Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 554

  • Novembre 1964, on tourne "Le corniaud" dans la Cité

    Si je vous dis: Qui est Annie Claparède ? C'est sûr je vous pose une colle ! Pourtant chacun de vous l'a vue au moins une dizaine de fois... Oui, au cinéma et dans l'un des plus célèbres films du cinéma français. Je veux parler du Corniaud avec Louis de Funès et Bourvil. Vous vous souvenez de la serveuse du café de France qui dit sur la place de la basilique St-Nazaire: "On demande M. Saroyan au téléphone". Voilà, vous y êtes ! Eh bien, c'était une carcassonnaise qui avait à l'époque seulement 16 ans et que je viens de retrouver après plusieurs années au fond du Morbihan. Elle a bien voulu répondre à mes questions

    1234879614.jpg

    Comment avez-vous été choisie, vous aviez déjà fait du théâtre ? "J'ai simplement répondu à une annonce sur le journal dans laquelle on cherchait des figurants pour le film. Ensuite, je me suis présentée sur la place St-Nazaire où il y avait déjà au moins 200 postulants. Au bout d'un instant quelqu'un m'a tapé sur l'épaule et m'a demandé si je voulais faire un essai pour un rôle. C'était Gérard Oury... Vous avez donc fait cet essai ? "Oui et je me souviens même qu'on m'a demandé d'accentuer mon accent ! Après tout s'est enchaîné avec le tournage où nous avons recommencé la scène de nombreuses fois". Cela a duré longtemps ? "Je suis resté bien quinze jours avec eux. Nous déjeunions avec tous les acteurs et techniciens du films sur place où la production avait monté une cantine". Quels étaient vos rapports avec Louis de Funès ? "Il ne parlait pas; c'était un monsieur très discret et je pense que c'était son tempérament". Et Bourvil ? "Très gentil. Il me faisait beaucoup rire". Le café de France sur la place existait ou bien avait-il été monté pour les besoins de la scène ? "Non, c'était un magasin de souvenirs qu'ils ont transformé. Bien des années après en me promenant à Sorède (P-O) je suis tombé sur l'ancien patron du magasin, il était devenu ermite. Quelle coïncidence" ! Vous souvenez-vous du montant de votre cachet ? J'ai gagné 80 francs et à l'époque c'était beaucoup. Vous n'avez pas continué après ce début d'actrice ?" Figurez-vous que Gérard Oury voulait que j'aille avec eux à Paris. Il disait que j'étais une petite Jeanne Moreau. J'avais 16 ans et mes parents n'ont pas voulu me laisser partir. C'est dommage... Pour terminer y a t-il quelque chose qui vous a marqué ? "On me ramenait chez moi au centre ville tous les soirs avec la Cadillac du film, ça je m'en souviens !

    178576512.jpg

    Annie m'a gentiment envoyé le conducteur de la journée de tournage du mercredi 4 novembre 1964. Sur ce document figurent les scènes à tourner, la convocation des acteurs pour le maquillage. On voit également que l'équipe s'était installée à l'Hôtel Terminus.

    1387514708.jpg

    Bourvil au milieu des gardiens de la paix carcassonnais pendant le tournage

    947511086.jpg

    Annie Claparède a toujours eu une âme d'artiste. Avant de figurer dans le Corniaud, elle faisait de la danse chez Annie Brumas et avait été même élue Miss "Laines Woodmark" lors d'une soirée au Club, rue de l'Aigle d'or. "J'avais gagné un agneau et quand ma mère m'a vue arriver avec cet animal..." Tel Antoine Maréchal (Le corniaud, dans le film), elle a traversé les mêmes lieux mais à l'envers: Carcassonne (lieu de sa naissance), Naples (où elle a connu son mari) et Paris (où elle a habité pendant longtemps). En Italie, elle a été mannequin pendant un an puis elle a animé une émission de télévision. Le destin n'aura pas voulu qu'elle suive Gérard Oury mais elle n'a pas refusé à ses enfants de poursuivre une carrière artistique. Sa fille travaille au Crazy Horse et son fils s'est lancé dans la réalisation. Merci Suzanne... Oh! pardon, Annie Cangiano. Ça c'est vraiment un nom d'actrice, vous ne trouvez pas ?

