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Seconde guerre mondiale - Page 17

  • A nos amis de Lorry-lès-Metz. Merci pour la "rue de Carcassonne" !

    Cette commune de Moselle a connu par trois fois les malheurs de la guerre à cause d’un territoire que se sont longtemps disputés la France et l’Allemagne. D’abord en 1870 où la victoire revint à la Prusse. Pendant 48 ans, le français fut banni des registres administratifs et l’école dispensée en langue germanique. Les Alsaciens-Lorrains ne l’entendirent pas ainsi, mais leur désespoir ne put se soulager que dans une chanson appelant à la revanche : « Vous n’aurez pas l’Alsace et la Lorraine ».

    France, à bientôt ! car la sainte espérance

    Emplit nos cœurs en te disant : Adieu !

    En attendant l'heure de délivrance.

    Pour l'avenir… nous allons prier Dieu.

    Nos monuments où flotte leur bannière

    Semblent porter le deuil de ton drapeau.

    France, entends-tu la dernière prière

    De tes enfants couchés dans leur tombeau ?

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Eh quoi ! nos fils quitteraient leur chaumière

    Et s'en iraient grossir vos régiments !

    Pour égorger la France, notre mère,

    Vous armeriez le bras de ses enfants !

    Ah ! vous pouvez leur confier des armes,

    C'est contre vous qu'elles leur serviront,

    Le jour où, las de voir couler nos larmes,

    Pour nous venger leurs bras se lèveront.

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Ah ! jusqu'au jour où, drapeau tricolore,

    Tu flotteras sur nos murs exilés,

    Frère, étouffons la haine qui dévore

    Et fait bondir nos cœurs inconsolés.

    Mais le grand jour où la France meurtrie

    Reformera ses nouveaux bataillons,

    Au cri sauveur jeté par la Patrie,

    Hommes, enfants, femmes nous répondrons :

     

    Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine,

    Et malgré vous nous resterons Français ;

    Vous avez pu germaniser la plaine,

    Mais notre cœur, vous ne l'aurez jamais.

     

    Tout ceci, jusqu’au moment où la revanche sanguinaire de 1914-1918 vint ramener l’Alsace-Lorraine dans le giron de la France. Chaque monument aux morts de nos villages rappelle le sacrifice de vaillants soldats poussés vers l’abîme, loin de chez eux. Ce conflit dont tout le monde disait qu’il serait court, dura quatre ans. Un traité de Versailles plus loin, la France récupère l’Alsace et la Lorraine et inflige au vaincu, une véritable humiliation. Au sortir du conflit, l’économie Allemande est exsangue. La crise s’abat sur ce pays, le chômage et la faim. Il faut des valises de billets pour payer son pain ; le peuple cherche les coupables.

    Hitler promet de relever le pays et de rendre sa gloire à l’Allemagne à condition de se débarrasser  de ceux qu’ils désigne comme indésirables. Les juifs sont les ennemis de l’Allemagne et même un danger pour sa sécurité. Les mêmes poncifs - très faciles à entendre pour des esprits désespérés - sont actuellement distillés du côté de l’Italie, au sujet de ceux qui traversent la méditerranée pour fuir la guerre.

    « Deutsche über alles » chantait-on sur l’hymne du pays. L’Allemagne au-dessus de tout, compte reprendre secrètement à la France, ce qu’elle a perdu dans le traité de Versailles en 1919. Rompant avec les traités et se dissimulant sous les mensonges de Ribbentrop, le ministre des affaires étrangères allemand, Hitler met en route une industrie de guerre. Au diable, la remise en cause des libertés publiques, des arrestations des tziganes, de juifs, des opposants politiques. Le peuple Aryen retrouve sa dignité en même temps que le plein emploi. C’est le National-Socialisme, c’est-à-dire la protection des « vrais patriotes » au détriment de ceux que le régime nomme les indésirables, ennemis de l’Allemagne. Cela aboutira à leur élimination par des moyens que nous connaissons tous. « L’Allemagne aux allemands » et « la préférence nationale », sont des thèmes qui ont traversé les frontières et même l’Atlantique, depuis 1933. On dit qu’ils ont à nouveau le vent en poupe…

