Nous ne vous trompez pas, car nous ne sommes pas en 2015 mais en 1937 ; plus exactement les 18 et 19 avril. C'est vrai que l'on a pris l'habitude de dire que l'Aude était une terre de gauche portée par Léon Blum et le Front populaire. Les résultats électoraux sont là pour en témoigner, en effet. Toutefois, trois ans avant la défaite militaire de 1940 et l'accession du Maréchal Pétain à la tête de l'État Français, une figure de l'extrème droite nationale remporte les vivas d'une population en liesse à Limoux et Carcassonne.
Qui est Philippe Henriot ?
Né à Reims en 1889, Philippe Henriot est député de la Gironde depuis 1932. Avant cette date, il est proche des Croix-de-feu et des Jeunesses patriotes.
Affiche de 1935
Affiche de 2012
Ils sont toujours là !
En 1935, il devient Vice-président de la Fédération Républicaine et se signale comme antisémite, anticommuniste, antimaçon et antiparlementaire. Pacifiste comme Laval en 1940, puisque très proche des idées du Reich. Il se range derrière le Maréchal Pétain en 1940. Philippe Henriot est la voix de la collaboration et de la propagande de Vichy, dans Radio-Paris. Il sera assassiné par en juillet 1944 par un groupe de résistants au 10 de la rue de Solférino à Paris.
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À Carcassonne, un registre de condoléances est déposé devant le siège de la Milice, 18 place Carnot. Près de 400 personnes le signeront, puis une messe sera célébrée à la cathédrale Saint-Michel.
L'express du Midi
18 avril 1937
L'Union Républicaine de l'Aude, comité départemental affilié à la Fédération Républicaine de France avait organisé hier soir samedi et ce matin dimanche, deux grandes manifestations de propagande politique.
Chacune de ces réunions a groupé, sous la présidence de M. Montlaur, président de l'Union Républicaine de l'Aude, plusieurs milliers d'électeurs nationaux qui ont accueilli avec enthousiasme les électeurs du parti : M. Philippe Henriot, député de la Gironde, Vice-président de la Fédération ; Frédéric Dupont, député de Paris et François Martin, député de l'Aveyron, vice-présidents des jeunesses du parti.
Après une allocution très applaudie de M. Albouy, qui fut le candidat des nationaux aux dernières élections législatives, M. François Martin a parlé plus particulièrement du rôle de l'opposition " si activement menée par la Fédération Républicaine".
"Jamais le mot d'opposition n'a plus noble définition que lui ont donnée les chefs politiques derrière lesquels sont venus se ranger les jeunes députés adhérents au groupe parlementaire de la Fédération. C'est parce qu'ils savaient que se trouvait là, l'âme d'une résistance qui saurait demeurer intransigeante pour la défense de ce programme minimum qui réside en trois mots :
La patrie, la liberté, la famille
Qu'avec enthousiasme ils sont devenus les compagnons de lutte de leurs anciens et ont accepté d'unir à la leur, leur intraitable volonté de barrer la route à cette Révolution à laquelle, par lâcheté ou par inconscience, d'autres ont accepté d'ouvrir les portes de la patrie."
En concluant, le député de l'Aveyron a montré que la politique du Front populaire "n'a pas eu besoin de plus d'un an pour faire faillite".
M. Frédéric Dupont a fait un brillant exposé de la situation intérieure : "La France apparaît de plus en plus aux étrangers comme contaminée par le communisme. Certains peuples, soucieux d'éviter la contagion, se sont éloignés de nous, les autres guettes nos défaillances. À l'intérieur, le communisme paralyse l'activité française, sabote nos travaux de défense nationale, sème la haine dans nos villages et nos villes. Les agents de Moscou nous mènent à la guerre civile et à la guerre étrangère. Barrez la route au communisme par l'union et le courage ! Et tout de suite. C'est la condition du salu et de la patrie !"
Prenant le dernier la parole et salué par une longue ovation, M. Henriot dénonce éloquemment la dictature d'un gouvernement de Front populaire qui a réussi, dit-il, a instaurer en France la "République des goujats". Rappelant qu'en une seule semaine, les trois manifestations auxquelles il devait prendre part, ont été interdites par les préfets de M. Blum. Le vice-président de la Fédération Républicaine constate que ces brimades ridicules ne font que fortifier la vitalité des formations nationales qui auront demain la grande tâche de mener le redressement du pays.
MM. Henriot, Martin et Dupont ont été acclamés. Samedi à Carcassonne, comme hier à Limoux, l'hymne national a été chanté par des assemblées vibrantes
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