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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 38

  • L'agonie de "La nef de pierre" d'Ariel Moscovici dans Carcassonne.

    Au début des années 1990 a eu lieu dans notre ville un symposium de sculpture, piloté par Jean-Marc Tilcke en collaboration avec la ville de Carcassonne représentée par Raymond Chésa, le ministère de la culture représenté par le préfet et le Conseil régional, représenté par Jacques Blanc. La mairie devait, à l'issue de la manifestation, faire l'acquisition des sculptures. Ce qu'elle ne fit pas. Le directeur de la Maison du chevalier a décidé alors d'emprunter pour pouvoir les conserver à Carcassonne, une somme totale de 20 millions d'anciens francs (30.000 €). Finalement, un arrangement fut trouvé avec Raymond Chésa afin que les six oeuvres prissent place dans la ville. Contractuellement, un commodat ou prêt à usage fut signé entre les parties. Il obligea la ville à assurer, entretenir et protéger les sculptures.

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    Le square Gambetta avant sa démolition en 2003. On aperçoit l'oeuvre de Moscovici sur la pelouse

    Six oeuvres sont encore présentes sur les rond-points de Carcassonne, mais il en est une qui manque à l’appel. Il s’agit de La nef de pierre d’Ariel Moscovici, sculpteur de renommée internationale. Après des recherches, nous avons retrouvé cette oeuvre, délaissée dans un terrain appartenant aux Serres municipales de la ville de Carcassonne. Elle s’y trouve ainsi entreposée depuis vingt ans. C’est-à-dire depuis le début des travaux pour la construction d’un parking souterrain au square Gambetta. Au centre d’un bassin, au milieu des canards et des cygnes, l’œuvre de Moscovici avait trouvé un emplacement de choix.

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    Alors, nous avons contacté l’artiste afin d’en savoir davantage sur sa sculpture. Ariel Moscovici réside à Montbel dans l’Ariège près de Chalabre ; c’est dans cet endroit retiré qu’il puise son inspiration dans un atelier qu’il partage avec son épouse, elle-même sculpteur. 

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    — La nef de pierre ? Ce n’est pas le nom que je lui ai donné, se rappelle l’artiste. Elle s’appelle en réalité « Entre deux points ». C’est le passage d’une poésie du célèbre auteur Israélien Yehuda Amichaï. Elle commence par : « Entre deux points passe une seule ligne droite… » C’est une idée autant géométrique que spirituelle. Je l’ai développée à travers une série de sculptures présentes dans mon catalogue. Je me souviens avoir travaillé sur ce granit noir du Zimbabwe pendant trois semaines, après son acquisition à Castres. Le travail préparatoire a nécessité la réalisation de plusieurs maquettes en plâtre, essentiellement.

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    Vue du projet présenté pour l'Ecole des arts de Carcassonne

    J’ai également réalisé une demi-sphère. Elle se trouve dans l’École des Arts de Carcassonne (Conservatoire). C’était conçu pour aller sur un bassin mais ils l’ont fixé sur deux pieux. Cela ne représente plus l’idée du départ.

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    La demi-sphère se retrouve dans une alcôve sans cartel

    Nous espérons que La nef de pierre, ainsi dénommée, sortira rapidement des oubliettes. Elle ne mérite certainement pas une telle exposition par respect pour l’artiste. Nous attendons du service culturel de la ville de Carcassonne qu’il veuille bien agir et trouver, enfin, un emplacement plus digne à cette œuvre. Ce ne sont certainement pas les lieux qui manquent dans notre commune.

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    Ce qu'il reste du cartel en marbre au milieu d'une friche

    http://arielmoscovici.free.fr/index.html

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  • Les mémoires du Chanoine J. Cunnac aux archives de l'Aude

    Cette semaine, j'ai déposé aux Archives départementales de l'Aude les trois cahiers des mémoires manuscrites de Joseph Cunnac, historien et ancien supérieur de l'Ecole Saint-Stanislas de Carcassonne. Ces documents m'avaient été donnés par M. Pierre Pauc. Après consultation, j'ai décidé d'en faire don aux archives afin qu'ils soient inventoriés et mis à la disposition de l'ensemble des chercheurs. Ces mémoires retracent la vie spirituelle du chanoine au sein des congrégations, mais également la vie du chercheur, spécialiste de l'histoire du village de Pépieux.

