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Seconde guerre mondiale - Page 62

  • André Saura, matricule 51.119 tatoué au bras gauche

    C'est l'histoire de deux amis, deux gymnastes de "la Carcassonnaise":

    André Saura et Maurice Ancely.

    En juin 1940, ils ont 16 ans et n'acceptent pas la défaite et la capitulation. André s'engage alors deux ans après, dans l'armée d'Afrique du nord, mais bien qu'incorporé il ne pourra la rejoindre. La Marine française s'est sabordée en rade de Toulon, en raison de l'invasion par l'armée du Reich de la zone sud en novembre 1942. Il est démobilisé mais en mars 1944, il prend une décision lourde de sens et qui bouleversera sa vie, à jamais.

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    Accompagné par son camarade Maurice Ancely, bien décidés à fuir les Chantiers de jeunesse, passeport pour aller travailler en Allemagne et construire des bombes pour tuer ses compatriotes, il rejoignent le maquis. Ils sont rapidement pris en main par les résistants de Montolieu et de Brousses et Villaret. Leurs travaux vont consister d'abord, à rechercher des terrains pour les parachutages dans la forêt de la Galaube. Un soir, on leur annonce qu'il doivent partir pour l'Afrique en passant par l'Espagne. N'écoutant que leur courage, ils obéissent et s'en vont dans une ambulance de Carcassonne "Mer Laborie", jusqu'à la frontière avec les Pyrénnées Orientales. Ensuite, ils marchent de nuit jusqu'au village de Taulis où les attend un passeur. Cet individu au nom de Lopez est aux mains des allemands et quand il est relâché, il les livre à la Gestapo. Ils sont interrogés au Boulou, internés à la citadelle de Perpignan et finalement envoyés au camp de Compiègne. Le 11 mai 1944, dans des wagons à bestiaux contenant 120 hommes chacun, ils sont envoyés à Buchenwald où ils arrivent quatre jours plus tard.

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    "Pendant le transit, nous n'avions pas d'autre choix que de boire de l'urine pour survivre. Malgré cela plusieurs hommes sont morts à l'arrivée au camp." m'a t-il confié. Les SS les font alors descendre à coup de crosse, pendant qu'ils assistent à l'atroce spectacle des camions qui passent sur les corps des hommes morts ou dans le coma. Après la désinfection sommaire, ils revêtent les habits du camp. Leur logement? Une tente de cirque où il sont 400, entassés sur des fagots de bois, la tête touchant les pieds du voisin. certains meurent de froid... A Ellrich, on les fait travailler sur une voie de chemin de fer de 6 heures à 18 heures avec demi-heure de pose à midi. Le camarade Maurice Ancely n'est plus avec lui, il ne survivra pas. Le 19 juillet, changement de camp et nouveau travail. Lever à 3h30, café à 3h40, 4h l'appel dans la cour jusqu'à 5h15 sans bouger par des températures de moins 20 dégrès, 6h le travail jusqu'à 18h30, 20h la soupe (1 litre d'eau avec 3 carottes dedans), 21h le pain (400 grammes) et la margarine (10 grammes). L'hiver la température atteignait -22°, ils étaient en caleçons! La boue rentrait dans les chaussures; sous les coups des Kapos des hommes ne relevent pas et leurs camarades ne peuvent pas intervenir.

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    Le 4 avril 1944, les américains sont à 30km. Les hommes vont quitter le camp et marcher sous les coups des SS. Ceux qui ne peuvent pas suivre sont abattus d'une balle dans la nuque! C'est la colonne de la mort... Dans un village, les "Bôches" vont tenter de les tuer plusieurs fois avec la complicité des habitants mais ils échoueront et finalement, les libérateurs mettront fin à leur calvaire.

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    André Saura (à gauche) et Maurice Ancely (à droite)

    A son arrivée ne gare de Carcassonne, sous les yeux de sa mère qui ne le reconnaîtra pas, André ne pèse que 43 kilos. Il devra sa survie à un excellent moral et ensuite à sa mère. Car, malgré la libération beaucoup décéderont par la suite. André mangera de la soupe et de la Blédine préparée par sa mère pendant des mois, cela lui sauvera la vie. Aujourd'hui à près de 90 ans, ces souvenirs sont autant de plaies à jamais ouvertes. Il en parle comme tous ceux qui sont revenus de l'enfer, avec mesure et humilité. Il m'a confié son récit, qu'il a fait taper sur cinq pages et je l'en remercie.

