la Fondation Gali-Dali de Figueras.

    Yves Tanguy

    la main dans les nuages.jpg

    La main dans les nuages

    (1927)

    Huile sur toile 65 x 54. Vendu chez Sotheby's le 7 décembre 1999. Staatsgalerie (Stuttgart / Allemagne). Cette toile se trouvait à côté du lit de J. Bousquet comme l'atteste la photographie ci-dessous prise par Denise Bellon.

    bousquet tanguy.jpg

    © Centre Joë Bousquet / Denise Bellon

    Fin de rampe.png

    Fin de rampe
    (1930)

    Huile sur toile de 80 x 90 cm.

    Exposée à la Galerie André-François Petit achetée par Viktor et Marianne Langer en mai 1978. Vendue aux enchères chez Sotheby’s le 26 juin 2014. Estimée à un million de livres sterling.

    Titre inconu. Yves Tanguy. MMA.jpg

    Titre inconnu
    (1926)

    Huile sur toile avec string and collage. Héritée de J. Bousquet par James Ducellier en 1961. Mise en dépôt à la Galerie André-François Petit et vendue en mars 1962 à Pierre Matisse (famille du peintre Henri Matisse). Pierre et Maria Gaetana Matisse l’ont offert au Musuem of Art de New-York en 2002.

    La balance parfaite. Tanguy.png

    La balance parfaite

    Huile sur toile 100x81

    Vendu à la Galerie A-F Petit à Paris. Collection Gunther Sachs

    Max Ernst

    Facilité. Max Ernst.png

    Facilité
    (1923)

    Huile sur toile de 65 x 54 cm.

    Exposée à la Galerie André-François Petit en 1962 (James Ducellier probablement), puis à la Galerie Beno d’Incelli. Acquise le 22 octobre 1963 pour un collectionneur de New-York. Revendue aux enchères chez Sotheby’s le 13 décembre 2007 au prix de 318 250 euros.

    Bousquet.jpg

    Cette toile se trouvait au-dessus du lit de Joë Bousquet. Ceci est attesté par cette photographie prise par Denise Bellon.

    Les papillons. Ernst.jpg

    Les papillons
    (1930)

    Huile sur toile de 22 x 15,6 cm.

    Exposée en 1962 (probablement James Ducellier) à la Galerie André-François Petit. Vendue à Anon. Se trouve en juin 1972 à la Galerie Motte de Genève (Suisse). Vendue chez Sotheby’s à Londres le 30 novembre 1988, puis chez Christie’s le 3 mai 2006 pour la somme de 180 000 dollar.

    arbres conjugaux.jpg

    Arbres solitaires et arbres conjugaux
    (1940)

    Huile sur toile 81,5 x 100,5

    Elle appartenu à Joë Bousquet comme cela est stipulé dans la lettre ci-dessous de Max Ernst en date du 24 décembre 1940.

    "Tu as raison, Joe. Il vaut mieux ne pas rouler ce tableau, je ne vais pas te priver de la surprise de le voir sortir de sa caisse. Car je pense (je voudrais au moins) qu'il te surprenne un peu et que tu le trouveras au moins l'égal du tableau vert dont tu me parles souvent. Un seul inconvénient si je demande au seul menuisier du village de me construire cette caisse, il le fera très bien, mais il y mettra quelques mois pour la terminer. Je vais donc essayer de le faire moi-même. Pour un autre tableau, il a le même problème avec le châssis qui n'est pas au format désiré, ce qui repose la question du menuisier. »

    Cette toile a sans doute appartenu à James Ducellier après la mort de Bousquet. Elle se trouve désormais au musée Thyssen-Bornemisza à Madrid (Espagne)

    la ville entière.jpg
    La ville entière
    (1935)

    Huile sur toile 60 x 85

    Exposée à la Fondation Beyeler (Bâle) en septembre 2013, cette toile avait acquise par James Ducellier sur les conseils de son ami Joë Bousquet.

    Capture d’écran 2016-05-22 à 15.16.37.png

    La colombe
    (1926)

    Huile sur toile 24 x17 cm.

    Ayant appartenu à René Nelli à la mort de Bousquet. Le conservateur du Musée des beaux-arts de Carcassonne l’avait exposé dans la salle consacrée aux collections du poète jusqu’en 1963. Cette toile a été vendue chez Christie’s le 19 juin 2007. Estimation 80 000 livres sterling. On ne connaît pas le prix de l’enchère.

    foret blonde (Max ernst).jpg

    La forêt blonde
    (1925)

    Huile sur toile 92 x 65 cm

    Donné par René Nelli à Bousquet et repris à sa mort. Elle a été exposée au Musée de Carcassonne jusqu’en 1963. Exposée au Magasin III Museum & Foundation for Contemporary Art de Stockholm (Suède). Collection privée.

