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Seconde guerre mondiale - Page 19

  • Lettres inédites de vrais résistants audois, censurées par l'armée

    Après la Libération du département de l’Aude, une période d’euphorie et d’anarchie succéda aux heures sombres de l’Occupation. Les maquisards, vainqueurs d’un combat acharné contre les troupes nazies et les collaborateurs issus de l’extrême droite française maréchaliste, prirent en main les préfectures ainsi que les administrations locales. Pendant qu’une nouvelle gouvernance rétablissant la République tentait de se mettre en place, des groupes chargés du maintien de l’ordre traquaient les traitres, les délateurs et les femmes ayant pratiqué la collaboration horizontale avec l’ennemi. Ces interventions se firent très souvent au prix d’une sauvagerie revancharde dont les acteurs eurent à répondre devant la justice quelques années après, lorsque l’état de droit fut rétabli. Parmi eux, on trouvait surtout des résistants de la dernière heure et d’anciens collaborateurs tentant de se faire oublier.

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    Brassard FFI à la Croix de Lorraine

    Si le département de l’Aude en avait fini avec l’envahisseur, il n’en était pas de même sur l’ensemble du territoire français. Les maquisards furent donc invités à poursuivre la guerre à l’Est et s’engagèrent dans les trois bataillons formant le 81e régiment d’infanterie. Dans cette formation, on trouvait également des résistants de la dernière heure et d’anciens collabos convertis (5e colonne) pour sauver leur peau. Ajoutons à cela, les chefs militaires giraudistes issus de l’armée d’armistice dont beaucoup ne s’étaient guère mouillés dans le maquis et qui, désormais devaient commander les troupes FFI et FTP.

    Les lettres inédites que nous publions ci-dessous ont été interceptées par la censure militaire, au moment où ces maquisards étaient transformés pour passer dans l’armée régulière. Ils expriment leurs doutes, leur dégoût et le mépris avec lequel ils sont traités alors même que cette armée leur doit la liberté. Au cours du premier trimestre 1945, on ne parlera plus de maquisards mais de l’Armée Rhin et Danube du général de Lattre de Tassigny. Les gradés de la Résistance devront rendre leurs galons et certains ne l’accepteront pas. Quand on a été capitaine FFI, difficile de redescendre sergent dans l’armée d’active, commandé par ceux qui en juin 1940 avaient mené la France vers la débâcle.

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    Insigne de la 1ère armée Rhin et Danube

    15 Novembre 1944 (d’Espéraza)

    Nous avons eu beaucoup de maquisards ou plutôt des FFI et FTP dont la plupart étaient de la dernière heure, qui y sont venus quand le danger était disparu. Aussi, cela dégoûte même les purs. Je le répète, s’il n’y a pas un balayage là-dedans, cela n’amènera rien de bon. Aussi ce sont toujours les mêmes que l’on voit par ici. Ils ignorent certainement où se trouvent les Vosges, mais enfin il faudrait leur rafraîchir la mémoire et leur indiquer où se trouve le front…

    15 novembre 1944 (de Nîmes)

    Lorsque nous descendîmes à Nîmes, je ne fus jamais autant, excusez moi du mot, dégoûté de voir ce que nous fûmes alors, à ce que nous étions auparavant. Parmi nous régnait une pagaille et une mentalité effroyable et qui venaient de tous ces maquisards de la dernière heure et de quelques salopards qui profitèrent de cet état pour dégrader la valeur de tous ceux qui souffrirent pendant des mois ou des années, loin des leurs. Combien de ceux qui furent les pionniers de la Résistance sont maintenant dans l’obscurité ? D’autres sont venus les remplacer, d’autres qui ne furent rien pendant cette longue et douloureuse occupation et qui pour peut-être, ce qui est vrai pour quelques cas, ont collaboré avec l’ennemi et qui firent un trafic ignoble sur le malheur de ceux qui maintenant sont dans l’oubli. Ne pouvant rester davantage parmi tant de fausseté, je me suis engagé dans un bataillon de marche. Je veux finir ce que j’ai commencé c’est-à-dire délivrer la France complètement car maintenant, nous atteignons le plus dur…J’ai toujours gardé mon grade de sergent et je m’en trouve heureux, car il m’exempte de bien des corvées. Jean, Dudule, Emile, Marcel, le grand Louis, et d’autres sont dans le même régiment et tous regrettent amèrement le bon temps du maquis. Très souvent votre nom nous revient pour nous rappeler les bons et mauvais moments.

