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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 44

  • La Cité de Carcassonne dessinée par Emmanuel Champseix (1890-1983)

    On ne connaissait rien de lui. Pas une biographie de l'artiste, même pas un indice. Ah ! Si... Il suffit qu'un marchand lui attribuât le prénom d'Emile pour que les autres en fissent de même. Nous avons donc entrepris des recherches généalogiques afin de retrouver trace de cet énigmatique dessinateur. En fait, Emmanuel signait E. Paul Champseix. Né le 20 novembre 1890 à Tulle dans le département de la Corrèze, le jeune homme va s'installer avec ses parents en région parisienne. Il perd son père à l'âge de 19 ans le 8 décembre 1909 et vit avec sa mère à Romainville, rue Carnot. On peut supposer qu'il fait durant cette période des études de dessin. Le registre du recensement militaire l'enregistre comme exerçant la profession de dessinateur. Durant la Grande guerre, Emmanuel Champseix reçoit l'hommage de la Nation pour ses actes de bravoure. On lui attribue La Croix de guerre avec Palme. Après quoi, il se marie avec Gilberte Louise Eugénie Counil (1900-1988) et commence à illustrer des affiches pour la Compagnie des Chemin de fer.

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    Les Années folles sont propices à la détente. Le tourisme se développe et le rail achemine les vacanciers sur les plus beaux sites de France. Avec grand talent, Emmanuel Champseix va illustrer un nombre conséquent d'affiches entre 1928 et 1939. L'exposition internationale des Arts décoratifs de 1925, l'inspire très certainement. Les affiches, imprimées chez Lucien Serres à Paris, sont mises en vente dans les gares pour la somme de cinq francs.

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    "Nous contemplons celle que M. Champseix a consacrée à Carcassonne, qui prépare sa fête du mois prochain. La médiévale Cité nous apparaît, hérissée de tours, par-delà la rive droite de l'Aude, dans la ceinture crénelée et son ellipsoïdal. L'artiste nous en montre seulement un côté très pittoresque où le soleil verse à flot ses rayons d'or ; il l'a vêtu de violents coloris, parmi lesquels domine le bleu. Son tableau est d'un saisissant effet, il attire et capte tous les regards." (La vie montpelliéraine / 16 juin 1928)

    Pendant l'Occupation allemande, Emmanuel Champseix s'engage très rapidement dans la Résistance. Il entre au sein du réseau Turma-Vengeance (Résistance Intérieure Française), mais comme beaucoup de ses camarades, il finit par être arrêté. Le 28 avril 1943, un convoi l'amène depuis Compiègne au camp de concentration de Sachsenhausen. A l'écart des SS, le peintre poursuit son œuvre et produit un huile (Paysage d'hiver) sur du contreplaqué. Il reviendra de cet enfer à la libération des camps en 1945. Membre des anciens déportés de Sachsenhausen, Emmanuel Champseix ne cessera de témoigner. Retiré dans les Côtes d'armor, il s'éteint le 8 août 1983 à l'âge de 93 ans.

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  • L'agonie du bassin de la fontaine de Neptune, roi des eaux.

    Il devient plus que nécessaire de s'occuper de la restauration du bassin en marbre de Caunes-Minervois de la fontaine, place Carnot. C'est l'identité de la Bastide Saint-Louis, photographiée sous toutes les coutures à des fins touristiques. Comment les décideurs qui, à grands frais, ont transformé cette place l'an dernier, n'ont-ils pas en même temps engagé la restauration de la fontaine ? Certes, l'argent est toujours le nerf de la guerre. Mais alors, pourquoi ne pas lancer une souscription publique et rechercher des mécènes ? Les clubs sportifs de la ville en bénéficient ; le patrimoine s'en passe. 

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    A travers des ouvertures colmatées par du ciment, le bassin fuit.

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    Des fuites, colmatées par du ciment sur du marbre, c'est comme un pansement sur une fracture de la cheville. Cela ne tient pas !!! La patinoire de la Magie de Noël, c'est bien, mais certainement pas sur une fontaine de 1770, classée Monument historique. Pour mémoire, les services techniques de la ville avaient sablé le marbre blanc du Neptune en décembre 2007 pour le nettoyer. L'architecte des bâtiment de France, mis devant le fait accompli, avait alors poussé une mémorable colère. Le marbre de carrare du Neptune, sculpté par Barata fils, est à jamais fichu.

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    Le service du patrimoine de la ville de Carcassonne a un nouveau chef de service. Il vient du service de l'hygiène et a été chef de service des sports. A quatre ans de la retraite, nous lui souhaitons de bien manager cet office qui ne compte qu'une personne à mi-temps pour s'occuper du patrimoine de la troisième ville la plus visitée de France. En attendant, toujours pas d'animateur de l'architecture et du patrimoine pour le label Ville d'art et d'histoire. Il ne reste plus que trois ans à la mairie pour le nommer. Sans cela, elle perdra définitivement ce label en 2025.

