En samedi 3 décembre 2022, des marcheurs aux flambeaux dévalent fièrement les chemins pentus de la Cité médiévale. C'est pour une oeuvre dit-on : Le Téléthon. Merveilleuse affaire, non contestable. Ce qui l'est davantage c'est l'anachronisme historique dans lequel se fourvoie toute cette foule costumée. À sa tête, Saint-Nicolas guidé par sa crosse jusqu'en Occitanie. Le patron des Lorrains, qui n'a jamais eu en son temps l'occasion de fouler le sol de l'ancienne Septimanie, conduit les croisés des armées du Nord. Il se trouve que le saint à vécu au IVe siècle après J-C et, qu'à cette époque, notre ville était occupée par les Gallo-romains. Faut changer de costume.
Que dire des croisés que l'on fait parader dans Carcassonne ? Nos ancêtres les "Bons hommes", improprement nommés Cathares, chassés et brûlés pour hérésie par la Très sainte inquisition, doivent se retourner dans leurs cendres. Car, enfin, ce sont bien ces mêmes croisés qui ont volé nos terres et pratiqué un génocide contre un peuple qui vivait jusqu'ici en paix.
Simon de Montfort, représenté ci-dessus, porte bien l'écu de l'armée des croisés. Or, c'est sous son commandement que notre Vicomte Raymond-Roger Trencavel a été assassiné. Que ses sujets ont été asservis, volés, violés, massacrés et brûlés. Que leurs terres ont été partagées entre les officiers de Simon de Montfort, comme la famille de Voisins par exemple. On aurait pu accepter qu'une fresque historique rappelât ce sinistre épisode de l'histoire. Hélas, telle qu'elle, cette cavalcade insulte la mémoire des Cathares. Vous savez bien. Le pain cathare, l'agneau cathare et même les pompes funèbres cathares. Plusieurs consolamentum n'y suffiront pas : "Tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens".
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