    Vraiment il faudrait que cet esprit maquis règne dans l’armée. Au fond, tout militaire si peu gradé soit-il devient égoïste. Il règne une jalousie qui n’existe pas dans le civil. Nous avons eu récemment la visite de grandes personnalités étrangères qui provoqua bien des discussions pour des riens. Ce qui prouve que la mentalité militaire n’est guère changée.

    15 novembre 1944 (de Narbonne)

    Mon capitaine, 

    Je voudrais bien avoir des nouvelles de la compagnie qui, je le suppose, doit être un peu dispersée. Pauvre compagnie… comme je suis fier d’en parler ; c’était une véritable famille. Il y avait une fraternité disciplinée qui pourrait servir de modèle à l’armée nouvelle, car à Toulouse, c’est vraiment triste de voir la mentalité des FFI. Chacun y affiche ses opinions politiques en oubliant facilement que les boches sont encore là et l’opinion publique s’en émeut. Mauvaise publicité que celle d’individus débraillés qui se promènent à longueur de journée en chantant des airs plus ou moins révolutionnaires ou de mauvais goût. A par cela, je n’ai pas eu le temps de me faire une idée de ce qui se passe dans l’armée de l’air, mais malgré tout je regrette un peu le maquis et la vie d’aventure que nous avons partagée pendant quelques courts mois. (Paul Billeau. 1 rue Réaumur à Narbonne)

    24 novembre 1944 (de Montpellier)

    Notre situation est toujours la même, c’est-à-dire assez confuse. Voici ce qu’il en est : Nous sommes toujours pas dans l’armée régulière. Il est beaucoup plus dur que tu crois d’y entrer, car, qui dit FFI, dit FTP pour les trois quarts, et qui dit FTP dit communistes. Or, ceux-là

    1. l’Armée régulière n’en veut pas.
    2. Les Américains ne veulent pas les équiper, avec juste raison d’ailleurs : on équipe une armée mais pas des bandes politiques, d’ailleurs tout cela va être bazardé un de ces jours.

    De toute façon FFI, je ne le reste plus. Tu penses bien que nos officiers, qui sont d’active ne demandant qu’à devenir chasseurs. Ils ne sont pas comme ces petits mer… de capitaine de 20 ans FFI, ou FTP qui veulent garder leurs galons à tout prix. Or dans l’armée, on les enverrait paître, eux et leurs galons… (Pierre Defranchi, à Montpellier)

    24 novembre 1944 (de Bourg-Madame)

    Ici c’est lamentable, à part les collaborateurs les plus froussards qui sont partis en Espagne, le reste se promène gentiment et continue son déplorable travail ; la Milice et les boches (Gestapo) font encore de leurs coups, aidés par les espagnols. Dans la nuit de dimanche à lundi, on a eu une fusillade dans les rues et les grenades, et je t’assure que ça a craché pendant 20 minutes. Ce sont les espagnols surtout qui ont tiré et s’ils avaient voulu, ce n’est pas les 15 FFI qui sont ici qui les auraient empêchés de venir nous escagasser. Il y a quinze jours, ils ont mitraillé les FFI. Il y a eu 2 blessés et eux, ils sont repartis sans être inquiétés. (Jean Héraut, monteur PTT à Bourg-Madame).

    11 décembre 1944 (de Castelnaudary)

    Nous montons le 20 sur le Rhin où nous devons être fondus dans l’armée « De Lattre de Tassigny », sous le nom de 81e régiment d’infanterie. Tout cela est bien beau, mais nous montons en ligne dans des conditions déplorables, mal équipés, c’est-à-dire sans casques et sans capotes (on ne va avoir chaud). Quant à l’armement, nous devons nous contenter de celui que nous avons actuellement et je vous assure qu’il n’est pas des plus brillant.

    Que voulez-vous ? C’est une façon comme une autre d’envoyer les gens à la boucherie. En définitive, les Américains ne font pas grand chose pour nous et du côté de Marseille, ils se passent la dérouillée avec les Forces Françaises… (Adjudant d’Artagnan)

    30 novembre 1944 (de Castelnaudary)

    Chers parents,

    Suis en bonne santé, pour vous mes meilleurs souhaits. Je vous assure que la vie nous a changés depuis que nous sommes ici. Hier soir, pour souper nous avons mangé pire que des cochons, une boite de singe à dix et quelques pommes de terre, bouillies comme à « l’escouadou », sans sel. Aussi, il ne faudra pas que je dépense tout comme j’ai fait jusqu’à présent, à aller me promener au café. Il faudra que je pense à manger. Mais je crois qu’à présent ils vont nous obliger d’aller manger au mess des officiers. Là, au moins, on mangera mieux, mais si les fameux résistants de la dernière heure croient de remonter la France avec leur fameux système en divisant le chef du soldat, je crois bien qu’ils vont se tromper, mais ça, ils le sentiront passer avant peu de temps, sitôt que nous serons à la bagarre. Je ne crois pas qu’ils aient tous ces beaux messieurs leur cuisine à part, mais à ce moment-là ce sera pour eux un peut tard, et peut-être que le début de la guerre de 1914 ne sera pas oublié.

