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  • Journées européennes du patrimoine 2019

    Chères lectrices, chers lecteurs

    En ces Journées Européennes du patrimoine, je vous souhaite de bonnes visites quel que soit le lieu où vous vous trouvez. Vous pouvez également parcourir sur ce blog les très nombreux articles rédigés depuis 2013. Il fait ses Journées du patrimoine pendant toute l'année. J'espère que vous prenez toujours autant de plaisir à les lire quotidiennement. Quant à moi, je formule le vœux que vous puissiez davantage participer à la vie de ce blog en y laissant des commentaires. On n'a pas toujours quelque chose à dire, mais un petit mot encourage et fortifie l'envie du rédacteur de vous satisfaire. Pensez que c'est sa seule rétribution. C'est bien souvent quand les amours sont perdues que l'on regrette de les avoir laissées filer...

    Martial Andrieu

  • Le calendrier révolutionnaire du Carcassonnais Fabre d'Eglantine était écolo !

    Le 5 octobre 1793, la Convention Nationale adopte le principe d’un nouveau calendrier que l’on nommera « Révolutionnaire », afin de le distinguer de celui de l’Ancien Régime. Le projet du poète Carcassonnais Fabre d’Eglantine est choisi et servira à tous les actes officiels jusqu’à son abrogation par Napoléon Ier, le 11 Nivôse de l’An XIV (1er janvier 1806).

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    L’annuaire républicain ou le décadier, car c’est ainsi qu’il faut l’appeler, supprime toute référence aux saints. Ceux-ci sont remplacés par des personnages de l’Antiquité, des célébrités contemporaines, et surtout des éléments de la nature. Les semaines font place à des décades qui n’ont rien de poétiques : Primi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et decadi. Les cinq jours complémentaires célèbrent les fêtes nationales ; elles sont appelées les Sans-Culottides : Fêtes des Vertus, du Génie, du Travail, de l’Opinion, des Récompenses.

    En revanche, l’appellation des nouveaux mois forcerait l’admiration des plus écolos d’aujourd’hui. En effet, si Fabre conserve les douze mois de l’année, il leur attribue des noms en liens avec la nature dont les terminaisons marquent les saisons. L’année commence le jour de l’équinoxe d’automne, le 22 septembre. Plus exactement, le 1er vendémiaire. Ce choix se fait symboliquement sur un principe d’égalité car c’est le moment de l’année où la durée du jour est identique à celle de la nuit. 

    Revenons à notre annuaire… Il est divisé en quatre saisons dont la terminaison est ainsi conçue…  Automne en aire, Hiver en ôse, Printemps en al, Eté en or. 

     

    Vendémiaire, du mot Vendemia, signifie les vendanges

    Brumaire, des brumes, annonce l’arrière-saison

    Frimaire, l’époque des frimas.

     

    Nivôse, du mot Nivis, qui signifie neige

    Ventôse, du mot vent

    Pluviôse, des pluies qui tombent généralement en mars

     

    Germinal, c’est le mois de la terre précédemment fécondée

    Floréal, du mot Flos, qui signifie Fleur

    Préréal, du mot prairies, car c’est à cette époque qu’on les dépouille

     

    Messidor, du mot Messis, qui signifie Moisson

    Fervidor, du mot Fervidus, qui signifie brûlant

    Fructidor, du mot Fructus, les fruits.

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    © B.N.F

    Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen

    Dans cette définition publiée ci-dessus par le Journal de la Haute-Vienne le 7 novembre 1793, vous aurez remarqué sans doute quelques changements. Outre, Préréal qui deviendra Prairial attardons-nous sur Fervidor. Ce nom figurait dans le rapport que Fabre d’Eglantine lut à la Convention le 3e jour du second mois de l’An 2. Le Journal de Paris publie : « Août s’appellera Fervidor, du mot fervidus, qui signifie brûlant. » Sur l’affiche de la déclaration des Droits de l’Homme ont lit :  « La déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, présentée au peuple français par la Convention nationale le 24 juin et acceptée le 10 août 1793 / 23 Fervidor An I de la République. » Que s’est-il donc passé pour que Fervidor devienne ensuite Thermidor ?

    Deux théories se défendent… La première prétend que lorsque Fabre rendit son rapport, sans rien dire et de sa propre autorité, il changea d’avis et substitua Thermidor à Fervidor. La seconde, il faut aller la chercher dans « Quatre-Vingt-treize », le roman de Victor-Hugo. Ce dernier écrit : « Fabre avait querellé Romme et lui avait reproché de défigurer son calendrier par le changement de Fervidor en Thermidor. » Romme était rapporteur à la Convention… Il est tout de même étonnant que le poète ait modifié le sens étymologique de son calendrier en latin.  En effet, Thermidor vient du Grec Therma, qui signifie chaleur.

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    La maison natale de Fabre d'Eglantine, rue de Verdun

    Nous vous proposons un modus-vivendi… Fabre d’Eglantine était né à Carcassonne, un pays où on se trouve étouffé par le soleil brûlant de l’été. La Convention nationale n’a t-elle pas voulu simplement adapter la température à celle de l’ensemble du pays ? Que ce soit Romme ou Fabre lui-même, cette explication semble probable. Plus de deux siècles après, ce serait sans doute Fervidor qui serait retenu compte tenu du changement climatique. L’Annuaire républicain de Fabre d’Eglantine n’était-il donc pas écologique ?

