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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 192

  • Les vœux de l'administrateur de "Musique et patrimoine de Carcassonne"

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    Chers lecteurs,

    En cette nouvelle année, je formule des vœux pour vous et vos proches de bonne santé et de prospérité. Vous pourez toujours compter sur ma détermination pour faire avancer la recherche historique de notre ville. Ceci, malgré un petit nombre d'esprits chagrins et jaloux qui se complaisent à discréditer ce travail. Je terminerai en citant le poète Joë Bousquet, dans "Le médisant par bonté" :

    "Les médisants ressemblent aux malheureux qui n'ont pas eu leur part d'événements et doivent mener aux dépens de leurs voisins une existence parasitaire."

    En 2017, vous étiez près de 500 à suivre quotidiennement mes articles. Voilà une performance, comme la meilleure des réponses aux misérables fesse-mathieux, familiers des alcôves poussiéreuses de la ville.

    Martial Andrieu

  • Ce Carcassonnais, fondateur de la loterie nationale...

    La loi du 31 mai 1933, promulguée au Journal Officiel de la République française, constitue l'acte fondateur de la loterie nationale. Ce que beaucoup d'entre-vous ignorent, c'est que le créateur de ce jeu de hasard fut un enfant de Carcassonne. Né le 30 novembre 1873, Henri Mouton fait d'abord ses études au lycée de la ville, avant de devenir ensuite un grand avocat attaché au barreau de Toulouse. Outre ses fonctions de juge d'instruction et de procureur dans différentes villes, il entre en 1912 au cabinet du préfet de police de Paris, Louis Lépine. Il fonde la police judiciaire dont il deviendra le directeur. 

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    © Société française d'histoire de la police

    Paul, Henri Mouton

    En 1930, le Carcassonnais devient Conseiller d'état. Le ministère des finances qui recherche des moyens afin de financer la caisse des calamités agricoles, demande à Henri Mouton de se pencher sur le problème. Déjà à cette époque, il existe en Europe des loteries nationales sous diverses formes. C'est cette idée que va prendre à son compte le Conseiller d'état. Dans sa forme et son organisation, la loterie espagnole inspirera la future loterie nationale française. Les gains qu'elle rapporte au trésor, ne sont pas négligeables. Dès lors, Henri Mouton devient le Président du comité chargé de l'organisation technique.

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    © gueules-cassées.asso.fr

    La loterie au capital d'un milliard de francs est répartie de la sorte : 60% versés en lots et 40% au bénéfice de l'opération. Plusieurs séries de billets sont éditées avec pour chacune d'elles, un certain nombre de lots. Ces billets sont exclusivement au porteur et les gains, exempts de l'impôt sur le revenu des valeurs mobilières. Le décret du 23 juillet 1933 fixe les objectifs... Sur les 400 millions qui théoriquement reviendront à l'état, 100 millions seront attribués à la caisse des calamités agricoles. Les 300 millions qui restent seront affectés au budget de l'état.

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    © gueules-cassées.asso.fr

     Le premier gagnant fut M. Bonhoure, coiffeur à Tarascon. Il empocha 7 millions de francs le 7 novembre 1933. Le gouvernement de Vichy révoqua Henri Mouton en raison de ses convictions républicaines. Réfugié dans l'Aude, il participa à un réseau de Résistance. Nous avons notamment évoqué la réunion qui se tint en juin 1944 dans sa propriété de Carcassonne, en présence de tous les chefs de la Résistance régionale. Paul Henri Mouton mourra à Paris le 17 décembre 1962. 

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    La sépulture d'Henri Mouton au cimetière Saint-Michel de Carcassonne.

    Dans la zone de la Ferrandière, une avenue porte le nom de cet illustre Carcassonnais. Ceci, sans toutefois mentionner qu'elle fut sa qualité ; une lacune préjudiciable pour l'histoire locale et plus largement, pour celle de notre pays.

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Le voyage de l'agronome anglais Arthur Young à Carcassonne en 1787

    Ce n'est pas n'importe quel sujet de la couronne britannique qui effectue durant l'été 1787, un voyage d'étude en notre Languedoc. La renommée d'Arthur Young (1741-1820) en matière d'agronomie et d'agriculture dépasse les frontières. De son passage dans la région, il nous a légué en 1794 un ouvrage en langue anglaise intitulé : Travels during the years 1787, 1788 et 1789 of the Kingdom of France. 

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    © National Gallery

    Arthur Young par John Russel

    Venant de Béziers, Arthur Young se dirige vers Carcassonne le 31 juillet 1787 et l'atteindra le lendemain.

