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Seconde guerre mondiale - Page 60

  • Souvenirs de la Cité sous l'occupation

    L'armée allemande a occupé Carcassonne — qui faisait partie de la zone sud — à partir du 11 novembre 1942. Ce furent les conséquences du débarquement des alliés en Afrique du nord. On sait moins qu'une délégation de la commission d'armistice de la Werhmacht se rendit à plusieurs réprises à Carcassonne, afin d'y rencontrer des homologues français.

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    Les officiers allemands à l'Hôtel de la Cité, le 30 mai 1942.

    © Sylvain le Noach

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    La commission d'armistice devant la Basilique.

    © Sylvain le Noach

    La Cité durant la guerre a mangé son pain noir. Les allemands transformèrent l'Hôtel de la Cité en quartier général et l'ensemble du personnel dût se mettre à leur service. La direction ne s'est pas trop forcée, à ce que l'on peut lire dans les archives ; assumant son allégence au Maréchal.

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    Un jour de fête Franco-Allemande à l'hôtel de la Cité

    Il est d'ailleurs étrange de constater que ce qui a été réquisitionné dans Carcassonne, ne le fut pas au hasard et dans l'improvisation. Reportez-vous à une certain bâtiment récemment rasé route de Toulouse, par exemple...

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    Un jour de 1942, les citadins reçurent un avis de la mairie qui les obligeait à quitter leurs maisons.

    Un habitant raconte : "Nous avons tout laissé. On vendait ce que l'on pouvait aux gitans. Les Allemands ont pillé le reste. C'était terrible. Des rondes avaient lieu tous les soirs. Sans concession. Il paraît qu'il y avait des munitions partout. Seuls MM. Louis Cadène et Buisan furent autorisés à rester. En huit jours, il fallut se replier sur la ville basse "

    On cite toutefois le cas isolé d'une réfractaire, Madame Rajol, institutrice de son état. Le jour elle descendait en ville faire ses courses. Le soir, elle trompait la vigilance des sentinelles.

    On se souvient également du capitaine Helcacer, commandant de la place : "La nuit, il se rendait à la basilique Saint-Nazaire pour jouer de l'orgue. Un gros bavarois, disent les témoins."

    Autre souvenir : Les Allemands fouillaient. Quoi ? On se le demande. Ils creusèrent de nombreuses galeries à l'aide d'un cheval blanc qui tirait un wagonnet.

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    Parmi les citadins, des FFI membres de la Résistance audoise. On reconnaît Eugène Pueyo et son frère Antoine, Guy Escloupié et Lucien Sylvestre. Ce dernier sera dirigeant à l'ASC XIII. Cette photo a été prise à la libération de Carcassonne devant l'hôtel Bristol, le 20 août 1944.

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  • L'action résistante de Robert Tauziès dans le secteur de Lézignan-Corbières

    Je voudrais vous faire partager un document dactylographié inédit, émanant des Archives de l'Aude datant de la Libération. Il a été rédigé par le Comité Local de Libération Nationale de Lézignan. Ce texte évoque les actions de Robert Tauziès au service de la France Libre.

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    Le cours de la République à Lézignan

    Nommé à la direction du Crédit Lyonnais de Lézignan, en août 1940, après sa démobilisation, il fait de son agence une succursale Gaulliste ; ainsi baptisée par des membres influents de la Légion. Il entre ouvertement en conflit avec les légionnaires, ainsi qu'avec toute personne attaquant directement ou indirectement l'action du général de Gaulle ; il transmet ou fait transmettre par son personnel, qui lui est entièrement dévoué, toutes les nouvelles ou instructions de la Radio Française de Londres.

    Au point de vue professionnel, il refuse de participer au financement du marché allemand, conclu par le syndicat des vins, alors que certaines banques de la place proposent leur concours. Il aide à la formation d'un clan Gaulliste, à la tête duquel se trouve Oswald, pour saper l'influence de la Légion au sein du Conseil municipal, pour aboutir finalement à la désagragation de cet organisme Vichyssois. Il insiste particulièrement pour que des Gaullistes notoires soient inclus au Conseil municipal, et plus particulièrement Tallieu et Oswald.

