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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 39

  • Le Bastion Montmorency est menacé d'écroulement

    Nous apprenons ce matin dans la presse locale que le Bastion Montmorency est menacé par l’érosion. Des pierres se désolidarisent de la paroi et chutent six mètres plus bas. Ce fait nous avait été déjà rapporté par un internaute, il y a un mois. Il avait remarqué que le groupe Korian, propriétaire du Bastion et de la maison de retraite qui l’abrite, s’était résolu à disposer des barrières de chantier. Au-delà de la question de la préservation de notre héritage historique, il convient de s’interroger sur celui de la protection des passants.

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    La photographie que nous publions ci-dessus a été prise le 24 novembre dernier. Or, l’arrêté municipal interdisant le passage à proximité du Bastion a été signé le 20 décembre. Nous voyons que ce ne sont pas les mêmes barrières et la même délimitation. La ville n'est intervenue que récemment.

    « À compter du mardi 20 décembre et jusqu’à la levée des risques, le stationnement de tout véhicule est interdit le long du côté gauche du mur du Bastion de Montmorency, de la rue Jean Bringer jusqu’au feu tricolore boulevard du Ct Roumens."

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    Pourquoi donc la mairie a-t-elle attendu plus d’un mois pour publier cet arrêté ? Il faudrait également savoir si durant la période qui a précédé cette interdiction, le marché du samedi a été maintenu le long du mur. Que serait-il advenu si d’aventure une pierre avait dû écraser le crâne d’un passant ? Avant d’installer le marché à cet endroit en 2021, une étude n’aurait-elle pas dû être menée afin de s’assurer du risque… 

    Comme nous l’écrivons, le Bastion Montmorency appartient à un privé. Toutefois, il se trouve à l’intérieur du périmètre sauvegardé de la Bastide Saint-Louis. La responsabilité du groupe Korian c’est de réaliser désormais les travaux afin d’assurer sa solidité. 

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    Des arbustes poussent dans le mur du Calvaire et déchaussent les pierres

    La commune de Carcassonne n’est pas en reste. Le Bastion du Calvaire dont elle est propriétaire, va mal. Nous ne parlons pas du jardin, c’est une évidence. Il s’agit des murs donnant sur les boulevards Marcou et Barbès. Le risque de voir, là aussi, s’écrouler l’édifice du XVIe siècle est bien réel. Sinon, pour quelles raisons le service patrimoine de la ville n’aurait pas engagé en 2003 une étude courtage pour faire un chiffrage ? Cette étude est hélas restée dans les cartons. Le chantier n’a pas débuté. Aujourd’hui, la facture s’est considérablement élevée. A tel point, qu’il faudrait la multiplier par trois par rapport à 2003. C’est sans doute bien cela, la Magie de Noël du patrimoine Carcassonnais. M. Dupont aurait désormais parmi ses compétences, le service patrimoine de la ville.

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  • Le martyre d'Edouard Fabre, assassiné par la Milice de l'Aude

    © Laurent Denis / FTV

    Faisant suite à une opération menée depuis le 17 juillet 1944 par les Allemands à Villebazy, la milice fait la chasse aux maquisards du coin. Le 9 août, plusieurs d’entre eux se présentent à la ferme de Cantauque. Le régisseur, Edouard Fabre, entretient des liens avec le maquis de Villebazy ; le domaine sert de lieu de parachutages. Vassas, Detours, Latour, Bonnet et les frères Vidal se font passer pour des résistants. Non loin de là, en appui défensif, une trentaine de leurs sbires se tiennent prêts à intervenir. Une fois démasqués, ces francs-gardes procèdent à l’interpellation de Fabre et de son beau-fils, François Farges. Trois ou quatre ouvriers agricoles sont également embarqués, mais relâchés peu de temps après. On les amène à la caserne de la Milice de l’Aude, située dans l’ancien asile de Bouttes-Gach à Carcassonne. 