    L'oiseau.png

    L’oiseau
    (Circa 1925)

    Huile sur papier émeri noir collé sur bois avec encadrement en liège : 34 x 31 cm.
    Ayant appartenu à Henriette Patau - soeur de J. Bousquet - après la mort du poète. Après avoir été exposée dans la salle Joë Bousquet du Musée des beaux-arts de Carcassonne, elle a été reprise par sa propriétaire en 1963. Certainement revendue depuis.

    La nature à l'aurore. Ernst. 1937.jpg

    La nature à l’aurore
    (1937)

    Huile sur carton 24 x 33 cm.
    Provenant de la collection Joë Bousquet (sûrement à James Ducellier), ce tableau a été vendu aux enchères chez Sotheby’s à un acheteur anonyme pour 564 750 euros.

    Loplop présente. Ernst.png

    Loplop présente
    (1931)

    Gouache. Frottage et collage. 50 x 64,3 cm

    Provient de la collection Joë Bousquet et dédicacée « A mon très cher ami Joë Bousquet ». On le trouve ensuite dans la Galerie Halla Nebelung de Düsseldorf (Allemagne). Il serait actuellement à l’Institut Valencia d’Art modern (Espagne). Exposée en 1969 au Moderne Kunst aus Privatbesitz in Hannover.

    Loplop présente deux fleurs. Ernst.png

    Loplop présente deux fleurs
    (1930)

    Trônait dans la chambre du poète et obstruait une fenêtre close. La photo ci-dessous en apporte la preuve.

    Bousquet lolop.jpg

    © Centre Joë Bousquet / Denise Bellon

    L'Ange du Foyer. Ernst.jpg

    L'ange du foyer 

    ou

    Le triomphe du surréalisme

    (1937)

    Huile sur toile 114x146

    Cette toile a appartenu à James Ducellier. Chez un collectionneur de Turin en 2005. Il s'agit là de l'oeuvre mythique du peintre. Elle annonce comme une mise en garde, les futures destructions de la Seconde guerre mondiale. C'est la toile la plus chère de la collection Ernst.

    La nymphe Echo. Ernst.png

    La nymphe Echo

    (1936)

    Huile sur toile 46x55

    Collection du Musée d'Art moderne de New-York (MOMA)

    La colombe avait raison. Ernst.png

    La colombe avait raison

    (1926)

    Carton et bois 42x35

    Vendu chez Sotheby's le 31 mars 1965 pour 5039 dollars

    Vol nuptial. Ernst.png

    Vol nuptial

    (1931)

    Huile sur toile 81 x 65

    Vendu chez Christie's le 24 juin 1991 pour 344 925 dollars.

    René Magritte

    Les cicatrices de la mémoire. 1927.png

    Les cicatrices de la mémoire
    (1927)

    Huile sur toile 73 x 54 cm

    Le palais de la courtisane. Ernst.png

    Le palais de la courtisane

    Huile sur toile 73x54

    Exposé à Toulouse en 1946. Vendu à la Galerie A-F Petit à Paris vers 1962

    le repas de noces.jpg

    Le repas de noce

    (1940)

    Gouache 31 x 41. 

    Shéhérazade.png

    Shéhérazade
    (1947)

    Gouache sur papier 16,8 x 12,7 cm

    Ce tableau a été donné en 1948 par Joë Bousquet à Jacqueline Gourbeyre, résidant à Toulouse. Surnommée Linette, elle aura gardé cet oeuvre jusqu'à la fin de sa vie. Bousquet voulait créer un lien entre les deux chambres (Le poète l’exprime ainsi dans une lettre à Magritte en date du 29 Septembre 1948). Lors d’une vente aux enchères chez Sotheby’s le 4 juin 2014, cette version de Shéhérazade a été adjugée 217 000 euros.

