Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 232

  • Le 5 avril 1988, le Centre de séjour du pont vieux est inauguré par Michèle Barzach

    Le Centre de séjour du pont vieux qui permettait aux personnes âgées, ayant de modestes revenus, d'y finir leurs jours, est fermé depuis trois ans. Cet endroit avec sa vue magnifique sur la Cité était devenu paraît-il obsolète et en-dehors des normes de salubrité actuelles. Ne pouvait-on pas engager des travaux de modernisation ? On a préféré construire une structure d'accueil appelée "Rives d'odes" près de l'auberge des chênes, route de Limoux, où pour près de 2000 euros mensuels on héberge les personnes dépendantes. Notons, qu'une grève l'an passé a mis en évidence les carences en matière de personnel pouvant altérer la qualité du service... Une dizaine de postes de soignants seraient supprimés.

    201601151635-full.jpg

    © Roger Garcia / DDM

    La réfection et l'humanisation de l'hospice, futur Centre de séjour du Pont-vieux sera réalisée en trois tranches successives mises en chantier en juin 1982, mars 1983 et juillet 1986. Ce programme avait été arrêté par le préfet de l'Aude, le 8 novembre 1978. Il faudra donc attendre sept ans et une subvention de 7 500 000 francs du Ministère des Affaires sociales pour financer la 3e tranche à hauteur de 40% des travaux estimés à 18.750.000 francs. Par délibération du Conseil municipal en date du 10 juillet 1986, la ville de Carcassonne se porte garant de l'emprunt de 1.680.000 contracté par le Centre hospitalier Antoine Gayraud.

    La capacité totale des lits était fixée à 288 : 90 en 1982, 105 en 1983 et 90 en 1986. Toutefois, lors de la dernière tranche le nombre passa de 90 à 66. En effet, le directeur de la DDASS fit savoir qu'il convenait de faire passer les lits de long séjour en lits de Maison de retraite. La mesure fut ainsi enterrinée par le maire avec l'édification de services médico-techniques (balnéothérapie, cabinet dentaire, salle de radiologie, kinésithérapie).

    Barzach.jpg

    L'inauguration en 1988

    Le Centre de séjour du pont vieux fut entièrement rénové en 1988 grâce à deux architectes : Mlle Cailhau et Monsieur Tran Huy Loc. On peut largement s'interroger sur l'étude menée par ce cabinet en matière d'harmonisation architecturale dans un périmètre historique avec vue sur la Cité médiévale. La ministre de la santé et de la famille du gouvernement de Jacques Chirac, a annoncé lors de sa venue l'attribution de plusieurs enveloppes supplémentaires pour financer l'opération en cours : 1 118 000 francs pour l'équipement du nouvel hospice ; 1 million pour la mise en place de 105 lits long séjour, 113 lits de section de cure médicale et 43 lits de maison de retraite à l'hospice. En complément, 1 182 000 francs afin de permettre l'ouverture des 35 lits supplémentaires de cure médicale avec la création de 12 emplois nécessaires à leur fonctionnement.

    "En l'an 2000, les plus de 60 ans représenteront plus de 20 % de la population. Il y aura 1 million de personnes de plus de 85 ans. Le gouvernement de Jacques Chirac a choisi trois priorités : préserver notre système de retraite, favoriser le maintien des personnes âgées à leur domicile et dans leur environnement familier et enfin créer des structures d'accueil et de soins diversifiées et graduées. La France soit être plus fraternelle et plus solidaire. Il faut redonner toute sa place à la solidarité de la famille." (Michèle Barzach)

    Chésa.jpg

    Remise de la médaille de la ville par R. Chésa

    Dans son discours, le maire a rendu hommage au personnel de l'hospice :

    "C'est quotidiennement que le personnel accompagne de sa chaleur et de sa compétence nos personnes âgées les plus démunies. La rénovation de l'hospice répond à la nécessité d'améliorer et d'humaniser le cadre de vie de nos personnes âgées."

    Madame Barzach a rencontré les infirmières et élèves infirmières de la ville, les directeurs de l'hôpital M. Rauly et de l'hôpital psychiatrique de Limoux. Elle a ensuite signé le livre d'or et reçu la médaille de la ville. Elle est également reparti à Paris avec en cadeau, une magnifique lithographie de la Cité signée par Cantier et un coffret prestige de la blanquette de Limoux.

    Unicef.jpg

    © UNICEF / W. Daniels

    Michèle Barzach a été jusqu'en 2015 la présidente d'UNICEF France.

