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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 29

  • Le Pont vieux menace t-il la sécurité des usagers ?

    Nous ne sommes évidemment pas expert des bâtiments historiques. Chacun son métier et, sur ce point comme sur d'autres, nos compétences restent limitées à l'observation. Cela nous autorise tout de même à poser un nombre conséquent de questions sur l'état de délabrement du Pont vieux. Dans notre souvenir le plus récent, seule la partie exposée au début de la rue Trivalle fut restaurée en 1994 par la municipalité Chésa. De nouveaux arches furent mis au jour en changeant les pierres de taille à proximité de l'ancienne manufacture royale. Le chantier s'arrêta donc ici.

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    Aussi loin que l'on remonte dans le temps, nous n'avons pas trouvé mention de travaux de restauration des arches. Or, c'est précisément sous deux de celles-ci que passent piétons et véhicules. A cet endroit, le constat de délabrement est édifiant pour ne pas dire très préoccupant. Nos photographies parlent d'elles-mêmes.

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    Les arceaux en fer chargés de retenir la structure apparaissent à nu, très altérés par la rouille. Visiblement, leur rôle de maintien du scellement n'opère plus en raison de l'érosion et des infiltrations d'eau dans les pierres. Rappelons qu'il s'agit du plus mauvais grès qu'il soit, provenant des carrières qui se trouvaient non loin de là au Moyen-âge. Ce grès plus que tout autre matériaux s'effrite au fil des âges. Nous avons donc un édifice malade. On peut donc à dessein spéculer sur les dangers encourus par les passants.

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    Toujours en y regardant de plus près. Les service techniques et les élus en font-ils de même ? Le dessus du pont ne se porte guère mieux. A l'évidence, on laisse la végétation s'installer sur les parois ce qui a pour effet de déchausser les pierres. Les joints ont disparu depuis belle lurette. 

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    En d'autres endroits, on remarque les stigmates d'une restauration au ciment dont l'origine est ancienne. Ne devrait-on pas dire plutôt qu'il s'agit d'un rafistolage honteux ? Cela démontre l'intérêt de toutes les municipalités qui se sont succédé pour la sauvegarde de cet ouvrage. Remarquez, chose pareille a été exécutée sur le marbre de la fontaine de Neptune, place Carnot. 

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    Nous pouvons toujours espérer qu'après les travaux de la rue du Pont vieux, la ville veuille bien se pencher sur le cas de son agonisant. Nous entendons d'ici la parole des plus exaltés de la mairie : "Va faren, patienço !" Vieux refrain servi depuis toujours dont la musique se détaille comme une rengaine sur disque de cire. En vérité, tout n'est qu'un question de priorité. Le patrimoine de Carcassonne n'intéresse que par ce qu'il rapporte. C'est le cas de la cité médiévale ; espèce de supermarché à touristes dans lequel on a détruit la singularité de village fortifié. Voyons plutôt le patrimoine comme la variable d'ajustement budgétaire, non comme la ligne comptable d'une ambition. Tout tombe en ruine. ce ne sont pas, aussi louables soient-ils, les travaux sur l'église Saint-Vincent qui matérialisent l'envie des élus. Ce serait peut-être même un alibi pour tenter d'affaiblir les critiques de ceux qui pestent contre l'incurie. L'arbre cache la forêt. Allons voir le Calvaire, la fontaine de Neptune, le pont vieux, l'aqueduc, le bastion... Où passe l'argent ? Sinon, j'ai vu en février de belles affiches faisant la promotion du Festival de juillet 2023...

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    J'en veux pour preuve que le directeur du Comité des fêtes a été promu directeur du service patrimoine de la ville. Sans présumé de ses compétences, le résultat est efficient. Quant à l'animateur du patrimoine nécessaire aux projets du label Ville d'art et d'histoire, il n'est toujours pas nommé depuis trois ans. Dans ce cas, comme dans bien d'autres, comment voulez-vous que l'on traite l'immensité des problèmes laissés en héritage depuis toujours ? Des solutions existent, à commencer par rechercher des mécènes en créant une fondation.

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  • Léon Bonnemaison (1891-1963), résistant communiste de la première heure.

    Léon Bonnemaison naît à Carmaux dans le Tarn le 18 janvier 1891. Après avoir combattu dans la marine au cours de la Première guerre mondiale, le jeune homme entre à la Compagnie des Chemins de fer du midi. C’est à Carcassonne qu’il fera toute sa carrière de cheminot. Il fonde l’Union locale de la CGT dont il devient le secrétaire en 1926 puis adhère au Parti communiste français. Dans les années 1930, il possède son bureau à la Bourse du travail, rue Voltaire. 