    __________________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • La manufacture de chaussures Fidel Perxachs

    802_001.jpg

    Fidel Pexachs né en 1855 à Ripoll en Catalogne, s'installe à Carcassonne à la fin du XIXe siècle avec son épouse Dolorès Fuste et fonde une manufacture d'espadrilles au n°30 de la rue du marché (actuelle rue Tomey). On retrouve cette entreprise dans le Guide de l'Aude de 1897 avec celles de Albouze (49, Grand rue), Audouy (67, Grand rue), Coux (16, place Carnot), Fontvieille (26, rue de la gare), Lalanne (9, rue du port), Larregola (24, rue de la préfecture), Madaule (46, rue du 4 septembre), Pastre (32, Grand rue) et Salles (17, rue V. Hugo).

    fidel.jpg

    En 1904, on retrouve la manufacture sur le boulevard Omer Sarraut au rez-de-chaussée de l'hôtel St-Jean Baptiste (Photo: J. Blanco). Les magasins faisaient face à l'actuelle Rotonde; précisément sur l'emplacement du cinéma le Colisée. Pour bien comprendre, sachez que cet hôtel a été détruit vers 1912 pour construire le Grand hôtel Terminus et par conséquent, le Colisée n'existait pas encore. C'est juste pour donner sa position.

    753_001.jpg

    A gauche, l'entrée de l'ancien hôtel St-Jean Baptiste. Dans son prolongement, on aperçoit le store tiré du magasin Perxachs. L'entreprise d'espadrilles compte une quinzaine d'ouvriers, mais il faut également compter avec des familles entières qui travaillent à leurs domiciles pour Perxachs. Ainsi par exemple, au hameau de Villalbe, j'en ai dénombré moins de cinq.

    216_001.jpg

    Au moment de la construction de l'hôtel Terminus, c'est à dire en 1914, Fidel Perxachs ira s'établir à l'angle de la rue Pinel et de la rue de Verdun. L'ancien hôtel particulier de St-Martin dont il prendra possession, devient lieu d'habitation, atelier et magasin. A la morte du père fondateur en 1922, l'hôtel est vendu. Il y aura désormais deux lieux de vente.

    172_001.jpg

    Le premier, dans l'actuelle Maison des mémoires 53 rue de Verdun est géré par la veuve et l'un de ses fils. Une espadrille de plus d'un mètre était accrochée à la façade pour attirer le client. Le second, au n°34 de la rue de Verdun est géré par l'autre fils, Louis Perxachs. Là, un atelier produit des espadrilles et des bottes de cuir pour les vignerons. L'ensemble de la production est arrêtée vers 1950 en raison d'une trop forte concurrence, mais la vente se poursuivit en faisant une affaire plus que centenaire.

    4-jo (11).JPG

    Aujourd'hui, c'est Paul Appaix qui vend des chaussures sur l'emplacement du magasin Perxachs.

    Source

     Claude Marquié / La dépêche /17 septembre 2000.

    _______________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013

  • Une bien mystérieuse sépulture au château de Baudrigues

    Le 6 septembre 2012 nous écrivions l'article ci-dessous. Mais depuis...

    C'est en se promenant dans les bois du château de Baudrigue, situés sur la commune de Roullens qu'un de mes amis (Damien) allait faire une bien étrange découverte. Connaissant mon goût prononcé pour les énigmes et mon exaltation à tenter de les déchiffrer, il se mit hier en rapport avec moi et m'envoya quelques clichés. Ne pouvant pas me rendre sur place, j'ai passé toute la soirée à les visionner.

    1464488962.png

    Perdu au milieu d'un bois gagné par la végétation, un banc rouillé n'entend plus le recueillement et la prière d'une âme éplorée.

    2843839804.JPG

    Seule la tombe, rendue presque muette par les outrages du temps garde ces stigmates comme autant de cicatrices sur ce sol endeuillé.

