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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 334

  • L'école du Bastion de Carcassonne fondée en 1879

    En 1878, la municipalité de Théophile Marcou décide la construction d'une école laïque de garçons au commencement de l'actuel boulevard de Varsovie. Ces travaux sont confiés à l'architecte Marius Esparseil et s'appuieront sur une partie de l'ancien Bastion Saint-Martial. En seulement une année, le nouvel établissement sortira de terre et sera naturellement dénommé "École du Bastion". Les élèves l'appelleront longtemps "école F. Cabrol" du nom de son charismatique directeur.

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    © Martial Andrieu

    L'école du bastion en 1881.

    Le bâtiment n'est pas encore dans la configuration, telle que nous la connaissons aujourd'hui. En 1923, des travaux d'agrandissement seront entrepris. Selon, Henri Alaux, l'orillon ouest de défense datant de la construction de la Bastide par St-Louis, fut démoli cette année-là. N'est-ce pas d'ailleurs, lui, que l'on aperçoit encore à droite sur la photo ci-dessus.

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    La façade au début du XXe siècle

    Dans cette école, on dispensait en complément des cours essentiels, le dessin, la musique, la gymnastique, etc... Les élèves ont été à plusieurs reprises primés au championnat de tir. Il reste de cette époque une série de cartes postales, bien plus explicites que de longs discours. Les clichés furent réalisés par Henri Graille, photographe à Carcassonne.

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    Éducation physique

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    Leçons de musique

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    Cours sciences

    Certificat d'études primaires

    1922-1923

    29 élèves reçus : Saury Julien (Mention TB), Albouy Emile, Audran Paul, Barrico Emile, Barthe Alter, Bonnafous André, Bourgès Jules, Boyer Emilien, Cals André, Carayol Charles, Casagne Edmond, Clabaud Herbert, Cormary Pierre, Durand Julien, Galibert Henri, Guiraud Georges, Jean Edouard, Labeur Georges, Martin Roger, Ourdou Guillaume, Pitié Henri, Planques Louis, Rancoule Marcel, Rouillac Charles, Soum Joseph, Viguier Aimé, Villac Augustin, Voin Henri, Loubeyre Louis.

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    L'école est devenue ensuite un collège. La photographie ci-dessus a été prise dans les années 1980 ; on voit clairement l'élargissement de la façade.

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    © Google maps

    Le collège du bastion en 2016

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016 

  • Le 25 octobre 1891, la crue du siècle fait 20 morts à Limoux et Carcassonne

    Le 25 octobre 1891, le département de l'Aude a été entièrement dévasté par de terribles inondations semant la destruction, la ruine et la mort. Les quantités les plus abondantes de pluie sont tombées dans le massif des Corbières en suivant la ligne de faite qui sépare le bassin de l'Orbieu à celui de l'Aude et de ses affluents situés en amont de Carcassonne. Le vent très modéré de Nord-Ouest a poussé les nuages au-dessus des massifs ; leur séjour a été très long, ce qui explique les forts cumuls de pluie en ces endroits.

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    Carcassonne

    L'orage a grondé dès le 24 octobre à 8 heures et demi du matin avec une pluie dense et régulière, coïncidant avec une rapide dépression barométrique atteignant son maximum de 732mm8, le 25 octobre. Elle ne tarda pas à transformer les rues de la ville en torrent dans lesquelles 45mm d'eau étaient déjà relevés. Après une accalmie à 12h45, le vent se remit à souffler. A 15h20, il tomba une averse d'une extrême violence accompagnée des éclairs et du tonnerre. Vers 17h, on mesurait dix millimètres d'eau supplémentaire dans les rues. La pluie ne cessa qu'à 4 heures du matin ; on mesurait 180mm de sorte qu'en moins de 20 heures, il était tombé 281 millimètres.

    L'Aude débordait à 2 heures du matin, s'élevant à 8 mètres au-dessu de l'étiage. Elle avait envahi tous les quartiers de la ville semant le désordre et la panique parmi les habitants.