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    Léon Bonnemaison ne fait partie de ces communistes ayant attendu qu’Hitler attaque l’URSS pour s’opposer à la politique de collaboration de Vichy. Dès le mois de juin 1940, il entre en résistance. A cette époque, ce mot n’existait pas encore. Il fallait compter sur les doigts d’une main les français courageux disposés à mener des actions de propagande contre l’illustre Pétain. La France de 1940 est majoritairement maréchaliste. Avec quelques amis dont Albert Picolo, Bonnemaison distribue des tracts. Arrêté sur ordre de M. Allapetite, préfet de l’Aude, le syndicaliste est conduit sous escorte de gendarmes au camp de Rivel-Montbel, le 30 septembre 1940. Faute de preuves sur son activité, on le remet liberté provisoire en 1941. Sans mettre un terme à ses actions, il adhère au Front National, organisation de résistance à l’occupant. Rien à voir avec le parti d’extrême droite, connu sous ce nom et rendu célèbre par Jean-Marie Le Pen. Sur dénonciation, Léon Bonnemaison se fait à nouveau arrêter le 3 mars 1943 à Carcassonne. On le place successivement aux camps de Saint-Sulpice-la-pointe (Tarn), à la centrale d’Eysses (Lot-et-Garonne) et à la citadelle de Sisteron. Le 8 juin 1944, il parvient à s’en échapper ; deux jours seulement avant sa déportation en Allemagne. Il rejoint le maquis des Basses-Alpes (Alpes de Haute Provence), puis il se cache durant trois mois dans le grenier de sa maison de village.

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    Léon Bonnemaison assiste au procès de René Bach, agent tortionnaire de la Gestapo de Carcassonne

    À la Libération, il participe activement au comité local de libération et sollicite l’internement pour certaines personnes suspectées de collaboration. Au nom de l‘Union locale des syndicats ouvriers de Carcassonne, il demande par écrit que le Dr Tomey soit passé en Chambre civique. L’ancien maire radical de Carcassonne avait été nommé par Vichy, président du Conseil départemental. Il avait également assisté à l’inauguration de la Milice en février 1943 au théâtre municipal. Le comité d’épuration ne retint pas de charge contre Albert Tomey.

    Léon Bonnemaison fait partie du conseil municipal provisoire de Carcassonne à partir de septembre 1944. En avril 1945, il est élu sur la liste conduite par Henri Gout sous l’étiquette communiste. Retiré de la vie publique après sa retraite, il décède le 21 octobre 1963 à l’âge de 72 ans. 

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  • Le congrès national de la jeunesse radicale, le 18 avril 1937 à Carcassonne.

    Albert Tomey lors du congrès de Carcassonne

    Le 18 avril 1937, le Congrès des Jeunesses Radicales se tint à Carcassonne sous la présidence de Jean Mistler,  député de l’Aude et président de de la commission des Affaires étrangères à l’Assemblée nationale. Quelques 6000 personnes, selon le parti, s’étaient rassemblées dans la capitale audoise pour suivre les débats et les discours de la vieille garde du parti. En vérité, la salle de l’Odéum ne pouvait pas accueillir plus de deux mille personnes. Les parlementaires et maires des principales villes du pays avaient pris leurs quartiers à l’Hôtel moderne et du commerce, rue de la République. Parmi les soixante prévus pour prendre la parole, on notait la présence d’Albert Tomey (Maire de Carcassonne), Yvon Delbos, Albert et Maurice Sarraut, Clément Raynaud (Sénateur de l’Aude), Delthil (Sénateur du Tarn-et-Garonne), Gaston Riou (Député), Lamoureux et Sableau. A l’intérieur de la grande salle du manège de la caserne Laperrine, on avait aménagé le banquet de 3300 convives.

