Si vous saviez le nombre d'artistes et d'écrivains qui se sont réfugiés à Carcassonne pour fuir Paris et la zone occupée... La chambre de Joë Bousquet en était pleine de ces intellectuels! Au déshonneur de la France et à son désordre, Carcassonne avait gagné la richesse d'une mixité culturelle dont il ne reste plus, hélas, qu'une flamme entretenue par la Maison des mémoires.
Né le 27 mai 1909 à Czortkow en Pologne dans une famille juive, Shayé Blonder fait son premier séjour à Paris en 1926 à l'âge de dix-sept ans. Quatre années plus tard, il s'inscrit à l'Académie des Beaux-arts de cette ville en section d'architecture. Retour vers la Pologne en 1932, à l'Académie des Beaux-arts de Cracovie. Il s'établit définitivement en France en 1937 et suit les cours de l'école du Louvre où il fréquente Chaïm Soutine, Isaac Dobrinski, Pinchus Krémègue... En 1939, il est incorporé dans l'armée polonaise puis démobilisé en 1940 à Toulouse. Aidé par des résistants, il trouve refuge à Aix-en-provence puis dans l'Aude. C'est aux "Escoussols" à Cuxac-Cabardès que s'installera dans la clandestinité Shayé Blonder entre 1943 et 1948. À Carcassonne, il se mariera avec Louise Bonfils, une jeune enseignante de physique-chimie et habitera au numéro 7 de la rue Frédéric Mistral.
André Blondel et sa fille dans la rue de la gare en 1947
© Collection privée (www.7officiel.com)
Lors de sa clandestinité en raison des ses origines juives, Shayé cotoie Joë Bousquet et ses amis les peintres Max Savy et Jean Camberoque. Il réalise de nombreux tableaux de Carcassonne et trois du poète Bousquet.
Ce que vous devriez lire sur cette façade située 11, quai Bellevue à Carcassonne, mais que par ignorance vous ne verrez pas :
"Ici, se trouvait l'atelier du peintre André Blondel (1909-1949) de 1943 à 1948, dans lequel il peignit la plupart de ses oeuvres."
L'église Saint-Vincent
© Chroniques de Carcassonne
En 1944, grâce à de faux papiers Shayé Blonder devient André Blondel. Quatre ans plus tard, il quitte Carcassonne pour Sceaux et Paris. Il décède accidentellement en tombant du second étage de son appartement le 14 juin 1949.
Grâce à MM. Henri Huc, Dominique Sacchi et Alain Signoles et à l'Association des Amis de la Ville et de la Cité, il fut organisé une exposition du 1er avril au 19 avril 1980 dans la salle Joë Bousquet de l'ancienne mairie. Le catalogue illustré recense 86 toiles et 30 dessins. La notice biographique est de Liliane Peyre qui fut l'épouse du peintre. René Nelli retrace l'ouvre de Blondel. Eugène Pech fouille la technique des monotypes chers au peintre et Fernand Dufour explore "le regard d'André Blondel". Quelques lettres accompagnent ce catalogue.
Mise à jour de l'article le 24.11.2016
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Commentaires
encore un peintre inconnu a croire que tous les réfugiés se donnaient le mots pour venir a Carcassonne j'en connais qui ont franchi la montagne noire a pied pour fuir Franco .....Carcassonne l'eldorado ....
J'en avait entendu parlé. J'ai vu un de ses tableau au musée de Carcassonne cet hivers. Il a aussi un fils, Marc.
Hans Belmer, autre peintre et surtout graveur, dessinateur de génie, était réfugié chez Jean Camberoque, dans la maison familiale du Pont Rouge. Il y aurait là, matière pour écrire un roman de son passage a Carcassonne !
Hans Belmer, autre peintre et surtout graveur, dessinateur de génie, était réfugié chez Jean Camberoque, dans la maison familiale du Pont Rouge. Il y aurait là, matière pour écrire un roman de son passage a Carcassonne !
que de richesses intellectuelles ou de talents avons nous laisser échapper il y a encore des gens de talents mais Carcassonne ne les reconnais pas ....
je suis bien heureuse de savoir que tous ces peintres on bel et bien existés bravo Martial
Merci une nouvelle fois de nous faire découvrir ce qui a fait l'histoire de Carcassonne !