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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 303

  • La cité Saint-Jacques en 1961

    La cité

    Saint-Jacques

    comprise entre l'avenue Henri Gout et la rue Achille Laugé est constituée par 368 logements locatifs, dont les premiers furent livrés le 1er août 1957.

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    La cité St-Jacques en 1961

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    Vue aérienne en 2016

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    La caserne de gendarmerie n'est pas encore construite (pastille rouge). La cheminée industrielle de l'usine Sicart de Tri des chiffons (pastille violette). En bordure de l'avenue Henri Gout, l'ancien magasin des meubles Gérard n'est encore qu'un jardin cloturé.

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    L'avenue Henri Gout, ancienne route de Montréal

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    Cheminée industrielle dans la rue Achille Laugé 

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    La petite maison du buraliste à l'angle de la rue Toulouse-Lautrec n'existe pas encore (pastille jaune). Les immeubles de la cité St-Jacques (pastille verte). De nombreuses maisons sortent à peine de terre au milieu des jardins.

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    La rue Achille Laugé et le buraliste à gauche.

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    La ferme agricole de St-Jacques, au bout de l'allée des pins, a donné son nom au quartier.

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    L'ancienne ferme de St-Jacques, dans la rue André Le Notre, a été acquise par la ville de Carcassonne dans les années 70. Les bâtiments sont occupés par le club de l'âge d'or, le FACV...etc.

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    Le stade Mazet (pastille verte), L'école des arts (pastille violette), le château du Marquis de Gonet (pastille rouge), le hameau de Maquens (pastille jaune), la route de Limoux bordée de platanes (pastille bleue). Pour cette dernière, l'aqueduc la longeait encore après le rond point de l'hôpital en direction de la ville. Bien sûr, à droite les pavillons de St-Jacques III ne sont encore que des terrains.

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    On se souviendra sans doute des commerces de cette époque : Epicerie Castan, épicerie Armaing, boucherie Seguy, Bureau de tabac Alary, etc.

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  • La caméra explore le temps : Les Cathares

    C'est en novembre 1965 que l'équipe de tournage dirigée par Stellio Lorenzi s'installe à Carcassonne pour tourner la dernier opus de

    "La Caméra explore le temps"

    Les Cathares.

    Depuis 1957 ce sont 36 épisodes scénarisés par Alain Decaux et André Castelot, consacrés à l'histoire de France qui sont diffusés sur la première chaîne de la RTF. Les rôles sont confiés à d'excellents comédiens dont beaucoup d'entre eux sont pensionnaires de la Comédie française comme François Chaumette ou Michel Bouquet. J'insiste sur ce point car à cette époque on n'a pas encore besoin de pousser le son du téléviseur pour comprendre les dialogues. Le jeu est certes un peu trop théâtral mais la diction est parfaite. A ce sujet, ne demandons pas à "Joséphine ange gardien" de faire des miracles ! 

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    Nous avons retrouvé Francis Aracil - figurant et comédien Carcassonnais à cette époque - qui a bien voulu nous raconter ses souvenirs de tournage :

    "Guy Vassal m'écrit un jour pour m'informer que dans le cadre de "La caméra explore le temps", émission télévisée, il allait venir sur Carcassonne, aux pieds de la Cité médiévale un téléfilm sur les Cathares. Il souhaitait ma présence sur le plateau en tant que figurant. Je me souviens avoir demandé une autorisation d'absence au proviseur du lycée qui me l'accorda. Un problème se posa : le réalisateur, Stelio Lorenzi exigeait pour les figurants une taille de 1m 75. Je ne les faisais pas. Guy mit au point un stratagème. Stelio Lorenzi devait venir ce matin-là au Théâtre municipal pour choisir les figurants, parmi tous ces jeunes attroupés dans la rue, devant les marches du Théâtre. Guy m'avait dit qu'il me présenterait personnellement à Stelio Lorenzi, mais qu'à ce moment-là je devais être sur une marche de l'entrée. Ainsi, paraissant plus grand, le réalisateur accepterait de ma prendre, ce qui fut fait. Je revois ce minibus à l'enseigne de l'ORTF dans lequel je m'engouffrai avec les les autres figurants. Direction les abords de la Cité, la route de Saint-Hilaire, la plaine Saint-Jean. 

