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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 64

  • Quel est cet étrange blason au-desus de la porte de l'Évêché de Carcassonne ?

    Au-dessus de la porte ci-dessus, située dans la rue de la Liberté et donnant à l'intérieur de l'Évêché, se trouve un blason sculpté qui a attiré ma curiosité. Il ne pouvait pourtant pas s'agir de celui d'un évêque, car le siège épiscopal ne se trouvait pas à cet endroit au XVIIIe siècle. En revanche, ce bâtiment était occupé autrefois par l'Ordre des Carmes dont il ne reste pratiquement que l'église du même nom. J'ai donc dirigé ma recherche dans cette direction, aidé dans ma tâche par la locution latine gravée dans la pierre : "Zelo zelatus sum pro Domino Deo Exercituum" (Je suis rempli d'un zèle jaloux pour le Seigneur Sabaoth). Il s'agit bien de la devise du Carmel.

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    Le blason de l'Ordre reprend deux versets bibliques attribués au prophète Élie, considéré comme le père fondateur du Carmel. L'écu central représente deux lobes blancs surplombant un cœur marron. Ils symbolisent les deux pans blancs du manteau carmélitain s'ouvrant sur la robe de bure brune. Celle-ci monte et se termine sur une croix ; elle indique la voix vers le Mont Carmel où se fait la rencontre avec Dieu. La Croix fit son apparition au XVIe siècle ; elle distingue les Carmes déchaussés de l'Ordre des Carmes de l'antique observance.  Les trois étoiles matérialisent les trois vertus théologiques (foi, espérance et charité) ou les trois vœux prononcés lors de l'entrée au Carmel (pauvreté, obéissance et chasteté). Le tout est surmonté d'une couronne ducale avec douze étoiles. La main brandissant une épée flamboyante rappelle la victoire d’Élie sur les prêtres de Baal sur le mont Carmel : « Le prophète Élie se leva comme un feu, sa parole brûlait comme une torche » (L'Ecclésiastique chap 48 v1)

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    Il s'agit donc bien du blason des Carmes déchaussés dont le père Hermann Cohen, juif converti, vint refonder l'Ordre à Carcassonne au milieu du XIXe siècle. Il semblerait toutefois que la porte et le blason sculptés soient bien antérieurs à l'arrivée d'Hermann Cohen. Est-ce Jean-Jacques Mélair qui a buriné avec autant de talent la porte des Carmes ? Sur ce point, je laisse la réponse a bien plus érudit que moi sur le sujet.

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  • De l'Asile des Petites sœurs des pauvres à la Roseraie, avenue du général Leclerc

    À l’origine de la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, la bienheureuse Sainte-Marie de la Croix alias Jeanne Jugan (1792-1879) qui dès 1839 à Saint-Servan (Bretagne) apporte secours et assistance aux personnes âgées dans le besoin. Le remarquable dévouement de la religieuse à sa tâche donne l’envie à d’autres de la rejoindre. Dix ans plus tard, le nom de Petites sœurs des pauvres finit par être adopté par la congrégation, reconnue comme telle par le pape Pie IX le 9 juillet 1954. Tout serait allé pour le mieux, s’il n’y avait eu l’abbé Le Pailleur et son orgueil pour démettre Jeanne de ses fonctions de mère supérieure et placer à sa place, Marie Jamet. Pendant plusieurs décennies, ce curé déforma la vérité sur l’histoire de la fondation de cette congrégation en prétendant que Jeanne n’en avait pas été à l’origine. L’usurpateur ne sera destitué par Rome qu’en 1890 et rappelé au Saint-Siège. 

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    Jeanne Jugan par Nadar

    Les sœurs, aidées financièrement par les frères capucins, s’installent en 1879 dans une petite maison située au pied de la colline de la Gravette et en bordure de la route de Narbonne. L’habitation est enserrée dans un très joli jardin donnant sur un vaste vignoble sur lequel on projète d’établir le futur asile. Les petites sœurs des pauvres au nombre de six hébergent quatre à cinq malheureux vieillards dépourvus de ressources. Le 1er avril 1881, l’évêque du diocèse de Carcassonne nomme l’abbé Pierre Edmond Tiquet (1839-1904) comme aumônier de l’asile. Après son décès, il sera successivement remplacé par l’abbé Chrestia et l’abbé Brunet à partir de 1906.