    Nos dirigeants radicaux-socialistes au pouvoir, à force d’attentisme et surtout, faute de résolutions fermes au niveau européen contre le IIIe Reich, vont intervenir trop tard. Le traité de Versailles interdisait à l’Allemagne de se réarmer, mais ils ont laissé faire… Pire ! Ils fermeront les yeux sur l’annexion des territoires. L’Autriche, la Tchécoslovaquie ? Aucun problème, si cela peut préserver la paix. Dantzig ? On commence à secouer la tête. La Pologne ? On déclare la guerre à l’Allemagne alors que parait-il on avait tout fait pour l’éviter et surtout, que l’on ne s’est pas préparé à affronter les Panzer de l’oncle Adolf. « Si vis pacem, para bellum »

    Alors, me direz-vous : Et l’Alsace-Lorraine dans tout cela ? Après l’armistice de juin 1940, car on oublie que nous avons perdu misérablement la guerre que nous avions déclarée. L’Allemagne fit payer à prix d’or à la France, l’humiliation du traité de Versailles. L’Alsace et la Lorraine furent à nouveau annexées au Reich. Dans les premiers mois qui suivirent, les germains se livrèrent à ce qu’on nomme aujourd’hui : l’épuration ethnique.

    « C’était au matin du 11 novembre. L’abbé Huguet, le curé de Lorry-les-Metz, avait dit une messe clandestine à la mémoire des Français tombés pendant la guerre 14-18. En sortant de l’église, vers 9h, on a constaté que les camions de la Wehrmacht avaient pris position le long de la Grand-rue. On aussitôt compris. » (Témoignage de Louis Poincignon)

    Les jeunes alsaciens, reconnus de race aryenne, eurent l’obligation de s’engager dans l’armée allemande, sans quoi des représailles frappèrent leurs familles. Pour tous les autres, du balai… Vous n’avez que quelques jours pour débarrasser le territoire en prenant vos biens par la route. Nos Lorrains de Lorry-les Metz prirent la direction de la zone libre où s’était établi le département de la Moselle en exil à Montauban. Ils arrivèrent à Carcassonne, furent rassemblés à l’école Jean Jaurès. Après quoi, on les répartit dans des villages du département avec leurs familles : Carcassonne, Montréal d’Aude, Conques-sur-Orbiel, Bram, etc. Fort bien intégrés et accueillis par les villageois, ils y restèrent jusqu’à la Libération.

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    Construction de la rue Carcassonne à Lorry-Les-Metz

    En souvenir, nos compatriotes de l’Est nommèrent une des rues de Lorry-les-Metz du nom de Carcassonne. Les travaux débutèrent en 1979 après que M. Linden a fait cette proposition en Conseil municipal le 12 mai 1978. La rue Carcassonne sera inaugurée le jeudi 28 mai 1981 en présence des maires de Carcassonne et de Montréal d’Aude.

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    La rue de Carcassonne en 2019

     

    Il y a trente-huit ans, derrière les collines, 

    le clocher de Lorry lentement se noyait.

    La gorge serrée, nous partions.

    Lorriots expulsés, nous laissions

    derrière nous nos plaines, nous laissons

    nos maisons, nos récoltes, nos brumes de novembre,

    sans savoir si un jour nous les retrouverions.

     

    Dans nos maigres bagages, nous emportions ficelé

    un peu de la Lorraine.

    Dans le train de migrance, notre dernier regard

    fut pour le Saint-Quentin, qui mourut à son tour,

    en laissant en nos cœurs l’angoisse s’installer.

    Nous, Lorrains patriotes, il nous fallait connaître

    le sort des émigrés.

     

    Où allions-nous ? Là était la question :

    L'Allemagne ou la France ?

    En franchissant la ligne à Mâcon,

    l’espoir put renaître, c’était encore en France

    que nous allions rester.

    Quelques-uns à Marseille, à Privas dans l’Ardèche

    et d’autres à Carcassonne… C’est là où je suis né !

     

    Et voilà qu’aujourd’hui il m’incombe une tâche :

    c’est de vous dire pour tous : Merci, Carcassonnais

    qui, en ces temps meilleurs, venez nous visiter.