    Toi papa, tu comprends très bien ce que je veux dire. Tu sais que ton fils ne ratera pas les agents que nous avons parmi nous. Les fameux de la cinquième colonne, car je suis toujours le même question d’idéal.

    Je vais terminer pour ce soir car j’ai une colère folle de voir tout ce qu’ils veulent nous mener comme avant. Recevez, chers parents, de votre fils qui vous aime, ses meilleurs baisers. (Marius Saunier, à ses parents à Monfort sur Boulzane dans l’Aude. Marius Saunier alias Matteo était né le 21 mai 1924)

    29 novembre 1944 (de Carcassonne)

    Moi, je suis toujours en caserne et je crois que nous ne sommes pas prêts de partir. Le matériel n’est pas encore arrivé, et surtout, nous ne sommes pas entraînés. (Soldat Deixonne, résidant à Perpignan)

    Pujol, secrétaire de l’Etat-Major. Bataillon Myriel à Narbonne

    Pour moi, je continue la lutte parmi les copains qui connaissaient mes origines de résistant et tout ce que j’ai pu faire pour eux. Nous pouvons à l’heure actuelle respirer la liberté, mais de grosses fautes ont été commises par le manque de liaisons et de gens capables. Comme je te l’avais dit, après la guerre commencera le procès de ceux qui étaient responsables de la Résistance et là, j’ai un mot à dire à certains. Les millions parachutés, les produits comestibles devront sortir, et ceux qui malheureusement étaient là pour nous guider répondront de leurs faits et actes.

    Je rassemble mes vieux souvenirs et je pense qu’un jour nous serons d’accord pour faire payer ceux qui s’amusaient de nous. Ici, je suis secrétaire de l’E-M et dans quelques jours nous partirons à Besançon.

    FFI à la caserne Lapasset, Castelnaudary

    Le 5 décembre 1944, plusieurs soldats FFI du Corps Franc Lorraine (Ancien maquis de Villebazy), expriment à la caserne Lapasset de Castelnaudary, leur dégoût pour la vie militaire et souhaitent être démobilisés. Ils manifestent leurs regrets d’être dans une caserne où « leur enthousiasme croupit ». Leur intention est de rejoindre une formation qui monte en ligne car ils estiment ’s’être engagés pour se battre ».

    Source

    S.H.D Vincennes

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  • Deux nouvelles victimes de la libération de Carcassonne sorties de l'oubli

    Le 13 août 1944 à 17h20, douze P38 du 1er St Fighter Group divisés en trois escadres, décollent d’Aghione en Corse. Il y a le 27th en tête avec comme nom de code Petlog, à sa droite le 71th Cragmore et à gauche, le 94th dit Springcap. Les pilotes américains  portent les noms de : Major J. Harris, Flight Officier Kozerski, Lt Buttles, Lt Fairhurst, Lt Long, Lt Wagnecz, Lt Cake, Lt Jensen, Lt Pregmon, Lt Dale, Kirby et Mullins.

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    Avion américain P38

    D’ordinaire, ces avions étaient chargés d’escorter les bombardiers lourds au-dessus de l’Europe occupée, mais entre juillet et août 1944 certains d’entre eux effectuèrent des missions d’attaques dans le sud de la France. Les objectifs visaient la neutralisation des infrastructures aériennes allemandes en vue du débarquement en Provence. De sa base, après avoir franchi la côté à Sète, l’escadrille arrive à Toulouse et mitraille avec succès une locomotive, un transformateur, un atelier des hangars à Blagnac et des casernements à Montaudran.

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    First Fighter Group "Conquer or die"

    En passant au-dessus de Carcassonne, les P38 s’attaquèrent au dépôt des locomotives de la gare de l’Estagnol, l’ancien local de la manufacture Franco-Italienne de cloches de laine, transformée par les Allemands en dépôt de vivres et la sous-station électrique. D’autres bâtiment connurent des fortunes diverses comme le toit de la gare SNCF et plus sérieusement, celui du château de Gaja qui servait de camp d’entraînement à la Milice de l’Aude. Des hangars de l’aérodrome de Salvaza furent également visés. Il faudra près de deux heures aux pompiers pour venir à bout de l’incendie de la manufacture Franco-Italienne.

