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Seconde guerre mondiale - Page 44

  • Arrestations et assassinats des juifs de la mine de Salsigne, le 31 janvier 1944

    Le 31 janvier 1944, la police allemande se rend aux mines de Salsigne (Aude) pour emmener des ouvriers juifs de nationalité étrangère et les déporter. Parmi elle, on compte quatre hommes en tenue civile et une dizaine de soldats allemands armés de mitraillettes. Il aura fallu attendre 71 années pour qu'enfin ce blog puisse avoir le courage d'évoquer cette triste affaire ; sept décennies au cours desquelles  la vérité aura été tenue à l'abri aux archives de l'Aude, protégée par le secret. La prescription venant d'être levée, nous pouvons désormais enquêter et lever le voile sur ce crime contre l'humanité qui s'est passé a seulement vingt kilomètres de Carcassonne. Nous allons vous livrer les témoignages tels qu'ils furent déposés en 1945 par les survivants et les témoins. Au prix de sérieuses recherches, nous dresserons la liste de ces juifs étrangers dont certains furent gazés dès leur arrivée à Auschwitz. Voilà un travail pour la mémoire non seulement de notre département, mais pour celle de toute l'humanité. 

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    La mine de Salsigne le 1er mai 1941

    Ces étrangers de confession juive avaient fui leurs pays, occupés par l'administration du IIIe Reich. Ils pensaient qu'en France, ils ne seraient pas touchés par les lois raciales. Dans un premier temps, le gouvernement de Vichy les a rassemblé dans des camps gardés par la police française. Après quoi, ils furent recensés et mis au travail. A Caudebronde, ils refaisaient les routes ; à Salsigne, ils étaient employés à la mine d'or. La musique changea quand Pierre Laval avec l'aide de René Bousquet - chef de la police de Vichy - décida de livrer les juifs étrangers aux nazis.

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    Le préfet de l'Aude s'adresse aux mineurs

    Monsieur Sologaïstoa Antoine (44 ans) - garde champêtre à Salsigne - déclare en 1945 :

    "Le 31 janvier 1944, j'assistais à l'embarquement sur une camionnette de trois ouvriers juifs habitant le village de Salsigne. Ils ont été pris par trois policiers allemands en tenue civile et six soldats allemands armés de mitraillettes. Parmi ces déportés, il n'y avait aucun français. Je n'ai pas vu qu'il y ait eu violence."

    Au mois d'avril 1945, lors du procès de René Bach, les témoins et les rares survivants de cette rafle viennent déposer à la barre de la Cour d'assise de l'Aude. Face à eux, se trouve l'agent français du SD (Gestapo) qui répond de ses crimes d'assassinats, de vols et de trahison. 

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    © ADA 11

    René Bach à son procès

     Mayer Stern, tout juste rentré d'un camp d'extermination dans lequel des millions de ses semblables ont été assassinés par une idéologie fanatique, est venu pour témoigner. Ne parlant pas le français, c'est Paula Blonder demeurant à Carcassonne qui assure la traduction.

    "J'ai été arrêté à Salsigne, le 30 janvier 1944. Un commandant Allemand, six militaires et le nommé Bach sont venus avec un camion, et une conduite intérieure. Nous avons été placés dans le camion et nous avons tous été amenés à la caserne de Carcassonne. Personnellement, je n'ai subi aucune violence. Alors que nous étions détenu à la caserne de Carcassonne, le nommé Bach est venu nous demander tous nos objets personnels ; tous ces objets ont été glissés dans une enveloppe individuelle avec le nom de chacun de nous dessus. La veille de notre départ, Bach est revenu et nous a restitué les objets que lui avions remis. Mon camarade Jacques Harth qui avait été arrêté comme moi a protesté, car Bach ne lui a  restitué une montre de peu de valeur, alors qu'il lui avait remis cette montre et une montre en or de marque "Schaffausen". Bach a alors répondu : "Vous mentez, vous ne m'avez jamais remis de montre". Harth n'a pas pu contester, mais j'étais présent lorsqu'il a remis les deux montres à Bach. Mon camarade Harth étant décédé en Allemagne à Auschwitz, je lui avais promis de m'occuper de son affaire."

