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Seconde guerre mondiale - Page 16

  • Bertrand Lamourelle, héros de la Résistance. "Mort pour la France" a 20 ans.

    Bertrand Lamourelle naît le 2 janvier 1924 à Carcassonne dans une famille aisée qui exploite et recycle les chiffons près de la zone de l’Estagnol. C’est son grand-père Alphonse qui avait fondé cette entreprise qui emploie de nombreux ouvriers. Dès l’âge de 8 ans, il est élève des pères jésuites au Caousou à Toulouse. En décembre 1942, il entre au lycée Pierre de Fermat de la même ville ou il obtient son bac série mathématiques. Fin 1943, il est en première année de l’école supérieure de commerce de Toulouse. Petit à petit germe en lui l’envie d’en découdre contre l’Occupant allemand et ses collaborateurs français. Il décide alors de rejoindre le maquis au mois de juin 1944 afin délivrer la patrie du nazisme pour que la France puisse recouvrer sa liberté. Bertrand Lamourelle s’engage alors dans le Corps Franc de la Montagne Noire. Dans ce maquis commandé par des anciens gradés de l’armée française, on retrouve une population cosmopolite venue de l’Europe entière pour se battre. Il y a là des Polonais, des Russes, des Espagnols… de toutes conditions sociales. C’est cela la force de la Résistance ! Au milieu d’eux, le fils bourgeois de Carcassonne, catholique fervent, est un combattant comme les autres qui obéit aux mêmes ordres. Nous tenons à souligner cela, car on a trop laissé penser qu’il n’y avait dans la Résistance armée que des fils d’ouvriers, le plus souvent communistes et anticléricaux. Certes, Bertrand Lamourelle s’était distingué des familles d’industriels ou de grands propriétaires viticoles audois, dont les fils avaient opté pour les unités de la Franc-Garde au sein de la Milice. Il ne fut pas une exception en France, comme d’ailleurs pour ce qui concerne les aristocrates engagés dans l’Armée secrète du général de Gaulle. Il serait trop facile et réducteur de cataloguer les uns et les autres en fonction de leur niveau social et de leur éducation religieuse.

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    Au cours de l’été 1944, les Allemands savent qu’après le débarquement allié en Normandie la cause est entendue. Ils vont perdre la guerre ; ce n’est qu’une question de temps. Ils vont alors mettre en œuvre tout ce qu’il leur reste de force et de matériel, pour anéantir ces maquis qui n’arrêtent pas de les harceler. Aidé sur le terrain par des indicateurs bien rétribués et par les Miliciens, la Gestapo est à la manœuvre avec le concours des unités de l’armée allemande. C’est au cours de l’une de ces opérations que Bertrand Lamourelle va perdre la vie d’une rafale de mitraillette. Au nord de Saint-Pons dans l’Hérault (Pont de la Mouline), les résistants sont aux prises avec des Allemands supérieurs en nombre.

    « Les combattants de la Montagne noire ne veulent pas se replier. Lamourelle, qui s’est battu comme un lion, roule à terre, son fusil-mitrailleur à la main, en craint : « Vive la France ». Le cavalier Lamourelle sérieusement touché, est étendu à quelques mètres. Bardiès, en rampant, le charge sur son dos et commence de progresser lorsqu’une nouvelle rafale fait sursauter le blessé ; il est mort. L’aumônier lui donne sa bénédiction. » (Journal de marche du CFLM, pp.150).