    Là, sous une pluie fine et froide, nous étions pris en main par l'équipe du tournage, en repli dans un corps de ferme voisin qui servait aussi de loges pour les acteurs. Quand mon tour arriva, on me remit une tunique de croisé avec cotte de mailles, plastron blanc porta la croix rouge, casque, ceinturon et épée. L'habilleuse nous recommandait d'aller uriner avant, car elle nous cousait ensuite dans le dos la cotte de mailles qui allait de la tête jusqu'aux pieds, sans braguette évidemment. De là, nous traversions la route pour être conduits vers ce terrain bourbeux, où des tentes moyenâgeuses avaient été dressées avec des oriflammes, auprès de chevaux superbement harnachés, où les acteurs et actrices se protégeaient de la pluie glaciale. Je portais aux pieds des espadrilles en toile et corde qui prenaient l'eau. On nous affecta une place qu'il ne fallait pas quitter. Vue sous cet angle, l'histoire prit un caractère surréaliste dès que l'heure du tournage proprement dit arriva.

    Guy Vassal interprétant le rôle de Raymond-Roger Trencavel, devait arriver au galop depuis le fond du champ, au-delà duquel se détachait l'imposante Cité de Carcassonne, et parvenir jusqu'à nous, où l'attendait Simon de Montfort. Là, après un échange de dialogue, Trencavel jetait, en signe de reddition, son épée aux pieds de Simon de Montfort, incarné par Jean Topart. Trencavel repartait escorté vers la Cité où il s'était réfugié. Simon de Montfort, dialoguant ensuite avec une gente Dame à cheval, devait monter à son tour sur le sien et partir au galop... Sauf que tout cela était bien cocasse et que le réalisateur dut "couper" plusieurs fois. Guy Vassal avait du vernir, jeter son épée, repartir, au moins quatre ou cinq fois. "Coupez" encore, et soudain retentit un éclat de rire général : La gente Dame, en pleine concentration dans son échange avec Simon de Montfort, ne s'était pas aperçue que sa monture avait déployé toute sa vigueur pour uriner de toutes ses forces... Et puis, Simon de Montfort, c'est-à-dire Jean Topart, ne savait pas conduire son cheval ! Il avait beau tirer d'un coup sec sur les brides, le cheval restait sur place, impassible. Après plusieurs tentatives, Stelio Lorenzi trouva une solution : il avait fait porter de la grange une table sur laquelle il installa une chaise. Une fois sur le cheval l'acteur redescendit s'asseoir sur la chaise surélevée et cette fois, imitant de tout son corps le mouvement du cheval, il fit semblant de tirer sur des brides et, pliant le torse brusquement en avant, donna l'illusion d'un départ à plein galop. Je ne sais pas si j'avais ri aussi franchement que toute l'équipe lorsque Stelio Lorenzi annonça : "C'est terminé !"

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    Stelio Lorenzi déjeune au Café de la comédie, rue Courtejaire. 

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    Ce téléfilm existe désormais en DVD

    Si vous avez des photographies ou des souvenirs de ce tournage, n'hésitez pas à nous les envoyer. Merci à Francis Aracil pour son témoignage.

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  • 11 novembre 1942 : De Lattre de Tassigny en résistance armée dans les Corbières

    La commission d’armistice avait laissé à la France une armée de 100 000 hommes. Quand la Wehrmacht envahit la zone libre, cette armée ne réagit pas. Pourtant une stratégie avait été prévue : Les troupes devaient s’établir en position défensive dans des réduits montagneux afin de harceler l’ennemi. Les Divisions Militaires de Marseille et Montpellier, devaient s’adosser à la mer pour établir des têtes de pont, en vue d’éventuels débarquements alliés.

    Seul,

     Jean Joseph Marie Gabriel De Lattre de Tassigny,

    Général de Brigade depuis le 22 mars 1939, va tenter de s’opposer à l’invasion en concentrant ses troupes dans les Corbières.

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    Le 10 novembre, à 1h30, les Etats-Majors de Région reçoivent un télégramme chiffré (N°128), émanant du 3ème Bureau de l’État-major :

    "En vue d’éviter le contact entre les troupes de l’armistice et les troupes étrangères, les généraux commandants les régions militaires doivent être prêts, en cas d’avance allemande au-delà de la ligne de démarcation, à exécuter le déplacement des troupes et États-Majors en dehors des garnisons et des axes principaux de pénétration. Toutes munitions seront prises. Mesures d’exécution décidées à l’initiative des Commandant de Division Militaire, uniquement sur renseignement certain de franchissement de la ligne de démarcation".


    Le général De Lattre de Tassigny convoque alors ses officiers d’État-major et fait parvenir également aussitôt aux autres commandants de corps une directive dans ce sens, ses troupes devront se rendre dans le massif des Corbières, en emportant le maximum de munitions. Les éléments de Montpellier, Sète, Castres, Albi et Rodez seront dirigés dans la région sud-ouest de Narbonne, à Thézan et plus au sud. Les unités de Carcassonne et de Castelnaudary se regrouperont à Axat, celles de Perpignan à la Tour-de-France. Le 11 novembre, à 7 heures, les troupes allemandes franchissent la ligne de démarcation. De Lattre en est aussitôt avisé. Une heure après, il arrive à l’État-major et fait donner l’ordre d’exécuter les instructions de sa directive. A 9 heures, le général Langlois, commandant du 1er Groupe de Divisions Militaires à Avignon, lui téléphone : ordre de surseoir à tout mouvement de troupes. De Lattre répond :

    "Les Allemands ont franchi la ligne. A partir de cet instant, chaque commandant de division a son initiative !"

