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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 68

  • Cette place où les condamnés étaient marqués au fer rouge...

    L’ancienne halle au blé, appelée également autrefois Place neuve, porte aujourd’hui le nom de la ville bavaroise d’Eggenfelden depuis 1983. Ce que beaucoup de Carcassonnais ignorent, c’est qu’elle fut longtemps le théâtre d’un bien triste spectacle auquel la Révolution de 1830 a mis fin. Entre la médiathèque Grain d’aile et la halle aux bouchers, existaient quatre dalles uniformes formant un carré large. À certaines époques de l’année, c’est-à-dire quatre fois par an, un échafaud se dressait sur ces dalles. Il était surmonté d’une longue perche de laquelle se détachait, à hauteur d’un homme, un énorme collier de fer. Ce collier s’appelait le carcan et l’échafaud, le poteau. Toutes les fois qu’un condamné par la Cour d’Assises devait subir une peine infamante, il subissait, avant, celle du poteau ou l’exposition publique. Il restait ainsi pendant une heure, debout, attaché à la perche au moyen du carcan, les pieds et les mains enchaînés ; au-dessus de sa tête pendait un écriteau portant son nom, son âge, le lieu de sa naissance et les motifs de sa condamnation. Il n’était pas rare de voir accouplés sur ce même échafaud des condamnés de tout sexe et à des degrés différents.

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    La loi voulait que pour l’exemple, ces expositions eussent lieu les jours de marché, sur la place la plus fréquentée de la ville. La foule était toujours considérable et comme dans les tragédies antiques où la victime assiste aux lamentations ou aux imprécations des chœurs, le pauvre condamné recevait, en pleine poitrine, tous les traits quelque fois adoucis par la commisération, le plus souvent acérés par la curiosité populaire. La honte, comme véritable supplice, rappelait l’amende honorable de l’époque médiévale. Si vous considérez ce supplice comme affreux, il n’était rien en comparaison avec un autre plus horrible, que l’on faisait subir sur cette même place à certains condamnés. C’était la flétrissure ! Une contrefaçon de la torture ; la marque, c’est-à-dire l’application sur l’omoplate droite d’un fer rougi, sous les yeux mêmes des malheureux, dans un brasier incandescent. Le bourreau montait sur l’échafaud, dépouillait le coupable et quelque fois l’innocent, de ses habits et enfonçait l’instrument de torture dans les chairs. Ces chairs fumaient, grésillaient, se gonflaient, se scarifiaient enfin et portaient à tous jamais les initiales indélébiles de T.F (Travaux Forcés).

    Ces restes et vestiges d’une barbarie qui n’était plus dans les mœurs, disparurent par un vote de la Chambre en 1830. Les quatre dalles uniformes furent enlevées du centre de la halle au blé. On put enfin utiliser cet espace pour recevoir les denrées de toutes sortes qui affluaient de Carcassonne.

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    On construisit un pavillon couvert qui longe l’ancienne rue de la cathédrale (rue Chartrand). Ce pavillon servait une fois par an à un bal public. C’était le jour de l’Ascension. Après s’être réunis sur la Place aux herbes (Place Carnot), figurant en fin costume de faucheurs les fenaisons du printemps, les jeunes gens terminaient avec leurs fiancées cette fête, rappelant les fêtes antiques dédiées à Cérès, la déesse de l’agriculture.

    Les halles bien trop exiguës furent la cause de nombreux accidents de la circulation dans la Grand rue (rue de Verdun) et les municipalités mirent longtemps avant de réagir. Finalement, on fit construire une espèce de pavillon Baltard sur la place Davilla pour servir de la halle au blé, car l’espace s’y prêtait. L’architecte Léopold Petit se mit à l’œuvre. Cette superbe halle qui n’avait rien à envier à celles de Paris, finit par subir la destruction ordonnée par Albert Tomey en 1935.

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    L'emplacement du Pilori

    Aujourd’hui, on ne met plus personne au pilori… Les réseaux sociaux s’en chargent avec parfois autant de cruauté, sans autre forme de procès. Si les dalles uniformes furent supprimées de la place, il demeure un marquage au sol rappelant leur emplacement. Gageons que l’on prenne garde à ne pas l’effacer lorsque, très prochainement, cette place sera totalement réhabilitée avec la disparition des places de parking. Il faudra alors rappeler les vieux usages, tout en prenant soin de ne point les faire regretter….