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    Six jours avant le drame, Bertrand Lamourelle écrivait ceci :

    « Le patriotisme, c’est une conscience droite, c’est une susceptibilité ultrasensible sur le chapitre de l’honneur et du devoir. C’est le respect de la parole donnée. Pour finir, c’est accepter de se faire casser la pipe pour barrer la force brutale, soutenir le faible, défendre la justice, rendre témoignage à la liberté. Pour que son pays sauve son honneur, Jeanne d’Arc l’avait compris. »

    Notons que Lamourelle fait usage de la référence à la pucelle d’Orléans, mais pas comme le firent les fanatiques de la Milice, entraînés par un gouvernement d’extrême droite à la solde d’une puissance étrangère. C’est un catholique, patriote, qui veut la victoire de son pays. Pas celle de l’Allemagne dans le déshonneur. C’est une nuance qui a du sens encore aujourd’hui…

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    Bertrand Lamourelle sera inhumé avec ses compagnons d’armes le 23 août 1944 dans le village de Cambon (Hérault). Le corps de ce jeune héros sera rapatrié ensuite à Carcassonne le 4 novembre 1944. Il repose dans le caveau familial au cimetière Saint-Vincent. La croix de guerre lui fut remise à titre posthume par le général de Lattre de Tassigny, le même jour.

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    Le 30 novembre 1954, la ville de Carcassonne inaugurait l'avenue Bertrand Lamourelle, à proximité de l’usine de sa famille. 

    Sources

    Le corps franc de Montagne noire / Journal de Marche

    Blog Saissac d'antan (photo en une)

    M. André Cuin

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • A nos amis de Lorry-lès-Metz. Merci pour la "rue de Carcassonne" !

    Cette commune de Moselle a connu par trois fois les malheurs de la guerre à cause d’un territoire que se sont longtemps disputés la France et l’Allemagne. D’abord en 1870 où la victoire revint à la Prusse. Pendant 48 ans, le français fut banni des registres administratifs et l’école dispensée en langue germanique. Les Alsaciens-Lorrains ne l’entendirent pas ainsi, mais leur désespoir ne put se soulager que dans une chanson appelant à la revanche : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».

    France, à bientôt ! car la sainte espérance

    Emplit nos cœurs en te disant : Adieu !

    En attendant l'heure de délivrance.

    Pour l'avenir… nous allons prier Dieu.

    Nos monuments où flotte leur bannière

    Semblent porter le deuil de ton drapeau.

    France, entends-tu la dernière prière

    De tes enfants couchés dans leur tombeau ?

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière

    Et s'en iraient grossir vos régiments !

    Pour égorger la France, notre mère,

    Vous armeriez le bras de ses enfants !

    Ah ! vous pouvez leur confier des armes,

    C'est contre vous qu'elles leur serviront,

    Le jour où, las de voir couler nos larmes,

    Pour nous venger leurs bras se lèveront.

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Ah ! jusqu'au jour où, drapeau tricolore,

    Tu flotteras sur nos murs exilés,

    Frère, étouffons la haine qui dévore

    Et fait bondir nos cœurs inconsolés.

    Mais le grand jour où la France meurtrie

    Reformera ses nouveaux bataillons,

    Au cri sauveur jeté par la Patrie,

    Hommes, enfants, femmes nous répondrons :

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Tout ceci, jusqu’au moment où la revanche sanguinaire de 1914-1918 vint ramener l’Alsace-Lorraine dans le giron de la France. Chaque monument aux morts de nos villages rappelle le sacrifice de vaillants soldats poussés vers l’abîme, loin de chez eux. Ce conflit dont tout le monde disait qu’il serait court, dura quatre ans. Un traité de Versailles plus loin, la France récupère l’Alsace et la Lorraine et inflige au vaincu, une véritable humiliation. Au sortir du conflit, l’économie Allemande est exsangue. La crise s’abat sur ce pays, le chômage et la faim. Il faut des valises de billets pour payer son pain ; le peuple cherche les coupables.

    Hitler promet de relever le pays et de rendre sa gloire à l’Allemagne à condition de se débarrasser  de ceux qu’ils désigne comme indésirables. Les juifs sont les ennemis de l’Allemagne et même un danger pour sa sécurité. Les mêmes poncifs - très faciles à entendre pour des esprits désespérés - sont actuellement distillés du côté de l’Italie, au sujet de ceux qui traversent la méditerranée pour fuir la guerre.

