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Seconde guerre mondiale - Page 59

  • François Daydé, résistant des Forces Françaises Libres

    Dans ce Carcassonne occupé où l'action de résistance fut marginale chez les commerçants, viticulteurs et industriels — s'accommodants très souvent des bénéfices qu'ils pouvaient tirer de la collaboration avec l'ennemi — il faut citer avec d'autant plus de force, l'action clandestine de quelques-uns contre Vichy et les Allemands. 

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    François Daydé

    tenait un garage à l'hôtel Terminus situé sur l'avenue du maréchal Joffre pendant la guerre. Rappelons simplement que l'hôtel était occupé par la Kommandantur ; le restaurant servait de mess aux officiers de la Wehrmacht. En somme, une souris au milieu d'un bataillon de chats... Et pourtant, cela n'a pas empêché notre artisan de mener une action résistante, quand d'autres n'eurent aucun scrupule à faire des affaires avec les nazis. Ceux-là même que l'on a retrouvé après la guerre roulant carosse avec de belles maisons secondaires à la mer, donnant presque des leçons de probité au sein de la résistance de 1945...

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    François Dardé s'est vu remettre en 1945, le diplôme de soldat sans uniforme des Forces Françaises Combattantes par le Ministère des armées.

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Le procès de René Bach, agent tortionnaire de la Gestapo de Carcassonne.

    Depuis 70 ans personne n'a osé révéler quelle personne a pu dénoncer Jean Bringer (Myriel) — chef des FFI de l'Aude — à la gestapo de Carcassonne.

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    Jean Bringer

    On se contente d'écrire que Fau, agent à la solde de l'occupant, s'est fait passer pour un résistant ayant un courrier pour Myriel et a demandé à le voir. Sans se méfier, ce dernier le reçut ; une fois dévoilé, la gestapo n'eut aucun mal à le cueillir. Encore fallait-il savoir que le chef des FFI se trouverait à cet endroit, à cet heure et ce jour-là... Qui d'autre que quelqu'un de proche — comme dans l'affaire de Caluire dans laquelle Hardy est mis en cause pour avoir donné Jean Moulin — pouvait-il connaître l'emploi du temps de Jean Bringer ? L'argent offert par la Gestapo semble n'être que seul mobile de cette dénonciation... C'est du moins ce que l'on apprend dans les articles du Midi-Libre de juillet 1945 relatant le procès de René Bach, agent du SD (Gestapo) de Carcassonne.

    Qui était René Bach ?

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    © ADA 11

    "René Bach, interprète officiel de la Gestapo, a été arrêté à Orange, puis conduit dans la prison de Carcassonne le 25 septembre 1944. La situation de ce sinistre personnage est d'autant plus insupportable qu'il est Alsacien né en France, à Voellerdingen, une petite commune proche de Strasbourg, le 11 juillet 1921. Le 1er décembre 1944, dans la liste des officiers ayant commis des atrocités et des crimes de guerre contre les Français, le Ministère de l'Intérieur cite "René Lucien Bach, interprète français de la Gestapo, marié depuis six mois et ayant demeuré 1 rue Barbès à Carcassonne". Il avait accompli quatre ans de service militaire comme engagé volontaire dans les Equipages de la Flotte. Libéré comme quartier-maître, il était en congé d'armistice à la solde de 1500 F par mois au moment de l'occupation de la zone sud par les troupes allemandes. "Tortionnaire et criminel de guerre, il a semé la terreur à Carcassonne". En 1944, il habitait rue Pierre Curie." (Jean-Louis Bonnet)

    Le procés de René Bach

     

    MIDI LIBRE - VENDREDI 27 JUILLET 1945

    CARCASSONNE

    BACH répond de ses crimes

     

     

    Un public considérable remplit, dès 8 h les abords du Palais de Justice. Un imposant service d’ordre a canalisé très tôt cette foule qui patiemment attend l’ouverture des débats. Hors-d’œuvre à ce grand procès, de petites affaires sont rapidement jugées, la première est renvoyée pour supplément d’informations : pour la seconde, la contumace est prononcée.

     

     

    Immédiatement après, Bach, encadré des deux traditionnels gendarmes, très calme. Il vient s’asseoir au banc des accusés. La Cour fait son entrée, le procès Bach commence.

     

    Dès la lecture du long acte d’accusation reprochant à l’accusé : vols, coups et blessures volontaires, meurtre ou tentative de meurtre et trahison. L’on sent très bien quel sera le système de défense de Bach ; sa défense sera l’attaque et c’est ainsi que son avocat dépose les conclusions déclarant la Cour incompétente.

     

    Bach, en effet, se considère Allemand, ses raisons sont les suivantes : son père a servi dans l’armée du grand Reich, ses parents, durant la dernière occupation, sont restés en Alsace, ses chefs le traitaient comme un compatriote et devaient, les derniers temps de l’occupation, lui remettre un uniforme. Donc, d’après lui, il est Allemand et ne relève pas de la Cour de Justice.

     

    À cela, M. Pastour, Commissaire du Gouvernement, demande le rejet de ces conclusions et réplique : « S’il devient en tout cas impossible d’appliquer l’article 75, nous appliquerons l’article 77 ».

     

    Argument que refuse Bach, laissant notamment remarquer que cet article ne vise que le délit d’espionnage, ce qui vaut cette remarque du président : « Je vois que vous êtes très calé en droit ».