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    En souvenir de son ami Maurice Ancely (frère de Fernand, ancien maire de Carcassonne) qui a laissé sa vie à 20 ans à Buchenwald, il avait obtenu de Raymond Chésa que le rond-point situé à Géant Cité2 portât son nom. Si vous passez par là, ayez une pensée pour Maurice.

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    André Saura est décédé en mars 2013 à l'âge de 89 ans, son témoignage que j'avais recueilli en 2011 le gardera vivant pour l'éternité. D'une grande humilité et d'une immense discrétion sur ce qu'il a vécu, André Saura s'était confié à moi alors même qu'il ne disait que très peu de choses à ses proches. Ce n'était pas un homme des médailles mais un homme des combats. Chacun comprendra sûrement...

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La rafle des juifs polonais à Caudebronde

    Aujourd'hui, jour de commémoration du 70e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, j'ai souhaité vous communiquer un témoignage oral qui m'est parvenu par téléphone voilà plus d'un an. Pourquoi donc avoir attendu tout ce temps ? Tout simplement parce que je n'ai pas été en mesure de vérifier ces informations. Pourquoi donc alors les diffuser ? Parce qu'il n'y aura bientôt plus de témoins et que la destruction de la villa de la Gestapo de Carcassonne a changé bien des choses dans mon esprit. Je suis convaincu sans accuser personne, qu'il y a désormais une volonté de tenter de faire taire tout ce qui pourrait faire resurgir du passé les agissements peu avouables, d'une partie des français sous l'occupation allemande. N'oublions qu'il a fallu attendre 1995 et le discours de Jacques Chirac pour que la France reconnaisse sa responsabilité dans la déportation de milliers de juifs vers les camps d'extermination. Oui, il y a à Carcassonne des familles qui ont prospéré grâce au marché noir, grâce à la spoliation de biens juifs ! Tout ceci est fort dérangeant et je peux comprendre que l'on veuille ne pas remuer les passions, les préjugés ou les amalgames. Ils pourraient être utilisés opportunément par des vengeurs masqués héritiers des tondeurs de femmes de la libération. C'est-à-dire des résistants de la dernière heure qui, par un coup d'éclat, laveraient tout soupçon sur leurs propres forfaits d'avant août 1944. Rien n'est blanc, rien n'est noir. Tout est gris et même opaque, c'est dire si la tâche des historiens est difficile. Aussi, ne l'étant que partiellement et à la hauteur de mon petit savoir d'amateur, je transcris ce témoignage sans pouvoir authentifier sa véracité. Il vous montrera les difficiles conclusions entre les rumeurs et les faits historiques vérifiés.

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    Le Village de Caudebronde

    Ce qu'on l'on sait avec certitude

    Le 24 août 1942, la police française débarque dans le petit village audois de Caudebronde et procède à l'arrestation des polonais de confession juive envoyés par l'État français pour servir de main d'oeuvre. Parmi eux se trouve de nombreux mineurs travaillant à la mine d'or de Salsigne. Un seul reviendra du camp d'extermination d'Auschwitz ; il s'agit du jeune Simon Salzman. L'ensemble de sa famille sera assasinée là-bas. Monsieur Salzman a transmis jusqu'à sa mort l'année dernière à l'âge de 91 ans, le témoignage horrible de son passage au camp de la mort.

    Ce que le témoingnage prétend

    Il y avait 12 juifs polonais à Caudebronde, seul M. Kuperman s'est sauvé. Ces polonais étaient employés à la mine de Salsigne, mais avaient été notés comme catholiques par les registres de la mairie de Caudebronde. La milice [créée à Carcassonne en 1943. NDLR] débarque dans le village sur dénonciation d'un habitant et les fait arrêter. Au moment où l'un des jeunes français se saisit d'un enfant dans la cour de l'école, une femme l'interpelle avec dégoût :

    — C'est du beau travail que tu fais jeune homme !

