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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 203

  • Les anciennes guérites des édifices publics de Carcassonne

    Si vous passez par la rue Jean Bringer, devant la préfecture, vous remarquerez à droite du portail donnant accès à la cour d’honneur, une guérite en pierre de taille incorporée à la maçonnerie de même appareil. Avant 1941, date à partir de laquelle se tint un gardien de la paix à cet endroit, personne ne gardait l’entrée de la préfecture. Antérieurement, le ministre de l’Intérieur ne possédait pas de fonctionnaires de police en uniforme. Cette fonction était de la prérogative des municipalités qui avaient à recruter leurs agents rémunérés par la commune. De cet fait, la surveillance requise était confiée aux soins de l’armée qui devait assurer le service de garde à la Préfecture, au Palais de justice, à la Banque de France, à l’Évêché situé à l’Hôtel Murat (actuelle Chambre de Commerce) et au cercle des officiers. Ce dernier avait son siège à l’hôtel Saint-Jean Baptiste, démoli en 1911 et remplacé par le Grand Hôtel Terminus.

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    De ces guérites, seuls deux subsistent : celle dont nous venons de parler et celle de l’ancien évêché, rue Aimé Ramond. Celle-ci est située à gauche du portail d’entrée de la Chambre de Commerce. Elle est aussi en pierre de taille ouvragée et murée pour éviter qu’elle ne serve d’abri pour une mauvais action.

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    Dans un journal local, une anecdote nous est rapportée à propos de cette guérite… Un habitant de Carcassonne s’étant attardé pour rentrer chez lui, allait passer devant la guérite, c’était là son chemin pour rentrer en ville. La Ville basse était encore ceinte de remparts et notre homme, peut-être ayant fait la fête, déambulait trainant ses pas sur les pavés inégaux de la chaussée de la rue de la mairie, après avoir passé la porte des Cordeliers. Il arrivait à hauteur du factionnaire, lorsqu’il s’entendit interpeller par un : « Halte là ! qui vive » impératif. Il répondit aussitôt : Rouvenac ! Ce devait être son nom. La sentinelle répondit par : « Passez au large ! ». Notre homme, un paysan habitué au langage occitan, se fit comprendre en répondant : « Je rasée la muraille », voulant ainsi rassurer le militaire qu’il n’avait rien contre lui.

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    © Collection Martial Andrieu

    La Banque de France en 1906

    La troisième guérite, celle de la Banque de France, a été démolie en 1964, au cours de réparations effectuées à cet établissement. Moins ouvragée que les précédentes, elle était en pierre et comportait une petite ouverture dans le fond pour communiquer avec l’intérieur de l’immeuble. Elle était située à huit mètres à droite de l’entrée de la banque.

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    La garde du Palais de Justice était faite par une escouade de six à sept hommes, lequel étaient logés dans le bâtiment de Thémis. Ils occupaient les locaux à gauche des escaliers du palais ; on y voyait encore en 1964, les rateliers d’armes, les bas-flancs où s’allongeaient aux heures de repos les hommes du corps de garde et sur les murs de nombreux graffitis tels que « C’est du peu, c’est 15 au jus. »
    Au centre des officiers, l’entrée était située côté boulevard Omer Sarraut de l’hôtel Saint-Jean Baptiste ; c’était une simple guérite de bois adossée au mur de l’hôtel, lequel fit place en 1914 à l’hôtel Terminus. La guerre de 1914 ayant éclatée, le Cercle des officiers ne fut pas réinstallé en ce lieu.

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    Avec l’état d’urgence en vigueur depuis 2015, nous voyons que nos édifices publics sont à nouveau l’objet d’une surveillance active. Ce ne sont plus les Sergent de ville qui veille, mais les soldats de l’armée d’active. De là à réinstaller des guérites ?…

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • L'arrivée du chemin de fer à Carcassonne sur la ligne de Toulouse à Cette.