     

    Puis la Cour se retire pour délibérer sur les conclusions.

     

    Durant la délibération, l’accusé, très calme, buche en compagnie de son avocat le Code pénal. Et c’est mi- souriant qu’il entend le rejet de ses conclusions déclarant la Cour compétente.

     

    Il est 11 h 15, le président suspend la séance, ce qui provoque un murmure de l’assemblée et ce dernier mot de Bach : « Ils sont volés ».

    rené bach

    © Archives Pablo Iglesias

     

    AUDIENCE DE L’APRÈS-MIDI

     

    14 h 15. L’on croirait à cette reprise d’audience que tout Carcassonne a pris son week-end. Une véritable mer humaine vient, en effet, déferler jusque sur les marches de la Cour. À 14 h 15, Bach est introduit, ce qui provoque des remous dans la salle. À ces remous le président répond par un appel au calme, car, dit-il : « Ces manifestations pourraient donner matière à cassation ». Le calme s’établit aussitôt.

     

    L’huissier semble profiter de ce calme pour procéder à l’appel des témoins, parmi lesquels on remarque un garçonnet. Sur 29 témoins à charge, 4 sont absents. Quant aux témoins à décharge, un seul sur 7 cités par la défense se présente.

     

    La lecture terminée, Me Pagès attaque à nouveau et dépose des conclusions. Il demande un complément d’informations, déclarant le dossier incomplet, diverses commissions rogatoires étant en cours et les témoins ne s’étant pas présentés.

     

    Pour le commissaire du Gouvernement, si le dossier n’est pas complet, les charges retenues contre Bach sont suffisantes pour permettre de le juger. Ce que la Cour vient confirmer après une courte délibération.

    Mais Bach ne se tient pas pour battu et dépose à nouveau des conclusions. La liste des témoins n’ayant pas, d’après lui, été notifiée à la défense 24 heures à l’avance, il s’oppose donc à l’audition de ces dits témoins. Mais cette fois l’accusé est trahi par sa propre malice, car cette audition a été notifiée mercredi, à 12 h 30, et comme aujourd’hui jeudi il est 14 h 30, 24 heures se sont écoulées. Par conséquent on peut procéder à l’audition. La Cour confirme en rejetant les conclusions.

     

    L’INTERROGATOIRE

     

     Cet interrogatoire, très long, vous sera légèrement résumé ici. Il débute en résumant l’activité de Bach depuis son engagement dans la marine le 4 août 1939 jusqu’à son entrée à la Kommandantur de Carcassonne en qualité d’interprète, et, remplissant en même temps les fonctions de chauffeur. La libération l’oblige à fuir. Il est arrêté à Piolenc le 1er septembre 1944. Au moment de son arrestation, il se trouvait porteur d’un « aussweiss » (laissez-passer), de trois pistolets, de cinq grenades, d’une somme e 27.000 francs et d’une fausse carte, ainsi que de nombreuses cartes d’alimentation appartenant à des personnes déportées par la suite.

     

    On passe à l’accusation elle-même et on interroge Bach sur les deux vols qu’il a commis, l’un au préjudice de Ramond, l’autre au préjudice d’un juif de Salsigne. L’accusé se défend fortement de ces accusations comme il le fera, d’ailleurs, par la suite et démontre par A plus B au commissaire comment il portait, lors de son arrestation, la somme de 27.000 francs.

     

    C’est ici que commence un long duel entre la Cour d‘une part et l’accusé de l’autre. Pour chaque affaire, Bach a des arguments. Certes, il ne conteste pas que, dans certains cas, il a frappé, mais il se défend e l’avoir fait à chaque occasion. C’est ainsi qu’il nie avoir assassiné le nommé Ballester José et tenter de tuer Bonfol Jean-Claude au cours d’une vérification d’identité. S’il a tiré, en tout cas, c’est que Bonfol avait tenté de le désarmer.

     

    Ce système de défense sera le même pendant la série de coups et blessures qu’on lui reproche, où il a giflé, matraqué, bref, maltraité toutes les personnes ci-après : M. Raymond Gilbert dit avoir été matraqué et  giflé par Bach. Il en est de même pour Verdier, mais ici l’accusé dit se souvenir très bien que Verdier fut justement un des rares à ne pas être brutalisé. Et il en est de même pour Audirac, Rodriguez Antoine, Pinturier Jacques, Carpentier André, Maillé Marie-Rose, Rieusec Théophile, Laurent Durand, Rovira.

     

    L’affaire Joseph Curbaillé suscite à Bach cette réflexion :

    « Ce n’est pas mon procès, c’est celui des méthodes allemandes ».

     

    L’accusé nie encore les affaires Renaud, Denac Roger, Suire Marcel, Vacquier Pierre, Bayle René, Tournié Henri. Il donne aussi des éclaircissements sur la relâche par la Gestapo du docteur Martre de Belcaire. Martre dut son salut tout simplement à la sentimentalité de l’Allemand Schiffner qui, père de 3 enfants, fut sans doute ému à la vue des 3 fillettes du docteur et le fit ainsi relâcher.

