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Seconde guerre mondiale - Page 22

  • La villa Odette, renferme un secret historique...

    Villa Odette
    Si vous prenez à la sortie de Carcassonne, la route minervoise en direction de Mazamet, regardez de l'autre côté du canal du midi. Au bord de celui-ci et au pied de la colline de Grazailles, se trouve depuis fort longtemps la Villa Odette. Elle est située juste en face de l'embranchement qui mène au lotissement de la Prade. Il s'agit d'une maison à la campagne, là où les carcassonnais allaient se rafraîchir les fins de semaine ou pour les vacances d'été. Un havre de paix jusqu'aux années 1950. On y retrouve le félibre et rédacteur de la Revue méridionale Achille Rouquet, qui avait une maison au milieu des vignes dans ce qu'il appelait Castelgrazailles.

    villa odette

    Bien moins connu est son passé pendant la Seconde guerre mondiale... Dans cette petit maison vécurent Jesus Rios, sa femme et leur fille. Ce réfugié républicain espagnol, ancien commissaire de la 234e Brigade de guérilleros du XIVe Corps pendant la Guerre civile, y tint une réunion importante. Entre le 15 et le 20 décembre 1941, c'est là que le Parti Communiste Espagnol en exil décida d'engager la lutte armée en France contre l'Allemagne et le gouvernement de Vichy. Découlant de ce rendez-vous, la délégation du Comité Central du P.C.E créera la XIVe Corps de guérilleros espagnols. Chaque militant fut appelé à délivrer la France de l'envahisseur nazi et de ses suppôts. La villa Odette est donc un site historique ; l'acte fondateur de la lutte des Républicains espagnols pour la liberté. 

    Villa Odette

    Une photo de ma collection de plaques de verre, montre la Villa Odette au début du XXe siècle. D'après Alfred Raucoules, cette petite maison appartenait à deux soeurs de la famille Courtine qui vendait des sacs à mains en face Monoprix (24 rue de la gare)

    Sources

    Les brigadas internacionales / Josep Sanchez Cervello / 2015

    Maquis i Pireneos / Sanchez i Agusti Ferran / 2009

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2019

  • Les parachutages dorés sur le département de l'Aude

    Mon père aimait à raconter dans les repas de famille ce que mon grand-père, petit artisan menuiser à la Barbacane, s'amusait à répondre aux inspecteurs des impôts venus le contrôler. Martial Andrieu ne manquait pas d'humour... Dans les années 1960, lorsqu'il recevait les charges inhérentes à son activité d'artisan, il lui arrivait de mettre un peu de temps avant de les régler au fisc. Des préposés des impôts se pointaient alors à son atelier pour réclamer la douloureuse. Mon grand-père sortait la phrase magique : "Croyez-vous que l'argent me tombe tous les matins en parachute devant la porte ?" A l'époque où mon père le racontait, j'étais trop jeune pour comprendre. Surtout, je ne m'étais pas comme aujourd'hui, intéressé de très près à l'histoire de l'Occupation dans l'Aude. J'ai découvert que le grand-père qui n'aimait ni les Allemands, ni leurs suppôts français, devait en connaître un rayon sur la soie tombée du ciel. Le pauvre, il est mort dans l'honnêteté avec sa petite pension d'artisan sans n'avoir pu monter une usine de meubles. Là, où certains sont devenus hôteliers ; des rentiers immobiliers, transporteurs routiers... Le parachutage doré n'était pas tombé dans la rue Dujardin-Beaumetz, mais dans quelques lieux bien connus de certains.  Au début du mois de juillet 1944, c'est 1 million et demi de franc à destination des maquisards qui disparaît dans la nature. Jean Bringer, le chef des FFI, est furieux !!! "Je vais trouver les coupables ; il me les faut, dit-il à sa femme." Le 29 juillet 1944, il est arrêté par la Gestapo... Curieuse coïncidence, n'est-ce pas ? Alors, j'ai cherché depuis des mois... Oh ! pas à Carcassonne. Et j'ai trouvé, j'ai trouvé ce qu'il y a de plus mauvais dans l'homme : la vanité, le pouvoir, l'argent !

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    Prenez Bringer (Chef FFI né à Vincennes) et Charpentier (chef parachutages, né à Neuilly-sur-Seine) qui ne sont pas issus de Carcassonne, chargés d'homologuer des terrains de parachutages. Prenez des résistants verreux qui les entourent mais qui eux connaissent fort bien la géographie de l'Aude. Bringer leur demande de trouver des terrains pour qu'il les homologue, afin que les alliés puissent larguer armes et argent pour aider les patriotes à libérer la France. Les verreux font parachuter sur de petits maquis fantomes puis le jour J, leurs complices s'emparent des fonds. Bringer furieux de la perte de cet argent, mène l'enquête et est sur le point de démasquer les coupables. A ce moment, les chefs verreux montent une conjuration et font arrêter Bringer et Ramond par la Gestapo au moyen d'agents français travaillant pour les nazis mais infiltrés dans les maquis. Ces résistants verreux ont un réseau de renseignement dans une clinique dans lequel ils jouent le double-jeu.

    Après quoi, ils font porter le chapeau à certains résistants authentiques de ces maquis pour se dédouaner.
    Bringer et Ramond sont exécutés à Baudrigues le 19 août, sans que la Résistance Carcassonnaise n'ait tenté de les libérer. Le Dr Delteil est le seul relâché et puis les autres s'ocupent de détruire les preuves, grâce aux postes qu'ils prennent au sein du Comité départemental de libération.
    Bringer est un martyr à vie mais eux ont le pouvoir politique et l'argent des parachutages.