    Le champ était ainsi libre pour lui permettre avec Oswald de fabriquer de fausses cartes d'identité (50 à 60). De nombreuses cartes d'alimentation, dérobées par Oswald étaient distribuées aux réfractaires, et Tauziès remit des jeux entier à Graille pour les maquis.

    Dès 1941, Oswad avait envisagé, avec le colonel Picard, la possibilité de créer des mouvement de résistance ; peu de temps après, étant rentré en contact avec Jean-Paul Léry, Tauziès fut désigné comme agent de liaison, transportant des documents importants à Carcassonne ; lesquels parvenaient au commandement allié. Léry était reçu chez lui et ce travail dura jusqu'au 22 septembre 1943, date de l'arrestation de ce grand français qui fut fusillé le 5 novembre 1943.

    Afin de coordonner l'action de résistance, son chef de secteur lui demande d'essayer de se mettre en contact avec les chefs de la Résistance de l'Aude. Après de nombreuses démarches, il parvient à déceler Sablé, et le fait toucher par M. Claustres, son beau-frère. Il obtint un rendez-vous au Crédit-Lyonnais de Carcassonne, auquel il se rend avec Oswald. Dès cette époque, il se tient en contact avec Sablé, Graille, Myriel [Jean Bringer, NDLR], Georges... et transporte à Lézignan toutes les circulaires et instructions qui lui étaient remises à la suite des réunions tenues au Café du Nord [actuel, café du Dôme. NDLR], et auxquelles il assistait.

    Recevant des ordres de Carcassonne pour organiser des réunions clandestines à Lézignan, soit dans son bureau, soit chez Oswald, ou chez Vidal, instituteur, il s'acquitte merveilleusement de sa tâche et tout se passe bien.

    En juillet 1944, Sablé lui remet un bon de 500.000 francs parachuté d'Alger, et place ce bon chez un de ses clients, accompagné de son chef de secteur. L'argent fut remis à Graille par fraction.

    Quelques temps après, Sablé lui demande de s'assurer de la police ; il rend compte à son chef de secteur, et convoque à la mairie le chef de brigade Chabbal ; celui-ci paraissant hésiter de se mettre à la disposition de la Résistance au jour indiqué. Tauziès et Oswald menacent de le descendre au cas où il n'accepterait pas ; l'accord fut conclu pour qu'il obéisse aux ordres insurrectionnels qui lui seraient donnés le jour J.

    Georges et Sablé convoquent Tauziès à Carcassonne pour lui remettre le plan du cable téléphonique reliant Narbonne-Carcassonne ; avec ordre de le faire sauter ; il emporte ce plan à Lézignan, où les membres du Comité actif l'étudient. Huit jours après le cable sautait à la borne 222.

    Les évènements se précipitèrent et le 19 août 1944, le capitaine Oswald lui ordonna de faire la liaison avec Carcassonne par n'importe quel moyen.  Toutes les communications étant coupées, il réquisitionne d'ordre de la Résistance, un garde-voie avec sa moto et muni d'un faux ordre de mission, il part vers Carcassonne. Plusieurs fois arrêté par les troupes allemandes en retraite, il est retenu à Trèbes où s'agit de traverser les lignes allemandes. De nouveau arrêté, adossé contre un arbre, il doit son salut à la confusion soudaine apportée par une autre colonne allemande se dirigeant sur Béziers.

    Il arrive à Carcassonne, trouve Sablé dans la cour de la mairie, recueille ses conseils et ses ordres, puis se rend au Comité départemental qui siégeait clandestinement rue de la préfecture ; il y rencontre Guille [Georges Guille sera député de l'Aude. NDLR] et Milhaud au moment où la fusillade crépite dans la rue.