     

    Toujours le même système de défense pour Gaëtan Bousquet, Morlez Antoine, Mme. Berthe Caillé, épouse Bousquet, Georges Séguy, Bousquet Louis, Joseph Bourel, Louis Féral, Jean Pijuan. À ce moment-là, l’accusé s’échauffe et se fait rappeler à l’ordre par le président et c’est encore une suite de noms : Miguel Amantegui, Miralles Vicente, Torrades Pedro, Mari Font Antonio, Mascaró Gabriel, Molinier Robert, Ratabouil Laurent, affaire Julien, Philippine Vonzani. Pour tous ceux-là encore, Bach nie.

     

    LE CRIME DE TRAHISON 

     

    Étant Français, Bach s’est mis volontairement au service de l’Allemagne, dès son arrivée à Carcassonne en juin 1943. Il entra à la milice, mais son activité y fut minime. Il resta cependant en relation avec les dirigeants locaux.

     

    A une accusation de Blache et accusé d’avoir espionné la milice pour le compte des Allemands, Bach répond que les chefs de la milice étaient plus qualifiés que lui pour donner des renseignements à ces chefs, puis l’on aborde diverses questions.

     

    M. Châteauneuf, accuse Bach de l’avoir dénoncé courant 1944. Ce dernier avait manifesté son contentement à la terrasse du Musée, en apprenant la mort d’Henriot. Il fut arrêté, resta à la milice jusqu’en août 1944. Bach nie, disant qu’à ce moment-là, il se trouvait à l’intérieur de l’établissement et ne pouvait pas entendre les propos de M. Châteauneuf.

     

    L’accusation lui reproche, en outre, qu’étant interprète de la Gestapo, il dépassa le cadre de ses fonctions. Il fit notamment plusieurs vérifications d’identité.

     

    Quant à la mort d’Agnel, il n’y a pas participé. Il y était seulement présent. Il en est de même pour l’affaire de de Montjardin et pour l’opération du Bousquet.

     

    Le cas de l’arrestation de Mlle Billot, est alors évoqué. Lors de son arrestation, Bach reprocha aux Allemands de s’être trop pressé. Il leur dit qu’il aurait mieux valu suivre Mlle. Billot, ce qui aurait donné plus de résultats.

     

    L’accusé se défend de ces propos et, pour donner plus de poids, ajoute : « On croira plutôt Mlle. Billot que moi, car elle était résistante ». Il dit également avoir exercé de l’espionnage dans la marine française, répondant :

     

    « Vous me reprochez la trahison. Je me considère à ce moment-là comme Allemand, donc, d’après les lois internationales j’étais Allemand et vous n’avez aucune qualité pour me juger ».

     

    Cette phrase vient rappeler les conclusions de ce matin.

     

    MIDI LIBRE- SAMEDI 28 JUILLET 1945

    CARCASSONNE

    LE PROCÈS DE BACH

    Le public carcassonnais a maintenant pris l’habitude de se lever tôt. Il y a, en effet, à cette seconde journée du procès Bach une foule très dense.

    À 9 heures la Cour fait son entrée et l’on procède à nouveau à l’appel des témoins. La lecture achevée, l'accusé pénètre dans la salle. Prévoyant, il porte sur son bras un volumineux casse-croûte.

     

    Qui a dénoncé Myriel ?

    Les débats reprennent et il est encore question de l’affaire Myriel. Bach confirme ses déclarations de la veille. Quant au nom du dénonciateur, il dit que c’est bien Chiavacci qui fut le dénonciateur du chef de la Résistance audoise. Il ajoute que l’arrestation de Myriel a été opérée par l’agent Fau, lequel était très souvent envoyé en mission.

    C’est ici qu’est placé un incident restant tout à fait en dehors du procès Bach et qui a pour but de faire la lumière sur l’arrestation de Myriel.

    Président et avocats sont d’accord pour écouter les dépositions des deux témoins : MM. Amiel et Maurel. Ce dernier, absent, ne pourra venir à la barre. Cependant, M. Amiel, négociant en fromages et premier adjoint, prête serment et voici sa déclaration :

    « Le 29 juillet 1944, j’appris dans le milieu de l’après-midi que la Gestapo opérait une perquisition chez Jean Bringer (Myriel). Immédiatement la Résistance voulut prévenir notre chef, mais il était trop tard. Ce dernier était déjà appréhendé. Les résistants voulurent tout de même connaître les motifs de l’arrestation. Ils ne purent les élucider, mais découvrirent que Fau avait opéré l’arrestation, ce qui confirme d’ailleurs les dépositions de l’accusé.

    Fau s’est présenté à Maurel comme un agent de liaison et lui remit une lettre du lieutenant Jacques, chef du maquis de Villebazy. Dans cette lettre, Jacques demandait des ordres à Myriel. Ces derniers, en compagnie de Chiavacci, se rendirent chez Maurel et y remirent à Fau des ordres pour Jacques.

    Vingt ou trente minutes après le départ de Fau, la Gestapo venait perquisitionner chez Maurel et dans l’après-midi, Myriel était arrêté ».

    Le témoin, poursuivant sa déclaration, nous apprend qu’il y a trois mois, Mme. Bringer, apprenant l’arrestation de Chiavacci à Montpellier, lui fit parvenir un interrogatoire écrit. La réponse à l’interrogatoire motiva un entretien de M. Amiel avec Maurel, car Chiavacci se défend d’avoir dénoncé Myriel.

