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Portraits de carcassonnais - Page 14

  • Le Carcassonnais Etienne Laborde, officier de l'Empereur Napoléon 1er

    Etienne Laborde naît à Carcassonne le 3 décembre 1782 et est baptisé le lendemain dans la paroisse Saint-Sernin. Son père, Jean Laborde, occupe les fonctions de greffier à l’Hôtel de ville et sa mère, Jeanne Marie Menot, ne travaille pas. 

    Le 3 octobre 1793, le très jeune Laborde rejoint le 2e régiment de ligne dans lequel il occupe successivement les fonctions de caporal, fourrier, sergent et sergent-major. Le 7 juin 1809, il est en Espagne lorsqu’il reçoit son brevet de sous-lieutenant. Le 14 octobre 1811, le lieutenant Laborde suit son régiment en Allemagne, fait la campagne de Russie et passe Capitaine le 8 avril 1813 au moment d’entrer en Saxe.

    « M. Laborde s’est constamment distingué par son zèle pour le service, sa bonne conduite et sa bravoure, notamment au combat de Soltonanska en Russie le 23 juillet 1812, où cet officier, alors lieutenant de grenadiers au 85e de ligne, a sauvé la vie au grenadier Dranet, qui était de la même compagnie, tué de sa main un soldat russe, et blessé grièvement deux autres au moment où ces trois soldats russes allaient massacrer le grenadier Dranet, qui était tombé en leur pouvoir : c’est en récompense de cette action qu’il a été décoré de la Croix de la Légion d’honneur ! »

    Pendant le combat, il avait été blessé d’un coup de feu à la joue. Le 17 novembre suivant à Viasma, c’est au genou qu’il fut frappé. Parmi les actions courageuses de notre Carcasosnnais, ajoutons la note suivante : « Le 12 janvier 1814, M. Laborde reçut l’ordre de M. le général de Cambronne de partir à onze heures du soir de Langres (Haute-Marne) avec 150 hommes pour se réunir à un détachement de 600 hommes, commandé par le lieutenant-colonel Albert, du deuxième régiment de grenadiers, à l’effet d’aller attaquer 1200 Autrichiens qui s’étaient établis dans un village à une lieue et demie de Langres. M. Laborde, qui était placé avec 150 hommes à la sortie du village par où l’ennemi a cherché à se sauver, lui a fait beaucoup de mal, en a blessé plusieurs de sa main et a fait un grand nombre de prisonniers : c’est en récompense de cette action qu’il a été fait officier de la Légion d’honneur. » Ceci lui valut d’être élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur le 21 février 1814.

    Lorsque l’Empereur est exilé à l’île d’Elbe, ce dernier le choisit pour l’accompagner au sein du Bataillon-Napoléon avec grade de Capitaine adjudant-major, le 13 avril. Cette présentation avait été faite sur proposition du général Cambronne. Etienne Laborde eut l’occasion de rencontrer un autre Carcassonnais célèbre, le Baron Peyrusse, payeur de la couronne. Ce dernier se tenait à Orléans lorsque Laborde, gardien du trésor de l’Empereur garni de quarante-deux millions, s’y rendit afin de déposer le dernier fourgon contenant huit millions. Notons que les hommes qui accompagnaient l’Empereur portaient tous la cocarde tricolore jusqu’à l’embarquement. Cet embarquement d’évasion pour lequel il fut le premier averti le 26 février 1815. Le 1er mars pour Cent Jours, Napoléon remettait le pied en France et reprenait son pouvoir. La fidélité de Laborde sera récompensée par le grade de Chef de bataillon des chasseurs à pied de la Garde impériale.

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    La bataille de Waterloo

    Lors de la bataille de Waterloo, il se tient aux côtés du maréchal Ney. Sous la Seconde Restauration, il est rétrogradé au rang de capitaine et passe dans la Légion de l’Aude. Il reçoit la Croix de Saint-Louis le 25 mai 1825. Après 1830, on lui octroi les fonctions de Commandant de la place de Cambrai. Dix ans plus tard, alors que l’ancien officier profite de sa modeste retraite à Paris, il se rend à Londres et rencontre le prince Louis-Napoléon pour lequel il n’est pas inconnu. Avec dix-sept autres conjurés, il prépare une action à Boulogne-sur-mer contre le pouvoir de Louis-Philippe 1er, Roi des Français.

    Dans la nuit du 5 au 6 août 1840, Louis-Napoléon Bonaparte débarque avec une cinquantaine de conjurés près de Boulogne-sur-Mer. Prendre la ville, la sous-préfecture et la mairie nécessiterait trop d’effectifs. Les conjurés décident de se rendre à la caserne du 40ème régiment d’infanterie pour que celui-ci apporte les renforts nécessaires. La tentative est un échec. Contraint de fuir, Louis-Napoléon et quelques complices montent dans un canot pour rejoindre leur bateau. Des coups de feu éclatent, le prince est blessé, le canot chavire et les fugitifs sont recueillis. Arrêtés, ils sont traduits devant la justice royale.

