C'est un choc, un véritable sentiment d'horreur ! Le poids des mots, le choc des photos ; pour reprendre le slogan du plus connu des magazines de reportages. Comment a t-on pu laisser faire cela dans une ville comme Carcassonne dont le nom historique résonne de l'orient à l'occident ? On vous aura parlé sans doute de ces prédateurs immobiliers étrangers sans foi, ni loi, connus pour avoir pillés nos châteaux.
Vous a t-on expliqué que dans notre ville, on a laissé faire les mêmes pratiques ? Là, à deux pas de la place Carnot et du centre historique que l'on appelle La bastide Saint-Louis... Oui, nous sommes coupables de ne pas nous y être intéressés, comme tous ceux ayant eu en charge cette ville qui, à des degrés divers, auront fermé les yeux sur ce saccage. Mais bon sang, à qui profite le crime ? Car, on n'en est pas ici à un coup d'essai; on pourrait d'ailleurs dresser la liste exhaustive des bâtiments historiques laissés à l'état de ruine par le fait d'une escroquerie ou d'un je m'en foutisme général. Oh ! bien sûr, on ne sait que trop qu'il ne faut pas gêner les personnes au sein de relations politiques. Ah ! C'est lui le propriétaire ? On ne va pas l'emmerder, toute sa famille vote pour nous. Voilà, comment pendant des décennies le patrimoine de Carcassonne s'est retrouvé ruiné et aux mains de marchands de sommeil bourgeois qui vont à la messe le dimanche et logent la semaine, de pauvres hères dans des conditions indignes de salubrité. La C.A.F leur règle l'addition, mais eux ne manquent jamais de pester en public contre toutes ces aides sociales que l'on distribue aux assistés et aux immigrés. Pourtant, on trouve des roumains dans leurs bobinards désaffectés qui, pris de saturnisme remplissent la salle d'attente de leurs cabinets.
Au n°77 de la rue de Verdun, caché par des moellons du plus bel effet, se trouve un hôtel particulier du XVIIIe siècle construit par Guillaume Castanier, propriétaire de la manufacture royale de la Trivalle.
Guillaume Castanier
Si ce bâtiment est actuellement fermé de la sorte, c'est qu'il a été squatté à la suite d'un projet immobilier qui a mal tourné - un de plus à Carcassonne. En fait, il s'agirait même d'une escroquerie d'après les journaux locaux.
Les faits remontent à 2000.
La société montpelliéraine CTMO (groupe Quarate) est spécialisée dans la réhabilitation d'immeubles situés dans des centres-villes sauvegardés, à des fins de défiscalisation. Vingt-sept personnes, disséminées dans la France entière, ont ainsi été démarchées pour un investissement de type loi Malraux concernant l'hôtel particulier Castanier-Laporterie, au 77 de la rue de Verdun.
"On nous proposait des affaires clefs en mains avec toute lapparence de la légalité", explique Jean-Pierre Ghilini, qui aurait perdu 170 000 euros dans lopération. Problème, les travaux n'ont jamais commencé malgré le déblocage des sommes. Pire, la société a été mise en liquidation judiciaire en 2007.
Face à lampleur de laffaire (Ndlr : 18 chantiers du groupe Quarante seraient concernés), le dossier a finalement été confié à la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Marseille en 2006. Depuis, l'affaire est toujours en cours. "Plusieurs juges dinstruction se sont succédés et il a été extrêmement difficile de rassembler tous les papiers", raconte Me Renucci-Pepratx.
(Le Midi-libre)
Ainsi, pendant des années l'immeuble est resté ouvert aux courants d'airs. Qui s'en souciait ? Fort heureusement, la Bastide étant en secteur préservé, l'hôtel particulier ne pouvait être rasé. Vous savez qu'à Carcassonne, nous avons des experts ; ils laissent pourrir un bâtiment jusqu'à ce qu'il soit ruiné. C'est à ce moment-là qu'intervient un bailleur social pour raser et édifier quatre étages de béton avec le concours d'architectes, spécialisés dans la construction de cages à poules. Au mois d'octobre dernier, il a pu être visité par des particuliers dans le cadre d'une future vente aux enchères publiques. C'est grâce à la contribution de l'un d'entre eux que nous diffusons ces photographies, non pas pour dénoncer mais pour alerter sur l'état de péril imminent de l'Hôtel Castanier-Laporterie.
Dans les années 1990...
Au même endroit en 2016
Suivez le guide, attention à vous...
L'entrée par la rue de Verdun
Cour intérieure, accès aux étages
Façade donnant sur la cour
Vue sur la cour depuis le 1er étage
Le balcon du 1er étage
Escalier d'accès avec ses tomettes d'origine
Une partie du plancher écroulée
C'est pour un très gros chat, sûrement
Les infiltrations d'eau font des ravages
Accès aux salons XVIIIe
Une très belle pièce ajourée
Ici, on a emporté la cheminée
Là, les ornements en plâtre...
Même la tuyauterie en cuivre...
Les stucs n'ont pas été épargnés
L'arrière du bâtiment donne dans la rue Aimé Ramond. C'est par là que rentrait le carrosse tiré par des chevaux, remisé ensuite dans les écuries.
Venez avec moi à Albi...
Un autre patrimoine mondial de l'UNESCO met en valeur ses hôtels particuliers et les propose à la visite dans le cadre de l'Office du tourisme.
Hôtel de Castelnau
Hôtel de Gorsse
Hôtel de Reynes
Hôtel de Saunal
Hôtel Decazes
Albi, chef-lieu du Tarn (49 342 habitants) - Patrimoine UNESCO
Carcassonne, chef-lieu de l'Aude (46 724 habitants ) - Patrimoine UNESCO
20 ans de retard ! au moins...
Crédit photos pour Albi
La dépêche
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