    Merci pour votre accueil.

    Merci pour le soleil et pour votre amitié que nous avons gardée.

    Merci pour les souvenirs qui, encore aujourd’hui

    sont « Souvenir Français ».

    (Jean-Pierre Buzy, 30 avril 1978)

     

    Aujourd’hui, souvenons-nous que nous vivons dans une Europe en paix grâce à l’amitié que nous avons tissée avec nos voisins allemands. Il n’y a pour ainsi dire plus de frontières entre eux et nous. Si l’Alsace-Lorraine est française, ils y sont chez nous comme l’on est chez eux.

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  • Ludwig Dischler, le criminel de Baudrigues à la bibliothèque de la C.E.E

    Ludwig Karl Joseph Paul Dischler naît à Bruxelles le 1er août 1895 d’une mère Wallonne et d’un père Allemand. Après avoir obtenu son baccalauréat, le jeune germano-belge poursuit ses études  à la Ludwig-Maximilian’s Universität de Munich et habite 9, Nymphenburgstraße. De cette école cossue dans laquelle on rencontre les enfants des bonnes familles de la société munichoise, Ludwig Dischler sortira diplômé en « Egalité des droits ». Le Dr.Dischler, ainsi qu’il se fait appeler, mène une vie ordinaire qui n’éveille pas le soupçons de son voisinage. En réalité, c’est un espion du contre-espionnage allemand, chef de l’AST Munster chargé de récolter des renseignements en Angleterre et en France. Pisté par le MI5 dès son arrivée sur le sol britannique en 1926, les renseignements « Au service de sa Majesté » conservent les documents mentionnant son activité réelle. L’espion tente d’obtenir des informations sur la Royal Navy et recrute des agents. Il se compromet en essayant de cambrioler le service de sureté français installé à Bonn ; ville occupée par la France suite au traité de Versailles. Le capitaine Dischler, ancien vétéran de 14-18 réformé à cause de invalidité, ne se déplace qu’avec sa jambe artificielle en bois. A la suite de l’affaire de Bonn, il se met au vert à Königsburg puis est repris en main par le renseignement naval avant de s’installer à Hambourg vers 1930. Au numéro 9 de Rehagen à Hambourg, dans l’appartement B situé au rez-de-chaussée, vit le Dr.Dischler avec son épouse. Le couple dépourvu d’enfants se montre très discret et n’invite personne chez lui, malgré l’excellente réputation de juriste dont bénéficie le mari. Il part de chez lui quotidiennement et s’absente régulièrement deux ou trois jours. Sa martingale, c’est son activité de juriste dans une unité de recherche pour le droit public et le droit international. Le thème de son travail étonne : « La différence de conception de l’Etat entre Allemands et Français sur la base de la loi sur l’école primaire en Alsace-Lorraine après 1918 » (Publié à Hambourg en 1931).

    Dischler Ludwig

    Quand Wilhelm Canaris fonde en 1935 l’Abwehrstelle, le Reich a étendu son service de contre-espionnage à toute l’Europe grâce des antennes installées dans ses principales villes. A cette époque, Dischler se voit confier le contre-espionnage interne à Berlin. Après l’armistice de juin 1940, le capitaine Dischler fait partie de l’Abwher I (Marine) à Brest avant d’être envoyé comme chef de l’AST d’Athènes, d’où il collecte les rapports sur la Palestine, Chypre et l’Egypte grâce à ses agents. Au mois de juin 1942, il devient Leiter de l’AST à Salonique jusqu’en avril 1943 et son retour à Hambourg. Le dictateur Franco qui avait été soutenu par l’Abwehr pendant la guerre civile espagnole contre les Républicains, décide de récompenser ses fidèles serviteurs. Ainsi, Ludwig Dischler est-il décoré le 30 septembre 1941 de la médaille de l’Ordre Impérial du Joug et des Flèches.

