Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 335

  • Les fêtes des cadets de Gascogne et du Languedoc, à Carcassonne en 1898

    En août 1898, une troupe composée de personnalités de la littérature, de l'art et de la politique entreprit un voyage dans le Midi de la France. "Les cadets de Gascogne" ainsi nommés, honorèrent de leur présence la ville de Carcassonne pendant quatre jours de fêtes à vocation culturelle, du 12 au 15 août.

    Capture d’écran 2016-02-07 à 21.12.44.jpg

    © Bibliothèque municipale de Lyon

    12 août 1898

    Les Cadets de Gascogne arrivent le 12 août à 9h20 en gare de Carcassonne et sont accueillis par le membres du Comité des fêtes avec à sa tête le général de la Sougeole. Parmi eux : MM. Maure, de Bordas et Jourdanne (Vice-présidents) ; MM. Auboise, Doinel, le colonel Grillières, Larrousse, Michel Sabatier (présidents des commissions) ; MM. Ambry, Chosset, Esparseil, le commandant Maillé (adjoints) ; M. Dusseau (trésorier) ; MM. Philibert et Jordy (secrétaires). Après un bref discours de M. Faucilhon (1er adjoint au maire), les Cadets placés dans des landaus prirent la direction des boulevards, précédés des musiques du 15e et 100e régiment.

    Capture d’écran 2016-02-21 à 14.16.50.png

    Une fois arrivés à l'hôtel de ville, Maurice Sarraut fit remarquer que la grande salle de la mairie datant de 1618, tombait presque en ruine et fut remise rapidement dans un état presque convenable pour les accueillir. Dans l'assistance, on remarquait MM. Jules Sauzède (Maire), Georges Leygues (président du Comité des Cadets), Goujon (directeur des Beaux-arts), le général Mansuy (commandant la brigade de cavalerie).

    13 août 1898

    A 10 heures du matin, on procède dans le péristyle du musée des Beaux-arts à l'inauguration du buste de Jacques Gamelin posé sur son piédestal. M. Alboize - directeur du journal "L'artiste" - remet le monument  à la ville au nom du Comité. Le voile qui couvre l'oeuvre tombe et dévoile la magnifique sculpture. Un tonnerre d'applaudissement se fait entendre accompagné de "Vive Falguière". 

    Capture d’écran 2016-02-21 à 14.27.07.png

    Ce buste en bronze dessiné par Alexandre Falguière (Premier Grand prix de Rome en 1859) a été fondu par Thiébaut frères, fondeurs à Paris. Cet été il se trouvait encore dans un coin sombre du péristyle du Musée des Beaux-arts de Carcassonne, noyé sous la poussière et les toiles d'araignées. Gageons qu'un meilleur sort lui a été réservé depuis... Il n'est après tout que recensé dans le catalogue des biens nationaux.

    Falguière-Gamelin.jpg

    © Wikipedia 

    M. Roujon retrace alors la carrière du célèbre peintre Carcassonnais 

    "Gamelin passa sa vie loin de Paris. A part un rapide séjour qu'il y fit au temps de sa jeunesse, il partagea son existence entre Rome, qu'il habita plusieurs années, et quelques villes du Midi. Or, au siècle dernier déjà, comme de nos jours, vous le savez, il n'était pas de renommées que celles que Paris avait consacrées. Cette consécration manque à Gamelin. Près d'un siècle s'est écoulé depuis sa mort, et sa notoriété ne s'est point élargie ; elle n'a pas dépassé les limites restreintes de la région où il a vécu, où ses oeuvres cependant son disséminées à profusion dans les églises, les musées, les collections privées - sans y être, faut-il l'avouer ? toujours estimées à leur mérite. Par-delà nos provinces méridionales on ignore jusqu'à son nom !