    Maurel fit une déclaration identique à celle de Chiavacci. Donc, demande le résistant qu’est Amiel, au nom de mes camarades, je voudrais bien savoir qui a fait arrêter Myriel. M. Pastour interroge à ce sujet si Chiavacci est coupable de cette arrestation (lors de l’arrestation de Myriel, nous avons, à la Gestapo, confronté Chiavacci). Ce dernier nous a déclaré que Myriel et Bringer n’étaient qu’une seule personne et qu’il était le chef de la Résistance.

    Cependant M. Amiel poursuit son témoignage et apporte à la Cour des précisions troublantes.

    Ainsi l’on apprend que toutes les têtes chaudes de la Résistance et des maquis ont tenu rendez-vous de la Maleperre où Jacques avait replié son maquis. Il y avait à ce rendez-vous, Jacques, Robert et Fau ainsi que Négrail et Fourcade.

    Le président conclut que l’opinion de Bach à ce sujet rejoint celle du témoin et il dit combien il est dommage que Maurel soit absent, car avec lui, il aurait été possible d’avoir d’autres éclaircissements. Puis les débats se poursuivent.

    Le président demande à Bach si Combrié de Soure était indicateur à la Gestapo sous le nom de Robert Jean. L’accusé confirme, mais il se défend d’avoir reçu de M. Barrière une somme de 50.000 fr. L’audition de ce témoin, cité d’ailleurs par la défense, nous éclaire à ce sujet.

    Puis commence alors la longue et intéressante audition des témoins, qui va du garçonnet aux culottes courtes au déporté s’appuyant sur sa canne, qui tous ont eu à souffrir ou ont souffert des mauvais traitements ou dénonciations de l’accusé.

    À cette confrontation, Bach, qui ne veut parler, s’en remet à ce qu’il a dit ultérieurement lors de l’interrogatoire.

    rené bach

    La maison de la Gestapo, 67 avenue Roosevelt, a été entièrement rasée par décision municipale en janvier dernier.

     

    Passent successivement à la barre : Mme. Bayle, hôtelière à Belcaire ; MM. Vacquier, Roger Malet de Carcassonne, Dionze Victor de Carmaux ; Mme. Bringer de Carcassonne ; Tournier Henri d’Olonzac ; Miguel Amantegui, cordonnier à Carcassonne ; Juan López de Carcassonne ; Miralles Vicente de Carcassonne ; Mari Font Antonio de Rieussec ; Théophile, cultivateur à Fournes, qui a assisté à l’exécution d’Amiel, ainsi que Durand Laurent à Villeneuve-Minervois. Ces deux témoins nous expliquent comment Amiel a été exécuté, exécution que Bach conduisit.

    Le témoignage de ces deux personnes nous révèle et nous confirme que Bach participa, mitraillette en main, à la recherche du maquis de Cazals.

    Un émouvant témoignage

    Puis le docteur Camus, de Narbonne, récemment rapatrié d’Allemagne où il avait été déporté :

    « J’ai lutté quinze mois contre la mort pour me trouver aujourd’hui face à cet individu ; je l’accuse d’être le chef de la Gestapo narbonnaise. Il vint chez moi m’arrêter sous la menace du revolver et me conduisit en compagnie de Marciou jusqu’à Carcassonne, où nous fûmes écroués à la caserne Laperinne. C’est Bach qui m’interrogea. Il me posa diverses questions, notamment sur le docteur Lacroix Davi, ainsi que sur Laurent, Chantel, Borda. Mes réponses furent négatives, mais à deux autres questions, je lui répondis affirmativement : j’écoutais en effet comme il me le demandait, la radio étrangère et j’étais anti-allemand.

    Il me menaça d’arrêter ma femme. Lors de mon interrogatoire, je remarquais sur la table une lettre dont les armoiries me semblèrent être celles de la Légion ou du Comité des fêtes de Narbonne et sur laquelle étaient inscrits mon nom, celui de Trot et de Marcon ». Bach se lève et dit que la dénonciation vient de M. Balouet, de M. Gayraud et Pelletier."

    M. Camus demande, au nom de tous les déportés, que Bach soit justement et sévèrement puni.

     

    Sous le signe de la matraque

    L’audience reprend à 14 h 30 et avec l’audition des témoins :

    Rodriguez Antoine, distillateur à Bram qui a été déporté en Allemagne. Audirac Joseph, 57 ans, secrétaire général de la mairie de Quillan, matraqué au premier interrogatoire pleure au souvenir des tortures infligées ; Ferra Louis, garde forestier au Bousquet ; Bousquet Louis, cultivateur au Bousquet ; Séguy Baptiste, 51 ans, cultivateur au Bousquet, fait une déposition très émouvante, les Allemands ont abattu sa fille qui cherchait en fuyant à cacher le fusil de son père ; Moriez Antoine, cultivateur au Bousquet, à qui Bach, après de mauvais traitements, lui a, à l’aide d’allumettes, brûlé le bout des doigts. Bach nie cette torture ; Séguy Georges, 35 ans, cultivateur au Bousquet ; Tistani Gaëtan, 51 ans, au Bousquet, a l’impression très nette que Bach dirigeait les opérations du Bousquet ; Pijuan Jean, agriculteur à Roullens, nous décrit la sauvagerie avec laquelle Bach lui a infligé de mauvais traitements ; Francisco Rovira, cordonnier à Carcassonne. Ce témoin a nettement entendu les quatre coups de fusil achevant Ballester ; Rovira, sur une question du président, dit qu’il a entendu trois coups de feu puis un isolé. Ce dernier coup pourrait accuser Bach de meurtre, mais ces quatre coups de feu restent une solution à élucider, Núñez Mercedes, 34 ans, de Carcassonne, qui a été déportée en Allemagne ; Verdier André, opticien, de Carcassonne, également déporté en Allemagne. Le témoin affirme que Bach seul est responsable de sa déportation. Pour Molinier Robert, électricien à la S.N.C.F. à Castelnaudary, déporté à Buchenwald, Bach nous fait ici quelques révélations disant que c’est les nommés Cave et Giraud qui ont dénoncé 23 patriotes et, entre autres, le capitaine Trotsky.