    "C'est entre onze heures et deux heures de la nuit que l'Aude, extraordinairement grossie par la pluie tombant sans interruption, a commencé à se répandre largement hors de son lit. Les faubourgs sont envahis : tous les quartiers qui longent le fleuve sont, en peu de temps, transformés en ilots ceinturés de canaux profonds, formés par l'eau rousse et limoneuse de l'Aude. L'eau se précipite dans les caves, dans les corridors, dans les appartements, voire même dans les lits, éveillant brutalement ceux qui s'étaient paisiblement endormis quelques heures auparavant. Beaucoup se hâtent de quitter leur demeure, emportant quelques effets de linge, qu'ils revêtent dans leur fuite éperdue. D'autres, cernés dans leurs appartements par un courant violent et incessant, pousser des cris désespérés pour appeler à l'aide, et pendant ce temps, le fleuve continue ses ravages, en vagissant les champs cultivés, rompant les arbres et les clôtures, démolissant les murailles et entraînant tout sur son passage. Et il pleut...

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    ©ADA 11

    La crue de l'Aude a atteint et dépassé toutes les crues précédentes marquées à l'étiage. Les eaux se sont avancées à l'intérieur de la ville, jusqu'à la rue de la préfecture. C'est-à-dire à près de 500 mètres au moins en dehors de son lit. Les quartiers les plus éprouvés ont été, d'abord, ceux des jardins potagers, puis ceux du Palais, du Pont-Neuf et du Pont-Vieux, de la Digue, ainsi que les faubourgs avoisinant la rive du fleuve, en remontant au-delà de Montplaisir et Patte-d'oie. Les jardins potagers ont été submergés ; des maisons qu'ils contenaient se sont écroulées ou sont endommagées, les habitants ont été obligés de monter sur les toits en attendant les secours. 

    Tout au long du fleuve, depuis le Pont-Vieux, jusqu'au-delà de l'abattoir, on ne voit que des murs démolis, effondrement de terrains, grilles enfoncées ; le chalet de Montplaisir a été enlevé et balayé par le flot ; l'atelier d'électricité de la Société Méridionale, le moulin de l'île, les manufactures avoisinantes, l'usine à gaz, l'usine Sainte-Marie, l'usine Guilhem, la propriété Poitevin, la propriété St-jean, etc... Tout cela a reçu la visite des eaux causant des dégâts considérables.

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    © ADA 11

    On voit par intervalles, passer, dans le remous des flots, vagues objets qui sont des meubles, des tronçons d'habitation, des cadavres de chevaux morts... A l'Hôpital général, les sous-sols et la chapelle ont été brusquement envahis par l'eau qui s'élevait au niveau des arches du Pont-Vieux, et a occasionné à cet endroit un effondrement de 7 à 8 mètres carrés. Aussitôt, on fait évacuer les enfants logés à cet hôpital, ainsi que les autres hôtes ; M. Delsol, avocat, membre de la Commission des hospices, Mme Delsol et M. Sauzède organisent les secours et cherchent à préserver les habitants de cet établissement de charité. La maternité est évacuée à l'Hôtel-Dieu où l'eau n'atteint pas les chambres.

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    © ADA 11

    Dans la rue Bellevue, c'est M. Lhuilier, professeur de gymnastique, qui est éveillé par l'arrivée de l'eau ; il saute par la fenêtre et se sauve à la nage. Près de l'abattoir, c'est la famille Arbiade qui est sauvé par un pêcheur. Dans la rue de la Digue, un capitaine de cavalerie, réfugié sur le toit avec sa femme, est tiré du danger par des cavaliers du 17e dragons. Entre le Pont-Neuf et le Pont-Vieux, c'est le sauvetage dramatique de toute la famille Lasserre de d'autres personnes, secourues par des barques montées par des gendarmes.

    Dans le prolongement de la rue Basse, deux femmes sont mortes : Marie Rigaud (née Andrieu) de 51 ans ; Adeline Andrieu épouse de Jean Rigaud, 17 ans, de Montréal. Les époux ont pu se sauver mes leurs épouses ont été étouffées par le flot.

    Toutes les rues sont bloquées par des pompes qui vident les caves remplies d'eau. La perte des habitants est considérables ; plusieurs familles sont sans abri. Il n'y a plus de communications télégraphiques. La boulangerie Maymou a énormément souffert ; des chevaux de prix, des charrettes et des véhicules divers, des sacs de blé, des monceaux de pains ont été emportés. Tout le matériel de la Brasserie Lauer est sous les eaux. Dans la Société Méridionale d'électricité, les machines neuves sont cassées et une partie du béal construite pour la conduite des eaux, s'est éboulé. Dans les quartiers de la Trivalle et de la Barbacane, les petites maisons abritant des  familles d'ouvriers laborieux ont été détruites.