    Et pourtant Gamelin fut un peintre de race, un artiste dont l'originalité, par ses côtés caractéristiques, défie tout rapprochement, toute comparaison avec aucun autre artiste de son époque. Non pas que son art ne soit bien de son temps, qu'il répudie aucune des formules, qu'il s'affranchisse de toute tradition, mais à mesure que sa personnalité va se dégageant, un don d'observation très sagace, une imagination ardente, un tempérament fougueux se révèlent en lui ; un maître s'affirme fièrement." 

    lauge NB1.jpg

    © Coll. Mario Ferrisi

    A. Rouquet, A. Laugé, J. Auboise et A. Astre

    La cérémonie s'acheva par la déclamation d'un poème d'Armand Silvestre par Mounet-Sully, intitulé "Ô terre de Gascogne" et la remise de décorations. M. Roujon décerna au nom de M. Bourgeois - Ministre de l'instruction publique - les Palmes d'officier d'Académie à MM. Journet (Membre de la Société des Arts de Limoux), Achille Mir (Félibre) et Achille Rouquet (Directeur de la Revue Méridionale). Le peintre Achille Laugé les reçut des mains de son professeur, M. Jean-Paul Laurens.

    Capture d’écran 2016-02-21 à 16.12.02.png

    © Bibliothèque municipale de Toulouse

    Dans un écrin-photo en guise d'album souvenir des fêtes de Gascogne et du Languedoc, se trouve la reproduction d'un tableau d'Achille Laugé et une ode de Maurice Sarraut à la Cité.

    Les Cadets se rendirent ensuite à l'intérieur du musée afin de visiter l'exposition de tableaux de Jacques Gamelin.

    A la cité 

    A 5 heures de l'après-midi à la Basilique Saint-Nazaire, le chanoine Gasc souhaita la bienvenue aux Cadets. Jane Ediat interpréta l'Ave Maria de Cherubini et l'air du Messie de Haendel accompagné à l'orgue par M. Baichère. La Maîtrise paroissiale, dirigée par l'abbé Falcou chanta des airs languedociens.

    Tout le long de la journée de nombreux concerts se succédèrent dans la ville. Une retraite aux flambeaux amena les Cadets jusqu'au square Gambetta, où l'on entendit "Le Miéjoun".

    Vidal.jpg

    Paul Vidal

    (1863-1931)

    Il s'agit d'une cantate composée par Paul Vidal, chef d'orchestre de l'opéra de Paris. Une rue de Toulouse près de la place St-Georges porte le nom de ce musicien oublié. L'oeuvre fut dirigée par M. Escaffre - maître de chapelle de l'église Saint-Vincent - et jouée par l'Harmonie vocale et l'orchestre de Carcassonne. 

    14 août 1898

    Au milieu d'une grande foule d'étrangers, près de 200 convives participèrent au banquet dressé dans le jardin de l'ancien évêché à la Cité. 

    Menu

    Beurre des vacheries de Messire

    Sardines des mers narbonnaises.

    Hachis de porc des Cévennes

    ---

    Loup marin de la grande mer de Taprobane

    ---

    Cassoulet féodal de la Cioutat

    ---

    Alésions au cresson de la Barbacane

    ---

    Bombe Grégeoise Trencavel

    ---

    Poires albigeoises

    Biscuits en fouaces Roger Bernard

    Châteaux en pâtisserie de Gascogne

    ---

    Limons du bon pays de Razès

    Grand hydromel mousseux du messire Michel Sabatier

    Elixir noir. Fine champagne des Trouvères

    Liqueurs de la vicomtesse Michelinede l'antique Cité

     

    Le Banquet s'acheva à 2h12 de l'après-midi par un cortège historique dans les rues de la Ville basse. Cette reconstitution historique n'aurait pas été possible sans le concours de M. Doinel, archiviste départemental.

    15 août 1898

    La dernière soirée de ces fêtes fut consacrée au tout premier feu d'artifice lancé depuis les remparts de la  vieille ville.