    « Deutsche über alles » chantait-on sur l’hymne du pays. L’Allemagne au-dessus de tout, compte reprendre secrètement à la France, ce qu’elle a perdu dans le traité de Versailles en 1919. Rompant avec les traités et se dissimulant sous les mensonges de Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères allemand, Hitler met en route une industrie de guerre. Au diable, la remise en cause des libertés publiques, des arrestations des tziganes, de juifs, des opposants politiques. Le peuple Aryen retrouve sa dignité en même temps que le plein emploi. C’est le National-Socialisme, c’est-à-dire la protection des « vrais patriotes » au détriment de ceux que le régime nomme les indésirables, ennemis de l’Allemagne. Cela aboutira à leur élimination par des moyens que nous connaissons tous. « L’Allemagne aux allemands » et « la préférence nationale », sont des thèmes qui ont traversé les frontières et même l’Atlantique, depuis 1933. On dit qu’ils ont à nouveau le vent en poupe…

    Nos dirigeants radicaux-socialistes au pouvoir, à force d’attentisme et surtout, faute de résolutions fermes au niveau européen contre le IIIe Reich, vont intervenir trop tard. Le traité de Versailles interdisait à l’Allemagne de se réarmer, mais ils ont laissé faire… Pire ! Ils fermeront les yeux sur l’annexion des territoires. L’Autriche, la Tchécoslovaquie ? Aucun problème, si cela peut préserver la paix. Dantzig ? On commence à secouer la tête. La Pologne ? On déclare la guerre à l’Allemagne alors que parait-il on avait tout fait pour l’éviter et surtout, que l’on ne s’est pas préparé à affronter les Panzer de l’oncle Adolf. « Si vis pacem, para bellum »

    Alors, me direz-vous : Et l’Alsace-Lorraine dans tout cela ? Après l’armistice de juin 1940, car on oublie que nous avons perdu misérablement la guerre que nous avions déclarée. L’Allemagne fit payer à prix d’or à la France, l’humiliation du traité de Versailles. L’Alsace et la Lorraine furent à nouveau annexées au Reich. Dans les premiers mois qui suivirent, les germains se livrèrent à ce qu’on nomme aujourd’hui : l’épuration ethnique.

    « C’était au matin du 11 novembre. L’abbé Huguet, le curé de Lorry-les-Metz, avait dit une messe clandestine à la mémoire des Français tombés pendant la guerre 14-18. En sortant de l’église, vers 9h, on a constaté que les camions de la Wehrmacht avaient pris position le long de la Grand-rue. On aussitôt compris. » (Témoignage de Louis Poincignon)

    Les jeunes alsaciens, reconnus de race aryenne, eurent l’obligation de s’engager dans l’armée allemande, sans quoi des représailles frappèrent leurs familles. Pour tous les autres, du balai… Vous n’avez que quelques jours pour débarrasser le territoire en prenant vos biens par la route. Nos Lorrains de Lorry-les Metz prirent la direction de la zone libre où s’était établi le département de la Moselle en exil à Montauban. Ils arrivèrent à Carcassonne, furent rassemblés à l’école Jean Jaurès. Après quoi, on les répartit dans des villages du département avec leurs familles : Carcassonne, Montréal d’Aude, Conques-sur-Orbiel, Bram, etc. Fort bien intégrés et accueillis par les villageois, ils y restèrent jusqu’à la Libération.

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    Construction de la rue Carcassonne à Lorry-Les-Metz

    En souvenir, nos compatriotes de l’Est nommèrent une des rues de Lorry-les-Metz du nom de Carcassonne. Les travaux débutèrent en 1979 après que M. Linden a fait cette proposition en Conseil municipal le 12 mai 1978. La rue Carcassonne sera inaugurée le jeudi 28 mai 1981 en présence des maires de Carcassonne et de Montréal d’Aude.