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    © Eugène Marié

    Le Feldkommandant Dischler dans son bureau à Carcassonne

    En février 1944, au moment où Canaris tombe en disgrâce, Dischler est nommé depuis Hambourg à une Oberfeldkommandantur en France. A Carcassonne, il prend alors la direction de la Feldkommandantur 734 et devient Commandant de la place. Usant de ses multiples expériences en matière de renseignement, il recrute des agents locaux et retourne un certain nombre de résistants tombés dans ses griffes. Dischler va se montrer extrêmement répressif contre la Résistance locale. Grâce à des agents français travaillant pour le compte de l’Abwehr et du S.D, des actions militaires sont menées contre les maquis : Corps Franc de la Montagne Noire (20 juillet), Trassanel (8 août), Villebazy (17 août), Picaussel, etc. Ceci bien entendu avec le concours zélé de la Milice française et des indicateurs du Parti Populaire Français, du Groupe collaboration et tout ce que compte le département comme vichystes. A ce propos, le maire de Villebazy (M. Désarnaud) rapporte dans une déclaration en gendarmerie avoir été convoqué par le préfet Marchais après l’épisode du 17 juillet 1944 : « Vous avez eu de la chance de tomber sur un commandant de la place très chic, avec qui ont peu discuter. » C’était à propos du village que le capitaine Henn voulait incendier ce jour-là. Discuter de quoi, Monsieur le préfet ? Qu’à obtenu Dischler en échange de ses bonnes grâces ?…

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    © Eugène Marié

    La Feldkommandantur, boulevard Jean Jaurès

    Quand Hitler ordonne à ses troupes de se replier vers l’Est, c’est Dischler qui signe l’ordre d’exécution des malheureuses victimes de Baudrigues. Après avoir été fusillées, elle sauteront sur les dépôts de munitions installés dans ce domaine à Roullens à 12h45 le 19 août 1944. A midi, Dischler était déjà parti avec l’ensemble de la Kommandantur vers la vallée du Rhône pour rejoindre l’Allemagne. Il ne sera arrêté par les alliés qu’à l’été 1945, puis interrogé par celles-ci. Aucun compte ne lui sera demandé sur son passé à Carcassonne, dont le renseignement britannique et américain ignore tout. A-t-il été recherché comme criminel de guerre ? Durant son bref internement - il sortira en décembre 1946 - Dischler a pu monnayer des informations secrètes avec les britanniques. Revenu à la vie civile, l’ancien Feldkommandant de Carcassonne reprend des activités de recherche dans son secteur professionnel.

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    La République fédérale d’Allemagne est créée le 23 mai 1949 avec pour capitale Bonn et va profiter économiquement du plan Marshall. Maurice Schumann et Jean Monnet vont poursuivre et approfondir les textes fondateurs de l’Europe qui seront scellés par de Gaulle et Adenauer. Dischler s’intéresse à l’indépendance de la Rhénanie et s’interroge sur l’Europe et sur le sentiment patriotique. Il écrit un certain nombre d’ouvrage qui font référence en matière de droit international comme : Das Saarland 1945-1956 ; une histoire d’histoire ancienne (Hambourg 1956) la question sarroise ; Das staatsangehörigkeitsrecht von Belgien und Luxemburg (« La citoyenneté belge et luxembourgeoise ») Francfort 1950 ;Abkommen über die Internationale Organisation zivilluftfahrt (OACI : « convention sur l’Organisation de l’aviation civile internationale ») Nations Unies 1951 ; Der auswärtige Dienst Frankreichs (« Le Service diplomatique de la France »). Hambourg 1952 (2 volumes 170 et185 pages) ; Die Zypernfrage « La question Chypriote » (Francfort 1960).

    Nous avons pu établir que l’ensemble de ces ouvrages ont été acquis en 1964 par le Communauté européenne et figurent à l’intérieur de sa bibliothèque. Die Zypernfrage (La question de Chypre) qu’il connaît bien pour avoir été chef de l’Abwehr à Athènes en 1941, se trouve désormais dans la bibliothèque de « European Centre for Minority Issues ». Certains historiens citent Dischler sans connaître sans doute son passé, comme J-B Duroselle dans « La France et la menace nazie : l’effondrement de la diplomatie française. » Nous vous conseillons de prendre connaissance à la page 204 du document en lien ci-dessous, de la source bibliographique citée par cette brochure éditée par le Parlement européen intitulée : De la déclaration Schuman à la naissance de la CECA, le rôle de Jean Monnet". Il s'agit de Ludwig Dischler, le criminel de guerre de Baudrigues et de Trassanel.

