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Portraits de carcassonnais - Page 15

  • Ce chanteur qui réhabilita tout le village de Fajac-en-Val dans l'Aude

    Né en 1938 à Puteaux, le neveu du comédien et Sociétaire de la Comédie française Jean Davy est né sous une bonne étoile. A seize ans, il quitte le domicile parental et devient l'administrateur d'un cabaret parisien. Il fait alors la connaissance  de tout ce que la capitale compte d'artistes : Patachou, Edith Piaf, Alex Métayer, Barbara, etc. Le 17 août 1951, il avait déjà assisté au mariage du jazzman Sydney Bechet à Juan-le-Pins, où se trouvait Mistinguet. Plus jeune créateur de chansons de la SACEM, Jean-Pierre Tutin signe dans une maison de disques et passe à la télévision en 1957. Au début des années 60, il pose ses valises à Carcassonne avec son épouse Catherine Claire et ses enfants. Cette dernière chantait dans le groupe "Les trois ménestrels". Ils se produisaient dans les cabarets parisiens: La lapin agile à Montmartre, par exemple. Tutin était accompagné à la clarinette par Alex Métayer, qui deviendra humoriste; mais aussi, par Serge Gainsbourg au piano chez "Milord l'Arsouille", le cabaret de Michelle Arnaud. Catherine Claire vit aujourd'hui à Montlaur... Le couple achète l'ancien café du Midi, situé sur le boulevard Barbès. Transformé en caf'conç, l'établissement prend le nom de "Fiacre" et attire la jeunesse yé-yé. Lors de son passage à Carcassonne, Johnny Hallyday y passera la nuit à boire avec le patron. Nous n'avons pas hélas de photographie de ce lieu qui a été détruit depuis pour un immeuble d'habitation.

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    L'emplacement du Fiacre, à gauche

     Outre les occupations dans son cabaret Carcassonnais, J-P Tutin fonde à cette époque le R.A.C (Racing Athlétic Carcassonnais). Ce club de football est l'ancêtre de l'actuel F.A.C. 

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    J-P Tutin au piano avec Marius Laffargue à la contrebasse, à Carcassonne

    Lorsqu'en 1961 la famille Tutin s'installe à Fajac-en-Val, le village est entièrement ruiné et dépourvu d'habitants. L'homme de spectacle achète d'abord une maison qui flambe en une nuit. Il se remet à l'ouvrage et fait l'acquisition des onze maisons du village qu'il réhabilite les unes après les autres, sauf la mairie et l'école. Il devient le maire de la commune et un instituteur est missionné pour faire l'école à ses enfants. Pendant ces années bohèmes, J-P Tutin reçoit Gaston Bonheur et son fils adoptif, Daniel Riva. Il y vient avec Charles Trenet qui pousse la chansonnette. On y voit le violoniste Casadessus et Henri Gougaud. Deux émissions de télévisions de "l'Invité du dimanche" y seront même tournées. C'est en 1978 que la famille Tutin vendra Fajac-en-Val pour de nouvelles aventures.

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    Fajac-en-Val dans l'Aude

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  • Ces familles Carcassonnaises inhumées dans l'église Saint-Vincent

      Au XVIIe siècle, le sieur Jean Poussonnel est contrôleur des tailles et conseiller de Louis XIV, fonda la Manufacture de la Trivalle avec Castanier. Il s'est marié avec Marie de Bailheron, fille de Jean Bailheron apothicaire de son état et Consul de Carcassonne en 1677.

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    "Portent d'azur à héliotrope d'or, surmonté d'un soleil de même, posé au milieu du chef"

    (Armorial général de France)

    Les époux Poussonnel auront Marie (mariée Jean Clair de Conques), Béatrix, Jeanne (mariée à De Marragon), Vitalus et Jean. Cette famille réside dans le carron des Pénitens bleus, rue Mage (Actuelle rue de Verdun, face à l'hôtel particulier de Castanier-Laporterie). Pour ses fils Vitalis et Jean, le père a acheté deux offices ; l'un de contrôleur du diocèse et l'autre de contrôleur des finances au parlement de Toulouse.  

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    La chapelle de N-D de l'esclavage

    Le 18 décembre 1689, Jean Poussonnel, malade et alité dans sa maison de la rue Mage, convoque son notaire et lui dicte ses dernières volontés. Il demande qu'après son décès son corps soit porté en l'église Saint-Vincent, qu'il soit enseveli dans la sépulture qu'il possède à la chapelle Notre-Dame de l'esclavage sous le clocher où il a deux de ses enfants, à côté de l'autel où l'on dit l'épitre. Il ne souhaite aucun autre prêtre ni religieux et exige un enterrement comme le moindre artisan, sans faste ni vanité. Marie de Bailheron, sa très chère bien aimée femme et son héritière, sera sommée d'exécuter le testament et de faire dire et célèbrer pour le repos de son âme 400 messes basses, y compris celle de la neuvaine, en l'église Saint-Vincent. Jean Poussonnel s'éteint le 24 mars 1694 à Carcassonne. La chapelle Notre-Dame de l'esclavage portait ce nom en raison des Chrétiens esclaves des Barbaresques musulmans au Moyen-Orient. On recueillait des aumônes pour les faire libérer après le versement d'une rançon.