    Or, vers 10 heures, lui parvient un télégramme selon lequel, par ordre du Secrétaire d’Etat à la guerre (Eugène Marie-Louis Bridoux), aucun mouvement de régiment ne doit être exécuté et que les troupes et Etats-Majors doivent rester dans leurs casernements normaux. Le général De Lattre est consterné par cette nouvelle décision qui est contraire à sa conception de l’Honneur Militaire. Il décide donc d’ignorer le contre-ordre pour s’en tenir strictement aux directives du télégramme chiffré. Simone De Lattre approuve son mari. Elle non plus, ne veut pas subir.

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    Le carrefour de Fabrezan d'où il enverra chercher de l'essence à l'aérodrome de Lézignan

    A 11h30 le même jour, il quitte Montpellier avec son État-major en direction des Corbières. Il est accompagné de ses plus proches collaborateurs. Le convoi se rend à la caserne du 8ème Régiment d’Infanterie et récupère deux canons de 75 et une dizaine de camions de munitions. Après une halte à Saint-Pons, il réussit à passer la route de Carcassonne à Narbonne. Il passe par Moux où il utilise un passage en dessous de la route. Toute l’après-midi, il attend à Villerouge-Termenes des nouvelles de ses troupes. Puis il prend la direction de Padern avec seulement deux véhicules et s’arrête vers 19h à Cucugnan chez le maire Clovis Gauch. Là, il fait le point sur sa carte avec son aide de camp. A 21 heures 30 le général demande à entendre les informations, puis à 22 heures il prend la direction de Padern où il restera à attendre en vain, jusqu’à 2h45, des nouvelles de ses troupes dans la nuit du 12 au 13 novembre. Celles-ci ne viendront pas. Les chefs de Corps ont en effet reçu directement du général Langlois, l’ordre de rester sur place et les routes sont barrées.

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    De Lattre dans la clandestinité


    Alerté, le Gouvernement de Vichy réagit très rapidement en donnant l’ordre d’intercepter le général qui retourne alors à Saint-Pons où il se livre à l’adjudant de gendarmerie de la brigade locale. Il est emprisonné à la prison militaire de Toulouse. Dans une lettre du 18 novembre qu’il écrit depuis sa cellule toulousaine, le général De Lattre écrit au maréchal Pétain : 

    "Ce que j’ai fait ne relève point de la dissidence à laquelle je n’ai jamais songé. Mon acte n’a été inspiré que par l’amour de la France et de l’Armée. Je vous demande, parce que mon devoir de chef me l’impose, de vouloir bien considérer qu’en dehors de moi seul, il ne saurait y avoir de responsables. Quatre de mes officiers, qui sont aujourd’hui mes compagnons de captivité sont, je le crois, inculpés au même titre. Ils n’ont fait qu’exécuter mes instructions et leurs actes ne relèvent que de l’obéissance qu’ils devaient à leur chef."

    Le 11 décembre 1942, le général De Lattre est escorté jusqu’au fort Montluc à Lyon. Poursuivi pour abandon de poste et tentative de trahison, il comparaîtra le 9 janvier 1943 devant le Tribunal d’Etat et sera transféré à la maison d’arrêt de Riom le 2 février 1943, où l’administration pénitentiaire lui attribue la cellule (exigüe) qui avait été occupée, un temps, par le député de Narbonne Léon BLUM. Par la suite il occupera une cellule plus vaste qui avait été celle d’Edouard DALADIER. Il s’en évadera dans la nuit du 2 au 3 septembre 1943 et, avec l’aide de résistants de l’Ain, le 17 octobre 1943 un avion l’emmènera en Angleterre d’où il gagnera l’Algérie et la France Libre. Il prendra alors les responsabilités qu’on lui connaît maintenant pour " Ne pas Subir ".

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    Cimetière de Mouilleron en Pareds

    Sources :


    La Fondation Maréchal De Lattre
    Archives Départementales de l’Aude
    "Jean De Lattre mon mari" / Simonne De Lattre / Presses de la Cité 1972
    "De Lattre de Tassigny" Bernard Michal / Editions Famot 1974
    "La 2ème guerre mondiale dans l’Aude" Julien Allaux / Editions du sapin d’or 1986


    Cet article
    a été rédigé M. Sylvain le Noach - spécialiste audois de la Seconde guerre mondiale - que nous remercions pour cet échange.

    (Tous droits réservés)

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