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avignon rené

  • René Avignon, une nouvelle victime de Baudrigues identifiée

    René Joseph Marius Avignon est né le 11 août 1906 à Montpellier, de Jean et de Louise Rudelle. Après son baccalauréat, il entre à la faculté des sciences de Montpellier et de Toulouse. Il en sort avec une licence es-lettres. Incorporé dans l’artillerie comme seconde classe en 1929, René Avignon devient sous-officier en 1930 puis officier de réserve en 1934. Admis dans l’armée d’active en 1937, il est promu au grade de lieutenant en 1939. Il habite à cette époque dans la rue Paul de Rouville "Villa René" à Montpellier. Après plusieurs affectation, il participe à la campagne de France et suite à la défaite de juin 1940 se retrouve dans l’armée d’armistice qui sera démobilisée le 29 novembre 1942. Lorsque les Allemands envahissent la zone libre, le lieutenant ne l’accepte pas et intègre un groupe de renseignement de la Résistance tout en étant Contrôleur régional des produits forestiers. Il s’agit du célèbre réseau Gallia chargé notamment de missions d’espionnage et d’infiltration. Suite à une dénonciation, René Avignon est arrêté le 6 août 1944 par le S.D (Gestapo) en gare de Perpignan. Il est d’abord transféré dans les locaux de la police allemande où il subit un interrogatoire serré.

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    © Le Maitron

    Cour de la citadelle de Perpignan

    Malgré les coups et la torture, l’officier français ne révèle rien avant d’être envoyé à la Citadelle de la capitale catalane le même jour. Mis dans la cellule n°26, il est entouré dans les geôles voisines de détenus dont les cas sont plus ou moins graves. Il y a Georges Salvazo, Le Nahour, un nommé Léon, Kerfour, Soyer, un nommé Louis patron d’un bar de la ville, André Torrent, André Biaud, Simon Battle résidant à Céret et Jacques Bronson. Ces quatre derniers sont transférés le 16 août 1944 en autobus avec René Avignon et Maurice Sevajols via la Maison d’arrêt de Carcassonne. Depuis le mois juillet, elle sert de prison centrale pour les Allemands. Après un voyage éprouvant à travers les Corbières, les prisonniers arrivent à Carcassonne en fin d’après-midi. René Avignon a le visage bandé car les Allemands lui ont cassé la mâchoire à Perpignan ; il peine à marcher soutenu par ses camarades d’infortune. Torrent, Avignon, Batlle, Sevajols, Biaud et Bronson sont incarcérés dans le cœur de la prison.

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    © L'Indépendant

    Les cellules des martyrs de Baudrigues à Carcassonne

    Le 18 août 1944, on leur fait signer un registre. A une heure qu’il n'est pas possible de préciser pour le moment, entre la soirée du 18 et la matinée du 19 août avant 10 heures, quinze prisonniers sont envoyés en autobus au château de Baudrigues près de Roullens. Dans ce groupe, il y a Maurice Sevajols, René Avignon, Simon Batlle, André Torrent, Jacques Bronson, Martin Weill, Pierre Roquefort, Jean Hiot, Léon Juste, Jean Bringer, Aimé Ramond, André Gros, Gilbert Bertrand, Suzanne Last et une femme de confession juive encore aujourd’hui inconnue. Le convoi escorté par des hommes de la 5e compagnie du Landesstützenregiment der Luftwaffe « Lisieux » passe par l’entrée Ouest du domaine, puis sous le hall d’entrée. Les condamnés doivent ensuite se ranger en fille indienne et pénétrer dans le parc où sont stockés 16 dépôts de bombes. Ils sont gardés par une unité de la Flakmast. Un par un, ils avancent dans la clairière chacun leur tour et sont fusillés. Les deux femmes passeront en dernier et chacun recevra le coup de grâce. Ensuite, les Allemands déposeront les cadavres sur les dépôts de bombes avant de les dynamiter à 11h45.

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    Morceau d'étoffe du gilet du lieutenant Avignon à Baudrigues

    Vous comprenez bien qu’il ne restait pas grand chose des corps de ces gens. Au cours des jours qui suivirent, on put identifier certaines victimes à leurs effets personnels. Concernant le lieutenant Avignon qui n’avait pas de famille sur place, on retrouva des lettres. Elles prouvent sa présence à cet endroit. Hélas, elles furent remises par la Croix-rouge au docteur Emile Delteil qui ne voulut pas les rendre de suite malgré l’insistance d’un ami du lieutenant Avignon.

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    Un article parut dans le Républicain des Pyrénées-Orientales le 5 octobre 1944, mais rien dans les journaux audois. Pourquoi a-t-on voulu oublier qu’un officier du renseignement de la Résistance se trouvait à Baudrigues le 19 août 1944 ? Etait-ce à ce point embêtant pour que l’on ne délivre pas d’acte de décès, ni à Roullens, ni à Carcassonne ? Pire, même ! Que le lieutenant René Avignon soit déclaré « Mort pour la France », le 9 juin 1940 à Carcassonne ? Or, cette homme est enregistré comme agent P2 du réseau Gallia pour la période du 1er mai 1944 au 19 août 1944. Il reçut la Croix de guerre et la Médaille de la Résistance à titre posthume.

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    Baudrigues après l'explosion

    Afin de reconnaître officiellement la présence de René Avignon à Baudrigues, il conviendrait que les mairies de Montpellier et de Carcassonne reçoivent du Service historique de la défense, les documents leur permettant de corriger ces oublis. A Montpellier, il s’agit de rajouter en marge de l’acte de naissance : « Mort pour la France à Baudrigues (Aude), le 19 août 1944. » Après quoi, nous pourrions envisager d’inscrire son nom sur la stèle des martyrs à Baudrigues.

    avignon rené

    Sans vouloir paraître complotiste, il faudra que l’on nous explique pour quelle raison Jean Bringer dit Myriel, n’a pas de dossier d’homologation de résistant conservé aux archives de la défense à Vincennes. Qu'a t-on fait de ces documents ?C’est de tout de même un peu gros, quand on sait ce qu’il fut et quel poste il occupait au sein de la Résistance. Toutefois, il y a bien un homonyme mais né en 1920 dans le Gard.

    Sources

    Recherches personnelles

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