A Carcassonne, on connaît la chanson sur le bout des doigts... Les commerçants se plaignent toujours sans jamais regarder au final ce qui ne fonctionnerait pas dans leur comportement. C'est-à-dire, les bases du commerces ; à savoir, un sourire et un bonjour. Si autrefois ces qualités indispensables suffisaient, il n'en est pas de même aujourd'hui avec la concurrence d'internet et des grandes franchises dans les zones commerciales. Le premier reste ouvert 24h/24 et 7j/7 et le second, le dimanche et les jours fériés. Pendant ce temps, nos chers commerçants du centre-ville continuent à laisser leurs rideaux baissés le lundi, soit deux jours consécutifs. On peut toujours s'en prendre au mauvais temps, à la mairie ou au bon Dieu pour pester contre la baisse du chiffre d'affaire, mais il serait temps de se remettre en question. Non ? Or, il semblerait qu'à l'exception de quelques indépendants comme la Maison de la presse, les autres restent enfermés dans leurs certitudes d'un autre âge ; celui où le défaut de concurrence leur permettait de pratiquer des prix abusifs, de faire la tronche au client et de rester fermer le lundi. Oh ! certes, nous ne généralisons pas mais quand même, c'est du vécu.
Un lundi à Carcassonne
Pour tenter de convaincre que rien ne change à Carcassonne - dans l'état d'esprit des commerçants - nous avons décidé de retranscrire ci-dessous un article publié par La Dépêche du Midi en février 1993.
"Le lundi, Carcassonne n'offre pas son meilleur visage. Rues désertes, rideaux de fer, magasins baissés. Le passant... passe son chemin, trop heureux de retrouver plus vite son doux foyer.
Ville morte ou simplement endormie ? Ville, c'est sûr, où il ne fait pas bon se transformer en consommateur. "Difficile de chiffrer le nombre de commerces ouverts toute l'année le lundi, reconnaît André Breffeil, coprésident de l'Union des commerçants. Sans trop se tromper, on peut avancer un pourcentage proche de zéro." Simple constant, sans amertume. Car la prise conscience est, tout de même, là. Bien sûr, le métier est prenant et l'on travaille beaucoup, poursuit André Breffeil. Cependant, cette période difficile devrait inciter un plus grand nombre à faire des efforts. Une animation cohérente de la ville doit passer par une ouverture maximum, tous les lundis après-midi (au moins) et entre midi et deux heures, durant les périodes fortes (fêtes, mois d'été...). Sinon, le serpent se mort la queue : moins de magasins ouverts égale moins de clients égale moins de magasins ouverts. Comment s'étonner alors que beaucoup s'évadent le lundi vers Toulouse et Montpellier pour faire leurs achats ?
Aujourd'hui, outre les épiceries et autres boulangeries, seul Monoprix et quelques enseignes nationales de prêt-à-porter s'offrent au client le premier jour de la semaine. Une situation qui agace prodigieusement Maryline Palacio, patronne de Mamona, l'immanquable bazar de la rue Clémenceau. "Je trouve inadmissible qu'un boutique soit fermée deux jours de suite. C'est franchement anticommercial. Carcassonne n'est quand même pas un village ! J'entends régulièrement des clients se plaindre et me dire : "Y a rien d'ouvert". De mon côté, ce jour est en général très bon. J'ai moins de monde mais j'effectue de meilleures ventes.
© L'indépendant / Claude Boyer
Nathalie Bastouil de la Maison de la presse, ne ferme son magasin que le dimanche après-midi. Et ne déteste pas le tintement du tiroir-caisse, le lundi soir, au fond de la rue piétonne. "Les touristes - ou les nouveaux arrivants - s'étonnent souvent auprès de nous de voir tant de boutique fermées, explique t-elle. Or, je crois qu'après le week-end, il y a une réelle envie de renouer avec la ville, de s'informer et de dépenser quelques sous."
Source
La dépêche / Février 1993
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