    "Traverser une montagne par une route misérable, et atteindre Beg de Rieux, qui partage avec Carcassonne, le tissu de Londrins, pour le commerce du Levant. Traverser beaucoup de déchets à Béziers. J'ai rencontré aujourd'hui un exemple d'ignorance chez un marchand français bien habillé, cela m'a surpris. Il m'avait affligé de nombreuses questions insensées, puis il m'avait demandé pour la troisième ou la quatrième fois de quel pays j’étais. Je lui ai dit que j'étais un Chinois. À quelle distance se trouve ce pays ? J'ai répondu, 200 lieux. "Dieu cents lieues ! Diable ! C'est un grand chemin !" L'autre jour, un Français m'a demandé, après lui avoir dit que j'étais Anglais, si nous avions des arbres en Angleterre ? J'ai répondu, que nous en avions quelques-uns. Avions-nous des rivières ? Oh, pas du tout. "Ah, ma foi c'est bien triste !" Cette incroyable ignorance, comparée à la connaissance universellement disséminée en Angleterre, doit être attribuée, comme tout le reste, au gouvernement."

    La perfide Albion ne s'est-elle jamais positionnée au-dessus des Français ? Deux années après le début de la Révolution française, il tombe à-propos de critiquer le changement de régime dans un pays que l'on tient pour ennemi héréditaire depuis le Moyen-âge. Le 1er août 1787, Young arrive enfin à Carcassonne.

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    "Quitter Béziers, pour aller à Capestang par la montagne percée. Traverser le canal du Languedoc plusieurs fois; et sur beaucoup de déchets à Pleraville. Les Pyrénées maintenant à gauche, et leurs racines à quelques lieues. A Carcassonne ils m'ont porté à une fontaine d'eau boueuse, et à une porte de la caserne; mais j'étais plus heureux de voir plusieurs grandes maisons de fabricants, qui montraient la richesse.

     A cette époque, la renommée de l'actuelle capitale audoise dépasse les frontières grâce à son production de draps qu'elle exporte vers le Levant. En 1698, l'Intendant Lamoignon de Basville indique que "La ville de Carcassonne n'est à proprement parler qu'une Manufacture. Tous les habitants sont occupés les uns à filer, les autres à carder, ceux-là à faire des étoffes. Demurat en 1731 précise que "Dans la ville de Carcassonne et dans toutes les paroisses du diocèse, on ne fait autre chose que de donner les façons nécessaires aux draps, ce qui occupe même le peuple dans quatre ou cinq diocèses voisins. Déjà avant la Révolution, Young avait écrit que "Carcassonne est une des places manufacturières les plus considérables en France." 

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    Carcassonne au XVIIIe siècle

    Quand il est admis que cet endroit est l'une des plus importantes villes manufacturières de France, contenant 15 000 personnes, pourtant pas une voiture d'aucune sorte, comment un Anglais dont les commodités universelles sont répandues dans son propre pays, où je crois qu'il n'y a pas une ville de 1500 personnes dans le royaume dans laquelle les chaises de poste et les chevaux ne doivent pas être pris lorsqu'on les sollicite ! Quel contraste ! Ceci confirme le fait déductible du peu de circulation sur les routes même autour de Paris. La circulation est flagrante en France. La chaleur était si grande que je laissai Mirepoix en désordre: c'était de loin le jour le plus chaud que j'aie jamais quitté. L'hémisphère semblait presque dans une flamme avec des rayons brûlants qui rendaient impossible de tourner les yeux à plusieurs degrés de l'orbe radieux qui flambait maintenant dans le ciel.

    En effet, après avoir quitté Carcassonne, Young se rendit à Mirepoix en passant par Fanjeaux et Notre-Dame de Prouille.

    "A Mirepoix, il y a un magnifique pont de sept arches plates de 64 travées, qui coûtent 1 800 000 livres; il a été douze années érigeant, et sera fini dans deux autres. Le temps pendant plusieurs jours a été aussi beau que possible, mais très chaud; aujourd'hui la chaleur était si désagréable, que je me reposai de midi à trois heures à Mirepoix; et l'a trouvé si brûlant, que c'était un effort d'aller un demi-quart de mile pour voir le pont. Les myriades de mouches étaient prêtes à me dévorer, et je pouvais difficilement supporter la moindre lumière dans la pièce."

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    Le Président de la Chambre des Communes profite également de son séjour pour faire un certain nombre d'observations sur l'agriculture de notre région. A Carcassonne, la luzerne est coupée 4 à 6 fois, selon la pluie.

    "Le sétier de blé est de 150 livres et ils ont une bonne terre six par setterée. le setterée étant ici 1024 de huit pavés, cela fait 25000 pieds; Le produit est donc de 23 boisseaux. Les récoltes extraordinaires s'élèvent à dix sétiers. La province a un caractère beaucoup plus grand pour la fertilité qu'elle ne le mérite. Monsieur Astruc en dit: «Je ne prétends point parler de blé ou de laine: ces articles sont portés dans le Languedoc à peu près au plus haut point où ils se dirigeaient. Une jolie raison pour que l'historien naturel d'une province n'en dise plus rien! A Narbonne, il y a de la bonne laine, mais la culture du blé a peu de mérite. Un autre écrivain est proche de la vérité lorsqu'il dit: «Si l'on excepte ce qu'on appelle la plaine du Languedoc, les terres basses et les basses cévenoles, le reft, qui fait la moitié de la province, est, de tous les pays que je connais, le plus ingrat et le moins fertile."

    Sources

    Notes, synthèse et recherches / Martial Andrieu

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