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  • Inédit ! Les méthodes d'interrogatoire de la Gestapo pendant l'Occupation

    Ancienne villa de la Gestapo, 67 av Roosevelt, rasée en 2016

    Au cours de mes recherches sur les activités liées à l'Occupation allemande à Carcassonne, je suis tombé par hasard sur une archive déclassifiée depuis 2017. Ce document précieux pour la compréhension des méthodes d'interrogatoire du S.D (Gestapo), ne se trouve pas aux Archives de l'Aude. A sa lecture, nous observons que l'instrument de répression nazi n'improvisait pas. Tout était rigoureusement codifié sous le contrôle des autorités supérieures du Reich : Intimidation, mensonge, cynisme puis la manière la plus brutale afin d'obtenir des aveux ou des renseignements. Tout ceci doit couper court à toutes les légendes selon lesquelles, ceux qui sont sortis des griffes de la Gestapo ont bénéficié de la mansuétude des agents de ce service. Par conséquent, nous laissons les lecteurs se faire une idée sur les circonstances de la libération des prisonniers le 19 août 1944 de la Maison d'arrêt de Carcassonne. Ils pourront, qui sait, trouver des réponses aux raisons pour lesquelles Bringer, Ramond, Roquefort, Hiot, Gros, Bertrand et les autres ont été assassinés à Baudrigue. Surtout, ils sauront raconter l'inexplicable libération de Delteil, Arnal, Haguenauer, Plana, Chiavacci, Co, Chiocca, Munaretto, Raynaud, Marès, Pons. Tout aussi impliqués que ceux qui subirent le châtiment cruel, leurs dépositions transpirent les arrangements sur une version commune et le mensonge.

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    La Maison d'arrêt de Carcassonne

    Méthode d’interrogatoire et de détention de la Gestapo

    1. Bureau principal de la sécurité du Reich
    2. Ordres secrets du SD révélant les mesures d’interrogatoires du 3e degré.

    Reichssicherheitshaulpamt (Bureau principal de la Sécurité du Reich)

    A/ A tous les services de police d’état

    B/ A la police secrète

    Information

    A/ A tous les inspecteurs de la sûreté (SIPO) et SD

    B/ A l’inspecteur général de la SS. Totenkopfstandarten renforcée

    Détention préventive 

    Sur l’ordre du Reichsfûhrer SS et chef de la police allemande, tous les détenus dirigés en temps de guerre vers un camp de concentration sont dirigés sur une section pénitentiaire spéciale. Sont à excepter les suspects internés pour des raisons préventives (spécialement « Kartel » - gens fichés- qui ont été envoyés dans un camp, ou ceux faisant l’objet d’une note spéciale.

    Pour augmenter l’effet de la terreur, dans chaque cas les points suivants sont à observer.

    — En aucun cas, même si la période d’internement a été indiquée par le Reichsfûhrer SS et chef de la police allemande, la durée de cette période ne doit être communiquée.

    — Indiquer toujours la durée de l’internement par « Jusque’à nouvel ordre ».

    — Ne pas hésiter à augmenter la terreur dans les cas difficiles, par une habile propagande d’oreille à oreille, qu’on a entendu dire que le détenu, en raison de la gravité de son affaire ne peut être libéré que dans deux ou trois ans.

    Dans les cas particuliers, en plus des mesures à prendre dans les camps de concentration, le Reichsfûhrer SS et chef de la police allemande, ordonnera des bastonnades. Ces instructions seront à l’avenir communiquées également à la Staatspolizei. Dans ce cas aussi on ne doit pas hésiter à renforcer le paragraphe 3, si on le juge utile pour augmenter l’effet de terreur.

    Pour répandre de telles communications il faut naturellement choisir des personnes appropriées et de toute confiance.

    Pour obtenir des aveux sur l’acte reproché, on ne doit pas employer l’interrogatoire renforcé. Non plus, ce moyen ne doit pas être employé envers des personnes encore utiles à la justice. Les cas spéciaux doivent également être soumis à son approbation. 

    Le système renforcé peut être appliqué même après les bastonnades. Il peut comprendre :

    — Nourriture élémentaire (eau et pain)

    — Couche dure

    — Cellule obscure

    — Manque de sommeil

    — Exercices exténuants et aussi par distribution de coups de bâton

    (pour plus de 20 coups de bâton on doit faire venir un médecin).

    Les interrogatoires renforcés ne doivent être appliqués, que si l’on constate qu’au cours d’interrogatoires précédents le détenu a eu connaissance de renseignements importants concernant l’ennemi ; ou concernant des liaisons ou plans et qu’il se refuse à les communiquer. 

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