    http://www.europarl.europa.eu/pdf/cardoc/24663-5531_FR-CARDOC_JOURNALS_No6-complet_low_res.pdf

    Ludwig Dischler est coupable de crimes de guerre dans l’Aude parce qu’il était le Feldkommandant et que les opérations contre la Résistance ont été menées par la Gestapo sur ses ordres. Une note secrète du 8 mai 1944 envoyée de Lyon émanant du Commandant de la zone d’Armée France Sud N°1.694/44 informe que « Les entreprises de la police de sureté et du S.D et de la troupe, le commandant de la troupe, nommé par le commandant du District, respectivement par le Feldkommandant, assume la responsabilité de toutes les mesures à prendre pendant l’entreprise, mesures pour lesquelles il a recours, dans les questions de police, aux conseils du « Commandeur » de la Police de sûreté et du S.D, respectivement de son délégué participant à l’entreprise. Il lui incombe aussi la décision sur l’éventuelle exécution immédiate des terroristes capturés l’arme à la main, et sur la destruction de l’incendie de maisons isolées. Il ne peut être procédé à l’incendie de localités entières qu’avec l’autorisation du Commandant militaire en France. Le commandant de la troupe doit décider, sous sa propre responsabilité également des mesures non purement militaires qui doivent être prises immédiatement, tells que l’exécution immédiate des terroristes capturés et la destruction des maisons isolées. Ce faisant il doit avoir recours aux conseils du chef de la police de sûreté et du S.D qui y participe. »

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    Signature de Dischler en 1926 (Document National Archives)

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    Signature de Dischler sur le registre de condoléances de Philippe Henriot à Carcassonne en juillet 1944 (Document Archives de l'Aude). C'est bien le même homme que plusieurs témoins décrivent avec une jambe en bois.

    Sources

    The National Archives / KV2/391

    Archives de l'Aude

    Service des archives de justice militaire

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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  • Le Midi-Libre créé à Limoux en août 1944 a 75 ans !

    Le débarquement en Normandie venait d'avoir lieu quelques jours auparavant. En ce début d'été 1944, cinq personnes entrent dans le café Négrail à Limoux et s'assoient autour d'une table dans l'arrière-salle pour consommer une limonade.   Ce café n'est pas choisi au hasard puisqu'il appartient à la famille d'Henri et Georgette Négrail, membres de la résistance. Ce sont des gens ordinaires en somme, cherchant à étancher leur soif en période estivale. C'est tout à fait ce qu'ils voudraient laisser paraître... Après un premier rendez-vous raté suite à l'arrivée intempestive de soldats Allemands dans le café, le groupe s'est reformé au même endroit quelques heures plus tard. Qui sont-ils ? Quels sont leurs desseins ?

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    L'ancien café Négrail : "Le Tivoli

    Il y a autour de cette table cinq résistants : Jean Graille (futur Sous-préfet), Madeleine Rochette et son frère Georges Morguleff (Chef départemental des F.F.I), Francis Vals (future président du Comité de Libération) et Jacques Bellon. On ne parle pas des opérations militaires, mais de la mise en place d'une nouvelle presse indépendante représentant le Mouvement de Libération Nationale.

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    Jean Graille en 1989

    Il sera par la suite préfet. Pendant le second mandat de Raymond Chésa à la mairie de Carcassonne, il deviendra son premier adjoint. "C'est ce jour-là que j'ai fait la connaissance de Jacques Bellon. Précédemment, j'avais étudié les divers problèmes de presse avec Lucien Roubaud mais c'est chez Négrail que les choses ont pris tournure. Nous avons, à cinq, décidé et mis au point de façon concrète l'avènement - que nous espérions évidemment proche - d'un quotidien émanant à Montpellier du Mouvement de Libération Nationale (...) Nous avons commencé à parler de la nécessité de faire un journal non communiste qui défende les idées propres au MLN. Jacques Bellon, le seul que je ne connaissais pas, animait le débat. Il parlait d'abondance, avec beaucoup d'assurance et un accent indéfinissable. Savision du futur journal était déjà très claire et ambitieuse. A limoux, nous avons mis au point pour la première fois de façon pratique la création d'un quotidien à Montpellier. "Au coeur de la clandestinité, les grandes lignes du journal, qui ne s'appelle pas encore Midi-Libre, son tracées."