    ______________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Hommage à Jeannot Lapasset (1946-2017)

    Avec la disparition de Jean Lapasset à son domicile vendredi dernier, après une longue maladie, s'éteint le dernier d'une génération de cafetiers brandissant l'amitié et la serviabilité comme étendard. Le café des Négociants c'était le café Lapasset, tellement le nom de cette famille marqua de son empreinte le cœur des Carcassonnais de toutes les générations. Pour preuve, malgré la vente de l'établissement en 2008 et son changement d'enseigne, on désigne toujours l'endroit comme étant chez Lapasset. L'ancien siège de l'USC, de la boule tapageuse, des jeunes lièvres, du FAC, etc. Autant de rires, de tapes dans le dos, de bons gueuletons entre amis avec la caserne Laperrine et ses bisasses du 3e Rpima. Combien de troisièmes mi-temps, les jours de défaites comme les jours de victoires ? Combien de lotos et de canards gras gagnés ? Au-delà de la perte physique de Jeannot Lapasset, c'est toute la bibliothèque immatérielle de ce lieu qui vient de brûler. Cette richesse lui avait été léguée par son père René, en même temps que le café. Notre devoir était d'en sauver un peu la mémoire. C'est ce que je fis en 2010 quand il me reçut à son domicile, en m'ouvrant ses souvenirs photographiques. Cet homme avait à la fois la force d'un chêne et le cœur d'un poète ; c'est d'ailleurs ce qu'il y a de remarquable chez les rugbymen. Nous n'allons pas être tristes, car l'homme aux belles bacchantes avait pour habitude de les sublimer d'un sourire. Nous allons simplement rappeler l'histoire de cette famille et de ce qu'elle apporta à la vie de notre ville.

    img836.jpg

    © Collection Martial Andrieu

    Tout commence en 1905 avec Jean Lapasset qui après avoir quitté Paris achète les trois cafés de la place d'armes (Aujourd'hui Général de Gaulle) pour n'en faire qu'un seul. Il le baptise "Grand café des négociants" en raison des nombreux courtiers en vins de passage les jours de foire, sur le boulevard Barbès.

    1903897524.jpg

    © Collection Martial Andrieu

    Dans les années 1920, les clients et amis du café posent autour de Jean Lapasset. Le charisme du patron emporte l'adhésion des clients. Ce sont des négociants en vins qui les jours de foires, finalisent leurs affaires autour du zinc. 

    Lapasset.jpg

    © Collection Martial Andrieu

    Jean Lapasset passe ensuite la main à son fils unique René en 1930, surnommé amicalement "Luigi". Ce dernier fit les beaux jours d'une ASC qui jouait jusque dans les années 30 à XV, au poste de talonneur. 

    USC 15.jpg

    © Coll. Jean Lapasset

    René Lapasset jouait à l'ASC

    Cirque Amar. Musqtapha directeur.jpg

    © Coll. Jean Lapasset

    René Lapasset s'était lié d'amitié avec les cirques qui s'installaient régulièrement sur la place d'armes (aujourd'hui, général de Gaulle). Ci-dessus, une photo avec Mustapha, le patron du cirque Amar. Il était également un grand ami d'Achille Zavatta et de tous les forains. 

    Tour de France 3.jpg

    © Coll. Jean Lapasset

    Le passage du Tour de France dans les années 1950

    loto.jpg

    Soirée de loto au Café des Négociants, au cours de laquelle René Lapasset annonçait les numéros tirés du sac. Les heureux gagnants repartaient avec canards gras, poulardes et jambons.

    jean.jpg

    Jeannot Lapasset entouré par sa mère et son père semble prêt à prendre la relève. Il a alors une dizaine d'années. C'est au début de 1970 que René passera la main à son fils unique. En fait, René ne quittera jamais vraiment les lieux dans lesquels il mourra en février 1992, à l'âge de 90 ans. 

    img076.jpg

    © Coll. Jean Lapasset

    Jean Lapasset avec sa petite Vespa devant le café de son père

    "Jeannot" prit la succession et modernisa le café. Il bénéficia de la clientèle fidèle, mais il sut surtout la conserver. Les lycéens ne manquaient pas les parties de flippers et de glisser une pièce dans le juke-box. Les samedis, combien de matches du Tournoi des 5 nations suivis depuis l'unique télévision du café ? 

    lapasset.jpg

    © Collection particulière

    Jeannot Lapasset avec des amis bien connus

    lapasset 2.jpg

    © Collection particulière

    Jean Lapasset avec le maire Raymond Chesa. 

    lapasset 3.jpg

    © Collection particulière

    Jean Lapasset était passionné de belles voitures. On lui doit la création de la course du Col du Portel. En 2008, il vendit le café des Négociants à Norbert Serres. L'établissement allait devenir le Saint-Germain, car l'ancien propriétaire ne souhaitait pas que l'on conserve le nom d'origine. 

    1280124656.jpg

    J'avais photographié le café Lapasset en 2008 avant sa transformation. Aujourd'hui, ce lieu a changé d'aspect mais l'âme des Lapasset y est encore pour de nombreuses décennies. En ces moments difficiles, je voudrais témoigner de mon amitié à Marie-Aude, sa fille durement éprouvée par la perte de son père. Ainsi, bien sûr, qu'à l'ensemble de sa famille.