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    Les petites sœurs des pauvres de Carcassonne

    Le 21 novembre 1883, Mgr Felix-Arsène Billard pose la première pierre et procède à la bénédiction du futur asile des Petites sœurs des pauvres, le long de la route de Narbonne. Les plans sont dressés par Charles-Emile Saulnier, architecte diocésain. Dès lors, la réputation et la popularité des sœurs ne cessent de croître parmi la population. En pleine tourmente anti-cléricale, les républicains tentent de s’organiser pour déprécier l’action sociale de ces religieuses qui servent la soupe à la « classe dirigée ». À l’acte de charité, jugé comme avilissant, la république oppose les valeurs de solidarité issues de la Révolution française. Ce n’est donc pas un hasard si, au même moment, le conseil départemental affiche sa satisfaction de voir se réaliser l’asile de Bouttes-Gach grâce aux derniers de la citoyenne Casanove, épouse Marcou.

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    L'entrée de l'asile avant sa transformation en 1977

    Le bâtiment de l’asile des Petites sœurs des pauvres a la forme d’un U. Les vieillards occupent l’aile droite, les femmes l’aile gauche. Au réfectoire des hommes, une immense salle éclairée de tous côtés par de hautes et larges fenêtres ; au premier étage, de grands dortoirs avec une double rangée de lits. Chaque semaine les Petites sœurs, aidées par les femmes âgées les plus valides, lavent à grande eau le parquet et tous les samedis, la lingère dépose à chaque pensionnaire les effets de rechange .En 1895, l’asile en compte cent-dix dont beaucoup participent aux travaux de jardinage et de raccommodage. De l’infirmerie dans laquelle viennent doucement laisser leur dernier souffle, on accède à la tribune de la chapelle bénie le 19 mars 1891 par Monseigneur l’évêque. 

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    La Chapelle 

    Les sœurs font vivre leur établissement grâce à la charité des Carcassonnais. Tôt le matin, un attelage archaïque conduit par un vieillard se rend en ville. Il s’arrête à la porte d’un café ou d’un restaurant ; deux religieuses en descendent et l’on voit leurs robes noires et leurs blanches coiffes disparaître à l’intérieur du commerce. Elles ne ressortiront qu’avec des caisses, des paniers ou des bidons ; ils seront acheminés vers l’asile au bénéfice des vieillards.  Les Petites sœurs des pauvres quittèrent Carcassonne en 1973 faute de n’avoir pas pu réaliser les travaux de modernisation nécessaires à l’asile. L’œuvre se poursuivit néanmoins en France et dans le monde.

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    En début d'année 1977, la municipalité Gayraud décida de transformer l'ancien Asile des Petites soeurs des pauvres, en 53 logements-foyer pour personnes âgées. Le bâtiment fut acquis par le Conseil général de l'Aude puis vendu à la ville pour le franc symbolique pour l’Office H.L.M. Le montage financier s'établit comme suit :

    Caisse des prêts aux organismes HLM : 2.818.00 frs

    E.P.R : subvention de 170.000 frs

    O.R.G.A.N.I.C : 141.000 frs

    B.A.S : 500.000 frs

    H.L.M Aude : autofinancement 150.000 francs

    Ville de Carcassonne : 500.000 francs

    La restructuration des bâtiments et leur transformation avec la fermeture de l’entrée fut confiée à l'architecte Mlle Cailhau. La Roseraie disposait ainsi d'une superfine totale de 2905 m2 dont 1575 étaient réservés aux logements. À l'intérieur, les aménagements collectifs comprennaient une salle à manger de 72 places située dans l'ancienne chapelle, 4 salons, une salle de jeux (46 m2), une cuisine collective (63 m2), une salle polyvalente pour 99 personnes (232 m2) et un jardin de 12 000 m2. 

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    Ce sont au total 55 logements qui furent construits pour des personnes âgées non dépendantes. Il s'agissait de studios avec cuisine et chambre à l'exception de neuf type F1 et d'un type F2. Chaque pensionnaire bénéficiait d'une buanderie équipée de machines individuelles et d'un service de restauration, qu'il pouvait prendre en salle ou dans son appartement. Les loyers allaient de 480 à 890 francs (allocation logement comprise). Selon le maire, tout a été fait pour que l'on puisse se loger et se nourrir même avec le minimum vieillesse de 916,66 francs. En 2015, il est de 800 euros. Le jour de l'inauguration 60% des  logements avaient déjà été pourvus ; un succès qui ira croissant dans les mois suivants. Au dessus du portail, le dessin en faïence est l'oeuvre du peintre Jean Camberoque (1917-2001).

