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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 104

  • Antoine Mahul (1738-1802), Président de l'administration de Carcassonne

    Le 3 janvier 1738 nait à Villardonnel Antoine Mahul, fils de Pierre - marchand drapier - et de Françoise Tarbouriech. C’est le second enfant de la famille et pour le distinguer, on le nommera Mahul cadet. Impatient de faire fortune et à l’instar de son père, Antoine se lance dans le commerce des draps et parvient à s’enrichir rapidement. Assez, à dire vrai, pour acquérir la Manufacture royale de Villardonnel à Vincent Maurel le 12 juin 1788 pour la somme rondelette de 8000 livres.

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    ©jctruffet.com

    Château de Mahul à Villardonnel

    L’arrivée d’un enfant naturel issu d’une liaison avec Marthe Combes le 26 janvier 1784, ne lui permet pas d’envisager de s’unir avec la fille d’un brassier. Le seigneur de Canecaude et de Villardonnel reconnait néanmoins le petit Antoine et fait en sorte qu’on lui donne la meilleure des éducations, ceci malgré ses fiançailles avec la fille de Joseph Airolles, secrétaire du roi et premier Consul de Carcassonne. De 27 ans son aîné, Antoine Mahul convole en justes noces avec Beatrix le 12 mai 1785 avec laquelle il aura trois enfants : Jeanne, Louis et Alphonse. Ce dernier étant principalement connu pour avoir rédigé le « Cartulaire et archives des communes de l’ancien diocèse et de l’arrondissement administratif de Carcassonne. »

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    Alphonse Mahul

    (1795-1871)

    Au sein de la loge « La parfaite vérité » à l’Orient de Carcassonne dans laquelle il avait été initié le 5 février 1769, Antoine Mahul bénéficie de larges soutiens - notamment, celui de son beau-père. Il parvient à jouer un rôle actif au sein des Assemblées primaires, nées de la Révolution française dans le but d’élire les nouveaux représentants du peuple. Le 30 janvier 1795, Mahul cadet devient une première fois Président de l’administration - autrement dit le maire de Carcassonne - et veille sur la destiné de la commune jusqu’au 8 novembre 1795 où il est remplacé par Gabriel Génie. Redevenu simple Officier municipal, Mahul refuse d’exercer ces fonctions par crainte de contrevenir à la loi. Il considère que la situation de Paul Airolles, son oncle par alliance et prêtre déporté inscrit sur la liste des émigrés, l’en empêche. La lettre du ministre portant sur l’article 2 de la loi du 3 brumaire ne fait pas obstacle aux fonctions du citoyen Mahul. Par conséquent, ce dernier est légalement installé dans les jours qui suivent, puis à nouveau Président de l’administration le 30 mars 1796 en remplacement de Gabriel Génie. Son mandat cependant se limitera à avaliser les décisions du gouvernement du Directoire sous le contrôle du Commissaire du pouvoir exécutif. 

    Mahul cadet ne survivra pas longtemps après la fin du Directoire. Il s’éteint le 14 juillet 1802 à Carcassonne à l’âge de 64 ans des suites d’une attaque d’apoplexie. Peu avant sa mort, il accumula du papier monnaie pour mettre ses enfants hors du besoin, mais tout ceci ne valut bientôt plus rien. Après avoir intenté un procès contre les enfants de Beatrix au sujet de l’héritage, le fils naturel de Mahul cadet - commis fabricant de son état - se maria avec Marguerite Leurin et eut dix enfants. Il mourut le 16 août 1842 à l’âge de 60 ans à Carcassonne, 28 rue des études.