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    Madeleine Rochette, sœur de G. Morguleff

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    G. Morguleff, chef départemental des F.F.I

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    Francis Vals qui sera député-maire de Narbonne

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    L'éclair, journal conservateur du midi fondé en 1881, avait son siège 12, rue d'Alger à Montpellier. Durant l'occupation, il s'était largement compromis par ses positions collaborationnistes favorables à l'Allemagne. Le 21 août 1944, l'éclair sort son dernier tirage mais malgré cela, Albert Marsal qui le tient, refuse toute prise en main du journal non mandatée par le Mouvement de Libération Nationale.

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    Locaux de l'Eclair à Montpellier

    Le 23 août 1944, Madeleine Rochette, Jacques Bellon et Lucien Roubaud au nom du MLN prennent possession des locaux. Le Midi-Libre est né ; Lucien Roubaud vient d'en trouver le nom. A Carcassonne, en demi-heure, Jean Graille réquisitionne l'agence locale du journal. Le Midi-Libre s'installe donc place de la poste (actuelle place du maréchal de Lettre de Tassigny). Guy Cando est nommé chef d'agence en replacement de Ferdinand Pic qui travaillait pour l'Eclair. Candau a d'autres résistants à ses côtés comme Charles Fourès :

    "A l'échelon régional, Midi-Libre se fait largement l'écho des arrestations, des procès, des exécutions légales ou illégales des collaborateurs locaux. En mars 1945, il dénombre 300 traîtres passé par les armes, dont trois préfets sur six, 5404 arrestations, 808 internements et 385 révocations prononcées dans l'administration. Midi Libre et le MLN adoptent une attitude ferme : "il faut frapper à la tête et ne pas ménager les vrais responsables". Parallèlement, le titre condamne toutes représailles et exécutions sommaires. Et constate douloureusement, l'incapacité de la Résistance à recomposer le champ politique du pays. Des conflits éclatent, les anciens clivages réapparaissent. Midi Libre va en souffrir."

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    © Carlos Recio

    L'agence Midi-Libre de Carcassonne, place de Lattre de Tassigny

    Fini la censure de Vichy, le 26 août 1944 une ordonnance rend à la presse sa liberté. Le lendemain paraît le premier numéro du Midi-Libre. Il tient seulement en une page recto-verso à cause de la pénurie de papier et d'encre. Qu'importe ! Cinq crieurs de journaux vendent l'organe de la libération du Languedoc dans les rues de Carcassonne. Jean Labazuy se lève à trois heures du matin pour porter le journal au domicile des Carcassonnais avec sa bicyclette. Les plus vaillants le trouvent dans les kiosques du centre-ville. A cette époque, le journal se résume à une chronique nationale et sportive. Jusqu'en 1947-1948, une large partie est consacrée au ravitaillement car la France libérée crève encore de faim.

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    L'ancienne agence Midi-Libre à Carcassonne

    Pendant longtemps on a affiché dans la vitrine, les scores des matchs de rugby du dimanche et des photographies de l'actualité internationale. Midi-Libre était également le correspondant local de France-Soir et possédait ses propres diffuseurs dans tous les villages de l'Aude.

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    Le 25 juin 2015, le groupe "La dépêche" prend le contrôle de ce journal de la Résistance. Pour ne froisser les consciences de personne, nous n'évoquerons pas le passé de "La dépêche du midi" sous le gouvernement de Vichy. Disons que René Bousquet siégea au conseil d'administration en 1959, anima la présidence de celui-ci et finança la campagne présidentielle de François Mitterrand en 1965 contre le général de Gaulle. Il n'avait été ni plus ni moins que le chef de la police de Vichy ; nous connaissons sa responsabilité dans une certaine rafle en 1942 à Paris qui déporta des centaines de familles vers les camps de la mort.

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