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    Voici les remerciements que j'ai reçus en retour du services des Archives de l'Aude

    Cher Monsieur,

    Sans attendre et à la suite de votre passage ce jour dans nos locaux, je tiens à vous remercier bien sincèrement pour le don de documents que vous avez bien voulu effectuer envers nos services. Je sais d’ailleurs à quel point vous êtes constamment soucieux de la conservation pérenne des archives audoises. Nul doute que les trois cahiers des mémoires du chanoine Cunnac pourront rendre des services et apporter de précieuses informations aux chercheurs et aux autres passionnés qui travaillent sur l’histoire de notre département. Dès qu’ils auront été intégrés dans nos collections, nous ne manquerons pas de vous communiquer leur cote.

    En vous renouvelant mes remerciements, veuillez agréer, cher Monsieur, l’expression de mes cordiales salutations.

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  • La statue de Mercure sculptée par Ludovic Durand (1832-1905)

    Au Salon de 1873, le Ministère de l'instruction publique et des Beaux-arts, fait l'acquisition pour 3500 francs du plâtre d'une statue présentée par Ludovic Durand. Le Bien public n'est pourtant pas tendre avec l'oeuvre du sculpteur breton : "Le Mercure de Ludovic Durand est un courtaud de boutique qui additionne sur ses doigts les bénéfices de sa dernière spéculation."

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    L'achat est confirmé l'année suivante au Salon du Palais de l'Industrie à Paris. Mercure, sculpté en marbre de Carrare dans l'atelier de l'artiste situé près de Pigalle, trône en bonne place mais n'obtient qu'une médaille de 3e classe. "Durand Ludovic pouvait prétendre à mieux qu'une médaille de 3e classe pour son beau marbre de Mercure", rappelle Le messager de Paris le 31 mai 1974. "M. Ludovic Durand redescend de l'Olympe avec un Mercure très beau, bien galbé, qui, les jambes croisées, compte son gain sur ses doigts.", note La fantaisie parisienne le 15 juin 1874. 

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    Mercure, exposé sur un socle, porte le numéro 2831

    Le journal satirique Le charivari caricature les contours de ce Mercure.

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    "Si riche, Mercure, que ses mains ne suffisent plus ! Il compte aussi son argent sur ses doigts de pieds."

    Au mois d'octobre 1875, Henri Wallon, Ministre de l'instruction publique et des Beaux-arts, fait don de ce Mercure au Musée des Beaux-arts de Carcassonne. Notez au passage qu'à l'époque, l'instruction publique et les arts faisaient partie d'un seul et même ministère... 

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    Installé sur un socle dans le nouveau Square Sainte-Cécile (Gambetta) près du kiosque à musique, Mercure y demeurera jusqu'en mars 1944. C'est-à-dire au moment où l'occupant nazi ordonna la destruction du square, pour des raisons de défense militaire de la ville. Pendant près de soixante-dix ans, on perd la trace de Mercure. Qu'est-il advenu de lui, songe Jean-Louis Bonnet ?

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    En 2010, il est retrouvé aux Serres municipales de Carcassonne. Il lui manque toutefois ses deux bras et un pied, qu'un vandale a pris soin de scier. Quand on regarde de près, il lui manque aussi une corne sur la tête. Grâce à l'opiniâtreté de ce blog, Mercure a trouvé une place dans le jardin du musée des beaux-arts depuis 2012.

    ludovic durand

    Malheureusement, il est exposé aux intempéries ainsi qu'aux arbres qui l'entourent. Si bien que de son blanc immaculé, ne reste que l'aspect verdoyant du feuillage humide tombant sur ses épaules. On sait qu'il est là, mais comme aucun cartel ne l'indique — un comble dans un musée —nous vous invitons à aller le saluer.

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