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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 139

  • Ce général de la Grande Armée de Napoléon Ier était né à Montolieu

    Jean-Louis Gros naît à Montolieu le 3 mai 1767 de Jean et de Claire Viviès. A 18 ans, il entre au service de l’armée comme soldat dans les Chasseurs à pied des Cévennes le 6 octobre 1785, après avoir travaillé à la Manufacture Royale de Montolieu. Il y devint caporal le 13 septembre 1786, sergent le 20 mars 1787, et obtint son congé le 1" septembre 1789.

    Nommé lieutenant au 2e bataillon de volontaires nationaux de l’Aude le 10 novembre 1791, il rejoignit l’armée des Pyrénées-Orientales au commencement de 1792, et fut blessé d’un coup de sabre sur le nez par les éclaireurs espagnols, dans une reconnaissance faite aux environs de Céret. Capitaine le 10 avril 1793, il eut la cuisse droite fracassée au siège de Roses.

    Chef de bataillon, il eut le pied droit traversé par une balle au combat de Saint-Georges, le 25 pluviose. A la bataille de Caldiéro, le 21 brumaire an V, il arriva un des premiers aux fossés à la tête du 3e bataillon, y arrêta une colonne ennemie de 600 hommes qui fut faite prisonnière, reçut un coup de feu dans le côté gauche.

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    Passé en l’An VIl à l’armée d’Angleterre, il vint sur le Rhin en l’An VIII, et se trouva le 19 floréal à la bataille de Biberach, où Moreau lui confia le commandement de la 4e demi-brigade, avec laquelle il s’empara de 12 pièces de canon et tua 150 hommes. Promu au grade de major dans les Chasseurs à pied de la Garde impériale le 10 pluviôse, il reçut la croix de chevalier de la Légion-d’Honneur le 25 mars 1804, et fut nommé commandeur de l’Ordre le 14 juin suivant.

    Jean-Louis Gros entre à la Garde Impériale à cette époque et se retrouve dans la Grande Armée à Ulm, Austerlitz, Iéna, Eylau, Friedland. Après la bataille d’Austerlitz, il obtint le rang de major-colonel le 27 frimaire an XIV, fit avec distinction les campagnes de Prusse et de Pologne, fut nommé chevalier de l’ordre de Maximilien de Bavière le 21 juin 1806, et général de brigade le 9 juillet 1807.

    En 1810, il partit pour l’Espagne avec un détachement de la Garde impériale, y reçut la décoration de chevalier de l’ordre de la Couronne de Fer le 7 février 1811, et revint en France pour prendre part, avec la division de la vieille Garde, à la campagne de Russie, au retour de laquelle il obtint sa retraite le 17 janvier 1813. Remis en activité le 10 avril suivant en qualité d’adjudant-général de la Garde, il fut chargé d’attaquer le 26 décembre le faubourg du Lac, à Dresde, et y reçut un coup de baïonnette à la cuisse en pénétrant dans une redoute, où il fit 550 prisonniers. Blessé à Leipzig le 17 octobre, il suivit le mouvement de retraite de l’armée en France, et prit part à cette glorieuse campagne qu’on a nommée ajuste titre la campagne de la Garde.

    Chevalier de Saint-Louis le 6 décembre 1814, il obtint sa retraite en août 1815 et mourut à Paris le 10 mai 1824 dans le IIe arrondissement.

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    La comtesse Daru

    Le Baron Gros fut remarqué par Stendhal chez la comtesse Daru qui le décrivit comme « un des sabreurs les plus stupides de la Garde impériale ». Dans une encyclopédie, on indique que le général Gros était brouillé avec l’orthographe et était dépourvu de bonnes manières. Ceci s’accompagnant d’une description le nommant comme méridional, on ne s’étonnera pas que quelque parisien soit passé par là. Il n’empêche que le nom de ce général issu d’une famille montolivaine modeste, figure sur le pilier Est de l’Arc de Triomphe à Paris.

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    J-L Gros sur l'Arc de Triomphe

    Sources

    Biographie des célébrités militaires de 1789 à 1850

    Encyclopédie des noms du Sud-Ouest

    Généanet (portrait de Gros)

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  • Ce jeune Polonais mort pour notre liberté le 20 juillet 1944

    Le 20 juillet 1944 à 6h45, huit avions allemands J.U 88 et six mouchards survolent La Galaude, dans la Montagne noire. Dans peu de temps, ils vont lâcher leurs engins de mort sur le camp du maquis du Corps Franc de la Montagne noire dont il ne restera presque rien. On découvre près d'un arbre le corps décapité du Commandant Henri Sévenet (29 ans). Plus loin, au milieu d'une allée, le corps du cavalier Marius Barnes (20 ans). Enfin, dans les décombres encore fumants, ceux des cavaliers Marcel Maurel (30 ans) et Simon Gembarowski (21 ans). Ce dernier avait choisi de venir combattre les nazis chez nous, au milieu de ce maquis composé de résistants issus de différentes nationalités. Que reste t-il de ce jeune polonais né le 25 février 1923 à Lask ? Trop peu de choses, comme cette photo que nous avons extraite d'un journal local du 7 décembre 1944.