    Selon des expertises menées par la ville, le montant du préjudice s'élève à 1.100.000 francs.

    Limoux

    Toute la journée du 24 a été pluvieuse ; les ruisseaux collecteurs sont infranchissables. Dans la nuit, l'orage redouble et la foudre tombe sur le séchoir de la Brasserie. Il met le feu à une poutre. Pendant ce temps l'eau monte et envahit tous les quartiers.

    "A 2 heures, les vagues houleuses submergeant le Pont-Vieux ; les rues Blanquerie, Gourg d'En Gasc, du Palais et Saint-Victor sont déjà ravinées. Une demi-heure plus tard, ce sont les rues Paussifile, Pont-Vieux, Saint-Martin et Carrasserie. A trois heures, les 3/4 de Limoux sont sous les eaux.

    Presque tout le quartier de l'Aragou et des rues Goutine, de la Brèche, de l'Officialité, Fusterie, Grammatique, Toulzane, de l'Orme, la Place au Bois, l'Esplanade... Ce sont des maisons qui s'écroulent et qui ensevelissent des malheureux, ce sont des familles qui se sauvent par les toits et ces cris partent de partout. Impossible de porter secours à ces martyrs ; la pluie tombe par torrents et l'Aude grossit toujours. Enfin, le jour apparaît... 

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    Le pont vieux de Limoux après l'inondation

    Ce n'est plus Limoux, c'est une ville bombardée. Les rues inondées sont remplies de vase gluante et encombrées d'épaves. La maison dite l'Arche du Pont-Vieux, est complètement effondrée. Deux vieilles femmes sont enfouies sous les décombres. Un arc-boutant artificiel les a protégées. Des hommes déboutés les sauvent.

    La maison Cadenat, cordonnier, et Constans, propriétaire, rue St-Antoine, Petite-Ville, sont totalement écroulées. La maison de M. Lamouroux, rue Saint-Martin, louée à M. Denat Cadet (boucher) a toute la partie donnant sur la rue Paussifile effondrée. Le côté de la rue St-Martin menace de s'effondrer. Les maisons de MM. Bouchère et Estève sont emportées. Les moulins de Maynard et de Sournies sont détruits. Le Pont-Vieux est presque en ruine. Les jardins de la Sous-préfecture, de l'Hospice et du Presbytère sont emportés. L'usine à soufre est démolie en partie. Chez M. Peyre, l'eau a emporté 500 muids de vin. Les cafés Castéra et Moula sont détruits.

    La maison de M. Numa Trauque et une partie de celle de M. Clercy, rue Blanquerie, ne forment qu'une montagne de ruines et sous ce bouleversement se trouvent 12 victimes. Cette maison était habitée par M. Trauque, sa dame, M. Ducasse, sa admet leur fillette, par la famille Raynaud (métayer) composée de cinq personnes, par M. Cabanes (plâtrier) et sa fille, par Mme veuve Saint-Loup et son fils. En entendant les craquements de la maison et ne pouvant se sauver par la rue, ils montent sur le toit de M. Clercy, leur voisin. M. Ducasse monte le premier, M. Renier dit Tillet (maçon), leur voisin, est à ses côtés et au moment où ils vont opérer le sauvetage, un craquement épouvantable, accompagné de grands cris de détresse, retentit ; M. Ducasse se penche dans le vide pour saisir au vol ceux qui lui sont chers ; il va disparaître à son tour ; Renier le retient et l'éloigne du lieu de l'horrible sinistre.

    M. Ducasse allait sauver sa femme, il lui tendait la main; la maison s'écroule, Mlle et Mme Ducasse sont brisées par l'éboulement. M. Ducasse était fou de douleur. Dans la matinée, on a procédé à l'enlèvement des victimes : M. Trauque (50 ans) et sa femme (29 ans) ; Mme Raynaud tient enlacés les cadavres de son fils et de sa petite fille, âgée de 9 ans.

    Les désastres furent si grands à Limoux que l'autorité militaire vient au secours de la ville. La garnison de Carcassonne fournit deux pelotons de dragons et celle de Montpellier, une forte équipe de soldats du génie.

    inondations

    L'échelle des crues de l'Aude, en bas du Pont vieux, donne celle de 1891 à hauteur de la fenêtre de la sacristie de Notre-Dame de la Santé.

