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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 60

  • La véritable histoire du domaine du Marquis de Gonet à Prat-Mary

    On n’a pas beaucoup écrit de choses sur le domaine de Prat-Mary, appelé improprement du nom du marquis de Gonet puisqu’il ne l’a pas fait construire. Malheureusement, les quelques paragraphes qui sont parus dans la presse ou ce que certains ont pu en dire, comportent des erreurs historiques et généalogiques. A commencer par la référence de tout historien local : Alphonse Mahul. L’auteur du célèbre Cartulaire prétend que le domaine fut vendu en 1825 par un dénommé Chabaud, boucher de son état, à Monsieur Mary, ingénieur du cadastre. Ce dernier, à sa mort, en aurait fait don à son gendre M. Malric, agent-voyer en retraite.

    Nous sommes mis en quête de savoir quels étaient les prénoms des sieurs Chabaud, Mary et Malric. Après quoi, nous avons ouvert notre enquête généalogique et historique de la manière la plus sérieuse par les moyens accoutumés. Il se trouve qu’effectivement le ville de Carcassonne possédait en ses murs des bouchers du nom de Chabaud ; le plus âgé d’entre eux à cette époque fut Jean-Pierre Chabaud (1752-1808). Marié en 1774 avec Jeanne Jean Bernard, le couple résidait à l’angle de la rue Joséphine (Liberté) et de la préfecture (Bringer) et élevait ses huit enfants : Guillaume, Rose, Catherine, Alexis-Esprit, Jeanne, Marie, Paul et Rose. Lorsqu’on se penche dans les affaires judiciaires de la famille conservées dans la série J dans des archives départementales de l’Aude, on s’aperçoit que les enfants mirent longtemps à régler les problèmes de succession après la mort de leurs parents. Nous vous épargnerons les fastidieux détails d’une querelle familiale ; ce n’est pas le sujet qui nous préoccupe. En revanche, l’inventaire successoral nous apprend que le couple Chabaud possédait de nombreuses terres cultivables. Parmi elles, l’épouse avait reçu en héritage familial un pré, situé en bordure de la route de Limoux, partagé en deux à cause du passage de l’aqueduc de Pitot. D’une contenance de cinq sétérées, soit environ 1,2 hectares, ce terrain que nous voyons ci-dessous, n’avait pas de construction en 1808.

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    En 1780, le domaine n'est pas encore construit en bordure de l'aqueduc et de la route de Limoux.

    Après vérification, il s’agit bien de l’emplacement de l’actuel domaine. Mahul nous dit que M. Chabaud en était le détenteur au moment de sa cession à M. Mary ; c’est inexact. Les enfants Chabaud ne souhaitant pas que les produits de l’héritage restent en indivision, ils furent mis en adjudication au plus offrant. L’aîné de la famille, Guillaume Chabaud, porta une enchère sur ce pré, mais c’est finalement son beau-frère Jean-François Bourdel (1771-1846), époux de Rose Chabaud (1782-1864), qui la remporta pour 10 000 francs. Ce n’est donc pas M. Chabaud qui a pu vendre à M. Mary en 1825, un domaine qui n’existait pas encore. Celui-ci s’est construit quelque temps après, grâce à Jean Mamert Mary, géomètre du cadastre et non pas ingénieur. 

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    L'initiale de Jean Mamert Mary

    Là encore, tordons le cou à une confusion qui s’est propagée avec Jean-Louis Bonnet. Il s’agit de Jean Mamert Mary (1791-1876), résidant au Pont vieux, et non de Jean-Baptiste Mary (1813). En revanche, c’est Jean-Baptiste Malric dont la famille de juriste n’était pas originaire de Castelnaudary, mais de Renneville en Haute-Garonne qui en héritera. Jean Mamert Mary a fait bâtir ce domaine après 1825 qui est devenu Prat-Mary (Le pré de Monsieur Mary) ; c’est une explication probable du nom. Il possédera en 1855, le domaine de La conte.