    Sources

    Délibération du Conseil municipal 

    Cartulaire / Mahul 

    Souvenirs d'un collégien de l'Empire

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  • La fête de la mort du roi Louis XVI à Carcassonne

    Un de mes amis Carcassonnais, fervent monarchiste, s’était mis en tête avec la bénédiction de la Maison de France et l’assentiment du curé desservant la basilique St-Nazaire, de faire célébrer une messe pour le repos de l’âme de Louis XVI chaque 21 janvier. C’est en effet le jour où le dernier roi de France perdit la vie sur l’échafaud, place de la Révolution à Paris. Cet ami dont je connais parfaitement les bons sentiments de paix et de piété, parvint à ses fins et jusqu’à présent, nul trouble à l’ordre public ne vint déranger cet évènement suivi par une poignée de fidèles. Le 21 janvier dernier, la célébration prit un tournant différent hors les murs de la basilique St-Nazaire. Quelques militants politiques de l’Action française venus de Toulouse - mouvement nationaliste, monarchiste et profondément anti-républicain fondé par Charles Maurras - arboraient  sur le parvis des bannières à la gloire de leur mouvement. Un peu plus loin, une autre poignée de jeunes antifascistes de l’extrême gauche - tout aussi démocrates - s’était donnée rendez-vous afin de manifester leur contestation. Que croyez-vous qu’il advint ? L’affaire tourna au pugilat sur la place Marcou entre les deux factions rivales. Au passage, sur la place la plus républicaine de Carcassonne ! Marcou dut sans doute faire un tour complet dans sa tombe… Les journaux locaux relayés par la presse nationale se firent écho de ces troubles qui déjà s’étaient produits à St-Etienne l’an dernier. La République laissa faire...

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    Le 21 janvier 1795, la municipalité de Carcassonne fêtait l’Anniversaire de "la juste punition du dernier roi des français", selon les termes de la loi. Tous les habitants étaient invités à célébrer la Liberté et la République. 

    « Nous étant rendus dans la grande salle de la maison commune pour célébrer l’anniversaire de la juste punition du dernier roi des français, époque à jamais mémorable ou un peuple libre s’est affranchi de la Tyrannie, après avoir été annoncé par la proclamation faite publiée et affichée le 30 nivôse dernier contenant invitation à toutes les autorités constituées, tant civiles que militaires, les fonctionnaires publics, les employés dans les administrations, la gendarmerie nationale, la compagnie des vétérans, la colonne mobile, les notaires publics, les instituteurs de la jeunesse, les professeurs des écoles centrales et leurs élèves, les membres du jury d’instruction, les musiciens et amateurs et tout les citoyens des deux sexes.

    Un grand nombre des invités et une prodigieuse quantité de citoyens s’étant assemblés dans la maison commune. Il aurait été fait lecture à haute voix de la loi du 23 nivôse dernier, après laquelle lecture nous nous serions rendus avec tout le cortège sur la place de la Liberté où il a été fait plusieurs décharges d’artillerie, chanté des hymnes analogues avec la musique instrumentale.

    En sorte que l’anniversaire a été célébré par acclamation conformément à la loi du 18 floréal an II de la loi du 23 nivôse an IV et à l’arrêté de l’administration centrale du département  de l’Aude du 30 nivôse dernier. »

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    © L'Indépendant

    Le 21 janvier 2020 à la Cité

    Le 21 janvier 2020, où était la République pour permettre que l’on conteste ses valeurs ?

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  • Aux origines de la Brasserie Fritz Lauer à Carcassonne

    Né à Oppenheim dans l’actuelle Allemagne le 24 mai 1802, autrefois Grand duché de Hessen, Fritz Lauer vient s’installer à Carcassonne à l’âge de vingt ans. Peut-être avait-il des liens familiaux avec d’autres Lauer que l’on rencontre au XVIIIe siècle à Carcassonne et à Bram.

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    Le fils du médecin Michel Lauer et de Marguerite Schmitz décide de reprendre les affaires de la brasserie Verguet à la Trivalle et de produire de la bière avec les techniques éprouvées de l’autre côté du Rhin. C’est ainsi que naît en 1824, la brasserie Fritz Lauer ; elle conserve le prénom germanique du patron qui, après francisation devient Jean Frédéric Lauer. Veuf de Pétronille Orliac le 18 novembre 1837, Jean Frédéric se remarie l’année suivante avec Marie Orliac à Montolieu. De ses unions, nous avons compté pas moins de neuf enfants (Antoinette, Charles André, Marguerite, Jean, François, Rosine, Françoise Jean Frédéric, Charles Léopold, Frédéric).