    La loi de 1842 détermina les lignes principales des chemins de fer français, mais le réseau n’était tracé que sur le papier. En 1845, on discuta sur l’importante question de savoir sir le chemin de fer de Bordeaux à Sète suivrait la vallée de l’Aude ou bien traverserait le Tarn. A cette époque, le département de l’Aude jouissait d’une bonne sphère d’influence au sein du gouvernement. Une commission fut instituée à Carcassonne, dont les membres durent faire ressortir les avantages d’un tracé suivant la vallée de l’Aude. Au mois d’août, M. Mandoul-Detroyat rendit un rapport au nom de la commission qui ne fut pas sans conséquences sur la décision finale. La loi du 21 juin 1846 concédait à la Compagnie Ezpeleta le réseau reliant la Méditerranée à l’Atlantique, passant par le département de l’Aude ; l’ordonnance du 1er juillet lui concédait l’embranchement de Castres. Hélas, le concessionnaire ne tint pas ses engagements et en 1849, la déchéance de la concession fut encourue. 

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    © Archives de Toulouse

    Inauguration de la gare Matabiau

    Fort heureusement, l’avènement de Napoléon III devait imprimer aux grands travaux publics un essor jusqu’alors jamais observé. Le Midi encore oublié fit valoir ses droits, et sa juste réclamation trouva un écho auprès de l’Empereur. La compagnie Pereire recueillit la succession en déshérence de la compagnie Ezpeleta et les travaux de la ligne Bordeaux-Cette débutèrent au début de l’année 1853. Le tracé entre Bram et Carcassonne ne sera prouvé qu'en 1854 par une administration locale qui n'acceptait pas que le chemin de fer traverse la Bastide, située entre le Canal du midi et l'Aude ; la station est donc établie au-delà du canal, éloignée aussi de plus d'un kilomètre de la Cité médiévale. Nous avions déjà vu cela lorsque les Consuls de la ville avaient refusé le passage du Canal du midi dans la ville au XVIIe siècle.

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    Locomotive de la Cie du Midi

    "Le dimanche 21 décembre 1856, une locomotive apparaissait pour la première fois à Carcassonne, et son arrivée était accueillir avec joie par la population. On venait saluer, comme un symbole de la civilisation moderne pénétrant dans la contrée, cette puissante machine où l'eau et le feu, ces redoutables ennemis de l'homme, vaincus et humiliés, célèbrent le triomphe de l'intelligence sur la force, de l'esprit sur la matière. La curiosité était aussi un attrait, beaucoup de personnes ne connaissant que de nom ce monstre de fer et d'airain, qui secoue un panache de fumée, pousse des sifflements aigus et franchit rapidement les distances, entraînant à sa suite des centaines de voyageurs étonnés. Beaucoup ignorent encore les détails du mécanisme qui produit ces merveilles et il ne sera pas hors de propos d'en donner quelques idées." (M. Dupain, professeur de mathématiques au lycée / 3 janvier 1857)

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    La ligne fut inaugurée le 2 avril 1857 sur 476 kilomètres. La traversée du département de l’Aude fut triomphale pour le convoi d’honneur. En traînés par deux locomotives, les wagons circulaient au milieu d’une foule en liesse ayant mis ses habits de fête. Les Audois avaient tant redouté que le chemin de fer ne passe pas chez eux, qu’ils lui firent une véritable ovation. Les maires, les conseillers municipaux saluaient au passage la vapeur qui s’échappait des locomotives. Les drapeaux et les banderoles fouettés par le vent se mêlaient aux musiques et aux salves tirées depuis les gares. De toutes les gares entre Toulouse et Cette, celle de Carcassonne est la plus avantageusement située.

