A proximité de la gare de l'Estagnol et du Canal du midi se trouve un bâtiment, qui de part son allure ne laisse pas indifférent. Il s'agit de l'ancienne cave coopérative Muscoop dont nous allons tenter de retracer l'historique.
Dès 1959, les viticulteurs produisant du raisin à partir d'un cépage, appelé Muscat de Hambourg décident de se regrouper. La vente débute par la commercialisation de raisin de table, puis du jus de raisin livré à la confiserie Durand, rue Antoine Marty. En 1962, sous l'implusion de M. Gleizes, sera construite la cave coopérative Muscoop sur un terrain acheté à la SNCF. Ceci afin d'acceuillir les récoltes de près de 280 adhérents. La production de muscat de Hambourg ainsi stockée se montera à près de 45 000 hectolitres par an. Le bâtiment principal d'une surface de 1000 m2 possède une cave de 700 m2. Cette dernière détient par ailleurs une annexe de 2000 m2 avec 10 cuves de 2000 hectolitres en sous sol et une usine de conditionnement en surface. Ce sont près de 50 employés qui y travaillent quotidiennement en 1963.
Diplômé de la faculté des sciences de Dijon, Gérard Bataille est engagé à Muscoop en 1963 en qualité d'œunologue, chef de fabrication. La cave s'est équipée en cuves stérilisées et a déjà procédé à plusieurs tests sur du jus de raisin pétillant. Gérard Bataille va mettre en musique le muscat de Hambourg sous la forme d'un jus de raisin pétillant: le Drop 3.
Le jus de raisin était d'abord conservé à température ambiante dans une cuve close de 50 hectolitres. Au moment de la fermentation, l'œunologue surveillait l'évolution afin de maîtriser la teneur en alcool qui ne devait pas dépasser 3°. Le niveau une fois atteint, la fermentation était stoppée et le jus filtré pour en séparer les levures. La mise en bouteille se faisait sous pression dans des flacons de 18 cl fabriqués spécialement par Saint-Gobain. La marque déposée "Drop 3" fut d'abord commercialisée par Suze en bouteille de 80 cl avec la mention "Pur jus de muscat" puis par Berger. Au niveau local, Victor Depaule qui se servait de ces camions comme épicier ambulant, avait cédé certains d'entre-eux à Muscoop. Ainsi, la cave vendait son jus de raisin dans l'Aude, telle une station uvale itinérante. Nous savons que les propriétés du jus de raisins sont excellentes pour l'organisme, car il joue le rôle d'anti-oxidant. Malheureusement celui-ci est très coûteux à produire en raison des techniques de conservation. C'est ce qui va entraîner le déclin et l'arrêt du Drop 3 vers 1975.
Muscoop s'était également lancé dans la fabrication d'un mousseux: Le royal muscat. Ce vin de muscat brut était produit dans une cuve close et obtenu après fermentation, par l'ajout d'une liqueur de sucre. Le blason de la Cité de Carcassonne figurait en bonne place sur la bouteille.
A la fin des années 1980, Muscoop ne comptait plus que deux employés. L'aventure innovante, à partir de la transformation du muscat de Hambourg, s'était peu à peu éteinte. La cave ne plus vendait plus que du vin de vrac servant à couper les récoltes en Bordelais, Mâconnais ou encore Dijonnais. Aujourd'hui Muscoop appartient à la cave de la Malepère, mais pour combien de temps encore car il semble ne pas y avoir beaucoup d'activité. Il faudra veiller à ce que l'on ne détruise pas à l'avenir ce bâtiment, fierté des anciens producteurs du muscat de Hambourg.
Sources
Témoignage de M. Gérard Bataille avec l'aide Jacques Blanco
Claude Marquié/ Les dimanches dans l'histoire/ La dépêche
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