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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 137

  • Quand Charles Camberoque faisait son Festival de la Cité en photographies

    Le photographe Carcassonnais Charles Camberoque, digne héritier d'un père artiste-peintre que l'on ne présente plus, a accepté de mettre à notre disposition les clichés qu'il prit pendant dix ans au Festival de la Cité. Il s'agit de véritables œuvres d'art sur papier noir et blanc qui furent exposées au Théâtre municipal en juillet 1980. Ce n'est pas étonnant si les clichés de notre talentueux concitoyen servirent à illustrer les magazines de la presse théâtrale. Ils méritaient un autre destin que celui de l'oubli et grâce à ce blog, nous vous proposons d'en admirer une sélection.

    1972

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    Jean-Claude Drouot dans Capitaine Fracasse

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    La mégère apprivoisée

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    Rufus dans Auguste

    1973

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    Jacques Echantillon dans "Les vilains"

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    Théâtre Japonais

    1974

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    Jean Deschamps dans Othello de Shakespeare

    1975

    C Nougaro 20 juillet 1975.jpg

    Claude Nougaro

    Claude Marty  1975 Festival cite carca294.jpg

    Claude Marti

    Hamlet Denis Llorca 1975Festival cite carca306.jpg

    Denis Llorca dans Hamlet de Shakespeare

    Le Cid Francis Huster Festival cite carca310.jpg

    Francis Huster dans "Le Cid"

    1976

    Joaquim Murrietta 7 juillet 1976.jpg

    Splendeur et mort de Joaquim Murietta

    1977

    Fourberies de scapin R Bousquet et   Festival cite carca272.jpg

    Mais on serait mieux à la plage de J. Théphany

    Romeo et Juliette Festival cite carca268.jpg

    Roméo et Juliette de Shakespeare

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    Jesus II de Joseph Delteil

    Les œuvres photographiques de Charles Camberoque ont été exposées à Paris (Centre Pompidou), Barcelone (Fondation Miro), Toulouse et même en Chine. Elles figurent en bonne place dans d'excellents ouvrages de belles maisons d'éditions, comme Privat par exemple.

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  • Béatrice de Planissolas, opéra en occitan de Jacques Charpentier

    © Pierre Coqueux

    Beatris de Planissolas est un opéra du compositeur Carcassonnais Jacques Charpentier (1933-2017) sur un livret en occitan du poète René Nelli. Il évoque l’histoire de Béatrice de Planissoles née vers 1274 à Caussou (Ariège), châtelaine de Montaillou, qui entretint une relation charnelle avec Pierre Clergue, prêtre cathare. Dénoncée à l’Inquisition par les habitants des alentours, elle fut accusée d’hérésie et jugée par Jacques Fournier, évêque de Pamiers, connu plus tard sous le nom de pape Benoît XII. 

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    © Collection J. Vouaux

    René Nelli et Jacques Charpentier à Montaillou

    Aussi paradoxal que cela puisse paraître, l’œuvre n’est pas construite sur un livret d’opéra mais sur un poème. René Nelli l’a écrit à partir des minutes du procès du Tribunal de l’Inquisition siégeant le 26 juillet 1320 à Pamiers, au cours duquel Béatrice répond à l’interrogatoire de l’évêque Fournier. Le discours musical accompagne le texte sans jamais prendre le dessus sur lui, tant et si bien qu’il reste toujours intelligible même à l’auditeur le moins initié. Les actes de l’opéra ont été remplacés par des cinq tensons pour trois voix mixtes (Mezzo-soprano, Soprano, Baryton) ; ils nous renvoient aux textes poétiques de l’Amour courtois interprétés par les troubadours, tel Bernard de Ventadour par exemple.

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    Partition aux éditions A. Leduc

    « Au sens lyrique du mot, il n’y a pas de premier temps. L’œuvre commence par du silence et retourne au silence. Et, entre les deux qui l’encadrent, il y a comme une grande respiration musicale. Cela peut s’apparenter à la fois au Raga de l’Inde et aux Favelas de Monteverdi. (Jacques Charpentier).

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    Les solistes autour de J. Charpentier en 1971

    Béatrice de Palnissolas fut créée au 24e Festival d’Aix-en-Provence le 22 juillet 1971 dans la cour de l’Archevêché. Jacques Charpentier dirigeait lui-même les instrumentistes de l’Orchestre de Paris et les solistes : Liliane Guitton (Beatris), Marc Vento (L’évêque Fournier), Michel Trempont (Pierre Clergue), Odile Dubosc (L’âme de Beatris), Jean-Pierre Cornu (L’âme de Pierre Clergue).

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    Répétition avec l'Orchestre de Paris

    La mise-en-scène avait été confiée à D. Delouche. Les décors et les costumes de Juvenal Sanso ont été admirés lors de l’exposition 2016 au musée Granet d’Aix-en-Provence.