    ___________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine /2017 

  • Le 20 août 1944, l'avion de James Millard Alston est abattu au-dessus de Pezens.

    L'avion du lieutenant américain James Millard Alston, né à Linden en Alabama le 12 décembre 1918, est abattu par la Flak (DCA Allemande) au-dessus de la nationale 113 entre Pezens et Pennautier, le 20 août 1944. Son appareil appartient à une escadrille de SQ 01 spécialisés dans la chasse de nuit. Elle a pour mission de mitrailler les colonnes allemandes en provenance de Toulouse, afin d'éviter qu'elles ne rejoignent la vallée du Rhône.

    James Millard Alston.jpg

    © findagrave.com

    Lt James Millard Alston

    (1918-1945)

    Touché par un tir de la DCA ennemie, l'avion prend feu et s'écrase à Grazailles (Carcassonne) à proximité du domaine de Gougens. Pour le situer grossièrement aujourd'hui, disons près du Conseil départemental.

    j. millard alston

    © Patrick Ertel

    Le lieu du crash en 1944

    James Millard Alston s'est éjecté de son appareil. Il a une légère blessure dans l'avant-bras gauche causée par des éclats l'obus ; il atterrit en parachute au lieu-dit "As Plos" sur la commune de Pennautier. Grâce à Sylvain le Noach - spécialiste des unités et mouvements de troupes allemandes dans l'Aude - nous avons une traduction du rapport rédigé par le lieutenant à son retour de mission.

    j. millard alston

    Avion semblable à celui de J. Millard Alston

    Voici des extraits du rapport de mission 

    "Touché par le mitraillage d'une Flak. Fuite épaisse de fumée noire. Finalement le moteur est mort. Le voile de parachute ne s'est pas déployé. Redéployé le plus loin possible, j'ai pu m'extirper en lâchant le bord de fuite. [...] J'ai atterri à côté du lit d'un ruisseau séché, à 15 pieds des arbres. J'ai grimpé dans les arbustes. J'ai couru le long du ruisseau couvert d'un sous-bois dense. J'ai longé le lit du ruisseau, j'ai trouvé un trou sous une bûche et j'ai réussi à mes glisser parmi les troncs d'arbres. J'avais l'intention de rester jusqu'à la tombée de la nuit. Une heure et demie plus tard, j'entends quelqu'un venir des sous-bois. Un paysan vraiment âgé. Je lui au fait comprendre (indéchiffrable) vers des civils. Il a mimé qu'il allait revenir. Quinze minutes plus tard, il est revenu avec un chapeau blanc en flanelle ou un béret. 

    Il m'a amené chez un ami. On a suivi des chemins de campagne jusqu'à une ferme. J'ai été nourri et il a insisté pour j'aille me coucher. J'ai dormi trois heures. Je me suis réveillé et un autre homme était là (probablement un maquisard). Escorté 3-5 minutes jusqu'à une autre ferme. Deux maquisards sont venus. Un d'entre-eux m'a amené à Saverdun. Je suis resté là jusqu'au 25 août. Famille Fontanelle. Ils m'ont bien soigné. Je pouvais demander tout ce que je voulais.

    Deux ex-pilotes sont allés pour s'assurer que l'avion était complètement détruit. Je suis monté dans une voiture et je suis allé à Foix. Ici, j'ai contacté la mission des alliés - la ville venait juste d'être prise. Une journée avec eux. Quelqu'un de Toulouse a envoyé une voiture pour moi et je suis allé là-bas. "

    j. millard alston

    Manuscrit du rapport du Lt James Millard Alston

    Grâce à la Résistance française, le lieutenant américain rejoindra l'Angleterre, l'Irlande et enfin son pays d'origine. Il reprendra du service lors de la bataille du pacifique contre les Japonais. Son appareil est à nouveau touché au sud d'Okinawa le 25 mars 1945. Cette fois, la mer n'aura pas épargné la vie de James Millard Alston. Son corps n'a jamais été retrouvé.

    j. millard alston

    © findagrave.com

    Vieux cimetière de Linden (Alabama)

    En 2001, des membres de sa famille sont venus des Etats-Unis, se recueillir sur le lieu du crash à Carcassonne. Avec cet article, nous souhaitons rendre hommage à tous ces combattants étrangers qui ont défendu la liberté sur le sol français. 

    j. millard alston

    © Patrick Ertel

    La famille de J. Millard Alston sur les lieux du crash à Carcassonne

    A Pennautier, une plaque rend hommage au lieutenant Alston et à tous ses compatriotes

    j. millard alston

    Merci à Sylvain le Noach

    ___________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017