    "Le 2 et le 3 avril, elle avait provisoirement revêtu la plus coquette parure. Des panneaux peints en détrempe simulait les parties de la construction non encore terminées. Des mâts vénitiens aux brillants gonfanons et des faisceaux de drapeaux tricolores formaient les avenues ou décoraient les quatre faces de l’édifice que festonnaient d’immenses guirlandes de feulillage. La grande salle d’attente des voyageurs était intérieurement ornée avec le meilleur goût. De brillantes tentures, des massifs de feuillage et de fleurs lui donnaient un aspect d’un charme indescriptible. M. Endrès, ingénieur ordinaire de la section, et les ingénieurs sous ses ordres, à qui était due cette gracieuse décoration, ont droit aux éloges les plus justement mérités."

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    © histoire-image.org

    Le train d'honneur parti de Cette, entra à midi et demi dans la gare de Carcassonne, au milieu des salves de l'artillerie municipale, des sons de la musique et des acclamations de la foule jusque sur les hauteurs de Gougens. Imaginez que Gougens se trouve au-delà du plateau de Grazailles, près de l'actuel Conseil général de l'Aude. Des dames élégamment habillées s'étaient placées en avant de la gare des voyageurs. Douze minutes plus tard, le convoi se lançant dans la tranchée à l'ouest de la gare, disparut avec à son bord M. le préfet, Mgr l'Evêque et le général de la caserne. Le parcours de Carcassonne à Toulouse mit 1h40 et arriva à l'heure...

    "Les villageois émerveillés voyaient passer les voitures glissant sur le rail et le reporter Séguevesse, penché à la portière distinguait dans la plaine de Castelnaudary des groupes de femmes à genoux et en prières, dont les sifflements de la locomotive accéléraient les nombreux signes de croix. Nous avons vu un paysan naïf prendre ses sabots à la main et se livrer, en concurrence avec la vapeur, à un steeple-chase effréné, mais qui ne fut pas long. Au retour à Carcassonne dans la soirée, on servir un repas froid."

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    La gare de Carcassonne

    En 1875, la gare sera agrandie et l'on effectuera des travaux de raccordement pour la ligne de Carcassonne à Quillan.

    Sources

    Le Courrier de l'Aude / 3 et 8 avril 1857

    Le rail en France / François et Maguy Palau / Tome 1

    Recherches et synthèse / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • La construction du Pont de l'avenir en 1962 au-dessus de l'Aude

    © structurae.net

    Ne croyez pas, chers lecteurs, que les lenteurs et promesses administratives qui servent souvent le jeu électoral de nos politiques, sont récentes. La construction d'un d'un troisième pont routier au-dessus de l'Aude à Carcassonne, mit soixante ans à se réaliser. La barque de Titine, unique point de liaison à cet endroit entre la rue Antoine Marty et le stade de la pépinière (A. Domec), œuvra jusqu'en 1962. C'est à cette date que débutèrent enfin les travaux d'aménagement de cette construction du génie civil, baptisée quelque temps plus tard : Pont de l'Avenir. Ce futur avait tout de même débuté dans l'esprit de la municipalité en 1886... Douze ans plus tard, le conseil municipal évoqua à nouveau le projet d'un troisième pont routier sur l'Aude. Mais, le 30 août 1906, les édiles d'alors prirent la décision de construire enfin cet ouvrage.

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    © Collection Martial Andrieu

    La barque de Titine en 1920

    Le maire Jules Sauzède exposa que la construction d'un pont sur l'Aude, face à l'abattoir, a été comprise dans le programme des grands et utiles travaux à exécuter par les soins du conseil municipal. Dans l'intérêt de la ville, ajoutait M. Sauzède, l'utilité du pont en question est incontestable. Cet ouvrage facilitera à une grande partie de la population, les communications entre les deux rives de l'Aude et amènera à coup sûr la modification de la RN 113 qui au lieu de suivre le boulevard de la Préfecture (Jean Jaurès, NDLR), pourra occuper la rue Antoine Marty, passer sur le pont projeté et se développer sur le fleuve, sur le coteau de la Gravette pour aller à la même route, N 113, après le Pont neuf actuel.