    Mercedes Núñez témoignant au procès Bach à Carcassonne 27.07.1945 Archives Pablo Iglesias Núñez .jpg

    Mercedes Nuñez-Targa témoigne au procés

    © Archives Pablo Iglesias

    Ratabouis Pierre, 15 ans. Ce gosse vient simplement déclarer d‘une voix calme comment il a été maltraité par Bach et comment l’action de l’accusé a conduit son père en Allemagne.

    L’audition des témoins à charge est terminée.

    La séance est suspendue et reprend quinze minutes plus tard.

    Assisterons-nous maintenant à ces fameuses révélations que Bach a promis de faire ?

    Dès la reprise, le président lit à Bach la déposition de Mlle Carpentier, témoin défaillant, qui assista à l’arrestation des Juifs de Salsigne.

    Il poursuit sa lecture par la déposition de Mlle Billot, rappelant le film de son arrestation, de son interrogatoire et de sa déportation. Fit la lecture de la déposition des témoins Degoem et Michel.

    « Je veux aussi que les autres payent »

    Le président demande alors à Bach s’il n’a plus rien à dire sur les faits qui lui sont reprochés : coups et blessures, meurtre ou tentative de meurtre, et crime de trahison, Bach répond :

    « Je ne suis pas le seul à avoir fait des dénonciations. Il y a des personnes qui ont de l’argent et qui sont encore en liberté. Je n’ai jamais vendu des Français. Toutes les affaires ont été faites parce que les Français se sont dénoncés entre eux ».

    Il commence alors, aux applaudissements de l’assistance, à dénoncer M. G, qu’il connaissait comme agent de la Gestapo sous le n. 207, et qui aurait été relâché, d’après Bach, parce qu’il a donné 200.000 francs au maquis. Bach précise que le dossier de M. G a disparu et il ajoute :

    « Dans ce dossier j’ai reconnu des lettres de G à la Gestapo ».

    M. Pastour, commissaire au gouvernement, dit qu’il poursuivra.

    C’est ensuite M. G, d’Espéraza, qui a les honneurs de la dénonciation.

    Bach déclare à ce sujet : M. G m’a été présenté par M. Barrière. Ce G aurait donné de bons renseignements à la Gestapo.

    Lors de l’arrestation de M. Barrière, j’ai demandé à celui-ci s’il avait des ennemis. Il m’a dit qu’il n’en avait pas, comme je lui posais la question :

    « Avez-vous des concurrents commerciaux ? Il me répondit affirmativement, citant MM. G et G ».

    Bach précise : G a dénoncé M. Barrière comme protecteur de Guy David et recéleur d’armes.

    Bach ajoute encore : la police allemande devait procéder à la réquisition d’une maison appartenant  à M. Gleize à Carcassonne. La police allemande a reçu un télégramme de Paris enjoignant la Gestapo de ne pas perquisitionner. L’accusé s’étonne de cela.

    C’est alors qu’il dénonce M, industriel de tartres et lies pour la vigne de Carcassonne qui est coupable d’après lui, car il a dénoncé quelqu’un à la police allemande. M a indiqué aux Allemands où se cachait Pijuan. Bach déclare qu’il tient cela d’un capitaine allemand qui le lui a dit. Il a aussi indiqué un industriel de Béziers. Cet industriel a d’ailleurs dénoncé deux personnes d’Ax-les-Thermes.

    M. T est alors dénoncé. C’est lui qui, toujours d’après Bach, donna des renseignements à Kromer. Et Bach ajoute :

    « C’est T qui m’a donné le nom de Pierre et des vieilles filles de la rue Victor Hugo ».

    À ce moment-là Bach sort un papier de sa poche. Il consulte, réfléchit, et dit au président qu’il croit qu’il y a encore un ou deux cas, mais il ne se souvient pas bien et quand sa mémoire sera plus claire il parlera encore.

    Le président lui demande alors :

    « Est-ce que vous savez que la Gestapo est allée à Roullens ? »

    Bach acquiesce et dit que c’est M, l'industriel de Carcassonne qui a dénoncé le maquis.

    Le public très dense se retire calmement. L’accusé est souriant et parle avec son avocat et le gendarme. L’audience sera reprise aujourd’hui à 9 h.

     

    MIDI LIBRE- LUNDI 30 JUILLET 1945

    CARCASSONNE

    BACH EST CONDAMNÉ À MORT

    C’est aujourd’hui samedi, le dernier jour au procès Bach. Encore beaucoup de monde pour assister à cet ultime débat. À 9 h 45 la Cour fait son entrée, puis c’est l’accusé portant sous son bras l’habituel casse-croûte.