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    L'Odeum

    À cette époque, le parti radical socialiste est déjà depuis fort longtemps la première force politique du département de l’Aude. Au niveau national, celui-ci a fait alliance avec d’autres partis de gauche dans le gouvernement du Front Populaire, issu des élections de 1936. Tiraillé entre l’extrême gauche et les partis réactionnaires d’une droite fascisante, il a trouvé sa place dans une espèce de juste milieu républicain dans lequel se combattent les idées révolutionnaires : « Le parti radical est l’adversaire de toutes les dictatures et de ceux qui ne comprennent pas la liberté à sens unique », s’exclame Clément Raynaud. On revoit dos à dos, les communistes considérés comme les agitateurs des masses populaires, et l’extrême droite : « Si on était antifasciste, on ne pouvait qu’être radical », prétend Edouard Daladier. Le maire du Havre s’en prend sans le nommer aux sympathisants de Moscou : « Pas de drapeau rouge ! Pas d’Internationale ! Pas de poing levé ! ». Durant ce congrès, on en vient à remettre en cause l’intérêt de se maintenir dans la majorité gouvernementale du Front Populaire. Les jeunes radicaux souhaiteraient que l’on s’éloigne des partis marxistes. Marcel Sableau, le président des jeunesses radicales, enfonce le clou : « Le droit syndical ce n’est pas le sabotage du travail national. Le droit au travail, ce n’est pas l’éviction des travailleurs qui veulent librement choisir leurs syndicats et leurs chefs. » Les vieux dirigeants comme Albert Sarraut, cherchent à donner des gages à cette jeunesse. Le fils de l’ancien maire de Carcassonne Omer Sarraut, pose les conditions d’un soutien au Front Populaire : « Le Parti radical ne saurait s’acheminer vers une acceptation quelconque de la Révolution marxiste […] Il faut convaincre les masses ouvrières que si elles ont des droits, elles ont aussi des devoirs. La persistance du désordre social ne peut aboutir qu’à l’anarchie. A ce prix, nous restons attachés au Front Populaire. » Le 21 juin, Léon Blum (SFIO) démissionnera et le radical Camille Chautemps prendra la tête du gouvernement.

    En politique étrangère, c’est un mouvement profondément pacifiste. À l’heure où l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne ont choisi des dictatures, les dirigeants de la France préfèrent négocier la paix coûte que coûte avec leurs voisins. Quitte à se renier et à laisser Franco écraser la République espagnole à cause d’une non-intervention pour venir au secours de la démocratie. Comme Delbos, on s’évertue à dire en 1937 que la non-intervention abrègera la guerre civile espagnole : « Ai-je besoin d’ajouter qu’en même temps que nous voulons empêcher la guerre d’Espagne de se généraliser, nous souhaitons de tout coeur en hâter la fin ? Il est évident que plus la non-intervention sera effective, moins les hostilités pourront se prolonger. » Il est vrai que la peur du communisme chez les radicaux, les a peut-être inclinés à agir ainsi. Yvon Delbos s’explique : « Cette volonté de fermer toutes les issues par où la guerre pourrait passer explique notre attitude dans les affaires d’Espagne. Je sais, mes chers amis, que je n’ai pas besoin de la justifier devant vous. N’admettant pas la fatalité de la guerre, vous n’admettez pas davantage celle des conflits idélogiques qui y conduiraient. C’est pour éviter ce glissement avec le danger des rivalités dans les fournitures d’armes et de l’entrée en jeu des amours propres nationaux, que nous avons provoqué un accord de non-intervention qui avait, en outre, pour objet de laisser le peuple espagnol maître de son destin. » C’est sans doute ce qui poussa les radicaux, après que les républicains furent vaincus, à reconnaître le régime franquiste comme unique représentant de l’Espagne. Un régime qui avait chassé par les armes, un pouvoir démocratiquement élu par les urnes. Quel en fut le marché ? Franco s’engageait à ne point intervenir contre la France en cas de conflit avec Hitler et Mussolini. La France en retour rendait au dictateur les armes et l’argent de la République espagnole, placés dans notre pays. C’est le fameux traité Bérard-Jordana.

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    Albert Tomey, Yvon Delbos, Maurice et Albert Sarraut

    On rappelle l’attachement à la Société des Nations et l’on forge sa force dans l’alliance avec l’Angleterre : « Par là, les trois grandes démocraties d’Angleterre, des Etats-Unis, et de France sont comme la Minerve aux yeux clairs dont le glaive protégeait l’olivier. » Les radicaux se bercent d’illusions après avoir laissé Hitler violer la zone démilitarisée le 7 mars 1936. Il loue la médiation pour la paix et fonde leurs espoirs sur des alliances chimériques : « Le pacte franco-soviétique, que l’on brandit comme un épouvantail, mais qui n’en est pas moins une efface garantie de paix. » Staline n’a t-il pas brisé cet accord obtenu en février 1936, en signant le pacte germano-soviétique de non agression le 23 août 1939 ?

    Un an plus tard, une grande partie des radicaux votera les Pleins pouvoirs au maréchal Pétain. Ils l’avaient déjà nommé comme ambassadeur de France auprès de Franco. C’est même un certain Jean Mistler qui fera rédiger l’acte qui enterrera définitivement la République. Le naufrageur de la République obtiendra en retour d’être placé au Conseil National de Vichy. Le Dr Tomey deviendra le Président du Conseil départemental de l’Aude, nommé par Pétain. Le Dr Henri Gout fut l’un de nos élus de l’Aude a ne pas se compromettre avec le régime de collaboration. 

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