    — Tu n'as rien à dire grand-mère, lui répondra t-il

    Le maire de Caudebronde, boulanger de son état, alimentait le maquis de la Montagne-noire tout en recevant le commandement allemand [En août 1942, l'Aude était en zone libre. NDLR]. Il possédait paraît-il le domaine des Ferauds ou Ferrans dans lequel les allemands entretenaient un bordel. La maison a été rasée ensuite. Le jour de l'arrestation des juifs polonais, le maire avait été averti par le commandant allemand. Malgré cela, les polonais ne se sont pas enfuis. Ils ont été tous déportés. Seul Simon Salzman en est revenu et a été ensuite adopté par l'adjoint au maire de Caudebronde.

    Quand au délateur, le maquis a cherché à le tuer mais des personnes du village s'y sont opposées en raison de la forte influence de sa famille.

    Conclusions

    S'il devait y avoir une part de vérité dans ce témoignage, elle serait immédiatement mise à mal par les incohérences de dates et des évènements qui en résultent. C'est bien pour cela qu'en matière de tradition orale, il convient d'être très prudent.

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  • Les administrations allemandes et françaises sous l'occupation à Carcassonne

    Administrations allemandes

     

    Casernes de la justice

    Avenue Henri Gout

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    Novembre 1942 - Août 1943

    Orstlazarett

    (Hôpital pour les soldats)

     

    Caserne Iéna

    1, avenue H. Gout

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    Cantonnement Armée de réserve

    Novembre 1942 - Avril 1943

    Kommandant heeresgebiet Südfrankreich

    Hauptverbindungs-Stab 894 Marseille

    Verbindungs-Stab 734

    Avril 1943 - Août 1944

    Oberfeldkommandantur 894 Avignon

     

    Lycée de jeues filles

    16, boulevard de Varsovie

    Allemands lycée de jeunes filles. 29 mars 1943.jpg

    Cantonnement Armée de réserve

    Novembre 1942 - Avril 1943

    Kommandant heeresgebiet Südfrankreich

    Hauptverbindungs-Stab 894 Marseille

    Verbindungs-Stab 734

    Avril 1943 - Août 1944

    Oberfeldkommandantur 894 Avignon

     

    Caserne Laperrine

    Place général de Gaulle

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    Services de la SS et SD (Gestapo)

    Novembre 1942 - Mars 1944

    SS und polizei-dienstellen

    Höherer SS- und Polizeiführer im Bereich des Militärbefehlshabers in Frankreich

    Befehlshaber der Sicherheitspolizei (SIPO) un des SD im Bereich des Militärbefehlshabers in Frankreich

    Sicherheitspolizei (SD) - Kommando Montpellier

    Sicherheitspolizei (SD) - Außenstelle Carcassonne

     

    Hôpital général

    (actuel Dôme)

    Rue Georges Brassens

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    Hôpital pour soldats

    Novembre 1942 - Août 1944

    Lazarett

     

    Boulevard Jean Jaurès

    Feldkommandantur. Bd J. Jaurès.JPG

    Feldkommandantur 734 et Feldgendarmerie

    Avril 1943

     

    56, rue d'Alsace

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    Logement pour officiers

    Novembre 1942 - Août 1944

    Standortkasse

     

    Grand hôtel terminus

    2, avenue Joffre

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    Feldgendarmerie et Mess des officiers

    Novembre 1942 - Août 1944

    Verbindungs-Stab 734

    Feldgendarmerie

    Offiziersmesse

     

    École normale des filles

    Route de Narbonne

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    Logements pour officiers

    Novembre 1942 - Août 1944

    Unterkunft

     

    Hôtel de la Cité

    place Auguste-Pierre Pont

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    Quartier général

    Novembre 1942 - Août 1944

    Kommandostab

     

    67, avenue F. Roosevelt

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    Maison du SD (Gestapo)

    Novembre 1942 - Août 1944

    Sicherheitspolizei (SD) - Außenstelle Carcassonne

     

    Administrations de l'État Français

     

    18, place Carnot

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    Milice française

    Avril 1943 - Janvier 1944

     

    18, rue de l'Aigle d'or

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    Légion des volontaires français contre le Bolchévisme

    Juillet 1942 - Janvier 1944

     

    Asile de Boutes-Gach

    Avenue F. Roosevelt

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    Cantonnement de la Milice Française

    Groupe Mobile de Réserve

    Avril 1943 - Janvier 1944

     

    Source documentaire

    Deutsches Historisches Institut Paris

    Crédits photos

    ADA 11

    Martial Andrieu

    Google maps

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