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    Lieutenant-colonel Francis Harris, 94th squadron

    A 400 mètres d’altitude, les pilotes faisaient des passages d’Ouest en Est en mitraillant, avec à chaque fois des demi-tour vers le Païchérou et au-dessus de la Cité. En haut des Etablissement Lamourelle à l’Estagnol, la D.C.A Allemande (Flak) tentait de contrarier leur mission. Cette expédition aérienne ne se fit pas hélas sans victimes civiles et si l’histoire ne retint que les victimes du Quai Riquet, nous devons nous rappeler que deux Carcassonnais ont perdu la vie ce 13 août 1944 à 19 heures près du chemin de Serres. Deux autres furent blessés.

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    Walter Pregmon et John Mullins, 94th squadron

    La pauvre Marguerite Bichko née à Castres le 23 février 1931, demeurant à la Villa Sainte-Hélène (Chemin de Serres) à Carcassonne n’avait que 13 ans. Sa mère, Madame Chabastelon Jeanne épouse Bichko raconte le tragique destin de sa fille : « Aujourd’hui, 13 août courant, vers 18h45, j’ai du sonner l’alerte. Avec mes deux enfants, je me suis rendue aussitôt dans une vigne située à 100 mètres de l’habitation. J’ai fait coucher mes enfants à plat ventre. J’en ai fait de même de mon côté à proximité de mes deux enfants. Les avions sont passés aussitôt à basse altitude en tirant des rafales avec leurs mitrailleuses. Ma fille Marguerite a été atteinte d’une balle dans le dos qui est ressortie par la poitrine. Ma fille m’a dit : « Maman, je suis blessée ». C’est tout ce qu’elle a dit, et elle est morte aussitôt. »

    Zéphirin Seguy, né le 26 août 1869 à Espezel (Aude) terminait d’arroser le jardin potager à Saint-Antoine (Chemin de Serres) lorsqu’une escadrille d’avions est passée à basse altitude en mitraillant. Atteint de plusieurs projectiles aux jambes, le malheureux est mort vers 22 heures à l’hôpital de la ville. Il habitait 47 rue Antoine Marty.

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    © Artis

    La gare de l'Estagnol

    Monsieur Ramon Joseph né le 21 mars 1918 à Serres (Espagne) exerçant le métier de plâtrier dans le quartier des Capucins péchait au bord du canal lorsqu’il dut se cacher derrière un platane. Une balle de mitrailleuse lui occasionna une blessure au pied. Gomez Odette, née le 7 février 1932 à Carcassonne, écolière domiciliée rue A. Soumet, fut atteinte à la cuisse alors qu’elle se trouvait dans son jardin.

    Madame Geynes Anne-Marie, née Jaumes, domiciliée rue Dugommier fut légèrement blessée à la tempe gauche.

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    Le chemin de Serres

    Ces victimes civiles collatérales sont tombées depuis bien longtemps dans l’oubli. Il nous semble qu’elles mériteraient une plaque du souvenir à l’instar de celle du Quai Riquet. Elles sont mortes pour la libération de Carcassonne.

    Sources

    Archives privées A. Raucoules

    Archives de l'Aude / 127W

    Archives des victimes civiles / Cæn

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  • Lucien Maury (1915-1988), chef du maquis de Picaussel

    Lucien, Jean, Alexandre Maury naît à Foix dans l’Ariège le 5 janvier 1915. Appelé sous les drapeaux comme tous les jeunes hommes de sa classe d’âge, il sort avec le grade de sergent en 1936 puis poursuit son instruction à l’Ecole des Officiers de réserve à Hyères. Pendant la campagne de France appelée également « la drôle de guerre », Maury alors chef de section de mitrailleuses au 22e Bataillon de Chausseurs Alpins Maury est fait prisonniers à Vitteaux (Côte d’Or) par les troupes allemandes, le 18 juin 1940. Il s’évade du camp d’Abbeville avant d’être démobilisé le 28 août 1940. Après l’armistice, Lucien Maury prend ses fonctions d’instituteur public le 4 septembre 1940 à Saint-Louis de Parahou dans l’Aude, puis à Puivert. Par l’intermédiaire de Raoul de Volontat, instituteur à Quillan et chef de l’Armée Secrète pour la Haute-Vallée de l’Aude, il se range derrière la lutte contre l’occupant à partir du 1er avril 1943. 