    On peine à lire:

    Ci-git

    Charlotte de Beon

    Comtesse d'Hautpoul

    décédée à Carcassonne

    le 15 juillet 1818

    L'honnorable Miss Vernon

    Dame d'honneur de S.M

    La Reine d'Angleterre

    a fait ériger ce monument

    religieux en témoignage

    de son amitié pour la défunte

    Priez pour le repos de son âme

    4162848064.jpg

    Les armoiries de la famille de Béon (ci-dessus)

    Quelle fille issue de cette famille s'est mariée avec un Comte d'Hautpoul ?

    1446639920.jpg

    Il s'agit de Marie Madeleine Charlotte Christine de béon du Massés-Cazaux née en 1767, fille du marquis Gabriel-Guillaume de Béon du Massés-Cazaux. Elle se maria en première noce avec un lointain cousin François-Frédéric de Béon-Béarn au château de la Serpent, le 22 janvier 1776.

    1474977912.jpg

    Le château de la Serpent dans l'Aude (près de Couiza)

    2620045730.jpg

    Elle fut reçue aux honneurs de la cour en 1782 et jusqu'à la Révolution, elle occupa une place de Dame pour accompagner Madame Adélaïde (ci-dessus), fille de Louis XV.

    3054118273.jpg

    Les armoiries de la famille d'Hautpoul

    Marie Madeleine Charlotte Christine de Béon épousera en seconde noces en 1808, Joseph Marie Grégoire Prosper d'Hautpoul, comte d'Hautpoul. Ce dernier est Chevalier de l'Ordre de Malte depuis le 27 juillet 1775 et sert dans les ambassades du marquis de Bombelles.

    Questions

    Pourquoi la comtesse d'hautpoul est-elle décédée à Carcassonne?

    Il est probable que se soit lors d'une visite à sa belle famille. Guillaume Dominique Laperrine-D'Hautpoul était à ce moment là, le propriétaire du château de Baudrigue. Il deviendra Député de l'Aude en 1827.

    Pourquoi est-elle inhumée dans le parc du château?

    Les nobles avaient le droit de sépulture sur leur sol et il faut supposer qu'on n'a pas eu le temps de faire transporter le corps dans le caveau de famille.

    Quels rapports avec la Reine d'Angleterre?

    Le premier époux de la comtesse avait servi après la Révolution française pour un régiment de son nom, au service de sa Majesté le Roi de Grande-Bretagne.

    Quelle Reine a fait alors ériger ce monument?

    Il s'agit soit de l'épouse de Guillaume III, la reine Charlotte. Soit, peu probable, quelques années après de la Reine Victoria.

    Que va devenir cette sépulture?

    Jusqu'à aujourd'hui aucune date ne donnait le décès de la comtesse. Gageons que ce travail permettra de la sauver...

    ______________________________________

    Quelques six mois après la parution de cet article, deux descendants de Charlotte de Béon du Massés-Cazaux se signalaient à moi, forts contents que nous ayons retrouvé la tombe de leur aïeule. Ils en ignoraient l'existence. Le premier fut George de Ginestet de Puivert; le second, Gilles Mauléon de Narbonne. Tous deux m'ont apporté ceux qu'ils savaient sur Charlotte de Béon, comtesse d'Hautpoul.

    Généalogie

    Marie Charlotte de Beon Cazaux Contesse de Beon Beon.jpg

    Marie Magdeleine Charlotte Christine de Béon du Massés de Cazaux est née le 9 août 1757 au château de la Serpent (Aude). Elle est baptisée le jour même en l'église paroissiale St-Etienne.

    Gabriel Guillaume Marquis de Beon, pere de Marie Charlotte de Beon Cazaux.jpg

    Elle est la seconde fille et enfant, devenue aînée après sa soeur Marie-Louise Gabrielle (1754-1762), de Gabriel Guillaume de Béon de Massés de Cazaux, chevalier, marquis de Cazaux puis marquis de Béon de Massés de Cazaux. Il est sous-lieutenant des Gardes du corps du Roy, compagnie du Luxembourg, au rang de Mestre de camp, puis Brigadier des Armes du Roy.

    Marie Madeleine Charlotte de Lombard de Montauroux, mere de Marie Charlotte de Beon.jpg

    Sa mère est Christine Marie Magdeleine de Lombard de Montauroux.