    L'idée fixe. Magritte.jpg

    L'idée fixe

    (1928)

    Huile sur toile 81x116

    Légué par testament à Georges et Georgette Roumens en 1943. Aujourd'hui, dans les collections du Staatliche Museum Preussicher Kuturbesitz National Galerie (Berlin / Allemagne)

    Hans Bellmer

    8759533350_0e190f58a6_b.jpg

    Entre deux eaux

    Gravure en couleur signée d’après une gouache de 1941. Tiré à 200 exemplaires numérotés et signés. Exposé à la Galerie André-François Petit. Vendu le 21 janvier 2005 à la salle Drouot pour la collection de M. Ferrier.

    Chapeau main. Bellmer.png

    Chapeau main

    (1947)

    Crayon rehauts de gouache sur papier ocre 24 x20. Exposé au Centre Pompidou du 1er mars au 22 mai 2006. Ancienne collection J. Bousquet

    Jean Dubuffet

    Haut négoce.jpg

    © ADAGP, Paris 2016

    Haut négoce

    (1944)

    Collection privée

    "Chaque jour, je pense à Dubuffet, et maintenant devant Haut négoce (on est gosse, on naît gosse, on n'est gosse) qu'il m'a envoyé, et qui a chassé la nuit de ma chambre, car pour mieux voir ce tableau, je vis les contrevents ouverts... (Lettre de Jean Paulhan)"

    1871851560.png

    Portrait de J. Bousquet

    Le 4 avril 1946, Joë Bousquet écrit au chanoine Sarraute : "Dubuffet m'envoie un admirable recueil de lithos en couleurs". L'année suivante, Jean Dubuffet se déplace à Carcassonne et rend visite à Joë Bousquet. Il réalise coup sur coup trois portrait du poète dans son lit, dont un en grand format se trouve au Museum Of Modern Art de New York (MOMA).

    Joan Miro

    Le repas des fermiers. Miro.png

    Le repas des fermiers

    (1925)

    Huile sur toile 46x28

    Acquis par le galerie Sami Tarica à la fin des années 1950. Cincinnati / Collection Thomas Adler

    Fautrier

    Paysage de port cros. fautrier.png

    Paysage de Port Cros

    (1945)

    Huile sur toile 49,4 x 37,8

    Collection Christian Durand. Actuellement au MOMA (New-York)

    Kandinsky

    Petit blanc. Kandinsky.png

    Petit blanc

    (1928)

    Aquarelle, gouache et encre de chine sur papier 62 x 46. Provenance Collection André Breton. Musée d'art moderne Pompidou (Paris)

    Auguste Herbin

    Auguste Herbin. Composition. 1930.png

    Composition

    (1930)

    Huile sur toile 41 x 25

    Ayant appartenu à J. Bousquet. Estimation 18000 à 25000 €. Vendue le 24 octobre 2012 à Art curial (Paris) avec des oeuvres de la fondation Albert Gleizes.

    Jean Arp

    Arp.JPG

    © La chambre de J. Bousquet / Pierre Cabane

    Relief en bois peint 27 x 43 x 16

    Légué par J. Bousquet à Henri Féraud. Actuellement au KUNSTHAUS Zürich (Suisse)

    Tout ceci ne représente peut-être qu'un tiers des tableaux qui ont transité par la chambre de Bousquet. Espérons qu'avec ce travail, ceux-là pourront un jour revoir Carcassonne...

    Sources

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    Sotheby's, Drouot, Art Net, Christie's, Akoun

    La chambre de J. Bousquet / P. Cabane / 1997

    Au gîte du regard / Centre J. Bousquet

    Archives de l'Aude / Fonds R. Nelli

    Et... beaucoup de patience et de temps.

    __________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • La classe de dessin de Jacques Gamelin en 1796

    Dans l'article d'hier, nous avons vu quelle fut la vie et l'oeuvre du peintre Carcassonnais Jacques Gamelin, Grand prix de Rome en 1763. Aujourd'hui, nous vous proposons de pénétrer à l'intérieur de l'Ecole centrale de l'Aude et plus particulièrement dans sa classe de dessin. Il n'en reste hélas plus rien de nos jours... Quand le lycée de garçons succéda à l'Ecole centrale en 1864, plusieurs aménagements transformèrent l'ancienne classe de dessin. Après que ce lycée déménage en 1962 à Paul Sabatier, la municipalité rasera tous les bâtiments compris entre la rue Littré et la rue Aimé Ramond, laissant à la place un parking. La classe de dessin de Gamelin se trouvait exactement en face de l'actuelle MJC.

    Capture d’écran 2016-09-01 à 10.00.56.png

    L'emplacement de la classe de dessin de J. Gamelin.