    Un concours fut présenté et approuvé par le conseil municipal en 1906. Le montant du devis établi par l'architecte Gordien s'élevait à 170 000 francs ; un crédit fut voté le 30 août de la même année. Or, malgré l'approbation préfectorale du 10 janvier 1907, le projet n'eut pas de suite. Il faudra attendre l'avènement de la municipalité du Dr Tomey, vingt ans plus tard. Le pont fit l'objet de nouveaux plans. On songea à un pont métallique, en pierre mais aussi en béton armé. Certains propriétaires proposèrent d'offrir le terrain par où passerait la future route. On voulait le pont ! Un crédit de 380 000 francs fut volé pour sa construction. En vain... Le pont ne fut même pas commencé.

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    Le projet de tracé du futur pont

    Douze ans plus tard, toujours sous la municipalité Tomey, le projet refait surface. Le 21 avril 1937, le conseil municipal approuve le plan entraînant la dépense de 4 650 000 francs. L'état faisant connaître qu'il ne pourrait pas apporter son aide financière cette année-là, la municipalité ajourne le projet dessiné par l'architecte de la ville. Il fallait attendre que l'état fusse en mesure d'en financer une partie. La guerre éclata en 1939 et tout ceci fut remis aux calendes grecques. On en reparla plus du pont avant 1947. Trois ans plus tard, un projet dessiné par M. Seigné - Directeur des services techniques de la mairie - fut soumis et approuvé. Il en coûtait 95 500 000 anciens francs. Patatras ! Tout ceci fut rangé aux archives municipales... 

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    En 1962, la construction du pont devint une nécessité urgente. Le lycée technique était sorti de terre en 1960 et les travaux à la future cité La Conte allaient bon train. L’édification de cette passerelle routière permettra le percement du boulevard Joliot Curie, vers l’extension Est de la ville. Cette fois l’état consentit à mettre la main au portefeuille pour 50% de la facture finale, soit 700 000 nouveaux francs. Les travaux devraient débuter entre le 15 novembre et le 1er décembre 1962.
    Depuis longtemps déjà, la municipalité Jules Fil avait fait procéder à des sondages de terrain pour coût de 1 400 000 francs. Ils révélèrent que l’assise rocheuse sur laquelle pourraient reposer les cinq piles du pont, se situe entre 1,30 et 4,40 mètres. Il faudra donc peu de fondations. l’ouvrage aura une longueur totale de 190 mètres avec un tablier à 7 mètres au-dessus du fleuve. Sur sa largeur de 12 mètres, la route en prendre neuf et chaque trottoirs 1,75 mètres. La distance entre le Pont vieux et le Pont neuf est de 140 mètres ; celle entre le Pont neuf et le nouveau pont sera de 530 mètres.

    "L’accès par la rue Antoine Marty se fera au moyen d’une rampe dont le départ se trouvera à la hauteur de la rue Talmier. Il passera au-dessus du boulevard Sabatier, à une hauteur de 4,50 mètres. Il aboutira place Brisson. La rue Antoine Marty ainsi prolongée, traversera le lotissement Satgé, longera le collège technique pour aller aboutir, plus tard, à un carrefour nouveau, que l’on aménagera au-dessous de Montlegun."

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    Le pont avant son inauguration en 1963

    Carcassonne possède désormais en centre-ville trois ponts sur l’Aude. Le Pont vieux (220 mètres), le Pont neuf (140) et le Pont de l’Avenir (190). Mais au fait, pourquoi cette appellation ? Au départ, on pensa le nommer Pont Jules Fil mais tous les terrains au-delà de l’ouvrage représentaient bien l’avenir urbain de Carcassonne.

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    Le Pont de l'Avenir en 2017

    Sources

    Le courrier de l'Aude, l'Express du Midi

    Bulletins municipaux

    Extraits du Conseil muncipal

    Article mis à jour le 10 avril 2020

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