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En 1946, le Midi-Libre avait prédit la métamorphose de l'aérodrome Salvaza

Le nom de Salvaza a complètement disparu dans la nouvelle appellation de l'actuel aéroport. Aujourd'hui, c'est plus chic sans doute, ; il faut dire "Aéroport Sud de France". Dernièrement, le mot "Pays Cathare" a été évincé du titre. N'oublions pas que l'aérodrome prit le nom de la métairie Salvaza - aujourd'hui, disparue - sur les terres de laquelle il fut construit. On a donc supprimé toute référence à l'histoire de Carcassonne, une fois encore... C'est quand même bizarre cette propension qu'ont nos édiles locaux à se laisser déposséder ainsi de notre identité. Ne nous plaignons pas, on a échappé à "Aéroport Véolia" ou "Qatar Airways". Cela s'appelle paraît-il dans le jargon des gens qui se foutent de l'histoire de notre pays en le vendant par petits bouts au plus offrant : le NAMING. Là encore, un bel anglicisme qui ne veut rien dire dans la langue de Dickens.

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Bref, c'est un autre sujet. Attardons-nous simplement sur l'article du journal "Le Midi-Libre" du jeudi 27 juin 1946 et à sa prédiction quant au devenir de l'aérodrome de Salvaza.

A quand Salvaza gare aérienne ?

C'est plus qu'un plaisir que de jouer aux jeux de l'anticipation . N'est-ce pas, plus d'une fois, romancer sans trop de déraison l'avenir ? Pourquoi pas, quelque jour, Salvaza gare aérienne ? Certes, pas aujourd'hui, ni en 1947, mais quelque jour peut-être, et nul ne s'en fâcherait.

Je vous demande un peu qu'auraient dit mes arrières-grands-parents si un journaliste leur avait décrit un futur cerf volant lancé par un plus lourd que l'air et de looping en looping, tournoyant à volonté dans le ciel carcassonnais ? Voilà pourtant la vision délicieuse qui nous est donnée, certains soirs par nos as, à l'heure où les travailleurs pédalent sur le chemin de la soupe, tandis que là-haut, l'aviateur ou l'aviatrice se passe un divin apéritif de vent pur, de frais nuage.

Sans remonter trop loin dans le passé, qui avait pensé, en plaine Expo parisienne de 1937, qu'il suffirait de prendre un ticket à la gare aérienne pour s'envoler quelques instants plus tard, comme 700 autres voyageurs, dans la même heure ? La gare aérienne de Paris fonctionne à merveille. Plus près de nous, il y a quelques jours était inauguré à l'aérodrome perpignannais de la Llabanère, un curieux trafic aérien : après avoir débarqué deux tonnes de langoustes océaniques, un Junker commercial prenait dans ses flancs deux mille kilos de fruits des Pyrénées-Orientales, cueillis le matin même.

Salvaza n'a pas dit son premier mot, pardon, je voulais dit son dernier mot. Et qui vivra, assistera sans doute à quelque étonnante liaison air-route-rail dans notre Midi pour toutes les directions. Que de possibilités inouïes ne seraient-elles pas ainsi réalisées ? Quia connu Marignanne en 39 et le Bourget ne sourira pas de nos anticipations carcassonnaises, y applaudira au contraire. Magnifiquement placé entre Bordeaux, Toulouse d'une part ; les lignes africaines, espagnoles, de Port-Vendres, Perpignan, Montpellier, Salvaza bénéficie à l'instar de Lézignan d'une situation de choix.

Rêvons un peu : dans une aire quadruple avec de belles pistes, nous arrivons après avoir pris notre billet pour Bordeaux, Londres, Bruxelles, Ajaccio, Alger... Le temps d'une vérification et, sous l'oeil encourageant d'une gracieuse hôtesse de l'air, nous nous calons dans notre fauteuil. Un virage et nous tournons au-dessus de la Cité, puis à pleins moteurs, nous volons vers le lointain, rendu si proche !

Que de grisantes croisières, de vertigineux week-ends, d'indicibles rendez-vous avant cela impossibles...

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