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Les parachutages dorés sur le département de l'Aude

Mon père aimait à raconter dans les repas de famille ce que mon grand-père, petit artisan menuiser à la Barbacane, s'amusait à répondre aux inspecteurs des impôts venus le contrôler. Martial Andrieu ne manquait pas d'humour... Dans les années 1960, lorsqu'il recevait les charges inhérentes à son activité d'artisan, il lui arrivait de mettre un peu de temps avant de les régler au fisc. Des préposés des impôts se pointaient alors à son atelier pour réclamer la douloureuse. Mon grand-père sortait la phrase magique : "Croyez-vous que l'argent me tombe tous les matins en parachute devant la porte ?" A l'époque où mon père le racontait, j'étais trop jeune pour comprendre. Surtout, je ne m'étais pas comme aujourd'hui, intéressé de très près à l'histoire de l'Occupation dans l'Aude. J'ai découvert que le grand-père qui n'aimait ni les Allemands, ni leurs suppôts français, devait en connaître un rayon sur la soie tombée du ciel. Le pauvre, il est mort dans l'honnêteté avec sa petite pension d'artisan sans n'avoir pu monter une usine de meubles. Là, où certains sont devenus hôteliers ; des rentiers immobiliers, transporteurs routiers... Le parachutage doré n'était pas tombé dans la rue Dujardin-Beaumetz, mais dans quelques lieux bien connus de certains.  Au début du mois de juillet 1944, c'est 1 million et demi de franc à destination des maquisards qui disparaît dans la nature. Jean Bringer, le chef des FFI, est furieux !!! "Je vais trouver les coupables ; il me les faut, dit-il à sa femme." Le 29 juillet 1944, il est arrêté par la Gestapo... Curieuse coïncidence, n'est-ce pas ? Alors, j'ai cherché depuis des mois... Oh ! pas à Carcassonne. Et j'ai trouvé, j'ai trouvé ce qu'il y a de plus mauvais dans l'homme : la vanité, le pouvoir, l'argent !

Jean_Bringer-2_JPG.jpg

Prenez Bringer (Chef FFI né à Vincennes) et Charpentier (chef parachutages, né à Neuilly-sur-Seine) qui ne sont pas issus de Carcassonne, chargés d'homologuer des terrains de parachutages. Prenez des résistants verreux qui les entourent mais qui eux connaissent fort bien la géographie de l'Aude. Bringer leur demande de trouver des terrains pour qu'il les homologue, afin que les alliés puissent larguer armes et argent pour aider les patriotes à libérer la France. Les verreux font parachuter sur de petits maquis fantomes puis le jour J, leurs complices s'emparent des fonds. Bringer furieux de la perte de cet argent, mène l'enquête et est sur le point de démasquer les coupables. A ce moment, les chefs verreux montent une conjuration et font arrêter Bringer et Ramond par la Gestapo au moyen d'agents français travaillant pour les nazis mais infiltrés dans les maquis. Ces résistants verreux ont un réseau de renseignement dans une clinique dans lequel ils jouent le double-jeu.

Après quoi, ils font porter le chapeau à certains résistants authentiques de ces maquis pour se dédouaner.
Bringer et Ramond sont exécutés à Baudrigues le 19 août, sans que la Résistance Carcassonnaise n'ait tenté de les libérer. Le Dr Delteil est le seul relâché et puis les autres s'ocupent de détruire les preuves, grâce aux postes qu'ils prennent au sein du Comité départemental de libération.
Bringer est un martyr à vie mais eux ont le pouvoir politique et l'argent des parachutages.

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Commentaires

  • Je me demande comment ces sales individus ont pu continuer de se regarder dans une glace sans éprouver le dégoût d'eux-mêmes ! merci pour votre article.

  • Merci pour ce témoignage. Je me souviens que dans ma famille, on préparait le chèque et l'enveloppe pour les impôts en avance, mais on ne les postait que la veille du dernier jour exigible! On comptait tout, et il ne fallait pas faire de cadeaux indus aux impôts. Malheureusement, quand j'ai essayé ce système, j'ai oublié la date et j'ai eu des soucis…

  • Martial,
    Merci pour cet article qui met en lumières les oppositions et les positions prises à l’époque.
    L’appât du gain partagé entres « quelques acteurs » seulement qui ont conspiré contre J.Bringer et À.Ramond car ils allaient être dévoilés à court terme.
    Ça doit secouer dans leurs miroirs....de voir cette image.
    Les organisateurs de cette « affaire Caluire Bis », ont été bien protégés par la suite car jamais inquiétés ....
    Bravo pour votre dévouement Martial, vous avez toute ma gratitude de restaurer ce que certains ont tenté de camoufler en ayant vécu sans doute dans la lumière politicienne...

  • Comment des êtres humains ont-ils pu trahir leurs camarades? l'appât du gain certes, ce sont des sous-hommes qui ont pu se pavaner en toute impunité; Certains encore trouvent des excuses (la guerre) c'est abominable!! Quoi que en ce moment des attitudes abjectes sont légion,ATTENTION;
    Merci pour vos inlassables recherches qui nous éclairent sur ce passé des plus troubles.

  • Bonjour super article ! quelle époque trouble on ne nous a pas tout dit....
    est il possible de rentrer en contact (par mail ) avec Mr Martial Andrieu ? Merci

  • Voici le mail : andrieu-martial@wanadoo.fr

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