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  • Le compositeur Jacques Charpentier est décédé hier matin à l'âge de 83 ans

    C'est avec une grande émotion que j'ai appris hier, le décès du compositeur et organiste Jacques Charpentier. Il s'était fixé à Carcassonne depuis les années 1960, après plusieurs collaborations musicales avec son ami Jean Deschamps, dans le cadre du Festival d'Art dramatique de la Cité. Il avait notamment composé la musique pour la pièce de théâtre de Jean-Paul Sartre "Les mouches". Inutile que je revienne sur la carrière de Jacques Charpentier, pour laquelle nous avons consacré de nombreux articles sur ce blog. Disons que cet homme affable et abordable faisait honneur à ceux avec lesquels, il s'abandonnait à parler de musique. J'en fus et à ce titre, les moments hélas trop courts que j'ai passés avec lui, furent en tous points délicieux. Sa préface dans mon ouvrage biographique de Paul Lacombe, restera à jamais d'une inestimable valeur. Que dire de plus quand un homme, qui fut la tête pensante et créatrice de la musique nationale au sein du ministère Malraux, accepte de préfacer votre ouvrage ?

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    © DDM

    Jacques Charpentier voulait que l'on joue sa musique et qu'elle soit reconnue avant sa mort. A plusieurs reprises, il me confia ses craintes ; il faisait un parallèle avec le devenir de celle de Paul Lacombe. Que son unique opéra "Béatrice de Plannisolas" sur un livret en occitan de René Nelli, n'ait été jamais représenté à Carcassonne, le tourmentait. En 2013, il s'empressa de m'annoncer l'attribution d'un Diapason d'or pour l'exécution de ses Etudes karnatiques par un pianiste Allemand. Il était en droit d'attendre quelque chose de la part des municipalités de Carcassonne sur le plan culturel, mais n'avait plus guère d'illusions.

     Un jour, je dis à Chésa que je connaissais très bien.

    - Pourquoi donc, fais-tu un Festival pareil ?

    - Pourquoi, me répondit-il, tu n'aimes pas ?

    - Ce n'est pas un Festival, ça ! 

    - Tu comprends, ça fait venir du monde.

     - Dans ce cas, je te conseille de le remplacer par un festival de la pornographie. Tu en auras encore davantage.

    Chésa est allé bouder dans son coin...

    Les inflexions programmatiques du Festival le rendaient furieux : "Ah ! Si Deschamps voyait ça". Le pire c'est quand sur un coup marketing, la mairie annonçait en 2015 les 10 ans du Festival de Carcassonne. Lui, plus que tout autre, savait que Jean Deschamps était à l'origine du Festival qui débuta dans les années 60. D'abord, ce n'est pas un Festival, disait-il. Car, il n'y a pas de thématique et on ne peut pas se prévaloir de ce titre.

    "J'habite rue Denisse à deux pas de la place Carnot, me disait-il. En été, je suis obligé de fermer mes fenêtres pour ne pas entendre le bruit assourdissant des sonorisations. J'aime la musique populaire, mais en France elle n'existe plus."

    Il n'était pas tendre non plus avec la politique culturelle du gouvernement Hollande. "Ils sont en train de détruire tout ce que l'on avait mis en place avec Malraux : Les centres culturels, les conservatoires, les orchestres nationaux, les Jeunesses musicales de France, etc." 

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    On n'était pas ami avec Jacques Charpentier, c'est lui qui voulait que vous le soyez. Cela fait une sacré différence dans ce pays où les gens se disent l'ami de quelqu'un, alors qu'ils ne le connaissent que depuis 5 minutes. Carcassonne a perdu un homme de grande valeur qu'elle n'a pas su utiliser, comme d'ailleurs beaucoup de talents et de belles choses qu'elle possède. Soyez assurés qu'ils seront tous présents mercredi 21 juin à 16 h à la cathédrale St-Michel pour ses obsèques. Après tout, ce serait bien là la moindre des choses, non ?

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Un diapason d'or pour les Etudes Karnatiques de Jacques Charpentier

    Il est depuis plusieurs années en notre bonne ville, un compositeur dont la valeur est reconnue partout dans le monde sauf bien sûr à Carcassonne. Au delà du manque de curiosité artistique ou plutôt d'une certaine forme d'inculture dont souffre la capitale audoise depuis des lustres, c'est peut-être la discrétion de cet homme qui lui fait défaut. Nous savons bien dans la triste époque culturelle que nous vivons, que seuls les faiseurs et autres aboyeurs ont les hommages d'une presse cherchant à vendre du papier. Il faut ici rendre justice à la majorité des journalistes qui tentent d'élever le niveau des articles, malgré les pressions constantes des grands groupes qui les emploient afin qu'ils fassent du chiffre.

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    Jacques Charpentier fut élève d'Olivier Messiaen avant d'être nommé par André Malraux comme Inspecteur général de la musique au Ministère de la culture. Il est l'auteur de nombreuses pîèces musicales et d'un opéra en langue occitane: Béatrice de Plannisolas. A ce sujet, il convient de rappeler la promesse qui lui a été faite par l'actuel député-maire de Carcassonne en 2011, de donner son opéra au Festival de la cité. Joué à Aix-en-provence, à Nîmes et à Toulouse, mais jamais à Carcassonne alors même que l'action se situe en pays Cathare. Bref...

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    La musique indienne est au centre de l'oeuvre de Charpentier. Ses Etudes karnatiques sont le fruit de 27 années de composition, au coeur d'une recherche approfondie des origines musicales de ce vaste pays. On peut la classer dans l'acheo modernisme que Arnauld Pierre (Professeur d'Art contemporain Paris/ Sorbonne) définit "comme la prise de conscience de la modernité, dès lors que celle-ci se connaît, pourvue d'une histoire longue et nuancée".

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    Chose pas si extraordinaire, il faudra attendre un pianiste allemand, un enregistrement d'un label allemand et une excellente critique d'un magazine musical allemand, pour que le magazine français Diapason fasse enfin un article en décernant à ce disque, un Diapason d'or. "Les allemands ont tout compris de mon oeuvre, l'ont parfaitement analysée dans les moindres détails sans que je leur ai donné la plus petite indication", se plait à me dire Jacques Charpentier. Il ajoute: "Les français, eux, ont écrit un article mondain".

    La critique de Diapason

    Des rythmes suggestifs, des conglomérats de sonorités primitifs, une langue de sons se différenciant à l’infini : voilà les prodiges archaïques que nous présente le pianiste Michael Schäfer sur son douzième CD Un!erhört! chez Genuin. La critique a applaudi à ses découvertes et redécouvertes, grâce auxquelles il a ouvert de nouvelles voies à ses compagnons de métier et aux auditeurs. Il renouvelle l’exploit à présent avec l’intégrale des 72 Études carnatiques de Jacques Charpentier, un élève et ami d’Olivier Messiaen, qui partageait son enthousiasme pour la musique d’Extrême-Orient. Un haut fait pianistique de fixer sur un support sonore cet univers pour 88 touches, cette association de tradition védique de râgas et de musique moderne occidentale : à écouter absolument !

    Vous ne m'en voudrez pas si je vous dit qu'il y a, plus d'un siècle après, une analogie entre ce que vit Jacques Charpentier et ce qu'à vécu Paul Lacombe. Les français se désintéressaient de son oeuvre, quand de l'autre côté du Rhin on encencait sa musique, on la jouait, on la publait. Peut-être est-ce pour cela que Jacques Charpentier a accepté de préfacer ma biographie sur Paul Lacombe...

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