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    © Pablo Iglesias

    La cour d'assise au procès Bach

    Benno Feldmann (43 ans), acteur de théâtre de nationalité roumaine employé à la mine de Salsigne, témoigne :

    "Lorsque la police de Carcassonne m'a présenté les photographies du nommé René Bach, j'ai reconnu formellement l'individu qui a participé à l'arrestation d'ouvriers israélites et qui a frappé brutalement mon camarade Schloss. J'ai pu me cacher à temps et j'ai vu comment se déroulait cette opération. C'est Bach lui-même qui la dirigeait. Connaissant la langue allemande, je l'ai entendu donner des ordres aux militaires. Il était porteur d'une liste qui comportait les noms de tous les ouvriers israélites de l'entreprise qui ont d'ailleurs été arrêtés. A un moment donné, j'ai vu mon camarade Schloss qui cherchait à rejoindre la baraque où se trouvait sa chambre. Il a été aperçu par Bach qui s'est précipité sur lui et l'a pris par le collet. Comme Schloss se débattait, Bach a sorti son révolver en le menaçant. C'est alors que Bach avec une brutalité d'une extrême violence, lui a donné de nombreux coups de pieds dans les parties génitales. Mon camarade s'est affaissé et malgré cela Bach a continué à le battre avec sauvagerie. Un militaire s'est approché avec une mitraillette et à ce moment-là j'ai quitté ma cachette pour fuir."

    Ce sont au total 13 personnes qui ont été arrêtées ce jour-là au village de Salsigne, à la mine et à l'usine. Seul Benno Feldman a réussi à se cacher... Après un internement au camp de Drancy, les autres seront déportés au camp d'Auschwitz le 10 février 1944 par le convoi N°68. Au total 1500 personnes entassées dans des wagons à bestiaux voyageront pendant trois jours. A l'arrivée sur la rampe d'Auschwitz, la sélection enverra immédiatement 1229 déportés à la chambre à gaz, dont 295 enfants. Seuls 210 hommes et 61 femmes seront affectée au travail. On estime le nombre de survivants en 1945 à une quarantaine, soit moins de 5 % environ. De la rafle de Salsigne, seul Mayer Stern fut le rescapé. Il serait décédé en 1967 au Etats-Unis.

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    © Wikipedia

    Le camp de Drancy gardé par la police française

    Nous avons pu établir une liste de treize personnes raflées à Salsigne, pour lesquelles nous avons retrouvé quelques informations les concernant.

    Harth Jacques, né le 21.06.1891 à Fradiantz (Roumanie)

    Gartner Mathias, né le 30 mai 1913

    Kampelmacher Karl, né le 21.10.1895 à Radautz (Roumanie)

    Gold Max, né le 30.09.1903

    Grün Robert, né le 31 juillet 1899

    Jaeger Tibor, né le 18 juillet 1895 à Budapest (Hongrie)

    Kantorowitz David, né le 28.12.1894 à Witten (Allemagne)

    Schloss Leopold, né le 13.06.1898 à Klemsteinach (Allemagne)

    Stern Mayer, né le 14.04.1895 à Nowyborczin (Pologne)

    Coifman Joseph, né le 14.03.1904 à Pripnitca (Roumanie)

    Raviky Chaïm (Roumanie)

    Knoph Ladyslaw (Hongrie)

    Goldstein David (Allemagne)

     Mme Goldstein Frida raconte :

    " Mon mari Goldstein David a été déporté le 31 janvier 1944 par la police allemande avec d'autres juifs. Je devais être déportée moi-même mais ayant un enfant de quelques mois, le soldat allemand qui est venu chercher mon mari m'a laissée chez moi. De tous les déportés aucun n'a écrit. Je n'ai pas assisté à l'embarquement."

    Ci-dessous un témoignage video concernant le convoi N° 68

    https://www.youtube.com/watch?v=omGHOuSI79A

    Espérons que cette histoire éveillera les consciences et permettra à certains d'interroger leurs familles à Salsigne. Dans ce petit village, personne n'a dû raisonnablement oublier ce triste épisode. Soixante-douze ans après, il est encore temps d'en parler...

