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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 39

  • Qui était J-B Dons dont un passage caché porte le nom ?

    En haut de la rue de Verdun, il existe un passage très discret. À tel point que le nom du personnage à qui il fut attribué est, non seulement caché mais également mal orthographié. On lit sur la plaque : « Passage Jean-Baptiste Dons ». Curieux, comme toujours, nous avons alors recherché qui pouvait bien être cet illustre inconnu. Nous avons alors conclu qu’il s’agissait de Joseph Baptiste Dons (1863-1957), ancien premier adjoint du maire Albert Tomey. Après avoir rasé l’école Victor-Hugo, la municipalité Ancely avait laissé le chantier à son successeur Raymond Chésa. Ainsi, le Groupe Marcou fit-il sortir de terre l’îlot Victor Hugo en 1983, selon les plans du cabinet Galibert. Le passage dont il est question permet de rejoindre la cour de l’îlot par la rue de Verdun. C’est une espèce de coupe-gorge non éclairé et à la saleté repoussante. Lorsqu’il fut décidé d’attribuer à J-B Dons la mémoire de ce lieu, les services municipaux ont certainement pensé que J-B était Jean-Baptiste, sans pour autant désigner sa qualité. 

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    Joseph Baptiste Dons naît à Pennautier le 6 octobre 1863 d’un père tisserand et d’une mère sans profession. Famille plus que modeste pour cet élève brillant qui rejoint l’Ecole normale d’instituteurs de Carcassonne de 1879-1882. C’est toute la grandeur de la République que d’offrir à ses enfants les plus méritants, les mêmes chances que celles des plus fortunés. D’abord instituteur suppléant le 1er novembre 1882, Joseph Baptiste Dons obtient un poste d’adjoint à l’école du Bastion le 19 janvier 1884. Marié à Anna Mazières en 1887, sa fille Marie naît de cette union en 1889. Le couple s’installe 49, rue des études à Carcassonne.

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    Entrée de l'ancienne Ecole Victor Hugo

    L’école Victor Hugo vient tout juste d’être créée le 1er mai 1905, quand J-B Dons y est affecté comme directeur. Il y restera jusqu’en 1925, avant d’être nommé comme directeur d’école honoraire. Ceci explique sans doute que l’on ait donné son nom au passage qui rejoint cet ancien établissement. Tandis qu’il veille à l’instruction et à l’éducation des nombreuses générations d’élèves qui lui sont confiés successivement dans les deux grandes écoles du Bastion et de Victor Hugo, J-B Dons prend une part très active à toutes les oeuvres complémentaires : cours d’adultes, amicale laïque, patronage laïque, oeuvre des enfants à la montagne et à la mer, apprentissage. Membre de la Société d’études scientifiques de l’Aude à partir de 1927.

    Élu d’abord conseiller municipal sur la liste Tomey en 1925, il devient ensuite le premier adjoint de la commune. Lors de sa nomination au grade de Chevalier de la légion d’honneur le 30 juillet 1932, le préfet de l’Aude écrit de lui :

    Après un court passage dans les classes élémentaires de l’École du Bastion, M. Dons fut chargé spécialement (1891) de la préparation au certificat d’études dans ce grand établissement scolaire. Depuis cette époque, au Bastion d’abord, à Victor Hugo ensuite, sans prendre un jour de congé, il s’attache à son oeuvre en faveur des enfants du peuple. Près de mille élèves obtiennent ce diplôme ; 18 fois le n°1 appartient à son école ; en 1901, 47 élèves prennent part à l’examen, ils sont tous reçus. En même temps, M. Dons s’achemine vers l’École unique ; il choisit tous les ans les élèves les mieux doués et les fait recevoir aux bourses des lycées ; près de 150 enfants issus des classes laborieuses de Carcassonne lui doivent d’avoir fait de brillantes études secondaires.

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    Au lendemain de son admission à la retraite, M. Dons a été élu conseiller municipal de Carcassonne ; ses collègues lui confiaient aussitôt l’écharpe de 1er adjoint. Depuis 1925, M. Dons collabore étroitement à l’administration municipale aux côtés de son ancien élève le docteur Tomey, maire de Carcassonne. 

    En raison de la très grande popularité dont jouit M. Dons, de sa vie toute de dévouement, de labeur et de fidélité aux institutions républicaines, j’ai l’honneur de solliciter pour lui la croix de chevalier de la légion d’honneur qui sera très bien accueillie par la population entière.

    Joseph Baptiste Dons meurt à Carcassonne le 16 mars 1957 à l’âge de 94 ans.