    Avant que ne commence la joute réquisitoire-défense, le président lit la déposition de M. Barrière, témoin à décharge, défaillant. Dans cette lettre, le témoin précise qu’il a donné 50.000 fr. à Bach, pour la libération de Mlle. Billot, le cas échéant pour l’arrestation de Myriel, et M. Barrière conclut sa lettre en déclarant que Bach ment quand il dit n’avoir pas reçu l’argent. Bach répond en cela en se basant sur la logique, et viendrait démontrer que Barrière n’a pu lui remettre de l’argent le cas échéant pour la libération de Mlle. Billot, car cette dernière n’était pas arrêtée, et ne fut arrêtée d’ailleurs que deux mois après la  libération de Barrière. L’accusé s’étonne de l’absence du témoin à la barre, car pour lui ceci est une vraie question de moralité, et qu’il ne voudrait pas qu’on l’inculpe d’avoir accepté cet argent.

    Sur une question du président, qui lui demande s’il n’a pas d’autres révélations à faire. Bach cite le nom de Degarnier ou Degranier, qu’il aurait vu inscrit sur le registre de la Gestapo.

    Puis le président lui demande s’il n’a plus rien à déclarer pour sa défense, l’accusé répond en ces termes :

    « Je comparais ici d’abord pour coups et blessures, qu’en partie je ne repousse pas. Lors de l’interrogatoire des témoins, j’ai eu l’impression qu’ils avaient appris une leçon. La tentative de meurtre ne peut être établie car je n’ai fait que me défendre. Pour le meurtre, on dit que j’ai avoué à la police, mais chacun connaît les moyens de persuasion de toutes les polices mondiales, d’ailleurs je n’ai pas avoué, j’ai signé ce qu’on avait bien voulu marquer sur un papier. Quant au crime de trahison, j’ai déjà référé mes conclusions. Aujourd’hui, l’on me condamnera parce que la France peut maintenant appliquer le droit international."

    Certes, si j’obéissais aux Allemands, c’est que je me considérais moi-même Allemand  et il n’y aurait pas eu d’arrestations si les Français ne s’étaient pas dénoncés entre eux.

    Le président veut avoir des éclaircissements sur l’affaire D. Bach dit qu’il ne l’a vu que qu’une ou deux fois, mais ajoute que le témoin, je veux vous dire une chose sur Baudrigues, les Allemands ont dû prévoir, au cours d’un départ rapide, les personnes à exécuter.

    LE RÉQUISITOIRE

    C’est ici que commence le réquisitoire. M. Partiens, commissaire du Gouvernement, rappelle que le procès terminé, la Cour de Justice de l’Aude, aurait cessé d’exister : à cette occasion, il remercie tous ceux, qui de près ou de loin, ont collaboré étroitement à rendre une saine justice.

    Après  ce préambule, tout particulièrement à l’honneur du président, les jurés et de la défense, débute le véritable réquisitoire.

    « Bach, vous êtes un valet de l’Allemagne, mais vous avez également été un voleur, car c’est par deux fois que vous avez commis ce délit, la première fois au préjudice de Ramond, la seconde au préjudice des israélites de Salsigne.

    Mais ce qui est grave, c’est le meurtre de Ballester, je dois établir votre participation, car moi j’ai le droit d’utiliser vos aveux, au cours desquels vous auriez déclaré avoir donné le coup de grâce à Ballester, donc j’accuse. De toute façon vous y étiez et à défaut d’auteur, je vous poursuis comme co-auteur ou complice. Pour Bonfol, c’est plutôt sa version que je crois, donc je vous accuse d’homicide.

    Pour les coups et blessures ont on vous accuse, vous avez joué le rôle du bourreau. Une des meilleures preuves fut le tremblement nerveux qui à votre vue secoua, lors de l'instruction, un des témoins du Bousquet. J’aurais voulu que le défilé des témoins fut plus long, car je pense à ceux qui n’ont pu venir, car ils sont morts dans les camps nazis ». Je les salue, et en particulier je salue la mémoire du procureur Morelli.

    Pas de pitié pour vous, non pas de pitié. Il est incontestable que vous avez rendu de nombreux services aux Français avertissant en particulier l’abbé Courtessole, que la Gestapo allait opérer chez lui une perquisition. Mais tout cela ne peut effacer vos crimes et il ne peut y avoir de circonstances atténuantes. Même si vous avez vraiment un soldat allemand.

    La trahison, je la maintiens, en vertu d’une ordonnance du 28 novembre 1944. Vous êtes Français parce que né en France, vous avez servi sous le drapeau français et vous n’avez jamais répudié votre nationalité. Je demande donc contre vous la peine de mort."

    Le président suspend les débats.

     

    AUDIENCE DE L’APRÈS-MIDI

    L’audience est reprise à 14 h 30. Immédiatement le Président tient, comme l’a fait ce matin le commissaire du Gouvernement à remercier lui aussi : Cour, jurés et Barreau.

    Après cela, M. Pagès se dresse au banc de la défense et commence sa plaidoirie. Il ne fera qu’exposer avec intelligence et par une brillante éloquence, les faits, les développant avec psychologie et logique. Sa tâche est rude et bien des mots doivent être sentencieusement pesés.. Sa thèse principale sera de faire ressortir que Bach avait le droit de se considérer allemand quand tous ces faits ont eu lieu et il conclut sur un mot de Briand : « Regardez mes mains, pas une goutte de sang … »

    Bach qui a la parole le dernier déclare :

    « Je ne réclame pas de pitié. Je prends la responsabilité de mes actes. Je m’en remets à votre condamnation ».