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  • L'enfer de Simon Salzman de Caudebronde à Auschwitz

    Simon Salzman fut envoyé dans un camp d'extermination en 1942 avec sa soeur et ses parents parce qu'ils étaient de religion juive. Tout ceci ne serait peut-être pas arrivé s'ils n'avaient pas été dénoncés par un habitant du petit village de Caudebronde - légèrement plus de deux cents habitants en 1942. Cette personne devait être bien informée, puisque pour les douze juifs Polonais réfugiés au village ont avait créé de faux certificats de baptême afin de les protéger. L'individu en question a t-il été rémunéré pour cela ? Dénoncé, mais également arrêté par des français car c'est bien la Milice française de Carcassonne qui effectue la rafle au matin du 24 août 1942.

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    © Centre de la mémoire combattante

    Simon Salzman

    La famille Salzman s'était réfugiée en France après l'invasion de la Pologne par les troupes allemandes. Le père avait été mobilisé dans l'armée polonaise avant l'armistice de juin 1940. Une fois arrivée en France, c'est l'internement au camp de Brens près de Gaillac au mois d'octobre, puis dans celui de Rivesaltes dans lequel se trouvent des républicains espagnols, des gitans et des juifs. Avant leur arrestation, les Salzman avaient été envoyés par le gouvernement de Vichy à Caudebronde et employés comme main d'oeuvre pour la construction de routes. D'autres juifs travaillent à la mine de Salsigne.

    F. Oustric,

    témoin de l'arrestation

    "Il se trouve qu'en 1943 (j'avais six ans), j'ai assisté dans mon village natal de Caudebronde (Aude) à l'arrestation par la milice française (les gammas) des juifs qui s'étaient réfugiés là, et en majorité, pour les hommes, travaillaient à la mine d'or de Salsigne. Il y en avait onze, qu'ils avaient parqués, en face de ma maison, dans la cour de l'école. L'un d'eux, qui venait souvent passer veillée, était entré pour faire sa toilette. Il se rasait à l'évier familial quand deux gammas sont arrivés et l'ont entrainé, une joue encore pleine de savon, j'ai vu cela et je m'en souviens parfaitement. J'ai entendu ma grand mère dire en patois à l'un des policiers: "C'est du beau travail que tu fais là" Un seul est revenu vivant, Simon Salzman, qui était mon ami, et qui a pu toucher un dédommagement grâce à mon père qui a rédigé et signé un témoignage. Simon vient de mourir, il y a, je crois deux ans. Il y a eu à Caudebronde une cérémonie assez remarquable à cette occasion. Voila, je sais une quantité d'anecdotes sur ces arrestations, entre autre ce fait, surréaliste, du commandant allemand de Carcassonne, prévenant le maire "Ernest Cousinié" de l'arrestation imminente des juifs, la veille même ! et d'autres choses, comme le nom d'un traître, que je ne peux pas écrire. Voila mon humble témoignage."

    L'attestation sur l'honneur de S. Salzman

    "Comme de nombreux juifs de toutes nationalités, je suis victime du régime nazi. Voici ma traversée dans cet enfer ; habitant jusqu'au 13 mai 1940, la Belgique qui fut envahie par l'armée allemande, mon père, ma mère, ma soeur et moi-même, nous sommes venus nous réfugier en France. Arrivant le jour du 17 mai 1940 à Figarol par Salies-du-Salat (Haute-Garonne) étant de nationalité juif polonaise, mon père fut mobilisé dans l'armée polonaise à Bressuire. Quand l'armistice fut signée en juin 1940e entre le maréchal Pétain et Hitler, mon père fut démobilisé par la gendarmerie à Salies-du-Salat par la suite, toute la famille, ainsi que moi-même. Nous avons été internés au camp de Brens du début octobre 1940 au 15 janvier 1941 et par la suite du camp de Rivesaltes jusqu'au 8 août 1941. Nous étions groupés avec des Espagnols républicains, des gitans et des juifs de toutes nationalités. Ma mère et ma soeur étant restées au camps de Rivesaltes, mon père et moi-même avons été incorporés dans le groupe du 422e de travailleurs étrangers pour effectuer des agrandissements de routes pour la compagnie SAFER de Toulouse à Caudebronde, où par la suite ma mère et ma soeur nous ont rejoints. 