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    © La Maitron

    Raoul de Volontat

    (1911-1944)

    Maury organise un service de passage clandestin vers l’Espagne sous le commandement de l’enseigne de vaisseau Le Merlet d’aviateurs de la Royal Air Force, de réfractaires du S.T.O, d’officiers français. Entre le 1er avril 1943 et janvier 1944, il participe à l’opération d’évasion de la prison de Castres d’officiers Belges et Yougoslaves du service de renseignements Belge : capitaine Boulargue dit « Boule » et commandant Doyen. Réception d’un poste radio en liaison avec Alger depuis Puivert. Réception de 30 containers par parachutages et de 4 radios. Le centre d’émission était installé dans une grotte à 1km du hameau de Lescale.

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    © ADA 11

    Emplacement du PC du maquis de Picaussel

    C’est près de ce petit village au milieu de la forêt de Puivert qu’est créé le maquis de Picaussel, dont Maury devient le chef nommé par Jean Bringer le 6 juin 1944. Picaussel regroupe tous les corps francs du secteur sous la bannière M.U.R, F.F.I, A.S, C.F.L. En sa qualité de chef de maquis, Lucien Maury parvient à repousser l’attaque allemande des 6 et 7 août 1944 ; opération au cours de laquelle le hameau de Lescale est incendié par les Allemands. Les hommes de Picaussel participent également à l’anéantissement d’un convoi ennemi à Puyvalador, à la libération de Quillan et de Carcassonne.

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    © ADA 11

    Lucien Maury et Marius Olive à Puivert en 1944

    Les exploits de Lucien Maury en tant que chef de maquis lui vaudront une citation à l’ordre de l’armée, signée par Charles de Gaulle le 1er octobre 1945 :

    "Officier de grande valeur. Organisateur de premier ordre. A réussi à créer avec des moyens très limités, le maquis de Picaussel, le plus important de son département. S’est tout particulièrement distingué à la tête de son unité le 6 août 1944 à Picaussel, lors de l’attaque de son camp par des forces ennemies très supérieures en nombre et en armement. A fait preuve de réelles qualités d’audace et d’énergie en réussissant le décrochage de sa troupe sans laisser un seul homme aux mains de l’ennemi."

    Si le département de l’Aude fut débarrassé des nazis le 25 août 1944, la résistance n’en avait pas fini avec eux. Elle se mit en quête de les pourchasser jusqu’en Allemagne. Le 15 septembre 1944, Maury prend le commandement du 1er bataillon du 81e Régiment d’Infanterie et avec ses hommes, part de Carcassonne en direction de l’Est de la France. Cet épisode lui vaudra deux nouvelles citations, l’une à l’ordre du régiment (13 février 1945) et l’autre, à l’ordre de la division (14 mai 1945). 

    "Stagiaire au 3e bataillon, a fait preuve de réelles qualités de sang-froid, de coup d’œil et de courage personnel au cours de l’engagement du bataillon au nord de Mulhouse les 21,22 et 23 janvier, en particulier le dernier jour où il a rempli dans des conditions difficiles, plusieurs missions de liaisons délicates et périlleuses auprès des compagnies engagées."

     « A fait preuve d’un courage remarquable en assurant plusieurs liaisons importantes sous un tir extrêmement violent au cours des journées des 11 et 12 avril 1945 devant Rastatt. Le 12 avril 1945 au soir, lors de l’attaque de la fabrique, point d’appui important de la défense ennemie, a entraîné par son exemple le premier échelon de l’attaque contribuant ainsi à la reddition de la garnison allemande. »

    Lucien Maury passe le commandement le 23 mars 1945 de son bataillon à du Crest de Villeneuve. Il devient lieutenant d’active le 1er juin 1945 et poursuit une carrière dans l’armée. En Indochine, il passera deux ans en captivité. En Algérie, il sera commandant en second du 14e Régiment de Chasseurs Parachutistes.

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    Dix ans avant sa mort, Lucien Maury rédige les deux tomes de La résistance audoise. Ce livre qui paraîtra en 1980 mériterait une réédition, tant ses témoignages sont précieux. L’ancien chef du maquis de Picaussel qui s’était marié avec Francine Payès le 26 mars 1942, mourra en 1988 et sera inhumé à Quillan. Sa valeur morale, son courage et son patriotisme devraient être montrés en exemple. Hélas, il nous a été impossible de trouver une quelconque biographie sur internet. Fort heureusement, les archives de la défense de Vincennes ont conservé une riche documentation sur Lucien Maury. Nous y avons puisé l’ensemble des renseignements publié dans cet article.

    Chevalier puis Commandeur de la Légion d’honneur

    Croix de guerre avec une palme et trois étoiles

    Médaille de la Résistance

    Silver Star (U.S.A)

    Source

    Service historique de la défense / Vincennes

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