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    Zigmond Gembarowski

    Après avoir été inhumé près de Laprade, le corps du cavalier Gembarowski "Mort pour la France" le 20 juillet 1944 fut exhumé. Sa dépouille mortelle rejoint le petit cimetière du Mas-Cabardès, le 5 décembre 1944. C'est là que ce trouvait sa famille d'émigrés polonais et où il passa sa courte existence. Sa citation à l'ordre de l'armée au sein du 2e bataillon de Lanciers, ne souffre d'aucune discussion : 

    "Cavalier courageux à l'extrême. Lors de l'attaque du 20 juillet 1944 à La Galaube (Aude), sous un violent bombardement, a été tué par un éclat de bombe et des balles de mitrailleuses en se portant à son poste de combat."

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    Stèle au camp de La Galaube

    Sur sa tombe se sont inclinés tous les habitants du Mas-Cabardès et de nombreux étrangers. Une garde d'honneur, composée par des anciens camarades de combat, veillait sur le cercueil que recouvrait le drapeau français. Un de ses compagnons prit la parole au cimetière pour un dernier adieu.

    "Tu nous as quitté par un clair matin de juillet, à l'heure où le soleil, blond comme tes cheveux, inondait la lumière de notre forêt de Laprade. La mort t'a frappé aussi sournoisement, aussi injustement qu'elle peut le faire lorsqu'elle vient des mains allemandes. Et tu es tombé à 21 ans, au printemps de ta vie, pour la France, contre l'oppresseur. Nous, tes camarades, nous avions vécu près de toi, qui avions pu apprécier ton courage, ta droiture, ta serviabilité, nous savons quel soldat la France perd et quel ami nous perdons. Tu avais choisi la cause d'un pays que tu aimais chèrement. Aujourd'hui, tu dors dans les plis de son étendard et la France te compte parmi ses héros. Il ne t'aurait pas plus, nous le savons tous, d'avoir pour dernier asile la terre qui vit le triomphe de ceux contre lesquels tu t'étais dressé. En revenant au Mas, tu retrouves ta famille, ton village, tes innombrables amis, tes camarades de jeunesse."

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    Le monument aux morts du Mas-Cabardès

    Le maire du Mas-Cabardès au nom du Comité de Libération exprima sa fierté que la France ait pu susciter un pareil dévouement et pareils sacrifices : " La république française et la République polonaise, qui tant de fois au cours de l'histoire ont mêlé le sang de leurs fils pour les mêmes causes sacrées, saluent le corps de ce jeune héros." N'oublions pas, en effet, que la France déclara la guerre à l'Allemagne nazie parce que cette dernière avait agressé la Pologne. Combien de reines la Pologne a t-elle données à la France ? Combien de Polonais ont intégré les armées de Napoléon ? Si vous passez au Mas-Cabardès, inclinez-vous sur la tombe de Simon Gembarowski.

    Sources 

    Midi-Libre / 7 décembre 1944

    Le Corps Franc de la Montagne noire / Journal de marche

    Archives de la défense / Vincennes

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  • La visite du poète provençal Frédéric Mistral à Carcassonne

    La première fois que le célèbre poète provençal vint à Carcassonne ce fut le 11 mai 1893 à l’occasion de la Sainte-Estelle. Frédéric Mistal avait mis le mouvement félibrige sous le patronage de la sainte dont il avait latinisé le nom. D’après lui, « tels les rois mages reconnaissant par là l’influx mystérieux de quelque haute conjoncture, nous saluâmes l’Etoile qui présidait au berceau de notre rédemption. (Mémoires et récits, 1919) »

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    Sous les vivats de la foule massée depuis la mairie jusqu’au pont Marengo, apparurent à 14h45 Frédéric Mistral et Félix Gras, fraîchement descendus du train. La délégation qui accompagnait le Grand-maître du félibrige et le Capoulié n’en était pas moins impressionnante : Paul Mariéton (Grand Chancelier), Amairetti, Valère Bernard, Huot, Joseph Gauthier, Jean Mouné, Charles André, Marius André, Alexis Mouzin, Bouvet, de Baroncelli, Jouveau, Rochetin, Mlle Marie Girard, Marius Girard, Chausroux, Blavet, Chabrier, Sarran, d’Alard, Henri Bigot, Rémy Marcelin, de Valette, Redonnel, Augé, Mlle Fournel, Messine, Fernand Troubat, Georges Troubat, Bécanne, Marsal, Fournel, Dezeuze, Combalat, Roche, Carlier, Aymar, Pourquier, Loubet, Mme Redonnel, Mme Souques, Clément Auzière, Artozoul, Chabal, Hilarion de Roux, Pascal Borel, Constans, Rodolphe Martin, Xavier de Fourvières, Mme Périer, Gabriel Perrier, Maurice Raimbault, Joseph de Valette, Euclide de Carli, Joseph Soulet, Rottner, Brissaut, Court, de Malafosse, Jean Castelar, Prospère L’Eté, Junior Sans, Donadieu, Antonin Perbosc, Charles Ratier, Damton, Cazelles.