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    © Claude Gironis

    Le château des Saptes à Conques-sur-Orbiel

    Après la mort de son père, Vitalis de Poussonnel fondera en 1704 la Manufacture des Saptes à Conques-sur-Orbiel. Il y travaillera avec son beau-frère Jean Clair, époux de Marie de Poussonnel. 

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    Ignorant l'existence de la sépulture de Jean Poussonnel, l'abbé Jean Cazaux nous a indiqué que dans la chapelle lui faisant face, avait été ensevelie la famille David de la Fajeolle. Notre recherche aura sans doute permis d'augmenter les connaissances sur l'histoire de cette église, si chère au cœur des Carcassonnais.

    Sources 

    Recherches et synthèse / Martial Andrieu

    Testament de Jean Poussounnel / ADA 11

    Histoire de Carcassonne / RP Bouges 

    Cartulaire de Mahul

    Registres paroissiaux / ADA 11

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  • Cette Carcassonnaise qui fut l'épouse de l'humoriste Pierre Dac

    Nous sommes à Paris en 1934 et dans les coulisses du Théâtre de la caricature, la comédienne Dinah Gervyl de son vrai nom Raymonde Faure, fait la connaissance du Roi des loufoques. C'est un véritable coup de foudre ! Les deux amants ne se quitteront plus, alors même que Pierre Dac a épousé une espagnole revêche, Marie-Thérèse Lopez, le 8 janvier 1929. Raymonde Faure a quitté Carcassonne où elle est née le 10 juillet 1909 au 17 rue Courtejaire, pour tenter sa chance dans la capitale. Elle est la fille de Charles Benjamin Faure (employé de commerce) et de Rose Ourtal. Dinah Gervyl fait du cabaret et se fait remarquer par la critique dans le spectacle "Le roi du sex-appeal" en 1936 au théâtre Dejazet. Sa plastique retient toutes les attentions... Avec son amant, elle enchaîne les succès avec "La lune rousse" qu'elle interprète à ses côtés.

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    © Pinterest

    La mère de la comédienne, née Rose Ourtal en 1886 à Carcassonne, avait épousée en seconde noces en 1918, Paul Schouver. Ce dernier, chef de bataillon au 31e Régiment d'Infanterie de Bègles trouva la mort en 1930. Rose Schouver quitte alors Carcassonne et s'installe à Toulouse en faisant l'acquisition du Cristal Palace, à l'angle du boulevard de Strasbourg et de la place Jeanne d'Arc.

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    Le Cristal Palace vers 1930

    Lorsque la Seconde guerre mondiale éclate, l'humoriste André Isaac alias Pierre Dac se réfugie en Zone libre dans le sud de la France. Sa compagne qu'il n'a pas encore épousée, reste à Paris. Il effectue plusieurs tournées de son spectacle dans différentes villes. A Nice, le 17 avril 1941 il se risque à une improvisation qui se moque de l'invasion de Mussolini et qui fait plier de rire la salle. Les autorités de Vichy finissent pas censurer Pierre Dac et à le condamner à 100 francs d'amende. Dégoûté par l'ampleur que prend la tournure des évènements en France, il décide de chercher à passer en Espagne pour rejoindre la France libre en Angleterre. Aidé par sa belle-mère Rose Schouver, il réussit à contacter le réseau de résistants Berteaux qui se retrouve au Cristal Palace. Dans ce groupe, il y a notamment Jean Cassou. Rose Schouver alias Ourtal, fait partie du réseau de renseignements Béryl. Dac parvient à franchir les Pyrénées mais se fait arrêter le 16 novembre 1941. Il est incarcéré à la Carcel Modelo de Barcelone avant d'être remis aux autorités françaises. Jugé par le tribunal de Perpignan à un mois des prison seulement et 100 francs d'amende, il est enfermé à la prison de la ville. Un mois plus tard, le 26 mars 1942 avec 433,10 francs en poche, il rejoint sa belle-mère à Toulouse au Cristal Palace. Pierre Dac compte toujours rejoindre l'Angleterre par l'Espagne, mais les Allemands envahissent la zone sud en novembre 1942. L'affaire devient plus dangereuse pour cet homme de confession juive qui va devoir se planquer entre Toulouse et Perpignan, en cherchant des points de chute.

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    © ECMF

    Dinah Gervyl, alias Raymond Faure

    Dans un courrier du 20 décembre 1944 servant de témoignage au profit d'un Carcassonnais condamné par la Cour du justice pour collaboration, Rose Schouver apporte des éléments à décharge en sa faveur. Nous apprenons que ce boulanger de la rue Barbès avait logé Pierre Dac chez lui. Il semblerait que cette famille - membre du Groupe Collaboration - qui devait avoir un lien de parenté avec les Ourtal ou les Faure, a usé de son influence idéologique pour abriter Pierre Dac.

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    Pierre Dac finira par réussir à rejoindre Londres où il deviendra à la BBC, la voix de la France contre les discours haineux de Philippe Henriot : "Radio-Paris ment, Radio-Paris est Allemand !" Dans la capitale, Dinah ne se sent plus de joie : "Il a réussi, il a réussi" clame t-elle. Le 6 octobre 1944, elle finira par épouser son héros et restera avec lui jusqu'à sa mort en 1975. La comédienne Carcassonnaise mourra le 16 décembre 1977 et est inhumée à Clichy-la-Garenne (92).

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    Si vous passez à Toulouse, 42 Bd de Strasbourg : Le Cristal Palace...

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