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Des origines du square Sainte-Cécile à celui de Gambetta

Ils ne sont plus guère nombreux les Carcassonnais qui ont vu encore debout l'ancien square avec son kiosque à musique, sa cascade, ses micocouliers, ces cygnes, sa grotte, etc. Bientôt, il ne nous restera plus que les photos et quelques livres de notre histoire locale pour apprendre ce qu'il fut avant le mois de mars 1944.

En 1240, le Couvent des Cordeliers à l'Est de la Cité est détruit lors de l'insurrection de Trencavel. Saint-Louis ordonne sa reconstruction sur l'emplacement de l'actuel Square Gambetta. En 1355, le Prince Noir ne laissera que des ruines après avoir incendié la Ville basse. Le Couvent des Cordeliers est rebâti en face de la Porte de la rue Mage (rue de Verdun). Lors des guerres de religion, sur ordre de l'autorité militaire, le couvent sera rasé afin de défendre la ville contre les Huguenots. Les matériaux resteront sur place jusqu'en 1589 ! Une grande partie d'entre eux permettra de construite le Bastion de la Figuère (aujourd'hui disparu) et l'enceinte ceinturant la ville. Il faudra 4050 charrettes de pierres pour réaliser ce travail. A la Révolution, ce terrain est attribué à Hyacinthe Robert et devient en partie un jardin potager : "L'Horte des Cordeliers". La partie Ouest est dévolue aux Marchands de charbon et de bois. La construction du Pont neuf entre 1841 et 1846 aura pour effet de niveler le sol. Le 18 janvier 1880, le nouveau square adopte sa forme rectangulaire. Le travaux ne débuteront finalement que sous le Second-Empire, après 1859. Maisons et dépendances sont expropriées ; en attendant, la place sert pour la vente de bijoux, cirques, représentations théâtrales, etc. Quand le square est enfin achevé, il prend le nom de Sainte-Cécile, la patronne des musiciens.

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C'est le 7 juillet 1883, par décision du Président de la République, que le Square change de nom. Il faut honorer Léon Gambetta, avocat et homme politique. Les Carcassonnais se divisent entre les partisans de la musique à qui on enlève l'identité, les ceux de la République fiers que l'on distingue Gambetta. Comme pour la place aux Herbes, les vieux Carcassonnais disaient encore "Square Sainte-Cécile". La place Carnot c'est moins poétique, d'autant plus que le Président de la République Sadi Carnot avait été victime d'un assassinat perpétré par un anarchiste italien. 

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On avait cru que la guerre et ses bombardements avaient épargnés Carcassonne. Hélas, c'était sans doute sans compter sur les lois de la stratégie militaire, capable de toutes les destructions. Au mois de mars 1944, les Allemands qui occupent toujours la ville, décident de raser le Square Gambetta. Depuis le débarquement en Provence, ils craignent que les alliés ne rentrent dans Carcassonne par la route de Narbonne. Afin d'avoir une vue dégagée depuis la rue de Verdun, ils décident d'abattre tout ce qui se trouve dans cette ligne droite vers le Pont neuf. Ils ne vont pas se salir les mains... Comble de l'ignominie de cette armée barbare, ils vont exiger que les Carcassonnais le fassent eux-mêmes. Des hommes sont requis par la municipalité, beaucoup traînent les pieds. D'autres, sont menacés de représailles.

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C'est avec lenteur que le square disparaît. Dès le 27 mars 1944, la cascade est démolie. Dans l'après-midi, le romantique kiosque à musique est attaqué. A 18 heures, il est à terre.

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© ADA 11 / Chanoine Sarraute

Le square le 25 août 1944

Le 28 mars, les poissons des bassins et les cygnes majestueux sont recueillis et mis en d'autres lieux privés. Seuls, les platanes des allées sont préservés grâce un employé communal. Le centre du square se retrouve complètement rasé et transformé en glacis. Des vestiges de ce square se trouvent chez des particuliers. Certaines statues ont été mises à l'abri, d'autres n'ont jamais été retrouvées.

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Commentaires

  • ...Aujourd'hui le squarre se veut moderne et pratique avec son parking souterrain, son glacis devant l'ancienne TG et le musée, le miroir d'eau... C'est certes joli, un peu vide et surtout pas mal brulant du mois de juin à septembre quand le soleil tape dessus.

  • UN grand merci pour ce récit historique.
    En effet ce square a perdu tout son charme, comme beaucoup de sites détruits .

  • Pas étonnant que la ville ne soit pas plus musicienne qu'elle ne l'est aujourd'hui : quand on a le culot de débaptiser un square heureusement consacré à la sainte patronne des musiciens, voilà ce qui arrive..

  • j'ai un vague souvenir de ce magnifique square - c'était surtout les cygnes qui m'amusaient- c'était assez rare d'en voir -le kiosque ,la grotte --on trouvait ça normal car on ne savait pas que ça allait disparaitre pour toujours --

  • Je regrette le square des années 70/80, que je traversais avec plaisir...
    Merci Martial pour ce retour dans le passé pas si lointain...

  • Vraiment Merci Martial pour la sensible exhumation de feu ces heures du Square Sainte-Cécile, devenu Square Gambetta.
    Tout petit, dans les années 50-55, mon grand-père maternel m'y emmenait faire quelques tours de poney ou de petits-chevaux. Mais le spectacle résidait occasionnellement en la sortie des voitures des pompiers allant au feu tout klaxon, phares allumés...
    Je ne saurais oublier les heures de ces lieux pétris du double visage à la Janus, celui de face qui eut ses charmes, et en partie postérieure, celui du drame d'en face de la Clinique Delteil…
    Ivan FAUP

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