    Le procureur général du Roi près de la Cour des Pairs, Franck Carré, les rend coupables « le 6 août 1840 d’un attentat dont le but était de détruire, soit de changer le gouvernement, soit d’exciter les citoyens ou habitants à s’armer contre l’autorité royale, soit d’exciter la guerre civile, en armant ou en portant les citoyens ou habitants à s’armer les uns contre les autres. » Etienne Laborde fera deux ans de prison à Chaillot dans la maison du docteur Pinel.

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    Signature d'Etienne Laborde

    Après la Révolution de 1848, Louis-Napoléon se présente à l’élection présidentielle - la première au suffrage universel. Il est élu et laisse son siège de député de la Charente-Inférieure à Etienne Laborde qui siègera à l’Assemblée du 13 mai 1849 au 2 décembre 1851. Ce bonapartiste se retrouve à droite dans l’hémicycle. Après le Coup d’état du Prince Président devenu Napoléon III, Il est nommé comme Gouverneur du Palais du Luxembourg où siège actuellement le Sénat.

    Etienne Laborde meurt à Paris (VIe arrondissement) le 31 juillet 1865 à 82 ans ; un très bel âge pour l’époque. Son unique fille Gabrielle mourra 18 ans avant lui à l’âge de 29 ans à Carcassonne chez le sieur Borrel, 6 rue Pinel alors qu’elle visitait cet apprêteur de draps.

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    Ouvrage d'Etienne Laborde / 1840

    Sources

    Recherches / Synthèse et rédaction / Martial Andrieu

    Le plutarque de 1847 / Biographie des hommes du jour

    ADA 11 / Etat-Civil

    Cour des Pairs / Procès-Verbal / 1841

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Joseph Poux, l'historien de la Cité de Carcassonne.

    © ADA 11

    Joseph Poux naît à Carcassonne dans la rue du Pont vieux, le 11 avril 1873. A l’âge de dix ans, il perd son père et part avec sa mère rejoindre sa famille à Albi. Dans la ville Tarnaise, il fait de brillantes études au lycée Lapérouse et décroche son baccalauréat le 16 octobre 1892. Reçu 6e au concours de l’Ecole Nationale des Chartes, Joseph Poux en sort avec le diplôme d’archiviste paléographe en 1898 et intègre les Archives de l’Ariège. Quatre ans plus tard, sur recommandation du ministre Delcassé, l’historien est nommé archiviste de l’Aude. Lorsqu’il arrive à Carcassonne, Joseph Poux est d’abord frappé par l’exiguïté des locaux ne permettant pas un classement un optimum des collections. L’endroit est poussiéreux et malcommode ; le nouvel archiviste départemental entreprend alors ce que l’on nomme dans le jargon professionnel : un désherbage. C’est-à-dire qu’il procède à l’élimination des papiers inutiles : « C’est peu d’être suffoqué, durant de longues heures, par l’épaisse et noire poussière qui se dégage des laisses empilées dans les coins les plus inaccessibles, il faut encore procéder à l’examen attentif de chaque article, interpréter de son mieux la lettre des instructions, peu précises souvent, qui règlent les suppressions, et endosser la responsabilité délicate de débarrasser les séries sans les appauvrir. » A cette époque, les Archives départementales se trouvent dans un local adossé à la Préfecture de l’Aude ; elles déménageront dans les années 2000 dans un nouveau bâtiment d’une grande fonctionnalité en-dessous de Grazailles. 

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    Les anciennes Archives de l'Aude, rue Jean Bringer

    Animé d’une grande puissance de travail, Poux multiplie les publications et les mémoires dans les Annales du Midi et les bulletins des sociétés savantes. Muni de documents innombrables, l’historien s’assigne une mission après avoir entendu le sous-secrétaire d’état aux Beaux-arts Dujardin-Beaumetz, déplorer une étude sérieuse sur la Cité de Carcassonne. Joseph Poux qui dans sa jeunesse avait assisté aux restaurations de Viollet-le-duc, se met à l’ouvrage. Il écrira l’histoire de la Cité et annonce ainsi son programme : « L’ouvrage que nous projetons d’écrier contribuerait à combler une lacune que tout le monde déplore. Il s’agirait de prendre le monument à son berceau, de déterminer étape par étape tous les détails de son développement organiquie entre le XIIe et le XIVe siècle (L’épanouissement), de suivre pas à pas l’incessante désagrégation de l’œuvre à travers 500 ans d’inutilisation pratique et de quasi-abandon (La décadence), de caractériser enfin la physionomie nouvelle imprimée à des ruines par le talent puissant, mais inégal, de Viollet-le-Duc (La restauration). »