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    Le couple Mary dont l’épouse Jeanne Cordes venait de Conques-sur-Orbiel, avait eu deux enfants qui n’atteignirent pas l’âge adulte. Sans héritiers directs, le domaine alla à la nièce de Jeanne Cordes, c’est-à-dire à Jeanne Mélanie Cordes, épouse de Jean-Baptiste Malric. Le domaine agricole de Prat-Mary sera exploité par des métayers sous la propriété d’Henri Malric (1844-1938), avocat et juge au tribunal civil de Carcassonne de 1872 à 1914. Cet homme brillant, inscrit au barreau depuis 1863, s’éteignit le 22 janvier 1938 avec le titre honorifique de Doyen des avocats de France. Comme Henri Malric avait eu la douleur de perdre son fils Achille, officier de cavalerie, le 21 janvier 1935, il était dépourvu d’héritier direct.

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    © J. Blanco

    Le domaine de Prat-Mary tomba en 1948 entre les mains d’Henriette Malric-Cazes († 1983) qui avait épousé Charles de Gonet (1919-2006), avocat. Le jeune homme à « la voix d’or » fréquentait  à Béziers le foyer artistique de Gustave Fayet, le célèbre mécène et collectionneur d’art qui mourut à Carcassonne en 1925 dans la Villa Blanche. C’est chez Fayet que Charles de Gonet rencontra Henriette Malric-Cazes ; elle lui apporta en dot le domaine de Prat-Mary. Dès lors, le jardin de ce domaine fut transformé avec soin par Charles de Gonet, marquis du même nom. Ce dernier cultivait avec délicatesse les secrets de l’art topiaire. La ville de Carcassonne est désormais propriétaire du domaine du marquis de Gonet, dont la bâtisse n’est pas du XVIIIe siècle comme cela a été écrit. Le portail d’entrée porte l’initiale M de son premier propriétaire Jean Mamert Mary.

    Sources

    Cartulaire de Mahul

    Prat-Mary au temps du marquis / L’Indépendant 

    Video / JL Bonnet / Mairie de Carcassonne

    Etat-Civil / ADA 11

    138J138 et 137 / ADA 11

    Plan du Canal royal du Languedoc / Archives de l’Hérault

    La vie de Gustave Fayet

    Nous regrettons de n’avoir pas pu consulter l’indispensable source d’archive de la famille de Gonet et de son domaine, conservée aux Archives départementales de l’Aude sous la cote 136J. Documents successoraux et la vente des terrains au domaine public. En effet, après avoir trouvé les documents décrits ci-dessus, M. JL Bonnet en a fait don en son nom aux archives de l’Aude. Il a fait mettre une protection de 50 ans qui défend à quiconque de les consulter, à part lui.

  • Inédit ! Le dispensaire départemental d'hygiène sociale, rue d'Alsace

    Grâce à la volonté du docteur Henri Gout de lutter contre la tuberculose dans le département, le Conseil général, dans sa délibération du 30 septembre 1920, décide la création d’un dispensaire d’hygiène sociale à Carcassonne. Le 25 août 1921, une convention est signée entre le département et la Commission des Hospices de Carcassonne avec la location du rez-de-chaussée d’un pavillon de l’Hôpital général, situé à l’angle de la rue des trois couronnés. Ce lieu accueillera à partir du 1er janvier 1922 le centre antituberculeux pour une durée de 3, 6 et 9 ans moyennant 1200 francs annuels. Après quinze années d’existence, il est constaté que dans ce vieux local très mal aménagé, les personnels travaillent dans des conditions très contraignantes. La population ayant augmenté, l’exiguïté de la salle d’attente ne permet plus d’accueillir les patients dignement. Il en va de même pour les autres pièces d’examens réservées aux consultations des maladies vénériennes et de la tuberculose.Le service d’hygiène se préoccupe depuis des années de ce problème. Le Comité départemental du Timbre anti-tuberculeux a décidé de consacrer une partie de ses ressources à la construction d’un nouveau dispensaire.