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    La rue de Carcassonne en 2019

     

    Il y a trente-huit ans, derrière les collines, 

    le clocher de Lorry lentement se noyait.

    La gorge serrée, nous partions.

    Lorriots expulsés, nous laissions

    derrière nous nos plaines, nous laissons

    nos maisons, nos récoltes, nos brumes de novembre,

    sans savoir si un jour nous les retrouverions.

     

    Dans nos maigres bagages, nous emportions ficelé

    un peu de la Lorraine.

    Dans le train de migrance, notre dernier regard

    fut pour le Saint-Quentin, qui mourut à son tour,

    en laissant en nos cœurs l’angoisse s’installer.

    Nous, Lorrains patriotes, il nous fallait connaître

    le sort des émigrés.

     

    Où allions-nous ? Là était la question :

    L'Allemagne ou la France ?

    En franchissant la ligne à Mâcon,

    l’espoir put renaître, c’était encore en France

    que nous allions rester.

    Quelques-uns à Marseille, à Privas dans l’Ardèche

    et d’autres à Carcassonne… C’est là où je suis né !

     

    Et voilà qu’aujourd’hui il m’incombe une tâche :

    c’est de vous dire pour tous : Merci, Carcassonnais

    qui, en ces temps meilleurs, venez nous visiter.

    Merci pour votre accueil.

    Merci pour le soleil et pour votre amitié que nous avons gardée.

    Merci pour les souvenirs qui, encore aujourd’hui

    sont « Souvenir Français ».

    (Jean-Pierre Buzy, 30 avril 1978)

     

    Aujourd’hui, souvenons-nous que nous vivons dans une Europe en paix grâce à l’amitié que nous avons tissée avec nos voisins allemands. Il n’y a pour ainsi dire plus de frontières entre eux et nous. Si l’Alsace-Lorraine est française, ils y sont chez nous comme l’on est chez eux.

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  • Ludwig Dischler, le criminel de Baudrigues à la bibliothèque de la C.E.E

    Ludwig Karl Joseph Paul Dischler naît à Bruxelles le 1er août 1895 d’une mère Wallonne et d’un père Allemand. Après avoir obtenu son baccalauréat, le jeune germano-belge poursuit ses études  à la Ludwig-Maximilian’s Universität de Munich et habite 9, Nymphenburgstraße. De cette école cossue dans laquelle on rencontre les enfants des bonnes familles de la société munichoise, Ludwig Dischler sortira diplômé en « Egalité des droits ». Le Dr.Dischler, ainsi qu’il se fait appeler, mène une vie ordinaire qui n’éveille pas le soupçons de son voisinage. En réalité, c’est un espion du contre-espionnage allemand, chef de l’AST Munster chargé de récolter des renseignements en Angleterre et en France. Pisté par le MI5 dès son arrivée sur le sol britannique en 1926, les renseignements « Au service de sa Majesté » conservent les documents mentionnant son activité réelle. L’espion tente d’obtenir des informations sur la Royal Navy et recrute des agents. Il se compromet en essayant de cambrioler le service de sureté français installé à Bonn ; ville occupée par la France suite au traité de Versailles. Le capitaine Dischler, ancien vétéran de 14-18 réformé à cause de invalidité, ne se déplace qu’avec sa jambe artificielle en bois. A la suite de l’affaire de Bonn, il se met au vert à Königsburg puis est repris en main par le renseignement naval avant de s’installer à Hambourg vers 1930. Au numéro 9 de Rehagen à Hambourg, dans l’appartement B situé au rez-de-chaussée, vit le Dr.Dischler avec son épouse. Le couple dépourvu d’enfants se montre très discret et n’invite personne chez lui, malgré l’excellente réputation de juriste dont bénéficie le mari. Il part de chez lui quotidiennement et s’absente régulièrement deux ou trois jours. Sa martingale, c’est son activité de juriste dans une unité de recherche pour le droit public et le droit international. Le thème de son travail étonne : « La différence de conception de l’Etat entre Allemands et Français sur la base de la loi sur l’école primaire en Alsace-Lorraine après 1918 » (Publié à Hambourg en 1931).