    Le président donne alors lecture de la longue série des questions – 97 –

    Puis c’est à délibération et deux heures après le verdict.

    Bach est condamné à mort, à la majorité.

    Le public qui est nerveux se retire, sous la bienveillante pression des gendarmes, l’on emmène l’accusé.

    Le procès Bach est terminé.

     

    Note du Blog

    René Bach sera fusillé sur le champ de tir (actuel Romieu) à la sortie de Carcassonne en direction de Bram. Le blog a remplacé certains noms par des initiales.

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  • L'aryanisation à Carcassonne et la fuite des coupables

    Légitimée par le IIIe Reich depuis 1938, l'aryanisation ou la spoliation des biens appartenant à des personnes de confession juive, s'inscrit en France par la loi du 22 juillet 1942 promulguée par le régime de Vichy. Les biens des personnes envoyées dans les camps de la mort sont saisis puis vendus ; le produit de cette spoliation allant enrichir les caisses des nazis et de leurs alliés. Cette aryanisation s'exerce également sur les entreprises et commerces tenus par des israélites qui sont saisis et repris par des gérants non juifs. L'ensemble des affaires est d'abord traité par le Commissariat aux Questions Juives qui désignera un liquidateur chargé de l'inventaire et de la vente des biens. Nous allons voir ci-dessous comment Carcassonne n'a pas échappé à la loi appliquée avec célérité, force et intérêt par la préfecture de l'Aude, la Milice et la police.

    La spoliation par l'exemple

    D'une manière générale nous savons que les juifs de l'Aude furent mis en résidence forcée à Rennes-les-bains. Après la rafle opérée par les GMR vers le camp de concentration de Rivesaltes, leurs biens ont été dispersés. Le ravitaillement qui leur était destiné a été distribué à la population de Limoux. Le reste, c'est-à-dire les draps, fourrure, argenterie, habits, vaisselle, cuisinière...etc, a été evndu aux enchères publiques à Limoux par un huissier du coin. [Archives de l'Aude]

    Si l'on prend un exemple en particulier, nous pouvons évoquer le cas de Monsieur R. Raphael, né à Constantinople (Turquie). Il tient depuis bien avant la guerre un magasin de nouveauté dans la rue du marché. Par arrêté du 31 mai 1942, Monsieur Jacques P, (Agent d'assurances à Carcassonne) est désigné par le Commissariat Aux Questions Juives, administrateur du fond de commerce. L'inventaire est effectué par Maître T, huissier à Carcassonne. Le fonds de commerce a été vendu aux enchères pardevant Maître Albert A, notaire à Carcassonne, le 8 avril 1943 ; il fut adjugé pour la somme de 36.000 francs et les marchandises pour la sommes de 72.013 francs à M. Charles C, d'Alet-les-bains. Ce dernier a payé l'ensemble de cette vente avec les liquidités de Monsieur Raphael R. Autant dire que cela ne lui a rien coûté... Quant à Monsieur Raphael R, il sera raflé par la Milice de Carcassonne le 10 juillet 1944. [Archives de l'Aude]

    Entre les mois de juin et de juillet 1944, Robert Pincemin, chef départemantal de la Milice de l'Ariège en mission dans l'Aude, organisa le pillage de tous les magasins israélites de Carcassonne. Cinq millions de francs de marchandises furent dérobés. [La Résistance audoise/ Lucien Maury/ p.154]

    Qui est Robert Pincemin ?

    À travers le parcours de Robert Pincemin, nous souhaitons mettre en évidence que les responsables ont échappé à l'épuration. Ceci avec bien des complicités. Nous avons tiré le fil d'une enquête qui nous a amené très loin de Carcassonne...

    Robert Pincemin est sûrement né vers 1915, puisque cet industriel de Foix dans l'Ariège est sorti de l'École centrale en 1939. Il fut chef départemental de la Milice de l'Ariège et chef de la Milice de Toulouse. À Carcassonne, il s'illustra comme nous l'avons indiqué plus haut, mais également dans le récit que nous livre Philippe Bourdrel dans "La grande débâcle de la collaboration" (Editions Le cherche Midi) :

    "En mai 1944, Pincemin, chef départemental de la Milice de l'Aude, dont le siège est place Carnot à Carcassonne, n'hésite pas à partir à la tête de ses hommes pour combattre le maquis dans l'Isère. [Massif du Vercors ? NDLR]"

    Robert Pincemin commandera ensuite le "camp des clochards" de la Milice au camp d'Heuberg, près de Sigmarigen. Dans lequel, on peut supposer que certains Carcassonnais qui l'avaient suivi, se sont retrouvés... Ce qui expliquerait que ce ne sont pas les plus endoctrinés qui ont été fusillés en septembre 1944 à Carcassonne. Aux archives de l'Aude, les documents de la libération les notent comme étant en fuite... Que sont-ils devenus ensuite ?