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    © Martial Andrieu

    Ancien dispensaire à l"Hôtel Dieu" sur le boulevard Camille Pelletan. Tout a été rasé en 1977, il ne reste plus que le Dôme.

    On se met donc en quête d’un terrain sur lequel pourrait être bâti le nouvel établissement. Dans le quartier du Palais, à l’angle de la rue d’Alsace, se trouvent les anciens bâtiments de l’ancien Eldorado. Il s’agit d’une salle de théâtre qui avait construite en 1882 par l’architecte Léopold Petit pour le compte de M. Joseph Théodore Sabatier, limonadier. Désaffectée depuis longtemps, son propriétaire M. Lugagne avait cédé à la ville le 5 juillet 1899, une bande de terrain en bordure de sa propriété pour l’élargissement de la rue d’Alsace. On avait pu ainsi mettre à l’alignement cet endroit qui ,depuis trente ans, ne permettait pas aux véhicules de circuler convenablement. Monsieur Lugagne possédait donc à cette époque l’Eldorado mais également le château du hameau de Maquens. Le temps ayant fait son œuvre, les parcelles Lugagne s’étaient divisées et il fallait que le Conseil départemental traite désormais avec les dénommés Lacour et Cornac.

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    © ADA 11

    Une fois le terrain acquis, l’architecte départemental Jules Reverdy devait dresser les plans du Dispensaire départemental d’hygiène sociale, le 7 juillet 1937. La dépense prévue, y compris le terrain, s’élevait à 1.146.304 francs. Avec le rabais consenti par les adjudicataires, on pensait abaisser le coût des travaux à 981304,80 francs. C’était sans compter sur de nouveaux aménagements non prévus qui allaient alourdir la facture. Par exemple, l’installation d’un laboratoire dans une chambre obscure, avec évier, tablettes, etc. Des changements dans les cabines d’isolation, à la suite d’une visite d’un Inspecteur général.

    L’entreprise de maçonnerie Joël Cazanave se mit à l’œuvre. Dans un style Art-Déco, propre à cette époque, l’architecture de Jules Rerverdy qui s’illustra dans le département grâce à de très belles réalisations comme la Sous-préfecture de Narbonne, le dispensaire n’a rien d’austère. Dans l’entrée principale, il était prévu une mosaïque mais on la remplaça par du carrelage de grès. Au rez-de-chaussée, la salle d’attente, le cabinet de l’infirmière, le cabinet du médecin-chef, les salles d’examen et de soins, la salle de laryngologie offrent tous le confort moderne indispensable à cet type d’établissement. Au premier étage, le dispensaire anti-vénérien ; autour d’un hall commun, se trouve le service anti-syphilitique composé d’une salle d’attente, d’un Fichier et d’une salle d’examen, lavabo, vestiaire, etc. Le dispensaire anti-blémmorragique homme et femme est également fort bien équipé. L’infirmière départementale possède un petit appartement avec salle à manger, cuisine, deux chambres et salle de bain ; au même titre que le concierge.

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    En 1937, la Sécurité Sociale n’existe pas encore. Les examens des malades nécessiteux sont remboursés par le département ; les malades aisés paieront les examens spéciaux. Il s’agit là d’une véritable révolution sanitaire dans notre ville, si durement touchée autrefois par les problèmes d’hygiène. Au cours de l’année 1939, le Dispensaire Départemental d’Hygiène Sociale accueille les nouveaux patients. C'est aujourd'hui le Centre Médico-Social de l'Aude.