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    La tour de la Chapelle avant les restaurations

    D’une façon méthodique à l’aide de fiches, Poux réalise ce tour de force et publie avec le concours de son ancien camarade Edouard Privat, les cinq gros volumes entre 1927 et 1937. Il s’agit là de l’ouvrage de référence par excellence qu’il convient de posséder dans sa bibliothèque. Si vous manquez de place, sachez qu’il existe du même auteur un « Précis historique, archéologique et descriptif de la Cité de Carcassonne » édité en 1923. Il sera traduit en Anglais, trois ans après.

    Joseph Poux décède le 9 juin 1938 à Carcassonne et est inhumé au cimetière de la Cité. Pouvait-il en être autrement ? A la fin de l’année 1938, une stèle est érigée par souscription dans le jardin du Prado à proximité de la Porte Narbonnaise, avec en son centre un médaillon de bronze sculpté par Ducuing. Mes demandes de restauration de celle-ci sont restées longtemps vaines, jusqu’en 2015 où Jean-François de Mialhe, alors conseiller municipal en charge de la Cité, a pu rendre sa dignité à ce monument.

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    Dans le quartier des Capucins le nom de Joseph Poux est associé à une place depuis le 10 décembre 1940. Il est bon de savoir qui étaient ces grands Carcassonnais dont on le nom n'évoque plus rien. Reste leur œuvre qui se perd depuis la disparition des René Nelli, Gaston Bonheur, Joe Bousquet, etc. Tous ces érudits Audois qui avaient une envergure au-delà des frontières du département emportant l'histoire de chez nous avec eux. 

    Sources

    C-M Robion / Joseph Poux / 1988

    Jean Girou / La vie des personnages célèbres de l'Aude / 1940

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  • Paul Charles, le souvenir d'un professeur d'Anglais du lycée de Carcassonne

    Paul Charles, Camile était né à Bône en Algérie le 22 janvier 1911. Nombreux parmi nos lecteurs se souviendront certainement avec nostalgie de ce professeur d'Anglais du lycée de Carcassonne. C'est d'abord à Toulouse que Paul Charles effectue ses études en Hypo-cagne et cagne et obtient un Licence es-lettres en Anglais.

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    La grand Khagne de Toulouse en 1930-1931

    A la Libération, Paul Charles est désigné par le Comité Départemental de Libération comme juré de la Cour martiale chargée de juger les miliciens et les collaborateurs. D'après son fils, il restera marqué par la brutalité pour ne pas dire la sauvagerie de certains prétendus résistants. Pour exemple, il tenta de s'opposer aux sévices que subissait une femme dans un local du boulevard Jean Jaurès. Des membres des Milices patriotiques communistes la marquaient à rouge avec des mégots de cigarettes. Il ne put rien faire à part se faire lui-même tuer. Paul Charles ne vota jamais la mort et sauva même la vie d'un notaire et d'un professeur grâce son intervention.

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    Carte de membre de la Police politique de l'Aude

    Mettons au crédit de Paul Charles, le présidence du Ciné-Club en remplacement de Pierre Sourbès dès 1949. Il y restera pendant dix ans et sera l'un des fondateurs du Festival du cinéma de Carcassonne. C'est Clément Cartier qui lui succédera. Parallèlement à cet investissement culturel, le professeur d'Anglais dirigera les colonies de vacances à Alet-les-Bains, Escouloubre et Labastide-de-Sérou.

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    Le lycée de Sokodé (Togo)

    En 1959, Paul Charles quitte Carcassonne et devient chef d'établissement au lycée de Sokodé au Togo. Il y restera pendant cinq années avant d'aller au Congo.

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    Le voilà en 1964 au firmament de sa carrière, lorsqu'il accède au poste de proviseur du lycée Victor-Augagneur de Pointe-Noire. Il s'agit là de la deuxième ville du Congo et de la capitale économique du pays. Paul Charles sera le dernier chef d'établissement avant l'africanisation des cadres de l'enseignement. Il finira comme Inspecteur d'Académie à Brazzaville et retournera prendre sa retraite à Carcassonne. Parmi ces élèves qui deviendront des congolais célèbres, citons le journaliste Jean-Gilbert Foutou (1942-1994) qui a cette époque évoluait dans l'équipe nationale de football du pays.

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    Paul Charles était Chevalier de la légion d'honneur et Commandeur dans l'ordre des Palmes académiques. Il décéda à Carcassonne le 5 octobre 1997 et fut inhumé à Tournon-sur-Rhône.

    Merci à son fils Julian pour tous ces documents

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