    Frederic de Beon Bearn, epoux de Marie Charlotte de Beon Cazaux.jpg

    Charlotte se marie le mercredi 23 janvier 1776 en l'église de La serpent avec messire François Frédéric de Béarn de Béon (1754-1802), fils de du Comte de Béon de la Palu et de Anne de Puybérail, dame de Troncens. Elle a 18 ans et lui 22, ils sont donc mineurs (la majorité est à cette époque à 25 ans) et procèdent en présence du consentement de leurs parents.

    Mademoiselle de Beon, contesse de Mauleon, fille de Marie Charlotte.jpg

    De cette union naîtra mademoiselle de Béon, comtesse de Mauléon. Puis, François Antoine Henri de Béarn de Béon (1779-1820), décédé à La serpent.

    A la cour du Roy de France

    Charlotte est présentée à la cour du Roy Louis XVI en mai 1780. Son père fit rédiger un mémoire par Chérin le 25 avril 1780 à l'occasion de cette présentation.

    Jean Antoine de Beon, dit l'abbe de Beon, oncle de Marie Charlotte, aumonier de madame Adelaide fille de France.jpg

    Charlotte descend des principales branches de la maison de Bourbon et le dernier Roy de France dont elle est issue est Louis XI. Cependant, c'est grâce à Jean Antoine Nicolas de Béon (portrait ci-dessus), oncle paternel de son père et aumônier de Madame Adélaîde de France (fille de Louis XV) que Charlotte obtient sa nommination de Dame à accompagner en 1782.

    La Révolution française

    A la Révolution, nombreux sont les aristocrates à fuir la France pour échapper aux sans-culottes. Charlotte suivra madame Adélaîde à la cour d'Angleterre. C'est là qu'elle fait la connaissance de Miss Caroline Vernon (1751-1829), fille d'Henry Vernon né le 17 septembre 1718, dame de compagnie la Reine consort Charlotte d'Angleterre. Ce qui explique la mention de son nom sur l'épitaphe de la dalle funéraire trouvée à Baudrigue.

    Retour d'exil

    Charlotte rentre en France au moment où un décret de Napoléon, autorise le retour d'exil des aristocrates. Entre temps, son époux Frédéric de Béon était décédé sur l'île de la Trinité (Trinidad et Tobago). Revenue sur ses terres, elle se remarie en 1808 avec Jospeh Marie Grégoire Prosper d'Hautpoul, comte d'Hautpoul. La mort de Charlotte est pour le moins étrange, car d'après des correspondances conservées par Gilles de Mauléon de Narbonne, elle craignait pour sa vie. Quelques heures avant son trépas, elle ne se sentit pas bien malgré une très bonne santé. Pour son aïeul, il ne fait pas de doute que la comtesse fut empoisonnée par son second époux, le comte d'Hautpoul. Celui-ci aurait convoité sa fortune.

    Sépulture

    La comtesse d'Hautpoul est décédée le 15 juillet 1818 à Carcassonne et inhumée au cimetière St-Vincent. La tombe fut exhumée et déplacée ensuite par le comte, mais personne jusqu'à aujourd'hui, ne savait dans quel endroit. C'était donc à Baudrigue, propriété de la famille d'Hautpoul à cette époque. Voilà une énigme résolue. Reste à savoir si le corps de Charlotte se trouve bien sous la dalle funéraire...

    Le tableau de Charlotte de Béon de Massés-Cazaux

    867005681.jpg

    Ce tableau peint par Mme Vigée-Lebrun en 1787 a été vendu aux enchères en 1949 à New-York chez Parke-Bernet (devenu Sotheby's). Il se trouve aujourd'hui au musée de Tucson dans l'Arizona (USA). Cependant, il existe trois autres portraits de Charlotte: une copie au même format au château de La serpent, une miniature (non signée) de Charlotte au clavecin, une replique exacte de celui de Mme Vigée-Lebrun signée de Mlle Boquet en 1788 (portrait en couleur présenté plus haut).

    Je remercie vivement George de Ginestet de Puivert et Gilles de Mauléon de Narbonne.

    _____________________________

    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2013