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    La gare et le pont Marengo

    Parmi ces personnes, il faut ajouter la présence de Charles Maurras qui à cette époque ne faisait pas encore de politique sous la bannière de son journal royaliste « L’Action française ». Si parmi les félibres, quelques exceptions républicaines comme Félix Gras émergeaient, une majorité vouait une certaine nostalgie - pour ne pas dire plus - en faveur de la monarchie. Beaucoup de ces familles se rangeront, au moins au début, derrière le maréchal Pétain, sa Révolution nationale et le rétablissement des anciennes provinces d’avant 1789. Tout ceci avec comme carotte, la reconnaissance de la langue et des coutumes languedociennes. Ceci est un autre débat…

    Les représentants des associations savantes de Carcassonne furent les premières à saluer Mistral : Germain Sicard, président de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude ; MM. Desmarest et Coste pour la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne et enfin, l’Escola Audenca avec MM. Jourdanne et Gourdon, pharmacien à Alzonne.

    Tout ce monde défila derrière une bannière au son de la musique du 15e de ligne vers l’Hôtel de ville, où devaient être rendus les honneurs à Mistral et à sa délégation. En l’absence du maire Antoine Durand retenu chez lui par la maladie, c’est son premier adjoint M. Maure qui prit la parole. Un vin d’honneur arrosé de Blanquette de Limoux clôtura les discours.

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    Ancien café Maymou, aujourd'hui Brasserie Putelat

    Un premier concert donné par la musique du 15e régiment de ligne fut exécuté en présence de Mistral à la terrasse du café Maymou, près du portail des Jacobins. On joua la Marche Chinoise du compositeur Carcassonnais Armand Raynaud, alors chef d’orchestre au Capitole de Toulouse. 

    Le soir à 20h30 c’est l’Harmonie Sainte-Cécile qui interpréta au kiosque du square Gambetta, des extraits de Mireille de l’opéra Charles Gounod, d’après l’œuvre de Frédéric Mistral.

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    Gaston Jourdanne

    Une conférence sur l’histoire de la Cité depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui attira un grand nombre de personnes de la belle société aristocratique. C’est l’ancien maire Gaston Jourdanne devenu historien qui officia avec grand talent. La rappel de l’Aude regratta néanmoins que l’érudit « ait dû pour se concilier les sympathies des organistes et des réactionnaires des deux sexes fort nombreux dans la salle, a cru devoir faire une incursion politique et exprimer quelques regrets à la louange de l’Ancien Régime ; il a même essayé d’innocenter le pauvre Innocent III des massacres de l’Inquisition ! »

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    Vestige de l'ancien cloître

    Dans l’ancien cloître attenant à l’actuel Grand théâtre, sous une immense tente richement décorée, se tint le banquet auquel prirent place 150 convives. Tout à la gloire du félibrige et de son éminent représentant, des écussons entouraient des inscriptions comme celle-ci, au milieu du buste de Mistral.

    Un pople que laisse toumba

    La lego et les us de si paire

    Nous merito que de creba

    Drin-drin coumo los reirès

    Lou soulel nous fa canta

    (Un peuple qui laisse tomber la langue, ne mérite que de crever. Drin-drin comme les rires, le soleil nous fait chanter)

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    Mistral par Charpentier

    Plus loin, une inscription patriotique disait ceci :

    Ame moun vilage mai que tout vilage

    Ame ma proubenço mai que ta provinço

    Ame la Franço mai que tout

    (Aime mon village plus que ton village. Aime ma Provence plus que ta province. Aime la France plus que tout.)

    Cette manifestation culturelle se termina par la représentation de l’opéra Mireille de Gounod au théâtre de la Cité, comble pour l’occasion. Au lever du rideau, on entendit M. Noé Cadeau chanter « Lé poutou », chanson languedocienne bien connue en son temps. Madame Vaillant-Couturier et M. Bellordre, furent très convaincant dans le rôle de Mireille et de Vincent. Ainsi se termina cette journée de la fête annuelle de Sainte-Estelle.

    Frédéric Mistral reviendra à Carcassonne incognito les 18 et 19 octobre 1893 pour visiter son ami Achille Mir chez lui, à la Manufacture de la Trivalle. La rue Frédéric Mistral fut dénommée ainsi en 1934, après l'ouverture d'une voie entre les rues Clémenceau et Armagnac. C'est à M. Toulzet père que nous devons cette idée.

    Sources

    Le rappel de l'Aude / 12 mai 1893

    Autour du centenaire Mistral / Jean d'Atax (J. Amiel)

    La revue méridionale / Novembre 1893

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