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  • Le testament d'Aimé Ramond a-t-il été falsifié ?

    Le 19 août 1944 à Baudrigues sur la commune de Roullens, l'officier de paix Aimé Ramond était exécuté avec plusieurs autres résistants. Arrêté chez lui le dimanche 30 juillet 1944, Ramond avait passé vingt jours dans une cellule de la Maison d'arrêt de Carcassonne. Parmi les éminences grises de l'armée des ombres, se trouvaient également Jean Bringer (Myriel), chef des FFI, et le docteur Emile Delteil. Notons, bien entendu, qu'ils furent interrogés par les agents de la Gestapo. Chacun se trouvait seul dans une cellule, mitoyenne l'une des autres. Quelques temps après la Libération de la ville, on trouva sur le mur de la geôle occupée autrefois par Ramond, un testament gravé en occitan. il dit ceci : "Ceci est mon testament. Je laisse ma vie dans cette affaire, je souhaite que mes parents choisissent Albert Ramond de Libourne comme héritier à moins que ma chère Henriette s'y oppose." Nous ne remettons pas en question l'authenticité de ce texte qui paraît avoir été écrit par le résistant. La référence à sa famille est telle qu'il n'y a pas de place pour le doute. Ramond devait se savoir perdu à ce moment-là. L'usage de l'occitan voulait sans doute tromper les gardiens allemands sur la signification de ce message.

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    Sur une autre partie du mur, se trouve une autre inscription. Elle a attiré mes suspicions... Nous voyons que l'inscription en titre ressemble au testament : "Lieutenant Ramond Aimé arrêté le 30-7-44". Elle a été gravée par la main de Ramond ; la saignée est profonde dans le mur. Observons maintenant la partie inférieure ; le calendrier et le texte semblent avoir été écrit en même temps. Si j'étais prisonnier, je ferais d'abord un calendrier avant d'écrire un testament. Or, tout ceci ne peut-être que postérieur à celui-ci puisqu'on parle de la date du 19 août 1944, jour de la mort de Ramond. A quoi voulez-vous en venir, me direz-vous ? Le calendrier et le texte qui l'accompagnent ont été rédigés après la mort de Ramond. Pourquoi ? Pour faire apparaître la date du 19 août et le nom du Dr Delteil. Je vous passe l'étude graphologique qui mettrait en évidence, la différence de formation de certaines lettres avec celles du testament. Par exemple, le T... 

    Maintenant résonnons avec des éléments historiques. Dans ses dépositions, le Dr Delteil indique que Ramond lui a fait passer son testament avant de mourir. Nous ne voyons pas comment puisqu'ils n'étaient pas dans la même cellule. Admettons toutefois qu'ils aient pu se rencontrer sur la passerelle et que Ramond ait glissé ce papier dans la poche de Delteil. On ne sait jamais. Comment alors se fait-il qu'un gars qui écrit qu'il va partir avec ses camarades et le Dr Delteil pour un camp d'internement le 19 août, fasse passer ses dernières volontés à celui qui part avec lui. Un testament se donne à la personne qui va sortir ; ainsi pourra t-elle le transmettre à la famille du condamné. Cette version semble improbable et purement fabriquée... Sans compter que le Dr Delteil ira dire devant les enquêteurs que Ramond avait parlé à un mouchard placé dans sa cellule par la Gestapo. Un officier de paix, rompu aux méthodes d'interrogatoires, aurait-il pu ainsi se faire piéger ? Bien entendu, le Dr Delteil raconte à qui veut l'entendre qu'il n'a dû sa libération qu'à son mutisme. Et s'il avait été libéré plus tôt ?... Le résistant F. Barthez, membre du réseau Cotre à Ferrais-Des-Corbières, note dans ses mémoires que Delteil a été libéré en même temps que sa femme de la prison de Carcassonne. C'était le... 17 août 1944. On peut s'interroger sur la disparition du registre d'écrou, qui existait encore à la police politique mise en place après la Libération. Sans ce registre, il nous est impossible de vérifier les dates d'entrées et de sorties des prisonniers. Par chance, le Dr Delteil, encore lui, avait recensé les noms et les adresses de tous. Avec quoi, l'a t-il fait ? L'histoire a retenu que le Dr Delteil est sorti le 19 août avec l'ensemble des prisonniers non exécutés à Baudrigues parce qu'il n'avait pas parlé. C'est vrai que les Allemands étaient magnanimes avec ceux qui se taisaient, surtout avec la cravache et le nerf de bœuf. Ils sont plusieurs dans l'histoire comme Jean Moulin qui n'ont pas eu cette chance.

    Ma conviction est que le Dr Delteil est sorti avant le 19 août, qu'il a parlé comme l'affirme l'épouse de M. Barthez dans sa déposition. Qu'on a fait disparaître le registre d'écrou. Qu'il a bénéficié de complices résistants emprisonnés comme lui et libérés, pour raconter la même chose que lui. Après quoi, on a inscrit dans le mur de la cellule de Ramond, le texte affirmant que Delteil y était encore le 19 août. Sachez encore que le Dr Delteil a été un des premiers à se rendre à Baudrigues et qu'il a tenu chez lui pendant plusieurs mois les débris de la lettre d'adieu de Bringer et ceux de Ramond. Craignait-il que ces derniers y fassent des révélations le mettant en cause ?

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