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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 31

  • Hector Monréal alias Joseph Rieunier (1839-1910)

    Joseph Marie Ylpise Rieunier naît le 17 juillet 1839 à Carcassonne, au numéro 115 de la rue Barbacane dans la maison de ses grands parents maternels. Son père, Aubin Rieunier, occupe depuis le 12 février 1838 les fonctions de directeur de l’École mutuelle de la Cité et de ses faubourgs. Il s’était marié sept moi plus tard avec Marie, la fille de François Paraire, pareur de draps de son état. Avant d’aborder la vie leur fils, il convient de s’arrêter sur la carrière toute particulière d’Aubin Rieunier. Originaire du Tarn, le jeune homme avait été choisi par la municipalité de Carcassonne après concours, comme instituteur communal en replacement d’Eugène Pelletier. Depuis 1835, le maire avait institué une école primaire gratuite à la Barbacane. Celle-ci prit le nom d’École mutuelle de la Cité et de ses faubourgs, mais ne dura pas plus de dix ans. Aubin Rieunier démissionna de son poste et l’école ferma définitivement le 1er octobre 1838. Elle sera remplacée par une salle d’asile dont le local, loué à Catherine Cumin veuve Gaillard, servira ensuite à l’actuelle école maternelle. Aubin Rieunier, fervent républicain, quitta l’école faute d’élèves en nombre suffisant ; les familles préférant les envoyer vers l’enseignement catholique. L’instituteur obtint 800 francs de pension de la ville le temps de trouver un nouvel emploi. 

    joseph rieunier

    La maison natale de Joseph Rieunier, actuellement 101 rue Barbacane

    Le jeune Joseph Rieunier demeura un temps avec sa mère aux côtés de ses grands parents Paraire, pendant que son père enseigna à Paris dès le mois de mai 1940. Il le rejoignit vers l’âge de dix ans, après qu’Aubin a obtenu le concours du Ministère de la guerre. Joseph fait d'abord une courte carrière de dessinateur au ministère de la guerre qu'il quitte en 1862 pour le théâtre Montmartre ; il y joue la comédie pendant deux ans. Il réalise ensuite des pancartes-sommaires que le directeur du Petit journal affiche chaque jour à la porte et qui attire la foule par leur originalité. Son esprit des plus drôles, n'allait pas le laisser trop longtemps dans l'anonymat.

    joseph rieunier

    © BNF

    Il devient acteur et abandonne la scène pour l'écriture. Il se lance comme auteur de revues, opérettes et autres pièces de théâtre avec son ami Henri Blondeau et prend le nom d’Hector Monréal. Pendant 40 ans, ces deux là ne cesseront pas d'être liés comme des frères et enchaîneront succès sur succès dans tous les théâtres parisiens: les variétés, le château d'eau, l'Eldorado, Folies dramatiques... Il associe son nom avec les compositeurs Edmond Audran et Louis Varney, pour lesquels il signe de nombreux livrets d’opérettes et textes de chanson. Le succès d’Hector Monréal reste le texte de la chanson Frou-frou, rendue célèbre par Berthe Silva.

    joseph rieunier

    Monréal est également chansonnier et fait des dessins humoristiques dans divers journaux. Pendant la durée de la Commune de Paris, il avait tenu avec Blondeau, « Le fils du père Duchêne illustré » ; un journal satyrique contre Napoléon III. Hector Monréal meurt en 1910, après une longue maladie, dans sa maison 17 rue de Nanterre à Asmières-sur-Seine, aux côtés de son épouse et dans les bras de Blondeau. Ce dernier lui survivra treize ans ; il sera inhumé à ses côtés dans le cimetière de cette ville.

    1868 : Le rempart de Carcassonne
    1871 : Qui veut voir la lune
    1876 : L'ami Fritz-Poulet
    1875: Pif-Paf
    1885: Au clair de la lune
    1891: Paris port de mer
    1892 : Les variétés de l'année
    1896 : Une semaine à Paris
    1898 : Frou-Frou
    1901 : Le cirque Ponger's
     
    Quelques oeuvres d'Hector Montréal seul
     
    11 avril 1868 : Mlle Clochette
    1er janvier 1871 :Une garde aux remparts
    30 septembre 1873 : Voilà le programme

    joseph rieunier

    Inconnu à Carcassonne, espérons que justice lui soit rendue dans notre ville.

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  • Le Christ en croix du hameau de Villalbe a été vandalisé

    Dimanche matin, des habitants de Villalbe m'informèrent de la disparition du Christ qui ornait la croix de mission à l'entrée du hameau depuis 1876. Mon neveu, dépêché sur place, prit une photographie qu'il m'envoya rapidement. Je décidai aussitôt d'en informer Madame Chésa, 1ère adjointe au maire. En l'espace d'une demi-heure, Madame Bardou accompagnée d'un agent communal d'astreinte se rendirent sur les lieux afin de constater les dégâts. Fort heureusement, Matthieu Bobic, demeurant au hameau, avait déjà entrepris de ramasser les débris pour les sécuriser. Ils furent remis céans à l'agent communal qui alla ensuite les déposer aux services techniques de la mairie. 