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  • Le groupe scolaire Art-Déco de Saint-Hilaire d'Aude

    À l’origine, les élèves de l’école de Saint-Hilaire suivaient leur scolarité dans deux lieux différents inadaptés et insalubres. Les filles devaient monter au Fort près du cloître de l’abbaye ; les garçons, face au béal derrière l’ancien hôtel de ville. En 1930, la ville comptait 877 habitants. Il devenait urgent de bâtir de nouveaux locaux afin d’accueillir des enfants de plus en plus nombreux. La municipalité Fages se mit donc en quête d’un terrain éloigné du bruit et du voisinage. Elle manifesta son intérêt pour la vigne de M. Jeanjean au lieu-dit « Le plô » d’une contenance de 3063 m2. L’emplacement sera situé à 25 mètres du Lauquet, en dehors du champ d’inondation. En 1891, la crue du siècle n’avait atteint que 7,70 m. Loin des 10,60 m de hauteur de ce terrain. M. Jeanjean ayant refusé de céder sa parcelle au prix proposé, fut exproprié à 15 francs / m2. 

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    Le projet, présenté en conseil municipal, fut adopté par le préfet de l’Aude le 16 novembre 1936. Edouard Célestin Ribes (1868-1945), ingénieur principal à Limoux, dressa les plans du futur Groupe scolaire. L’entreprise Michel Chordy de Lézignan rapporta l’adjudication des travaux le 28 février 1937 pour un montant de 591 480 francs. On songea dans un premier temps à se fournir en moellons dans la carrière de Planepujade. Le filon étant épuisé, la pierre de Roquetaillade remporta pour un temps l’adhésion. Au début de l’année 1937, Edouard Ribes se retira du chantier. Au pied levé, Marius Pierre Sicre (1864-1947), ingénieur originaire de Saint-Hilaire, prit sa succession. On lui doit plusieurs groupes scolaires dans la région de Limoux.

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    La façade, initialement prévue en pierre blanche de Beaucaire, fut abandonnée. La société des ciments français ayant acquis la carrière, la façade sera bâtie en béton. Sur le devant, on planta une série de platanes en bordure de la route. Le nouveau Groupe Scolaire de Saint-Hilaire-d’Aude fut achevé et livré le 23 novembre 1939. 

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  • Françoise Raynaud, l'architecture comme nature du vivant

    © La dépêche 

    Françoise Raynaud naît à Carcassonne en 1959. Elle passe son enfance dans une grande maison située rue de la République, dans laquelle son père Alfred a son atelier de peinture et de sculpture. Artiste amateur très éclairé, on lui doit le masque mortuaire de Joe Bousquet. Dès l’âge de 5 ans, Françoise se passionne pour l’architecture dont elle veut faire son métier. Viollet-le-duc, l’inspire. Sa boite de Lego est déjà pleine d’idées de constructions en rapport avec cette nature qu’elle admire au Mas-Cabardès. C’est dans ce village de la montagne-noire que la famille s’éloigne, durant les week-ends, du tumulte de la ville-basse. Après la mutation professionnelle de son père à Sète, la jeune fille obtient brillamment son baccalauréat en 1977. Elle persiste à devenir architecte, s’envole vers Paris et loge chez son frère Patrick, de treize ans son aîné. Patrick Raynaud dirige à cette époque l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs. Lui, aussi, né à Carcassonne en 1946. Aujourd’hui, sculpteur et photographe.

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    Françoise Raynaud entre à l’école de La Villette avec Roland Castro comme directeur d’études. L’homme est connu pour être un défenseur de l’architecture politique et citoyenne. Son diplôme en poche, elle part en Australie en 1984 pour rencontrer un architecte un peu fou. Glenn Murcutt travaille avec les aborigènes. Hélas ! L’artiste travaille seul… De retour en France, Jean Nouvel devient son mentor. Il lui confie le chantier de l’Opéra de Lyon, puis la construction d’une tour de 425 mètres de haut. Une première en France ! Françoise Raynaud travaille avec l’ingénieur Tony Fitzpatrick afin de se familiariser avec ces types de constructions. Durant son tour du monde, elle découvre en Asie le Feng-Shui, philosophie chinoise en relation avec la nature proche du taoïsme.

    En 2002, elle fonde son agence d’architecture : Loci anima. Trois ans plus tard, elle remporte un concours pour la construction d’une tour de 21800 m2 (30 étages) à New-York près de Greenwich village (110, Charlston street). C’est la première femme a réaliser pareil exploit.

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    Conçu de manière durable comme tous ses projets, Greenwich West présente une façade en briques faites main avec des accents vitrée personnalisés spécialement conçues pour ce projet par une vénérable briqueterie belge

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    Françoise Raynaud compte à son actif de très beaux bâtiments comme la médiathèque d’Angoulême. Toutefois, son projet le plus abouti selon elle, demeure la tour Haute-définition d’Issy-les-Moulineaux pour laquelle elle reçoit le prix « Care d’or » en juillet 2022. Actuellement, l’agence Loci Anima est en concurrence pour obtenir le projet du Grand Palais à Paris.

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    Nul n'est prophète en son pays. Le projet de médiathèque pour Carcassonne qu'elle avait dessiné n'a pas abouti en 2013. Elle devait se construire au bord de l'Aude. Un vis-à-vis avec l'oeuvre de celui qui a initié son désir d'architecture : Eugène Viollet-le-duc.

    Une conférence de Françoise Raynaud à suivre ci-dessous

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