    En 1878, la brasserie Fritz Lauer passera entre les mains de deux de ses fils sous la raison sociale de Lauer frères. Ils en feront l’une des plus importantes du midi. Grâce à l’expérience et au savoir-faire du fondateur, l’entreprise ne cessa pas de s’agrandir et de prospérer selon deux méthodes de fermentation, haute et basse. L’acquisition d’une machine Pictet en 1887 dans l’usine permettra de produire de la bière bock (fermentation basse) et de la bière ordinaire (fermentation haute), pour un procédé qui amène le liquide dans des tuyaux fixés le long des voûtes des immenses cuves. Cette même machine servira à faire la glace destinée à maintenir la température dans les cuves de fermentation.

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    Les machines à vapeur de 25 chevaux mettent en mouvement concasseurs de grains, agitateurs dans les cuves, cribleurs des orges. On compte également quatre chaudières de cent hectolitres, deux cuves, deux cheminées et des pompes. L’eau nécessaire à la fabrication se trouve captée par des sources dont le débit permet de tirer 500 hectolitres à l’heure. La brasserie est en mesure de produire 40 000 hectolitres par an.

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    Le 11 février 1914, la brasserie devient une Société anonyme sous l’impulsion de François Ernst - fils du fondateur - et de son épouse Zélie Borie, mariés à Tulle le 16 septembre 1867. Lauer frères devient « Brasserie Fritz Lauer » pour la fabrication et commerce et vente de la bière en gros ou en détail, soit directement soit par entrepositaires, soit par des établissements de détail. »

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    Son siège étant route de Narbonne à Carcassonne, elle possède logement des domestiques, hangars, écuries avec grains à foin, remise de voitures, salles des machines, salle de brassage, germoirs en sous-sol, caves de fermentation, cave de garde, 119 foudres à bière et 40 cuves à fermentation. L’entreprise est gérée par un conseil d’administration dont les membres sont tous de la famille : Magdeleine Lauer, Prosper Gary, Marie Lauer, Léon Eugène Lauer, Marie Rose Doumerg, Paul Louis Fourès-Carles, Geneviève Louise Lauer, Jean Jeanjean.

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    « La journée commençait à six heures, à la pendule ; le portail était fermé à ce moment-là, et le travail durait jusqu’à midi et de 14h à 18h, pour lesquelles je touchais 7 francs et mon père 8. A cette époque, le demi-litre de bière valait 16 sous, le litre de lait 6 et le kilo de pain, 13… Le travail était pénible car il n’y avait pas de machines, tout se faisait à la force du poignet, par exemple la manipulation du charbon ou de l’orge ; la livraison de la bière était pénible en ville, car il fallait monter les fûts sur le camion, puis les descendre dans les caves des cafés. Certains postes présentaient d’autres inconvénients : les nuages de poussière quand on remuait le grain, la chaleur quand on était près de la chaudière, le froid dans la cave, ce qui fait que ceux qui y travaillent étaient toujours enroués ; quant à ceux qui étaient au germoir, ils étaient tous voûtés à force de remuer le grain avec leur pelle. » (Quelques industries carcassonnaises à la fin du XIXe siècle / Bull. Ses 1984 / Claude Marquié)

    Malgré les difficultés d’un travail pénible, le paternalisme dans la gestion de l’entreprise offrait quelques avantages aux ouvriers, associés à la vie de la famille. Le 30 août 1943, l’Association des jardins ouvriers de la brasserie Fritz Lauer est créée. Elle organise des jardins ouvriers en faveur de ses membres adhérents.

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    Camion électrique devant le café des Négociants

    Après la Seconde guerre mondiale, le transport des fûts s’améliora puis vint la concurrence à laquelle l’entreprise centenaire ne put répondre.

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    En 1951, les bières Ruoms absorbèrent Fritz Lauer avant de disparaître à leur tour. Il reste dans les mémoires et dans les vieilles publicités, le souvenir d’une entreprise Carcassonnaise autrefois florissante. Les bâtiments de l'usine ont été rasés avec la grande cheminée pour laisser place à l'actuelle Cité Léon Noubel.

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    Seul vestige de la brasserie Fritz Lauer, avenue du général Leclerc

    Sources

    Le panthéon de l'industrie / 6 février 1887

    ADA 11 / Série U

    Etat-civil

    Journal Officiel / 1943

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