    Simon Salzman

    Le camp de Drancy gardé par la police française

    Le jour du 24 août 1942, je fus arrêté à Caudebronde avec ma famille par la police spéciale française pour être transmis aux autorités allemandes au camp de Drancy et déporté en Allemagne le 9 septembre 1942 dans des convois de wagons à bestiaux plombés, entassés de 80 personnes (Hommes, femmes et enfants). En arrivant là-bas, je fus séparé de ma mère et de ma soeur qui ont continué le voyage pour une destination inconnue, depuis ce jour je ne les ai jamais revues. C'est ici où commence l'enfer, la souffrance et l'humiliation.

    Simon Salzman

    Les déportés juifs arrivent à Auschwitz

    Voici le récit de mes camps de concentration nazis, bien sûr les chambres à gaz, les fours crématoires et charniers ont existé, mais pour ma part je n'ai pu les voir, car du travail nous rentrions au baraquement. Du 13 septembre 1942 au 1er octobre 1942 (camp d'Annaberoerechtal - Haute-Silésie), nous fûmes dépouillés de nos habits et de nos affaires. Ils nous ont obligés de porter d'autres vêtements où ils avaient découpé l'étoile juive. Comme nourriture, une tartine de pain noir, un quart de litre de soupe liquide. Du 1er octobre 1942 au 1er juin 1943, toujours en Haute Silésie, au camp de Lazy (Katowitz) pas d'eau pendant un mois pour boire et se laver. Les poux nous envahissaient et nous rongeaient. Pour dormir une paillasse et une couverture où l'hiver il faisait - 32°. Lever à 3 heures et demi pour nettoyer les baraquements suivi par un appel incessant jusqu'à 6 heures du matin. Départ au travail, arrivée au chantier pour effectuer des voies de chemin de fer. Nous étions surveillés et battus par des sentinelles en uniformes kaki avec un brassard rouge à croix gammée. Mon père étant malade et épuisé, ne pouvant plus leur servir ; comme les nazis le laissaient croire, l'ont envoyé dans une maison de repos. Je devine la suite... Je ne l'ai plus revu. Du 1er juin 1943 au 15 janvier 1945 : Camp de Blechammer, Kommando de travail sous les autorités d'Auschwitz.

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    © Centre de la mémoire combattante

    L'arrivée au pouvoir d'Himmler a entraîné les SS à nous faire subir des atrocités monstrueuses. Nous étions toujours au travail forcé, toute en travaillant, nous recevions des coups de cravaches de nerfs de boeuf ; certains déportés ne pouvaient pas résister et en mouraient. La température toujours aussi basse incita Himmler à apporter un changement vestimentaire ; nous sommes vêtus du pyjama rayé qui porte l'étoile jaune, un triangle rouge et jaune qui signifiait déporté politique. Nous avons reçu notre identité ; un matricule la remplaçait dont mon numéro 178623 que l'ont retrouvait tatoué sur notre avant bras gauche et qui ne s'effacera jamais de notre peau, notre corps, notre coeur et notre âme. Notre groupe de travail avait refusé de décharger des wagons. En arrivant au camp, le commandant SS nous a fait venir à la place d'appel et nous a dit ce que vous avez fait, c'est du sabotage en cas de guerre. Vous avez mérité la pendaison. Je ne ferai pas le rapport aux autorités d'Auschwitz, mais vous ferez de la culture physique à notre méthode. Les SS nous en ont fait faire pendant trois heures ; nous n'en pouvions plus avec les cravaches. Un jour sur le chantier, un déporté qui avait été surpris en prenant un morceau de pain dans le baraquement du contre-maître, a été pendu avec le chef du bloc qui voulait le déclarer innocent. c'était toujours la même nourriture, soupe de rutabaga, une tartine de pain et une petite pincée de margarine comme la moitié du petit doigt. Nous avions les kapos comme chef de groupe qui nous commandaient au travail.

    L'aviation alliée nous bombardait l'usine qui produisait de l'essence synthétique. Les SS  nous ont obligé de quitter le camp de Blechammer. Voici le pire cauchemar... Nous voilà parti 3500 déportés sur les routes avec pour survie, notre pyjama rayé et une petite boule de pain. Avec la faim nous que avions eu, nous l'avions mangé instantanément.