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    © Pierre Coqueux

    Marc Vento et Liliane Guitton

    Cet opéra sera repris au Grand Théâtre du Capitole de Toulouse les 7 et 8 avril 1973 dans une mise-en-scène de Jean Deschamps. Si Liliane Guitton reprit son costume de Beatris, les autres rôles furent confiés à Jean Soumagnas et à Yves Bisson. Toujours à Toulouse mais à la Halle aux grains cette fois, en co-production avec le Festival Déodat de Séverac, Beatrice de Planissolas revint dans la lumière des projecteurs le 21 décembre 2002. Une véritable gageure pour la nouvelle héroïne incarnée par la soprano Anne Barbier, qui n’avait jamais parlé un mot d’occitan. L’orchestre et les chœurs du conservatoire de Toulouse étaient dirigés par Marc Bleuse.

    Avec cet opéra, l’Occitan entre dans l’universalité ! La thématique du livret sur une histoire vraie ne peut que nous renvoyer à l’actualité. Il existe encore des pays dans lesquels des théocraties barbares rendent des jugements au nom de Dieu. Des régimes, où la volonté de puissance des hommes s’érige en dogme pour asservir la condition des femmes. Des gens sans scrupules, capables de dénoncer leur voisin surtout si la loi et les mœurs leur en donne la possibilité. On peut aller chercher chez les hommes ce qu’il y a de plus beau, comme y faire surgir ce qu’il y a de plus néfaste. Tout dépend de qui les dirige… Jacques Charpentier avait vu juste : « Béatrice est une femme très actuelle et je n’ai pas à me convaincre que son histoire pourrait devenir un opéra. C’est une évidence. »

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  • Carcassonne et l'apatride d'un poète inconsolable...

    La petite couturière native de Bochum en Allemagne s’était éveillée à la vie le 17 octobre 1914, mais avait dû quitter cette ville à la suite du divorce de ses parents. Jusqu’à Pâques 1932, Paula Ruth Kronenberg poursuivait sa scolarité au sein du lycée de Cologne, tout en nourrissant l’ambition de devenir tailleur. Après quelques semaines en apprentissage, l’arrivée au pouvoir du parti d’Hitler le N.S.D.AP l’obligeait à quitter son emploi. Bientôt, les lois raciales anti-juives feraient d’elle une apatride et Ruth se réfugiait comme pigiste à la Ligue de la culture juive. L’Allemande n’ayant plus de pays et la situation politique contre les israélites menaçant sa vie, Ruth s’exila vers la patrie des Droits de l’homme et du citoyen. A Paris, pensait-elle, l’asile lui serait donné. Dans la ville lumière, elle allait faire la connaissance d’un jeune et brillant poète. Roger Gilbert-Lecomte publie ses textes dans la revue littéraire « Le Grand jeu », sans pour autant adhérer au mouvement surréaliste d’André Breton. A contre courant, Lecomte reçoit néanmoins le soutien et l’estime de Jean Paulhan. 

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    Roger Gilbert-Lecomte

    Le poète a trouvé en Ruth sa muse et le jeune couple s’installe dans un studio au 16 bis rue Bardinet, près de la porte d’Orléans. Déjà, à cette époque, Lecomte est attaqué par les démons de la drogue ; avec Ruth, ils vivent une existence assez misérable. Elle essaie de travailler comme couturière, mais le prix des fournitures l’obligent à y renoncer. Lecomte brûle d’amour ; il envisage de se marier. Un crève-cœur qu’il concèdera à son ami Arthur Adamov : « Si j’avais pu l’épouser, lui donner la nationalité française, mais vous vous souvenez des décrets-lois de M. Daladier. » Un des décrets interdisait à tout français d’épouser une apatride. La France glissait déjà vers le fascisme…

    En Allemagne, les juifs sont persécutés parce que juifs. En France, ils vont l’être dés 1940 parce qu’ils sont Allemands. Enfin, au regard de la loi de leur pays, ils sont devenus des apatrides… Après que le gouvernement Daladier sous l’égide d’Albert Sarraut - Ministre de l’intérieur Radical-socialiste encore vénéré à Carcassonne - a enfermé les républicains espagnols fuyant le franquisme au camp de Gurs (64), le tour est venu sous Pétain d’y interner les juifs étrangers. C’est là que va se retrouver Ruth Kronenberg à partir du 15 avril 1940. Au cours de trois mois de détention, elle fait la connaissance d’une compatriote. Gerda Groth, née à Magdebourg de confession juive, se trouve être l’amante du peintre biélorusse Chaïm Soutine. Avec l’accord de cessez-le-feu, le camp se vide le 22 juin 1940 et les deux femmes rentrent à Paris. Selon les écrits de Ralph Dutli, le poète Joë Bousquet et le peintre Raoul Ubac ont tenté d’obtenir leur libération. Peut-être, en raison des relations qu’ils entretenaient avec Soutine.