    Sources

    ADA 11 / Série M

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  • La construction du Pont Louis-Philippe (Pont Neuf) à partir de 1840

    La construction du Pont Louis-Philippe - car c’est ainsi qu’il fut baptisé lors son inauguration - ne se fit pas sans bras de fer avec la population, ni problèmes avec les entrepreneurs du chantier. Dès 1836, le préfet de l’Aude considère qu’il n’est plus possible de garder la circulation en l’état sur le Pont vieux. Unique point de passage d’une rive à l’autre du fleuve depuis le Moyen-âge entre la la Ville haute et la Ville basse, le vieil ouvrage de pierre demeure néanmoins le point névralgique des échanges vers la Méditerranée. C’est en effet à cet endroit que passe la route de Toulouse à Narbonne qui traverse le quartier de la Trivalle. Ses commerces et ses artisans tirent en grande partie leurs revenus de ce trafic routier. Lorsqu’il est convenu, après bien des études, qu’il vaut mieux construire un nouvel ouvrage sur l’Aude plutôt que d’élargir le Pont vieux, les riverains de la Trivalle, appuyés par le chanoine Verguet, s’élèvent contre ce projet. Jean-Pierre Cros-Mayrevieille, dans son livre sur les monuments de Carcassonne publié en 1850, nous apprend que le directeur des ponts et chaussées sollicita l’étude d’un nouveau pont qui, soudé à l’ancien, en doublerait la largeur. Présenté le 22 février 1839, il fut soumis « le 1er juin suivant, aux formalités d’une enquête publique concurremment avec le projet primitif d’un nouveau pont.» L’issue du vote donna une très large majorité favorable à l’établissement d’un nouveau pont à 150 mètres de distance du Pont vieux. Afin de satisfaire les craintes des habitants de la Trivalle sur les crues de l’Aude, on ajouta deux arches supplémentaires au futur pont. Ce dernier, se composera de sept arches de quinze mètres d’ouverture et de deux arches ménagées dans les culées, pour le service de halage et celui des propriétés situées en-dessous des avenues.

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    Le pont vers 1910

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    Le pont après l'élargissement de 1964

    Une loi spéciale votée le 8 juillet 1840 créa un fonds de 1.200.000 francs pour la réalisation de trois ponts : À Béziers sur la rivière l’Orb, à Carcassonne et à Espalion pour une somme respective de 600.000, 400.000 et 200.000 francs (Administration générale des ponts et chaussées / 1845 / p.41). Les travaux débutent le 10 novembre 1840 après que l’adjudication a été accordée le 5 septembre aux sieurs Omer Etienne Presseq (1808-1850) de Négrepelisse et Émile Douheret de Florac (Lozère), respectivement géomètre et entrepreneur de Travaux publics. D’emblée, la lenteur des deux adjudicataires a réaliser les premières fondations met en émoi les ingénieurs. Ils redoutent qu’ils ne puissent pas répondre aux exigences du cahier des charges ; plus encore, que la cérémonie de la pose de la première pierre prévue lors de la fête du roi le 1er mai 1841, ne puisse pas avoir lieu. Au mois de février, le changement du système des fondations par rapport au devis en raison des nombreuses crues de l’Aude, rend nécessaire l’accélération de l’approvisionnement des moellons. Or, malgré les demandes pressantes, Presseq et Douheret ne parviennent pas à réunir les matériaux nécessaires au libage, ni les moellons. Les moyens des entrepreneurs sont insuffisants ; les machines indispensables au transport des pierres de taille et à leur pose manquent. Ils ne possèdent que quelques traineaux rudimentaires et des leviers en petit nombre. Au lieu de reconnaître leurs incapacités, les deux associés réclament une augmentation de leurs tarifs, car la municipalité vient de voter la hausse des droits d’octroi. C’est une situation ubuesque à laquelle est confronté le chantier qui emploie de nombreux ouvriers locaux : la mairie essaie de s’enrichir sur la construction d’un pont qui lui est indispensable et qui nourrit la main d ‘oeuvre de la ville. Le mois suivant, Douheret n’a pas reparu sur le chantier après qu’il a exigé à nouveau une revalorisation de ses tarifs, parce qu’on le contraint à aller prendre la pierre de la carrière de Mayrevieille. Il est difficile de trouver de la pierre de taille et des ouvriers pour l’extraire, à cause du monumental chantier du Canal latéral de la Garonne, paraît-il. Douheret n’a plus d’argent. En avril, les fournisseurs se plaignent de ne pas être payés, les ouvriers n’ont pas avoir entièrement reçu le salaire de la première quinzaine, les traceurs de la carrière de Mayrevieille sont sur le point d’abandonner leur chantier. A quelques semaines à peine du 1er mai 1841, les ingénieurs demandent l’établir en urgence une régie pour la commande des matériaux, de résilier l’adjudication à Presseq et Douheret, puis de réadjuger à la folle enchère.