    Pendant quinze jours, nous avons marché dans la neige, mal chaussés, le vent, le froid et la faim. Nous avions si faim que nous mangions ce que l'on trouvait sur notre passage. Il nous arrivait même de se disputer les détritus des poubelles, des poignées de neige, des betteraves glacées. Les SS à coup de bottes et d'armes qu'ils tenaient dans leurs mains nous faisaient parcourir 40 Km par jour environ. Il nous était impossible de nous échapper ; tout déporté qui faisait le moindre geste pour s'échapper était abattu. Celui qui ne pouvait plus marcher était abattu d'une balle dans la nuque sur place. Après cette marche de la mort de 600 km ? Nous sommes arrivés de ce calvaire d'enfer que dans les 350 déportés environ au camp de Buchenwald où je suis resté du 30 janvier au 22 mai 1945. Nous sommes passés à la désinfection, changé de pyjama rayé et pesé. J'atteignais le poids pour aller en Kommando de travail. J'ai été placé en quarantaine dans le petit camp où nous attendions la mort. Le jour du 11 avril 1945, nous avons eu la joie d'être libérés par l'armée américaine. On s'embrassait les uns les autres en pleurant de joie. Rapatriés en France, Paris nous a ouvert ses bras en chantant la Marseillaise.

    En mon nom, pour toutes nos générations, jamais plus de telles souffrances et d'atrocités.

    Simon Salzman

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    © La dépêche

    Simon Salzman a voué le reste de sa vie à témoigner de ce qu'il a vécu. A son retour des camps, il a été adopté par la famille Péralba. Il s'est éteint le 7 avril 2014 dans sa 91e année. La cérémonie a eu lieu à l'église de Caudebronde, village dans lequel il repose désormais.

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  • Le passage de Notre-Dame du Grand retour à Carcassonne en mai 1944

    Selon une légende, une statue de la vierge Marie sur une barque poussée par des anges aurait accosté en 636 à Boulogne-sur-mer. Depuis le Moyen-âge, un pèlerinage à Notre-Dame de Boulogne maintient ainsi la ferveur et la dévotion dans le coeur des catholiques.

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    © pelerinagedefrance.fr

    À partir du 28 mars 1943, un pèlerinage de Notre-Dame de Boulogne - appelée également Notre-Dame du Grand retour - fut organisé à travers le pays par l'épiscopat français. La motivation de l'église catholique était de ramener les brebis égarée sur la voie du communisme, en lançant des intentions de prières pour le retour des prisonniers et la fin de la guerre. Quatre statues en plâtre effectuèrent près de 100 000 km en s'arrêtant à chaque fois dans de nombreuses paroisses. Le point de départ du périple de Notre-Dame du Grand retour fut Lourdes et se termina à Boulogne-sur-mer. Il est difficile de suivre les parcours des statues ; à la mi-avril elle arriva à Toulouse, mais une seconde copie partit d'Albi le 28 mai 1943.

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    © Claude Gironis

    À côté de la statue les gens marchaient pieds nus, jetaient des billets dans la barque et traversaient des arcs de triomphe sous les acclamations de la foule. Il fallait quatre personnes pour la transporter. Après avoir quitté Dijon, une copie relia Perpignan et atteignit Carcassonne en mai 1944. Elle passa également par le village de Conques-sur-Orbiel (voir photos).

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    À Conques-sur-Orbiel en mai 1944

    © Claude Gironis

    Lors de son passage à Carcassonne, nous avons recueilli le témoignage d'une réfugiée Lorraine qui s'est souvenue dans les détails de cet évènement.

    "Quand elle est venue à Carcassonne on n’était pas loin de la libération, l’atmosphère était extrêmement tendue. Les allemands n’ont pas pu interdire la procession, mais les gens en ont fait une sorte de manifestation patriotique; on avait l’impression que toute la ville était dans la rue. Je portais ma croix de Lorraine avec l’hirondelle (un peu dissimulée sous son gilet tout de même) et les expulsés devaient tous certainement être présents ! La barque qui recueillait les dons était pleine de billets ! ( qui sont allés où et à qui ?) Il y avait un monde fou et on sentait les gens très tendus et prêts à une sorte de révolte. 
    Les allemands étaient présents en masse et prenaient énormément de photos mais s’ils étaient intervenus de quelque façon que ce soit ça se serait certainement mal passé - j'ai reconnu dans la foule des gens du maquis."

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    Source

    Le grand retour de ND de Boulogne à travers la France / Louis Péronas

    Merci à Bernadette Klein et à Claude Gironis

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