    Quelques exemples dans le département

    La voie ferrée est détruite à hauteur de la gare de Madame sur une longueur de 160 mètres, sur l'axe Carcassonne-Quillan. A Puichéric, la moitié du village est inondée ; plusieurs pont sont détruits et 300 personnes sont à la rue. Certaines d'entre-elles ont trouvé refuge dans l'église.

    A Lagrasse, deux hommes sont portés disparus. La caserne et les maisons sont démolies. Pertes énormes.

    A Lastours, les bâtiments d'exploitation des mines de plomb-argentifère ont été rasés.

    A Conques, l'Orbieu et le Rieussec ont débordé. Les maison de la partie basse du village sont sous 1,50 mètres d'eau. Le pont de Villalier est en partie détruit.

    A Trèbes, l'Orbiel s'est jeté dans le Canal du Midi, en renversant les parapets du pont-canal

    A Luc, le pont s'est affaissé et le remblai du pont de Fabrezan s'est effondré.

    Sources

    - Bulletin météorologique 

    Imprimerie Polère à Carcassonne (1892)

    - L'express du Midi 

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  • L'urne des déportés retrouve sa place au pied du monument à la Résistance.

    À une date que l'on estime être celle de l'inauguration du monument à la Résistance au Square Gambetta - soit en 1948 - une urne contenant de la terre provenant du camp de Buchenwald a été scellée au pied du monument. Elle aurait été ramenée par les déportés et déposée lors de la cérémonie officielle à cet endroit.  Nous n'avons pas de certitude concernant la date précise - il faudrait consulter les registres des délibérations du conseil municipal de Carcassonne - en revanche, les photos et cartes postales en ma possession attestent de l'existence de cet objet en ce lieu au moins jusqu'aux années 1990. 

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    L'urne au pied du monument à la Résistance

    En 2013, je saisissais Madame Tamara Rivel - adjointe à l'urbanisme - sur la disparition de l'urne après la destruction du square Gambetta et sa transformation en parking souterrain. Celle-ci commissionnait des agents municipaux afin de tenter de la retrouver. Sans succès...  Si tous les autres monuments du jardin avait été rassemblés aux serres municipales avant 2009, l'urne en fonte ne s'y trouvait pas. Notre hypothèse c'est qu'elle fut jetée à la benne ou, au mieux, récupérée par un ouvrier pour son usage personnel.

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    Les collégiens et les élus à Sachsenhausen

    L'histoire en resta là, quand en juin 2014 Tamara Rivel - Conseillère départementale - proposa au président Viola de refaire une urne et de profiter du voyage annuel des collégiens en Allemagne, pour ramener de la terre des camps. Le président André Viola trouvant l'idée excellente fit les démarches auprès de l'ambassade d'Allemagne afin d'obtenir les autorisations. De mon côté, à sa demande, je fournissais les photos à Madame Rivel, nécessaires à la reconstitution du précieux objet. Le Conseil départemental fit une demande écrite au maire de Carcassonne en vue d'obtenir l'autorisation de remettre à une date non précisée, la nouvelle urne à Gambetta. 

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    Les collégiens s'en étant revenus d'Allemagne, la terre ramenée du camp de Sachsenhausen était gardée précieusement. Avec l'aval de l'Architecte des Bâtiments de France, on fabriqua un réceptacle en marbre en guise d'urne avec les noms de MM. Viola et Larrat ; ce dernier ayant accepté de se joindre à la future manifestation symbolique dans un élan d'oeucuménisme politique.

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    Dans le journal Perspective - organe de communication du conseil départemental de l'Aude - le président Viola annonce l'inauguration pour le 24 janvier 2016. La date sera finalement déplacée au 3 février.

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    Je regrette de n'avoir pas pu me rendre à cette inauguration et je m'en suis excusé auprès des autorités compétentes ; j'habite à 350km de Carcassonne. Selon les observateurs sur place, les discours n'ont pas évoqué l'histoire de l'urne primitive et de son parcours. Ceci aurait permis de comprendre les raisons d'une telle manifestation aujourd'hui ; mais aurait suscité l'embarras de certains élus vis à vis d'un objet dont ils avaient la charge.

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