    Il repart à Lézignan, rejoint son chef de secteur Oswald et organise avec lui la direction de tous les services de la ville. Il participe aux arrestations, interrogatoires, travaillant nuit et jour pour seconder son chef, dont la charge est écrasante.

    Il organise des patrouilles, aide à la capture de prisonniers et demande à participer à la bataille de Rieux-Minervois, où il part avec la section de Lézignan. Le commandant Bousquet fit connaître , le lendemain, comment s'était comportée cette section.

    Actuellement, les pouvoirs publics prenant peu à peu la direction des affaires, M. Tauziès, membre du Comité local actif de Libération, continue à servir son pays dans la Résistance.

    Fait à Lézignan, le 17 novembre 1944.

    robert tauziès

    Note du blog

    D'après mes recherches, il n'y a pas de rue Robert Tauziès à Lézignan-Corbières. Une lacune fort dommageable... Je ne possède pas de photographie de Robert Tauziès, hélas.

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  • Ce lourd passé qu'on voudrait taire...

    Je suis convaincu que mes articles sur l'occupation captivent ou agacent, sans jamais laisser indifférent ceux qui les lisent. Le but que je poursuis n'est pas — comme j'ai pu le lire — d'assouvir une quelconque vengence. Au nom de quoi et au bénéfice de qui ? Soyons sérieux ! Je souhaite simplement démontrer grâce aux recherches que je mène, que Carcassonne n'a pas été la ville résistante que l'on voudrait nous vendre. Un article du journal La dépêche paru il y a quelques années, titrait au-dessus d'un article consacré aux commémorations de Baudrigues : "Carcassonne, la résistante". Cela a dû en faire bondir quelques-uns, mais quelques-uns seulement ; les autres, sont morts dans la grotte de Trassanel ou à Baudrigues. Les vrais résistants de la première heure — bien qu'avant l'invasion de la zone sud, on ne puisse pas parler de réseau organisé — ce sont la poignée de courageux meneurs qui sont allés défiler pour la République en chantant la Marseillaise à la statue de Barbès. Ceci au nez et à la barbe du Service d'Ordre Légionnaire, contre l'échange de coup de poings et d'arrestations.

    Bien sûr qu'il y a eu des résistants dans Carcassonne, mais combien au milieu d'une population de 35000 habitants dont 800 faisaient partie des Amis de la Légion ? Une population dans laquelle les commerçants étaient majoritairement impliqués dans les associations maréchalistes. Une épuration à nulle autre pareille à partir d'août 1944 avec des centaines d'arrestations dans tous les milieux, et 600 individus frappés d'une peine d'Indignité Nationale avec confiscation des biens et amendes.

    N'oublions pas également les résistants de la dernière heure, si prompts à tondre de pauvres filles sur l'autel de la rumeur publique. Là, en haut de la rue de la liberté sur le boulevard Jean Jaurès...

    Pourtant, le vendredi 12 juin 1942...

     Le théâtre municipal avait fait le plein

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    Ce jour-là, l'écho de Carcassonne s'énorgueillait de la venue du Dr Grimm au théâtre pour une conférence. Ce grand ami de la France ! Mais de quelle France, parlez-vous ?

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    Friedrich Grimm

    (1888-1959)

    Agent de propagande du régime nazi en France et accessoirement, bras droit de Josef Goebbels. Rien que ça ! Ses conférences rassemblent jusqu'à mille personnes. Il publie des livres et ses discours de propagande sont diffusés sur Radio Paris. Mais si, Radio Paris... la radio sur laquelle parlait Philippe Henriot de sa haine des juifs et de la victoire du Reich, avant qu'il ne se fasse tuer par un groupe de résistants en juillet 1944. D'ailleurs, 400 Carcassonnais ont porté leur signature sur le registre de condoléances placé devant le siège de la Milice.

    Quand je lis certains scores aux élections et que je vois des croix gammées dessinées dans Carcassonne, je me dis que rien n'est vraiment mort dans certaines familles, mais seulement en sommeil...

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