    A la fin du XIXe siècle, le professeur de dessin du lycée Impérial - M. Pringuet - trace un plan du bâtiment et indique par des lettres les transformations réalisées depuis l'époque de Gamelin. Nous avons par souci de clarté indiqué en rouge l'emplacement de la classe de dessin de l'illustre peintre. La rue de la Pélisserie est l'actuelle rue A. Ramond.

    Classe Gamelin.JPG

    Plan d'Henri Pringuet

    Capture d’écran 2016-09-01 à 10.10.55.png

    Dans ce qui reste aujourd'hui de la façade du XVIIIe siècle, contiguë à la partie rasée de l'édifice, on peut se faire une idée de l'aspect extérieur de la classe de Gamelin. 

    1er Brumaire An V

    (22 octobre 1796)

    Ce jour est la date officielle de l'ouverture de l'Ecole centrale de Carcassonne, mais Jacques Gamelin avait été déjà investi de sa nouvelle fonction quatre mois auparavant, soit le 7 juin 1796. Il faisait partie des neuf professeurs : Alary (Histoire naturelle), Marcou (Langues anciennes), Birot (mathématiques), Sicaire (Physique et chimie), Coumes (Grammaire), Sériès (Belles-lettres), Gary (Histoire), Trey (Législation) et Lasalle (Bibliothécaire). L'apprentissage du dessin était ainsi défini :

    "L'enfant qui cesse de bégayer s'instruit, en jouant encore, à discerner, à réunir, à prononcer, à tracer des caractères qui peignent la parole et sont les signes de ces sensations... Son attention ne peut d'abord être fixée que par l'attrait du plaisir. Le dessin est pour lui un amusement dont le prestige, adoucissant à ses yeux le rude aspect du travail, le familiarise avec l'application : aussi est-il l'objet de sa première étude et comme une sorte d'initiation aux connaissances humaine."

    L'article 6 du règlement intérieur des écoles centrales fixait à deux heures l'après-midi, le temps consacré  au dessin. Faisant fi des instructions officielles, le jury d'instruction publique de l'Aude proposa à l'administration d'ouvrir tous les jours la classe de Gamelin. Cette disposition fut abrogée l'année suivante ; les cours de deux heures furent inaugurés.

    La méthode Gamelin

    Le plan d'études comporte un enseignement à trois degrés, tous consacrés à l'étude du corps humain, au triple point de vue de la constitution, de l'expression et de la plastique. Dans la première classe dite des Principes, l'élève se familiarise avec les éléments du visage, en distinguant les rapports que ces éléments présentent entre eux. La seconde, fournit l'occasion de réaliser la synthèse des notions de détail. Le travail s'opère en présence des chefs-d'oeuvre de la statuaire classique ; c'est le plus sûr moyen de façonner son esprit au sentiment des formes harmonieuses. Selon ses dispositions, il lui faudra un an ou deux avant de passer dans la classe du modèle vivant.

    "C'est là, que ceux qui voudront atteindre à la perfection ou soigner précieusement leur goût naturel pour la peinture, apprendront à connaître les formes, l'élégance, le genre nerveux et qu'ils sauront justement apprécier les richesses que les Grecs et les Romains nous ont transmises à cet égard." (Jacques Gamelin)

    Description de l'école de dessin

    Capture d’écran 2016-09-01 à 09.45.35.png

    ©Musée de l'Evêché / Limoges

    On imagine quel était l'aspect de cette haute et grande salle, médiocrement éclairée par sa fenêtre hors d'appui. De l'étroit cadre vitré tendu sur la rue d'un treillis de fer protecteur, la lumière descendait, rare et comme tamisée, sur les modèles qui s'alignaient le long du mur, non loin de la fenêtre. La salle avec sa cheminée en bois avait un faux air d'appartement. Le logis était si froid et si humide que le 19 juillet 1799, l'architecte Champagne dut proposer d'assainir les salles en bordure du jardin botanique, en pratiquant sur la longueur du bâtiment une rigole en cailloux de rivière. Les séances de dessin en fin d'après-midi imposaient d'éclairer les salles à la chandelle. Au terme du devis dressé le 19 juillet 1799, chacune des classes furent munies de lampes à huile.

