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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 39

  • La poussière sous le tapis de la Bastide Saint-Louis

    Par suite de l’affaiblissement de l’offre commerciale dans le centre-ville de Carcassonne, nous avons tenté de comprendre les raisons pour lesquelles les enseignes fuient la Bastide. Pourquoi les études de marché ne les inclinent pas à s’y installer. La construction de zones en périphérie ne joueraient pas, elles seules, le rôle de siphon s’il n’y avait pas un problème lié à la paupérisation et au faible nombre de résidants. La Bastide ne compte plus que 2000 habitants. Trois ou quatre fois moins qu’il y a 30 ans. Elle a perdu le conseil général, la chambre d’agriculture, le centre de tri postal, etc.

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    Des réhabilitations de façades

    Aussi, nous nous sommes rendus à la mairie à la Direction des services à la population. Nous en sommes sortis avec un document intitulé « Données urbaines infra communales par quartier ». Cet outil statistique, réalisé précisément à partir des données recueillies et compilées par l’INSEE, nous a permis d’interpréter les graphiques.
    Il n’étonnera personne si nous prétendons que les immeubles de notre Bastide Saint-Louis ont été majoritairement bâtis avant 1949. C’est le cas pour 80 % d’entre-eux et, dans la même proposition, ce sont des locataires qui y résident. Par ailleurs, 25% des logements sont vacants (Le taux le plus important de Carcassonne), car pour la plupart du temps insalubres ou bien rénové mais ne trouvant pas preneur. Seuls 18% de propriétaires vivent à l’intérieur du centre historique. Ceci n’aurait qu’une incidence minime, si ces locataires bénéficiaient majoritairement de revenus au-dessus de la moyenne observée pour l’ensemble de Carcassonne. Or, ce n’est pas le cas. Le revenu annuel moyen d’un habitant de la Bastide s’élève à 12485 € ; les autres 50% sont partagés entre les plus modestes (5000 € annuels) et les plus riches (21196 € annuels). C’est le taux de revenus le plus bas de Carcassonne, avant le quartier du Viguier dont la moyenne s’établit à 14104 € annuels.

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    Des immeubles en ruine menacent de s'effondrer, rue des Etudes

    Les actifs pour 53% d’entre-eux vivent à l’intérieur des boulevards ; les inactifs restent partagés entre les chômeurs (18%), les personnes au foyer (14,5%), les retraités (5%) et les élèves ou étudiants (8,4%). Le pouvoir d’achat des « Bastidiens » ne peut guère atteindre des sommets. La raison principale réside dans les fait qu’ils sont majoritairement employés ou ouvriers. 45% des habitants ont aucun diplôme ou seulement le CAP-BEP. Les cadres et professions libérales ne sont que 5% à résider autour de la Place Carnot. Cette situation est analogue à celle des quartiers Ozanam, Castors, La Conte et Saint-Jacques. De quoi vivent ces habitants majoritairement composés d’hommes et de femmes seules entre 19 et 58 ans ? Les couples avec enfants sont nettement sous représentés. 35,5% subsistent uniquement avec les prestations sociales ; c’est le même pourcentage qu’au Viguier. 26% bénéficient de la Couverture Mutuelle Universelle, comme à La Conte et Ozanam.

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    En centre-ville, à défaut de pouvoir louer à la hauteur de l'argent investi dans les travaux, les propriétaires font de l'optimisation immobilière dans la location saisonnière sur AIRBNB. La Bastide n'est plus que le royaume des boites à clés. Des touristes qui montent visiter la Cité, mais qui en Bastide n'ont accès à aucune ouverture des Hôtels particuliers. Ils cheminent avec un simple plan offert par l'Office du tourisme. Observez également en journée le nombre de volets clos dans les rues de la Bastide...

    Le quartier le plus riche de Carcassonne se trouve à côté de l’ancien hôpital Antoine Gayraud. C’est désormais là que résident les plus fortunés. Autrefois, c’était le quartier du Palais à deux minutes de la Bastide…
    En déplaçant la richesse en périphérie, rien d’étonnant pour la Bastide.
    L’ensemble de ces données est consultable librement.
     
    Sources
     
    INSEE 2011-2018
    Données urbaines infra communales par quartiers / Mairie de Carcassonne
     
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  • Le Tour de France des indépendants à Carcassonne le 23 août 1910

    Totalement oublié, le Tour de France des indépendants, est une course cycliste dont la première édition a lieu du 7 août au 4 septembre 1910. Divisée en quatorze étapes dantesques de plusieurs centaines de kilomètres, elle réunit au départ de Paris 652 coureurs et n’en compta que 316 à l’arrivée, un mois plus tard. On appelle également cet évènement sportif Le tour de France Peugeot-Wolber, du nom des deux sponsors à l’origine de la course. Il était d’ailleurs mis en jeu pour le vainqueur du classement général une voiturette Lion fabriquée par Peugeot, d’une valeur de 6000 francs (18 000 €). A chaque étape, le premier à l’arrivée remportait une moto Peugeot équipée de pneus Wolber.

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    Le départ à Montpellier le 23 août 1910

    Le 23 août 1910, la huitième étape s’élança à 7 heures du matin de Montpellier pour rallier Toulouse, neuf heures plus tard… A Carcassonne, l’unique garage-contrôle de l’étape avait été installé dans le Jardin des plantes, actuel Square Chénier. Devant une foule enthousiaste et la musique de la ville, les premiers coureurs à passer furent Garec, Valloton, Guénot et Dezy.