    Dischler Ludwig

    Quand Wilhelm Canaris fonde en 1935 l’Abwehrstelle, le Reich a étendu son service de contre-espionnage à toute l’Europe grâce des antennes installées dans ses principales villes. A cette époque, Dischler se voit confier le contre-espionnage interne à Berlin. Après l’armistice de juin 1940, le capitaine Dischler fait partie de l’Abwher I (Marine) à Brest avant d’être envoyé comme chef de l’AST d’Athènes, d’où il collecte les rapports sur la Palestine, Chypre et l’Egypte grâce à ses agents. Au mois de juin 1942, il devient Leiter de l’AST à Salonique jusqu’en avril 1943 et son retour à Hambourg. Le dictateur Franco qui avait été soutenu par l’Abwehr pendant la guerre civile espagnole contre les Républicains, décide de récompenser ses fidèles serviteurs. Ainsi, Ludwig Dischler est-il décoré le 30 septembre 1941 de la médaille de l’Ordre Impérial du Joug et des Flèches.

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    © Eugène Marié

    Le Feldkommandant Dischler dans son bureau à Carcassonne

    En février 1944, au moment où Canaris tombe en disgrâce, Dischler est nommé depuis Hambourg à une Oberfeldkommandantur en France. A Carcassonne, il prend alors la direction de la Feldkommandantur 734 et devient Commandant de la place. Usant de ses multiples expériences en matière de renseignement, il recrute des agents locaux et retourne un certain nombre de résistants tombés dans ses griffes. Dischler va se montrer extrêmement répressif contre la Résistance locale. Grâce à des agents français travaillant pour le compte de l’Abwehr et du S.D, des actions militaires sont menées contre les maquis : Corps Franc de la Montagne Noire (20 juillet), Trassanel (8 août), Villebazy (17 août), Picaussel, etc. Ceci bien entendu avec le concours zélé de la Milice française et des indicateurs du Parti Populaire Français, du Groupe collaboration et tout ce que compte le département comme vichystes. A ce propos, le maire de Villebazy (M. Désarnaud) rapporte dans une déclaration en gendarmerie avoir été convoqué par le préfet Marchais après l’épisode du 17 juillet 1944 : « Vous avez eu de la chance de tomber sur un commandant de la place très chic, avec qui ont peu discuter. » C’était à propos du village que le capitaine Henn voulait incendier ce jour-là. Discuter de quoi, Monsieur le préfet ? Qu’à obtenu Dischler en échange de ses bonnes grâces ?…

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    © Eugène Marié

    La Feldkommandantur, boulevard Jean Jaurès

    Quand Hitler ordonne à ses troupes de se replier vers l’Est, c’est Dischler qui signe l’ordre d’exécution des malheureuses victimes de Baudrigues. Après avoir été fusillées, elle sauteront sur les dépôts de munitions installés dans ce domaine à Roullens à 12h45 le 19 août 1944. A midi, Dischler était déjà parti avec l’ensemble de la Kommandantur vers la vallée du Rhône pour rejoindre l’Allemagne. Il ne sera arrêté par les alliés qu’à l’été 1945, puis interrogé par celles-ci. Aucun compte ne lui sera demandé sur son passé à Carcassonne, dont le renseignement britannique et américain ignore tout. A-t-il été recherché comme criminel de guerre ? Durant son bref internement - il sortira en décembre 1946 - Dischler a pu monnayer des informations secrètes avec les britanniques. Revenu à la vie civile, l’ancien Feldkommandant de Carcassonne reprend des activités de recherche dans son secteur professionnel.