    Le 4 novembre 1944, 2500 miliciens jugés en fonction des critères sélectifs très sévères de la SS, aptes pour servir à la division Charlemagne (en cours de constitution) quittent Ulm pour le camp de Wildflecken. Ceux qui n'ont pas voulu revêtir l'uniforme allemand et prêter serment à Hitler, les inaptes sont regroupés au camp d'Heuberg, appelé le camp des clochards. 800 miliciens sont placés sous le commandement du chef Pincemin, qui se désintéresse de leur sort. Son adjoint, le capitaine Georges Carus, ancien marin, se charge de la réorganisation de ce qu'il reste de la Milice. Il manque de tout, l'équipement est hétéroclite, il faudra attendre que soient rapatriés les uniformes des miliciens passés à la Waffen-SS pour équiper les hommes." [Alexandre Sanguedolce. Italie 39-1945.com] et [Histoire de la Milice / Fayard / p.602]

    Depuis le 16 janvier 1945, Hitler s'est réfugié dans son bunker. Robert Pincemin fait partie de ceux chargés de le défendre, ce qui suppose qu'il a revêtu l'uniforme de la Charlemagne.

    L'exfiltration

    Lors de notre enquête nous avons découvert que Robert Pincemin —condamné à mort par contumace — va se soustraire à son jugement et mourra tranquillement dans son lit en 2001.

    Les criminels de guerre ou collaborateurs français tels que Marcel Boucher, Fernand de Menou, Robert Pincemin ou Émile Dewoitine reçoivent sur l'ordre sur l'ordre du cardinal Antonio Caggiano un visa spécial pour entrer en Argentine. Tous quatre disposent de passeports avec numérotation consécutive expédiés par la Croix-Rouge de Rome, ainsi que d'un certificat de recommandation du Vatican. Tous les quatre ont trouvé refuge à l'église de San Girolamo. [...] L'ambassade d'Argentine à Rome est assaillie de demandes de visas pour des citoyens français. [lessakele.over.blog.fr]

    Il y a eu des prêtres remarquables dans l'Aude comme l'abbé Gau, reconnu "Juste parmi les nations" pour avoir sauvé des juifs. Il n'a pas un seul nom de rue dans Carcassonne, ni dans son village de Conques-sur-Orbiel. Citons également, le chanoine Auguste-Pierre Pont de la Basilique Saint-Nazaire de Carcassonne pour son action résistante.

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    L'abbé Gau

    Il y a eu de nombreux prêtes qui sont morts dans les camps nazis.

     

    On pourra lire :

     

    "La barraque des prêtres. Dachau 1938-1945 / Guillaume Zeller/ Tallandier éditions."

     

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    Ces exfiltrations ont été menées conjointement avec les États-Unis afin d'établir un groupe d'experts "nazis" anticommunistes en Amérique du sud, qui pourraient être utilisés au cas où éclaterait une guerre contre les Soviétiques. À la fin de la guerre, il y a deux blocs en puissance qui s'opposent. Chacun tentera de récupérer des "cerveaux" et de les utiliser. L'ancien constructeur des V1 Nazis n'a t-il pas envoyé l'homme dans la lune ? Le général Aussaresse de l'OAS n'a t-il pas conseillé Pinochet pour l'usage de la torture des opposants à son régime ?

    Le départ en bâteau

    Robert Pincemin est parti de Barcelone avec l'assentiment du régime franquiste aidé par l'Opus Déi, sur le Bâteau "Cabo de Buena Esperanza" (Cap de Bonne espérance) en direction de l'Argentine. Il sera accueilli à bras ouvert par Juan Peron, militaire et président de la Nation Argentine de 1946 et 1955 et de 1973 à 1974. Un fervent admirateur de Mussolini et de Franco, dit-on...

    "Là-bas, il fonde en 1959 à l'intiative de Georges Grasset, prêtre coopérateur, la Ciutad catolica argentina (CCA), organisation sœur de la Cité catholique créée par Jean Ousset en 1949 en France. La filiale argentine va rassembler d'anciens collaborationnistes et de nouveaux arrivants en provenance d'Algérie". [Geneviève Verdo / Les français d'Afrique du nord en Argentine : bilan provisoire d'une migration (1964-1988), mémoire de maîtrise, Université Paris I, 1989, p.34-39]

    "La CCA publie en outre la revue Verbo, l'une des entreprises éditoriales les plus durables du catholicisme intransigeant argentin, aue l'on pouvait trouver très facilement dans les bibliothèques militaires comme celles de l'École supérieure de guerre ou du Cercle militaire."

    Robert Pincemin est associé dans cette organisation avec Juan Carlos Goyeneche, Roberto Gorostiaga et le colonel Juan Francisco Guevara. Ce dernier, catholique rigoriste, participa au coup d'état contre le président Juan Peron en 1955, comme lieutenant de Lonardi.

    La vie en Argentine

    Nous avons retrouvé la trace del señor Roberto Jorge Pincemin à Buenos-Aires (Argentina) installé dans l'agglomération huppée de Vincente Lopez jusqu'à sa mort le 6 août 2001. Il a fait toute sa carrière industrielle en Argentine comme chef d'entreprise et ingénieur conseil. Il quitte ses affaires en 1974 pour créer la Fondation Forum. Elle publiera ses ouvrages économiques.

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    Le penseur économique

    Roberto Pincemin a écrit plusieurs ouvrages sur sa pensée économique, que l'on peut trouver dans les libraires et bibliothèques en Argentine. Mais pas seulement... En france, ils sont en vente sur la librairie catholique traditionnaliste en ligne Chire.fr

    On les trouve aussi en ligne sur Google ou les librairies universitaires américaines. Bref, voilà autant d'occasions pour faire passer cette pensée rédigée par un ancien milicien, condamné à mort par contumace pour ses crimes.

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    Tout un programme...

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