    Les élèves travaillent assis sur les bancs ou sur leurs rustiques tabourets de paille, leur planchette posée sur les genoux. L'estampe qui sert de modèle est collée sur un mince carton et pend des lignes de fils de fer tendus le long des murs ou à la traverse des seize chevalets volants. Avant l'installation des lampes, chaque écolier ou chaque groupe d'écoliers avait sa chandelle fixée près de lui dans une bobèche de fer blanc. Jusqu'aux derniers jours de l'école, le mobilier du cours de dessin se maintint dans cet état rudimentaire.

    Salle de dessin  lycée avant 1914.png

    © Archives de l'Aude

    La salle de dessin avant 1914

    Gamelin touchait annuellement 2000 francs pour dispenser ses cours. Il était également logé dans l'enceinte de l'établissement au premier étage, dans un modeste appartement de cinq pièces. Chacune d'entre elles prenait la lumière sur la cour par une fenêtre unique. Le peintre avait tant bien que mal aménagé dans son salon un atelier de peinture, mais l'ébranlement provoqué par le va-et-vient des voisins du dessus suffisait pour répandre un nuage de poussière. Le cadre exigu de la pièce ne se prêtait aux exigences de certains travaux. 

    3200905490.jpg

    Il fut contraint de monter ses grandes toiles dans la nef de la chapelle transformée en musée. C'est également dans le sanctuaire que s'assemblaient sous l'oeil du maître, les cours annexes de peinture. Aujourd'hui, cette chapelle a été transformée en auditorium, rue des Etudes. On peut toujours y voir le sanctuaire dont il est question.

    La distribution des prix 

    Aidé parfois de son fils aîné, Gamelin dessinait la plupart des estampes données en récompense aux lauréats. En 1911, Alma Cardes habitant à Carcassonne en possédait deux attribuées à Clément Bonnet, lauréat du concours de dessin en 1798 et 1799. Ce sont des croquis inspirés par les souvenirs personnels de la campagne des Pyrénées-Orientales de 1793 à 1794.

    Capture d’écran 2016-09-01 à 13.57.37.png

    Choc de cavalerie près du Mas d'Eu. An II

    Capture d’écran 2016-09-01 à 13.57.55.png

    Déroute des Espagnols sur les murs de Perpignan. An II

    Liste des lauréats de 1799

    Bernard Vergnes (Carcassonne) : Prix des Principes

    Moulines (Limoux) : Couronne

    Jacques Bastoul (Carcassonne) : Droit d'exposition

    Reçus un cahier de gravures de 24 planches de Gamelin

    Xavier Bonnafous (Montréal) : 1er prix des petites têtes

    Reçu "La vue de Milan" de Gamelin fils

    Etienne Denisse (Carcassonne) : Second prix

    Alexandre dans la ville des Axydraques de Gamelin

    Jean-Baptiste Echernier (Carcassonne) : Accessit 

    Capture d’écran 2016-09-01 à 14.26.53.png

    © Musée Paul-Dupuy / Toulouse

    La mort de Socrate de Gamelin

    Ce lavis a été acquis en 2001 chez un marchand d'art et provenait sans doute de la famille de Jean-Baptiste Echernier, lauréat du concours. Nous l'avons retrouvé au musée Paul-Dupuy de Toulouse.

    Joseph Guiraud (Carcassonne) : Couronne

    Galinier (Caunes-Minervois) : Droit d'exposition 

    Jean-Baptiste Viviès (Ste-Colombe-sur l'Hers) : 1er prix

    Une bataille des P-O, sur papier bleu lavé à l'encre de Chine

    François Hortet (Prades) : Second prix

    Un paysage de Jean Pillement

    Jean-Baptiste Germain (Carcassonne) : Couronne

    Raynaud (Carcassonne) : Droit d'exposition 

    Idem

    Armand d'hautpoul : 1er Prix des académies

    Louis Alboize : 1er Prix des académies

    Capture d’écran 2016-09-01 à 14.32.31.png

    Deux Bacchanales de Gamelin

    L'une des deux Bacchanales acquise par le musée Paul-Dupuy de Toulouse en 1998.

    Toussaint Cros (Lagrasse) : Second prix

    Taichère (Trèbes) : Honneurs de l'exposition

    Rainier (Bram) : Honneurs de l'exposition

    Un paysage de Pillement

    Clément Denisse (Carcassonne) : 1er prix de ronde-bosse

    Le poème de Watelet sur la peinture

    Clément Bonnet (Carcassonne) : Second prix

    Baudouy (Carcassonne) : Second prix

    Une bataille des P-O de Gamelin

    Source

    Réunion des Sociétés des Beaux-arts des départements

    Joseph Poux / 1911

    ________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016