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    Caserne de Bouttes-Gach, route de Toulouse

    Dans la nuit du 13 au 14 août 1944, Edouard Fabre est amené dans le poste de garde par des miliciens. De mauvais traitements y sont administrés : gifles et coups de poings. Fabre s’était soi-disant blessé à la tête en dégringolant les escaliers. « Le fils Vidal était tout fier de raconter que pour calmer les douleurs à la tête, il lui administra une bonne correction, puis une douche et enfin l’avait calmé à l’éther. » François Farges, est alors sollicité pour aller chercher son beau-père afin de le ramener dans sa cellule. « Je m’y rendis en compagnie du détenu Léon Gilg et en arrivant dans le poste de garde, j’ai constaté que mon beau-père était allongé sur le parquet, sans couverture et en chemise. Il ne me reconnut pas. Un des frères Vidal qui se trouvait dans le poste de garde en compagnie d’autres miliciens, me firent savoir que mon beau-père venait d’être piqué pour être calmé. Il décédait à onze heures trente. Il ne fait aucun doute qu’il a subi de graves sévices de la part des miliciens, car son visage et son corps étaient tuméfiés, et il ne reprit pas connaissance jusqu’à sa mort. »

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    Villebazy

    Il apparaît dans le dossier militaire que Fabre a été réformé en 1940 pour éthylisme chronique. Lors de sa détention, il fut pris de démence et sa frappa la tête contre les murs afin d’obtenir de l’alcool. Le sevrage auquel le détenu fut soumis entraîna les pires tourments. On le sortit de sa cellule et dans le poste de garde, les miliciens cherchèrent à le calmer à leur manière. L’injection  sous-cutanée de l’éther sulfurique a très certainement entraîné la mort d’Edouard Fabre. Le médecin Assalit de la Milice conclut à une crise de délirium tremens. Indépendamment de sa grande dépendance à l’alcool, la mort d’Edouard Fabre est due à la responsabilité de la Milice. Le 7 mai 1957, il obtiendra la mention « Mort pour la France ». Son nom figure sur le monument aux morts de Villebazy.

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    Edouard Fabre n'a pas été assassiné par les nazis, mais par les français de la Milice

    Edouard Jean Louis Fabre était né le 7 décembre 1899 à Séverac-le-château dans l’Aveyron. Cultivateur de son état, son travail l’avait amené dans le département de l’Aude. 

    Sources

    Dossier de Jean Vidal devant la Cour de justice de l'Aude / Avril 1945

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  • Cure de jouvence pour le Grand Hôtel Terminus

    Le Grand Hôtel Terminus dont la construction remonte à l'été 1914 vient de retrouver tout l'éclat de sa passé. Il fallait pour cela un investisseur, de gros sous et un projet suffisamment viable pour redorer son lustre d'antant. Partout en France, les grands hôtels de ce type n'ont plus guère la côté en centre-ville. La concurrence avec les location saisonnières ou les hôtels avec appartements où l'on peut faire sa cuisine, est rude. Alors ces anciens navires sont découpés en logements ou bien, comme à Carcassonne, en résidences séniors. Depuis près de deux ans, la société "Les jardins d'Arcadie" a jeté son dévolu sur notre magnifique bâtiment, ancien fleuron de l'hôtellerie Carcassonnaise du début du XXe siècle.

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    Après de très nombreux travaux, il a fallu transformer et aménager les locaux afin qu'ils soient fonctionnels. La gageure fut de préserver le cachet architectural Art-nouveau du Grand hôtel Terminus, signé par Belin. À savoir non seulement la superbe façade, mais également le hall avec son escalier d'honneur.

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    Tout ceci, selon les préconisations de l'Architecte en Chef des Bâtiments de France. L'hôtel n'étant pas classé, on aurait pu s'attendre à ce qu'il soit découpé, hachuré et finalement démantelé. Au lieu de ce cauchemar, les négociations ont abouti à un merveilleux modus-vivendi dans lequel tout le monde a trouvé son compte. Certes, le propriétaire a obtenu un aménagement couvert de la terrasse. C'est là, toutefois, la seule modification visible de l'extérieur qui peut interloquer les plus tatillons d'entre-nous. Pour le reste, tout paraît être resté en place.

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    La vieille porte tambour donnant sur le hall d'entrée restitue tout l'esprit d'un palace, sans que l'on puisse se douter que l'on rend visite à l'un de propriétaires des appartements pour séniors. Dans un coin, on a même conservé le vieux standard téléphonique de l'hôtel.

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    Nous ne pouvons qu'être admiratifs du travail réalisé par les très nombreux artisans qui se sont succédé sur le chantier. Ouvrons simplement les yeux. Avec l'ancien théâtre "Les nouveautés" devenu cinéma "Le Colisée", notre ville possède le plus bel ensemble architectural de la Belle époque. 5.jpeg

    Voilà une bien belle réussite. On la doit, sans aucun doute, à des gens soucieux d'allier conservation du patrimoine et modernité. Le cas est suffisamment rare dans notre ville pour qu'il bénéficie de toute notre admiration.

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    Crédits photographiques : Menuiserie Tiquet

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