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    Au moins de décembre 2010, la Communauté d'Agglomération du Carcassonnais présidée alors par Alain Tarlier, fit l'acquisition des bâtiments de la Roseraie au bailleur social Habitat Audois, représenté par Robert Alric qui avait obtenu les bâtiments pour l'euro symbolique de la ville de Carcassonne. La valeur vénale estimée par France domaine, s'élevait à 2,29 millions d'euros. Le président indiqua son souhait d'y installer les bureaux de l'Agglo ; le déménagement coûterait 8 millions. Finalement après cet achat la Communauté d'Agglomération abandonna son projet. Elle s'installa dans les locaux de l'ancien EDF, au square Gambetta. La Roseraie resta sa propriété mais à l'abandon. Depuis ce temps, l'administration territoriale chercha un nouvel acquéreur pour ce bien ; c’est la société immobilière Nexity emporta la Roseraie pour 1,1 millions d'euros afin d'y réaliser une résidence privée pour séniors. Le projet est en cours…

    https://petitessoeursdespauvres.org

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  • La construction du Central téléphonique de l'allée d'Iéna en 1965

    En raison du traffic toujours croissant de ses services, la direction des P.T.T se trouve dans l’obligation de procéder soit à l’extension de ses locaux, soit de réaliser de nouvelles constructions. L’ancien central téléphonique devenu trop exiguë et son matériel étant dépassé par le progrès de l’automatisation, il n’est plus possible à la poste de le conserver au premier étage de la rue Jean Bringer. Il en est de même pour les services techniques opérant sur les lignes téléphoniques, situés jusqu’en 1965 dans la rue Pierre Germain. La direction régionale décide alors la construction d’un nouveau bâtiment regroupant le Central téléphonique, les services techniques et un nouveau bureau de poste, sur un terrain en bordure de l’allée d’Iéna appartenant à la famille Auzias. 

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    Les lieux dépourvus de construction en 1960

    L’immeuble de 57 mètres de long sur 11 mètres de large, comprenant un sous-sol, un rez-de-chaussée et deux étages abritera le central téléphonique automatique, interurbain et télégraphique ainsi que le service des abonnements et un bureau de poste de quatre guichets.  Dans la cour intérieure, un ensemble destiné à loger le magasin départemental des P.T.T.  Le coût de cette construction est évalué à 2 700 000 francs.

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    © C.A.U.E (Montpellier)

    René Carlier

    (1899-1985)

    L’architecte montpelliérain René Carlier (1899-1985) appartient à une lignée d’architecte réputés dans la région. Elève de Godefroy en 1923 à l’Ecole Nationale des Beaux-arts, il a été nommé architecte régional des postes et a déjà conçu le Poste Rondelet à Montpellier en 1955. 

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    La poste, rue Rondelet à Montpellier

    Les travaux débutent à la mi-novembre 1965 ; Jacques Blanco se souvient avoir travailler à ce chantier pour l’entreprise Garric : « On posait du zinc sur le toit légèrement en pente. Il nous arrivait par rouleau et nous devions le tordre, puis en faire des plaques pour le poser. » Plus tard, l’ancien secrétaire des Amis de la Ville et de la Cité fera sa carrière en 1973 comme préposé des postes dans ce bâtiment qu’il a contribué à bâtir. C'est, ajoute-il, le 16 mai 1973 que l'Agence de commerciale de télécommunication (L'ACTEL) sera bâtie le long de la rue de Barcelone.

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    Inauguré le 21 janvier 1969 en présence de MM. Duffay (Préfet de l’Aude), Capdeville (Président du Conseil général) et Gayraud (Maire de Carcassonne), ce bâtiment méritait une attention particulière. C’est certainement dû à la notoriété de son architecte ; l’un des meilleurs de sa génération pour ce qui concerne les ouvrages contemporains des années 1960. 

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    Sources

    AGORHA

    Bulletin municipal de Carcassonne / 1965

    Merci à Jacques Blanco pour sa coopération

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