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    Joe Bousquet

    Très vite, la situation se dégrade à Paris avec les lois raciales promulguées par le gouvernement de Vichy contre les juifs. Roger Gilbert-Lecomte bat le rappel de ses amis afin de faire passer Ruth en zone libre, vers le midi de la France. Elle sera accueillie à Carcassonne où le poète Joë Bousquet cache déjà de nombreux artistes et écrivains en provenance de la capitale. Dans « Plaidoyer pour Roger Gilbert-Lecomte » de l’ancien avocat et ministre des affaires étrangères de Mitterrand, Monsieur Roland Dumas évoque le trajet de Ruth vers Carcassonne. Ce livre édité chez Gallimard, reprend la plaidoirie de Dumas, alors mandaté par Malraux, pour faire publier les mémoires du poète. Pour se faire, l’avocat avait fondé une association en sollicitant l’adhésion d’écrivains. Certains comme François Mauriac, refusèrent : « Il y a tout de même entre le christianisme et le surréalisme une contradiction qui a pris souvent des formes violentes. » 

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    « Elle avait pris le train à la gare d’austerlitz, munie de faux papiers d’identité pour franchir la ligne de démarcation, fait des haltes interminables dans ces gares où les opérations de contrôle étaient plus faciles (…) La ligne de démarcation était située entre Orléans et Vierzon, elle s’était mise à respirer un air plus libre, plus parfumé, sans trop savoir où le passage réel s’était produit (…). Les chauffeurs de voitures à gazogène s’agitaient dans les cours des gares. A l’aide de grandes tringles, qu’ils rangeaient sur le toit de leurs véhicules, ils secouaient le charbon de bois placé à l’intérieur des fourneaux noirs qui ressemblaient à de gros chaudrons encombrants. A Carcassonne, Ruth avait découvert les remparts célèbres qui donnent à la ville son air de cité moyenâgeuse, le soleil et cet accent qui sentait si bon le large. »

    Roland Dumas ignore sans doute que Ruth voyage avec Gerda Groth, la maîtresse de Soutine. Toutes les deux seront hébergées dans les environs de Carcassonne, où elles se cachent. Certainement chez des amis du poète J. Bousquet.

    Au début de l’été 1942, toutes les deux décident avec des amis de se rendre au bord de la mer. A cette époque, l’armée allemande n’a pas encore envahi la zone sud de la France qui est administrée par l’Etat-Français de Pétain. Ruth et Gerda profitent pendant plus semaines du soleil de Collioure, la cité des peintres. A la fin du mois d’août, au moment de reprendre le train pour Carcassonne, alors que les deux jeunes femmes se trouvent dans la gare de Perpignan, on contrôle les voyageurs. « Papiers d’identité, s’il vous plaît », ordonne l’agent. Il ne peut s’agir de la Milice, car elle ne sera créée qu’en février 1943. C’est très certainement la police française… Après vérifications, elles sont internées à la prison de la ville ; leurs amis français sont relâchés. Juive, née en Allemagne ? Le pire ! Si Gerda réussit à sortir, Ruth est transférée au camp de concentration de Rivesaltes le 28 août 1942. Il faut faire rapidement libérer Ruth et Gerda sollicite ses connaissances de Carcassonne. Dans son livre « Mes années avec Soutine » publié en 1973, Gerda raconte que Ruth avait de nombreux amis français et qu’elle espérait la faire libérer par eux. Les amis comprenaient Joë Bousquet. Malgré cette débauche d’énergie, personne n’aurait osé tenter quoi que ce soit.

    Le 8 septembre 1942, elle envoie un télégramme à Max, le frère de Ruth exilé à Londres :

    « Ruth internée malheureuse. Tentez tout. Gerda Groth »

    Elle ignorait que déjà son amie d’infortune était à Drancy en instance de départ pour Auschwitz. Elle y partira le 11 septembre 1942 par le 31e transport. Jamais plus on ne la reverra…

    Aucune date ne permet de connaître le jour du décès de Paula Ruth Kronenberg, âgée de 28 ans. Officiellement, elle a disparu le 8 mai 1945… Un acte du gouvernement de la République Fédérale Allemande stipule : « Les héritiers de l’apatride Paula Ruth Kronenberg, soupçonnée d’être décédée à Rivesaltes en France à compter du 8 mai 1945, sont ces parents et son frère pour ce qui est des demandes d’indemnisations en R.F.A » Autrement dit, même après la fin du nazisme, Ruth était encore considérée comme apatride et n’était pas morte dans un camp de la mort.

    Gerda Groth retournera en 1943 à Paris à ses risques et péril et survivra à la guerre. Inondé par le chagrin, le poète Roger Gilbert-Lecomte mourra en 1943 du tétanos dans un hôpital parisien, victime des démons de la drogue. Il est inhumé dans sa ville natale de Reims.

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    L’auteur Patrick Modiano dans son ouvrage « Dora Bruder » parle du destin de Ruth Kronenberg. Son ouvrage a connu un immense succès d’édition, notamment concernant ses recherches historiques pour la petite Dora Bruder, martyr de l’ignominie humaine.

    Sources

    Mes années avec Soutine / 1973

    Plaidoyer pour Roger Gilbert-Lecomte / R. Dumas / 1985

    Dora Bruder / Patrick Modiano

    Den Kronenberg-Journal

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