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    © Structurae

    Fort heureusement, le sieur Cazaban, qui avait passé un marché avec les entrepreneurs à des prix en-dessous de l’adjudication pour la taille des pierres de parement et du libage, consentit à poursuivre le travail. Son dévouement poussera les ingénieurs à travailler avec lui pour le reste d chantier. Grâce à Cazaban et à Sabatier - conducteur des travaux -, la première pierre est posée le 1er mai 1841 à l’occasion de la fête du roi. Le Moniteur de l’Aude, en date du 2 mai 1841, rapporte que les autorités militaires se sont rendues à la cathédrale où une messe a été célébrée par Mgr l’évêque et son chapitre. A l’issue, le cortège s’est rendu sur la place de la caserne où les troupes ont été passées en revue par le maréchal de camp, baron de Léry, le préfet et le sous-intendant militaire. A l’extrémité du chantier du pont, un amphithéâtre dressé pour l’occasion devait accueillir les autorités. A 13 heures, quatre discours ont été prononcés puis on alla poser la première pierre dans la culée sur la rive gauche de l’Aude. Dans celle-ci, on plaça une boite en cèdre à charnière fermée, enveloppée d’une feuille de plomb laminé, contenant deux médailles commémoratives à l’effigie de Louis-Philippe 1er datées de 1841, l’une en bronze et l’autre en argent. S’y trouvaient également cinq pièces de monnaie dont une en or de vingt francs. Dans la revue Folklore de 1938, on apprend que le préfet a reçu de l’ingénieur en chef la truelle en argent garnie de mortier, afin de sceller la pierre. Cette truelle se trouverait actuellement dans les réserves du Musée des beaux-arts de Carcassonne. Des salves d’artillerie ont été tirées par le 1er régiment de chasseurs à cheval.

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    La médaille commémorative de l'inauguration 

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    Le 17 juin 1841, l’adjudication des travaux à Presseq et Douheret est résiliée et le ministre autorise la continuation de la régie. La nouvelle adjudication ne pourra être installée qu’après que les maçonneries seront élevées jusqu’à la naissance des voûtes. Ruffel, obtient le 27 mars 1842 la réalisation des cintres du pont dont la réception définitive interviendra le 19 septembre 1844. Villebrun cadet, tailleur de pierre, remplira son office du 20 février 1843 au 20 novembre 1845. 

    Nous l’avons vu, le soucis permanent des maîtres d’oeuvre consiste à trouver en quantité suffisante les matériaux nécessaires à la construction. L’administration recherche, explore et fouille pour la découverte de nouvelles carrières autour de Carcassonne, précisément dans le Cabardès. Si trois carrières ont été ouvertes pour le compte de l’administration depuis l’établissement de la régie, les matériaux n’arrivent pas encore en grande quantité. Or, il faut absolument que les voussoirs et les voûtes soient exécutés avant le mois d’octobre 1843, pour mettre à l’abri des inondations les cintres qui doivent supporter les voûtes. Par conséquent, en juillet tous les matériaux doivent être approvisionnés, à raison de 6 m3 de pierre par jour. Quatre carrière uniquement exploitées pour la construction du pont promettent des résultats avantageux. Il s’agit de Saint-Félix à Villegly (20 ouvriers / 2,5 m3 par jour), Lafajeole près de Montredon (24 ouvriers / 1,5 m3 par jour), Villalier (6 ouvriers / 0,70 m3 par jour) et Fonses-Grives à Pezens (8 ouvriers / 0,70 m3 par jour).