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    Aucune partie du Christ ne manque

    Nous avons mené notre petite enquête de voisinage. Les adolescents du hameau ont l'habitude de discuter tard le soir près de cet endroit. Dimanche, ils y sont restés jusqu'à minuit. Ils affirment qu'à cette heure, le christ était toujours en place. Ce serait donc dans la nuit (après minuit) que cela se serait passé.
    Derrière le talus menant à la croix on voit que l'herbe a été piétinée. Des observateurs ont remarqué que les attaches du christ ont été défaites de leurs écrous. Reste à savoir les motivations, si acte délictueux. Cela pourrait être une commande de recéleurs sur le marché de l'art sacré. Difficile à emporter, le poids aurait dissuadé les voleurs et le Christ aurait chuté de la croix. Cela peut aussi être un acte anti-chrétien ou une tentative de vol de métaux en fonte.
    Difficile de penser que le Christ, qui était tenu par trois attaches à des endroits différents, a chuté à cause d'un accident. Enfin, il faut être équipé d'une échelle et d'outils pour décrocher ce christ. Il pourrait s'agir d'un commando profitant de l'extinction des lumières à Villalbe jusqu'à 6h du matin.

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    Toute personne ayant vu quelque chose d'anormal est priée de contacter le commissariat de Carcassonne. La ville a déposé plainte.

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  • Aimé Tournier, ancien titulaire de l'orgue de la cathédrale Saint-Michel

    Aimé Tournier fut pendant presqu'un demi siècle, le titulaire incontesté et respecté du Grand orgue de la cathédrale Saint-Michel. Né à Teyssode dans le Tarn, le jeune garçon avait été atteint vers l'âge de huit ans par une maladie des yeux. Elle lui fit perdre définitivement la vue. Son seul secours fut d'être admis à l'Institut des jeunes aveugles à Paris. Son unique salut fut d'y apprendre la musique et, plus particulièrement, l'orgue avec un grand maître qui y professait. André Marchal (1894-1980), élève de Gigout au Conservatoire de Paris, lui enseigna toutes les virtuosités de cet instrument. Épargnés par les révolutionnaires de 1789, parce qu'ils permettaient de jouer la Marseillaise, les orgues de France imposent par leurs majestueuses factures. Après un passage par Castelnaudary, Aimé Tournier trouva à Saint-Michel un Cavaillé-Coll tout à fait à sa mesure. Hélas, l'orgue de 1687, fabriqué par Jean de Joyeuse, avait été remplacé depuis belle lurette. Confié pour réparation à Cavaillé-Coll à Paris, le facteur avait répondu le 3 mai 1852 : "Cet orgue, en l'état de dégradation et de vétusté des parties essentielles, exigerait une restauration équivalente à une complète reconstruction. Dans ces conditions, nous avons pensé qu'il serait préférable d'établir un nouvel orgue dans les proportions voulues pour l'église." Quelque temps après, le ministre de l'instruction publique et des Cultes écrivit à l'évêque : "Monseigneur, le buffet d'orgue destiné par l'Empereur à votre cathédrale sera prochainement envoyé à Carcassonne. Aussitôt que l'architecte, qui en a dirigé les travaux, sera de retour à Paris, il se concertera avec M. Ohnet, pour le transport de ce petit monument." Dommage que l'on ait pas divisé le buffet en deux parties pour laisser voir la rosace. 

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    Après 102 ans de bons et loyaux services, on envisagea de restaurer le Cavaillé-Coll. Le travail d'Edmond Costa consista en une remise à neuf des soufflets et de toute la mécanique, ainsi qu'en un nettoyage de la forêt de tuyaux de toutes tailles qui se cachaient derrière le buffet. Les claviers qui ne montaient qu'au fa, montent maintenant au sol. Le pédalier n'était que de 27 notes ; il en a 30 désormais. Cinq jeux supplémentaires, soit 47. On mit des jeux nouveaux pour augmenter à la fois la puissance et la clarté de l'instrument. C'est ainsi que deux cymbales sont venues apporter, avec une tonalité aigue, beaucoup plus de mordant. Un quintaton de 16 pieds, donne la tonique à la quinte. 

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    L'inauguration de l'instrument entièrement révisé, se concrétisa par un concert du Maître André Marchal. Son ancien élève, comme le veut la coutume, débuta par un morceau d'introduction. Après quoi, le vieux musicien prit possession des claviers en interprétant Purcell, Frescobaldi, Buxtehude, Marchand, Clérambault, Bach, Vierné et César Franck. Savez-vous que ce dernier avait déjà joué sur cet instrument avant sa livraison en 1852 ? 

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    Les choeurs de la cathédrale Saint-Michel

    L'abbé Escoupérié se souvient avec émotion d'Aimé Tournier : "Fidèle à son métier. Toujours présent à toutes les cérémonies, il habitait 68 rue Voltaire avec son épouse et son fils Christian. On l'accompagnait jusqu'au début de l'escalier, puis il montait seul à la tribune malgré sa cécité. Il lisait la partition en braille de la main gauche et jouait de la main droite, tout en servant du pédalier." Aimé Tournier accompagnait également les choeurs de la cathédrale, dirigés par Georges Cotte. Il enseignait la musique chez lui et accordait les pianos. Une vie toute entière vouée à l'art qui s'acheva par une terrible maladie à la fin des années 1970. Son fils, Christian, le suivit de peu à l'âge de 35 ans. Il avait épousé Carmen, la fille Soler, épicier à la Barbacane, et travaillait comme facteur d'orgue à Lodève chez Edmond Costa. Aimé Tournier est inhumé dans le cimetière de Diamatte (Tarn).

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