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  • Inédit ! La construction de l'hôtel de ville de Carcassonne en 1934

    Après avoir procédé à la destruction de l’ancienne maison consulaire, la municipalité Tomey  décide le 12 juillet 1934 d’ouvrir le concours aux entrepreneurs pour la construction d’un nouvel hôtel de ville. Ils devront se conformer aux plans et dessins dressés par Jean Blanchard (1900-1982), ingénieur de la ville, à qui le conseil municipal a confié ce projet par soucis d’économie. 

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    Maison consulaire, rasée en 1934

    Natif de Boulogne-sur-Gesse (Haute-Garonne) où il vit le jour le 23 juin 1900, Jean Mathieu Gaudens Blanchard s’était établi avec sa famille à Rieux-Minervois. Après de sérieuses études d’ingénieur des Travaux publics, il devait à l’âge de 25 ans succéder à L. Cabrol comme ingénieur municipal, puis participer aux travaux de la Société d’Etudes Scientifiques de l’Aude. C’est à ce titre qu’il se distingua avec le Dr Jean Blanc, comme co-auteur des travaux sur la Verdunisation Bunau-Varilla à Carcassonne. Les deux hommes recevront le prix de l’Association française pour l’avancement des sciences, de la part de la Société des Lettres et Sciences de Montpellier en 1933. Marié à Elise Boutteville (1908-1994) originaire de Tourouzelle, Jean Blanchard associa son nom la minoterie du Moulin du Roy que détenait la famille de son épouse. Ainsi naquit la S.A.R.L Boutteville-Blanchard, qu’exploita ensuite leur fils Antoine à partir du 1er juillet 1978. Jean Blanchard décéda le 6 novembre 1982 à Carcassonne.

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    Le nouvel Hôtel de Ville en 1936

    À l’issu de l’appel d’offre, le conseil municipal se prononce en faveur de l’entreprise de Noël Cazanave qui devra effectuer l’ensemble des travaux dans un délai de sept mois. La facture s’élève à un million quatre-vingt mille francs. Les bureaux municipaux sont alors transférés à compter du 1er septembre 1934 dans les locaux de l’ancienne banque Cazaban, 47 rue Clémenceau. De très nombreux artisans et fournisseurs locaux participent à la construction du nouvel hôtel de ville : Firmin Canavy (Marchand de bois, place Davilla), Lucien Azéma (Meubles, rue de Lorraine), Gaston Noubel (Meubles, rue de Verdun), Emile Millet (Meubles, rue de la mairie), Jean Bouichou (Menuisier-ébéniste, rue du marché),

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    Bureaux créés spécialement pour l'hôtel de ville en 1935

    Louis Blanc (Miroitier à Béziers), Armand Laborde (Electricien), Joseph Ferrand (Pavés et marbres, route de Montréal)

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    L'escalier d'honneur avec le Faune du sculpteur Hubert Lavigne (1818-1882)

    Antoine Bardou (Quincailler, rue du marché), Jammes (Rideaux, rue de la préfecture), Beldam-Lathy (Tapis à Paris).

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    La rampe de l'escalier d'honneur

    L’ensemble des travaux du nouvel hôtel de ville, édifié sur l’ancienne maison consulaire, est achevé le 1er juillet 1936. Dans le porche d’entrée à droite se trouvaient les services de l’Etat-civil avec leurs boiseries dans le style Art-Déco, hélas disparues. C’est aujourd’hui, la salle Joë Bousquet.

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    A gauche, après avoir passé la loge du concierge, on accédait à l’étage par un escalier en marbre, aux bureaux des élus, à la salle des mariages puis à la salle du conseil municipal.

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    Le couloir vers la salle du conseil municipal

    Si ce bâtiment conserve encore de nos jours une partie de ses fonctions administratives, la majorité des bureaux ont été transférés en 1978 dans l’hôtel de Rolland, acquis par la ville pour servir de nouvelle mairie.

    Sources

    Les informations sur Jean Blanchard n'ont été possible qu'après une recherche approfondie dans le recensement militaire. Sa parenté avec Boutteville est due aux registres du commerce. Ses travaux sur la verdunisation sont consultables dans les bulletins de la Société d'études scientifiques de l'Aude. Les renseignements sur les travaux de l'hôtel de ville figurent dans les délibérations du conseil municipal 1934-1935.