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    Le garage-contrôle au Jardin des plantes

    « Un monde fou se pressait ce matin aux abords du parc fermé de notre ville, contrôle fixe de la huitième étape du Tour de France indépendants. Le parc fermé était installé grâce à l’autorisation de la municipalité sportive de Carcassonne sur le Jardin des plantes, et le contrôle était en face du Café Continental. Le contrôle fixe était tenu par MM. Allary, chef délégué de l’UVF, assisté de MM. Gélérat, chef consul de l’UVF ; Bajouet, délégué ; Semba, sous-délégué de l’UVF ; Pacou, Président de l’Union cycliste Lion ; Rettmeyer, Président de l’ASC ; Calvet, représentant la marque Peugeot.

    A partir de 12h30, on attend les coureurs. Mais, retardés par un vent violent qui les gens jusque’à Castelnaudary, le premier peloton, emmené par Valloton, n’arrive qu’à 1h08. Il comprend en outre, Guénot, Sadi-Bricout, Pélissier, Julien Loisel, etc. Le Carcassonnais Lagarde arrive à 1h20. Notre autre concitoyen Icher, passe à 1h27. Le service du parc fermé, assuré par le commissaire adjoint Emile Comaille, fonctionna à la perfection, de même que le service de ravitaillement assuré par Barthélémy, Ott et Cotten. Grand succès pour la marque Peugeot à Carcassonne. »

    Carcassonne était représenté par cinq coureurs : Pierre Lagarde, Médéric Fraissinet, Léopold Icher, Antonin Dupin et A. Roy. Antonin Dupin, né le 29 février 1892 à Carcassonne exerçait la profession de mécanicien de cycles et de motos. Résidant 57, route de Toulouse, il possédait ses ateliers, 7 rue Barbès. Médéric Fraissinet participa ensuite comme professionnel au Tour de France en 1912, puis à Paris-Tours l’année suivante. 

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    Quant à Léopold Icher, il réalisa une très belle performance durant ce Tour de France indépendants en terminant 42e au classement général. Il se classa neuvième de la 1ère étape, cinquième de la 6e et treizième de la 11e. Né à Pomas le 11 avril 1890, constructeur de cycles de son état au 61 de la rue de la mairie (rue Aimé Ramond), Icher occupera des fonctions au sein de l’ASC cycliste en 1935.

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    Guénot, le vainqueur de l'épreuve à Paris

  • La Cité de Carcassonne dessinée par Emmanuel Champseix (1890-1983)

    On ne connaissait rien de lui. Pas une biographie de l'artiste, même pas un indice. Ah ! Si... Il suffit qu'un marchand lui attribuât le prénom d'Emile pour que les autres en fissent de même. Nous avons donc entrepris des recherches généalogiques afin de retrouver trace de cet énigmatique dessinateur. En fait, Emmanuel signait E. Paul Champseix. Né le 20 novembre 1890 à Tulle dans le département de la Corrèze, le jeune homme va s'installer avec ses parents en région parisienne. Il perd son père à l'âge de 19 ans le 8 décembre 1909 et vit avec sa mère à Romainville, rue Carnot. On peut supposer qu'il fait durant cette période des études de dessin. Le registre du recensement militaire l'enregistre comme exerçant la profession de dessinateur. Durant la Grande guerre, Emmanuel Champseix reçoit l'hommage de la Nation pour ses actes de bravoure. On lui attribue La Croix de guerre avec Palme. Après quoi, il se marie avec Gilberte Louise Eugénie Counil (1900-1988) et commence à illustrer des affiches pour la Compagnie des Chemin de fer.

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    Les Années folles sont propices à la détente. Le tourisme se développe et le rail achemine les vacanciers sur les plus beaux sites de France. Avec grand talent, Emmanuel Champseix va illustrer un nombre conséquent d'affiches entre 1928 et 1939. L'exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, l'inspire très certainement. Les affiches, imprimées chez Lucien Serres à Paris, sont mises en vente dans les gares pour la somme de cinq francs.

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    "Nous contemplons celle que M. Champseix a consacrée à Carcassonne, qui prépare sa fête du mois prochain. La médiévale Cité nous apparaît, hérissée de tours, par-delà la rive droite de l'Aude, dans la ceinture crénelée et son ellipsoïdal. L'artiste nous en montre seulement un côté très pittoresque où le soleil verse à flot ses rayons d'or ; il l'a vêtu de violents coloris, parmi lesquels domine le bleu. Son tableau est d'un saisissant effet, il attire et capte tous les regards." (La vie montpelliéraine / 16 juin 1928)

    Pendant l'Occupation allemande, Emmanuel Champseix s'engage très rapidement dans la Résistance. Il entre au sein du réseau Turma-Vengeance (Résistance Intérieure Française), mais comme beaucoup de ses camarades, il finit par être arrêté. Le 28 avril 1943, un convoi l'amène depuis Compiègne au camp de concentration de Sachsenhausen. A l'écart des SS, le peintre poursuit son œuvre et produit un huile (Paysage d'hiver) sur du contreplaqué. Il reviendra de cet enfer à la libération des camps en 1945. Membre des anciens déportés de Sachsenhausen, Emmanuel Champseix ne cessera de témoigner. Retiré dans les Côtes d'armor, il s'éteint le 8 août 1983 à l'âge de 93 ans.

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