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2019

  • Bertrand Lamourelle, héros de la Résistance. "Mort pour la France" a 20 ans.

    Bertrand Lamourelle naît le 2 janvier 1924 à Carcassonne dans une famille aisée qui exploite et recycle les chiffons près de la zone de l’Estagnol. C’est son grand-père Alphonse qui avait fondé cette entreprise qui emploie de nombreux ouvriers. Dès l’âge de 8 ans, il est élève des pères jésuites au Caousou à Toulouse. En décembre 1942, il entre au lycée Pierre de Fermat de la même ville ou il obtient son bac série mathématiques. Fin 1943, il est en première année de l’école supérieure de commerce de Toulouse. Petit à petit germe en lui l’envie d’en découdre contre l’Occupant allemand et ses collaborateurs français. Il décide alors de rejoindre le maquis au mois de juin 1944 afin délivrer la patrie du nazisme pour que la France puisse recouvrer sa liberté. Bertrand Lamourelle s’engage alors dans le Corps Franc de la Montagne Noire. Dans ce maquis commandé par des anciens gradés de l’armée française, on retrouve une population cosmopolite venue de l’Europe entière pour se battre. Il y a là des Polonais, des Russes, des Espagnols… de toutes conditions sociales. C’est cela la force de la Résistance ! Au milieu d’eux, le fils bourgeois de Carcassonne, catholique fervent, est un combattant comme les autres qui obéit aux mêmes ordres. Nous tenons à souligner cela, car on a trop laissé penser qu’il n’y avait dans la Résistance armée que des fils d’ouvriers, le plus souvent communistes et anticléricaux. Certes, Bertrand Lamourelle s’était distingué des familles d’industriels ou de grands propriétaires viticoles audois, dont les fils avaient opté pour les unités de la Franc-Garde au sein de la Milice. Il ne fut pas une exception en France, comme d’ailleurs pour ce qui concerne les aristocrates engagés dans l’Armée secrète du général de Gaulle. Il serait trop facile et réducteur de cataloguer les uns et les autres en fonction de leur niveau social et de leur éducation religieuse.

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    Au cours de l’été 1944, les Allemands savent qu’après le débarquement allié en Normandie la cause est entendue. Ils vont perdre la guerre ; ce n’est qu’une question de temps. Ils vont alors mettre en œuvre tout ce qu’il leur reste de force et de matériel, pour anéantir ces maquis qui n’arrêtent pas de les harceler. Aidé sur le terrain par des indicateurs bien rétribués et par les Miliciens, la Gestapo est à la manœuvre avec le concours des unités de l’armée allemande. C’est au cours de l’une de ces opérations que Bertrand Lamourelle va perdre la vie d’une rafale de mitraillette. Au nord de Saint-Pons dans l’Hérault (Pont de la Mouline), les résistants sont aux prises avec des Allemands supérieurs en nombre.

    « Les combattants de la Montagne noire ne veulent pas se replier. Lamourelle, qui s’est battu comme un lion, roule à terre, son fusil-mitrailleur à la main, en craint : « Vive la France ». Le cavalier Lamourelle sérieusement touché, est étendu à quelques mètres. Bardiès, en rampant, le charge sur son dos et commence de progresser lorsqu’une nouvelle rafale fait sursauter le blessé ; il est mort. L’aumônier lui donne sa bénédiction. » (Journal de marche du CFLM, pp.150).

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    Six jours avant le drame, Bertrand Lamourelle écrivait ceci :

    « Le patriotisme, c’est une conscience droite, c’est une susceptibilité ultrasensible sur le chapitre de l’honneur et du devoir. C’est le respect de la parole donnée. Pour finir, c’est accepter de se faire casser la pipe pour barrer la force brutale, soutenir le faible, défendre la justice, rendre témoignage à la liberté. Pour que son pays sauve son honneur, Jeanne d’Arc l’avait compris. »

    Notons que Lamourelle fait usage de la référence à la pucelle d’Orléans, mais pas comme le firent les fanatiques de la Milice, entraînés par un gouvernement d’extrême droite à la solde d’une puissance étrangère. C’est un catholique, patriote, qui veut la victoire de son pays. Pas celle de l’Allemagne dans le déshonneur. C’est une nuance qui a du sens encore aujourd’hui…

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    Bertrand Lamourelle sera inhumé avec ses compagnons d’armes le 23 août 1944 dans le village de Cambon (Hérault). Le corps de ce jeune héros sera rapatrié ensuite à Carcassonne le 4 novembre 1944. Il repose dans le caveau familial au cimetière Saint-Vincent. La croix de guerre lui fut remise à titre posthume par le général de Lattre de Tassigny, le même jour.

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    Le 30 novembre 1954, la ville de Carcassonne inaugurait l'avenue Bertrand Lamourelle, à proximité de l’usine de sa famille. 

    Sources

    Le corps franc de Montagne noire / Journal de Marche

    Blog Saissac d'antan (photo en une)

    M. André Cuin

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