    Crédits photos

    Martial Andrieu

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  • L'impressionnant héritage Art-Déco de Jules Reverdy dans le département de l'Aude

    La Sous-Préfecture de Narbonne

    Jules Pierre Reverdy naît à Caunes-Minervois le 20 avril 1873 où son père exerce la profession d’instituteur public. Ses parents sont originaires de Trausse-Minervois, un village situé à une dizaine de kilomètres de là. Après son baccalauréat, le jeune homme devient l’élève à Toulouse de l’architecte Eugène Curiale et bénéficie d’une subvention départementale pour l’École des Beaux-arts de Paris. Il réussit le concours d’entrée et fait son apprentissage dans la classe de Gustave Raulin (1837-1910) à partir de 1894. Il en sort diplômé le 17 novembre 1905 et s’établit à Narbonne l’année suivante, 30 quai Vallière, jusqu’en 1931. Il s’installe ensuite à Carcassonne 14, rive gauche du canal, actuellement rue Pierre Sémard.

    Nommé architecte départemental le 1er septembre 1925, Jules Reverdy consacre l’essentiel de ses travaux à l’agriculture. On lui doit la construction de près de soixante-dix caves coopératives dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales. L’Ecole d’agriculture Charlemagne de Carcassonne est bâtie selon ses plans en 1928 par l’entreprise Fiorio. En qualité de membre de la commission des bâtiments publics et de la commission de l’hygiène à titre bénévole, on lui confie la création du Dispensaire de l’hygiène sociale du département de l’Aude à Carcassonne, l’Hôpital-hospice de Lézignan, les habitations à bon marché de Narbonne. Il réalise les monuments aux morts de  Rieux-Minervois en 1922 et de Lézignan-Corbières en 1923, de très nombreux groupe-scolaires, sans compter des bâtiments remarquables comme l’Hôtel des postes, la Chambre de commerce, et la succursale de la Banque de France de Narbonne en 1923.

    En qualité d’architecte des monuments historiques nommé le 15 février 1926, il expertise la cathédrale Saint-Just de Narbonne après l’incendie. Le 26 juillet 1933, il est fait chevalier de la légion d’honneur, après avoir reçu le titre d’Officier de l’Instruction publique. Jules Reverdy a laissé un patrimoine architectural impressionnant dans le département de l’Aude, que nous avons essayé de recenser ci-dessous. Si son nom a été injustement oublié, son œuvre de style Art-Déco doit être désormais étudiée avec précision par tous les étudiants en histoire de l’art. Gageons que nous y contribuons à travers cet article dans l’intérêt de notre héritage patrimonial. Jules Reverdy est décédé en 1957 ; il est inhumé au cimetière Saint-Michel de Carcassonne.

    Écoles et Groupe-scolaires

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    Ecole d’agriculture Charlemagne de Carcassonne (1928)

    Colonie scolaire de La Nouvelle (Aude)

    Peyric-Minervois

    Cruscades

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    Rieux-Minervois

    Trèbes (1933)

    Sallèles-Cabardès (1932)

    Lézignan-Corbières (1933)

    Agrandissement de l’école de Limoux (1932)

    Narbonne

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    Hôtel des postes

    Chambre de commerce

    Prison

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    Station œnologique

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    Banque de France (1923)

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    Palais de Justice

    Caserne de gendarmerie (1934)

    Immeubles à bon marché

    Autres bâtiments

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    Groupe scolaire et Foyer de Trèbes

    Station de pompage de Trèbes (1930)

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    Foyer municipal de Tournissan (1936)

    Postes de St-Laurent de la Cabrerisse (1922)

    Salle des fêtes de Latour-de-France (1923)

    Bains douches de Lézignan

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    Dispensaire d'hygiène sociale à Carcassonne (1940)

    Caves coopératives

    Carcassonne, rue Michelet (1933)

    Tuchan (1920)

    Fraisse-des-Corbières (1920)

    Rieux-en-Val (1929)

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    Lézignan-Corbières (1909)

    Saint-Marcel d’Aude

    Monuments artistiques

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    La nymphe à la source (1905) à Lézignan

    Sources

    La journée de l'Industrie 

    Agorah

    ADA 11 / 4N114

    Légion d'honneur

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