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    La République fédérale d’Allemagne est créée le 23 mai 1949 avec pour capitale Bonn et va profiter économiquement du plan Marshall. Maurice Schumann et Jean Monnet vont poursuivre et approfondir les textes fondateurs de l’Europe qui seront scellés par de Gaulle et Adenauer. Dischler s’intéresse à l’indépendance de la Rhénanie et s’interroge sur l’Europe et sur le sentiment patriotique. Il écrit un certain nombre d’ouvrage qui font référence en matière de droit international comme : Das Saarland 1945-1956 ; une histoire d’histoire ancienne (Hambourg 1956) la question sarroise ; Das staatsangehörigkeitsrecht von Belgien und Luxemburg (« La citoyenneté belge et luxembourgeoise ») Francfort 1950 ;Abkommen über die Internationale Organisation zivilluftfahrt (OACI : « convention sur l’Organisation de l’aviation civile internationale ») Nations Unies 1951 ; Der auswärtige Dienst Frankreichs (« Le Service diplomatique de la France »). Hambourg 1952 (2 volumes 170 et185 pages) ; Die Zypernfrage « La question Chypriote » (Francfort 1960).

    Nous avons pu établir que l’ensemble de ces ouvrages ont été acquis en 1964 par le Communauté européenne et figurent à l’intérieur de sa bibliothèque. Die Zypernfrage (La question de Chypre) qu’il connaît bien pour avoir été chef de l’Abwehr à Athènes en 1941, se trouve désormais dans la bibliothèque de « European Centre for Minority Issues ». Certains historiens citent Dischler sans connaître sans doute son passé, comme J-B Duroselle dans « La France et la menace nazie : l’effondrement de la diplomatie française. » Nous vous conseillons de prendre connaissance à la page 204 du document en lien ci-dessous, de la source bibliographique citée par cette brochure éditée par le Parlement européen intitulée : De la déclaration Schuman à la naissance de la CECA, le rôle de Jean Monnet". Il s'agit de Ludwig Dischler, le criminel de guerre de Baudrigues et de Trassanel.

    http://www.europarl.europa.eu/pdf/cardoc/24663-5531_FR-CARDOC_JOURNALS_No6-complet_low_res.pdf

    Ludwig Dischler est coupable de crimes de guerre dans l’Aude parce qu’il était le Feldkommandant et que les opérations contre la Résistance ont été menées par la Gestapo sur ses ordres. Une note secrète du 8 mai 1944 envoyée de Lyon émanant du Commandant de la zone d’Armée France Sud N°1.694/44 informe que « Les entreprises de la police de sureté et du S.D et de la troupe, le commandant de la troupe, nommé par le commandant du District, respectivement par le Feldkommandant, assume la responsabilité de toutes les mesures à prendre pendant l’entreprise, mesures pour lesquelles il a recours, dans les questions de police, aux conseils du « Commandeur » de la Police de sûreté et du S.D, respectivement de son délégué participant à l’entreprise. Il lui incombe aussi la décision sur l’éventuelle exécution immédiate des terroristes capturés l’arme à la main, et sur la destruction de l’incendie de maisons isolées. Il ne peut être procédé à l’incendie de localités entières qu’avec l’autorisation du Commandant militaire en France. Le commandant de la troupe doit décider, sous sa propre responsabilité également des mesures non purement militaires qui doivent être prises immédiatement, tells que l’exécution immédiate des terroristes capturés et la destruction des maisons isolées. Ce faisant il doit avoir recours aux conseils du chef de la police de sûreté et du S.D qui y participe. »

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    Signature de Dischler en 1926 (Document National Archives)

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    Signature de Dischler sur le registre de condoléances de Philippe Henriot à Carcassonne en juillet 1944 (Document Archives de l'Aude). C'est bien le même homme que plusieurs témoins décrivent avec une jambe en bois.

    Sources

    The National Archives / KV2/391

    Archives de l'Aude

    Service des archives de justice militaire

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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