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    © Jacques Blanco

    Ancienne carrière de la Tuilerie Saint-Félix près de Villegly

    L’inauguration du pont Louis-Philippe a lieu le 1er mai 1846 pour la fête du roi. La Gazette du Languedoc relate cet évènement dans ses colonnes : « Le 1er mai de cette année avait été choisi, par le préfet, pour inaugurer le pont de l’Aude, construit aux frais du trésor, en vertu d’une loi de 1840. Les ingénieurs avaient fait décorer le pont de deux arcs-de-triomphe en verdure, surmontés de drapeaux. La cérémonie de l’inauguration et la bénédiction de ce beau monument y a réuni toute la population de la ville, depuis le matin jusque’à la nuit. Ce nouveau pont qui procure à la ville de Carcassonne un embellissement remarquable, se compose de sept arches. La voie à 6,50 mètres de large, et deux trottoirs de 1,50 mètres. La dépense, évaluée à 400.000 francs par le projet, dépassera 500.000 francs. On allouerait encore 30.000 francs pour compléter les travaux indispensables, si à Paris, dans les bureaux, on était moins parcimonieux envers la province. » Ajoutons à cette description, un système ingénieux pour récolter les eaux pluviales via un écoulement à l’intérieur même du tablier du pont.

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    Si l’ouvrage avait été enfin achevé, il n’en était pas de même pour la rectification de la route royale 113 confiée à l’entrepreneur Perris sur 1300 mètres, à partir de la Grand-rue jusqu’au carrefour de Berriac. Le Conseil municipal s’était engagé le 1er avril 1943 à acquérir la zone de terrains de trois mètres de largeur, nécessaire de chaque côté pour ouvrit la traverse sur 22 mètres ; former des contre-allées et établir des plantations. Là encore, tout ne se fit pas sans problèmes… Il fallait agrandir la voie en expropriant les propriétaires des terrains. L’ancienne manufacture royale de la Trivalle allait être amputée d’une partie de son jardin afin de mettre de se mettre à l’alignement. L’État prit à sa charge la reconstruction du mur de clôture en pierre sèche ; il soutient encore le buffet d’eau de la manufacture et c’est la seule partie encore visible. Les deux pavillons qui ont disparu aujourd’hui avaient été conservés en saillie sur le talus de la route. L’énorme quantité de remblais accumulée afin de mettre à niveau la route avec la hauteur du pont, provoqua en 1852 l’effondrement d’une partie de la clôture qu’il faudra rebâtir. Plusieurs propriétaires se retrouvaient désormais avec des terrains en contre-bas de la route ; leurs prétentions financières ralentirent l’avancée des travaux. 

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    © ADA 11 / SW 3785

    Malgré toutes ces péripéties, la construction du pont et l’ouverture de la nouvelle route 113 vers Narbonne allaient pousser le développement de la ville sur cet axe. Progressivement de nouveaux quartiers s’établirent au fil des années sur la colline de la Gravette, ainsi que des bâtiments le long de la route comme la Maison d’arrêt, la gendarmerie, l’asile des Petites sœurs des pauvres. Le « Pont Louis-Philippe » débaptisé après la chute du monarque, prit le nom de Pont neuf par opposition au Pont vieux.

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    © Antoine Labarre

    Travaux d'élargissement du Pont Neuf en 1964

    Il sera judicieusement élargi en 1964 au détriment de son aspect esthétique. C’est d’ailleurs depuis cette date que les lampadaires de l’avenue du général Leclerc n’ont pas été changés… C’est une autre histoire.

    Sources

    ADA 11 / Sous-série SW

    La gazette du Languedoc, Le Moniteur de l'Aude

    Folklore / 1938

    Administration générale des Ponts et Chaussées / 1845

    Les Monuments de Carcassonne / Cros-Mayrevieille / 1850

    Je remercie M. Lionel Limousis pour son aide à la recherche documentaire.

    Jacques Blanco pour sa photo de Saint-Félix.

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