    Capture d’écran 2016-02-21 à 16.03.48.png

    Après une nouvelle retraite aux flambeaux, à 9h34 du soir l'embrasement de la Cité enthousiasma les 2000 personnes qui s'était massées pour l'apercevoir, suivant l'ordre suivant :

    1. Salve de 25 marrons d'air

    2. Embrasement de l'enceinte extérieure

    3. Tir de 50 bombes et de 210 fusées diverses

    4. Salve de 25 marrons d'air

    5. Embrasement des deux enceintes et de St-Nazaire

    6. Grand bouquet de 300 chandelles romaines lançant 4000 globes de couleurs variées

    7. Tir de 300 marrons d'air

    Capture d’écran 2016-02-21 à 15.52.48.png

    Les Cadets et les invités purent y assister depuis l'emplacement réservé à l'extrémité de la rue du 24 février, près du cimetière St-Michel. La réussite totale du spectacle pyrotechnique est due à la Maison Floutier de Toulouse. La difficulté de l'opération consistait surtout dans le développement de plus d'un kilomètre des parties embrasées.

    laurens.jpg

    © Bibliothèque municipale de Lyon

    Lithographie de J-P Laurens

    "La ville de Carcassonne en a retiré déjà et en retirera encore dans l'avenir un bénéfice sérieux, non seulement au point de vue matériel, mais encore à un point de vue plus élevé, car elle aura désormais toute dans toute la France le renom d'une cité accueillante et hospitalière, éprise d'art et de poésie, possédant dans son sein ce monument unique en son genre, cet inestimable joyau, qui faisait hier dire à Chincholle : "Le monde entier pourrait venir ici y apprendre quelque chose, puisque l'antique cité est la seule ville du moyen-âge restée complète, intacte entre ses murs si caractéristiques."

    (L'express du Midi)

    Comme vous ne l'ignorez pas, à Carcassonne tout se finit avec des polémiques. Les années passent, les moeurs demeurent...

    "M. Esparseil, à propos du fascicule de la Revue Méridionale consacré aux fêtes de gascogne, s'élève avec vigueur contre une assertion de cette revue qui, nous dit-il, attribue à M. Rouquet, son directeur, le mérite d'avoir imaginé, ou, comme on l'a dit, "enfanté" le bel embrasement de la Cité, triomphale clôture de ce réjouissances artistiques. Il revendique cet honneur pour notre confrère, M. le colonel Grillières. Ce dernier associe à son propre nom celui de M. Esparseil son collaborateur laborieux et méritant."

    (Revue des Pyrénées et de la France méridionale / 1898)

    "Au sujet de l'embrasement de la Cité, M. Poux demande quel en a été le promoteur ? M. Sivade rappelant ses souvenirs relatifs aux fêtes des Cadets de Gascogne qui eurent lieu en 1898 et auxquelles il prit une part active, dit que M. Bouffet alors ingénieur en chef des Ponts et Chaussées et le colonel de génie en retraite, Grillières, alors président des la Société des Arts et des Sciences, doivent être regardés comme étant les promoteurs du premier embrasement qui eut un succès des plus retentissants. M. Sivade ajoute qu'il y assista avec la Comité des fêtes.

    (Mémoires de la Société des Arts et Sciences de Carcassonne)

    _________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • L'exécution par la Résistance d'Albert Kromer, chef de la Milice à Carcassonne

    Albert Kromer né le 12 juin 1905 à Belfort, commerçant 21 rue Georges Clémenceau, est exécuté avec Elise Journet née le 17 février 1903 à Carcassonne - son épouse - au second étage de son appartement situé rue Tranquille.

    Capture d’écran 2016-02-20 à 08.20.32.png

    Le Midi Socialiste / 25 février 1944

    Le chef de centaine Kromer fut avec René Bach - l'interprète de la Gestapo - la figure la plus redoutée de la collaboration Carcassonnaise. Marié à une Carcassonnaise depuis le 23 octobre 1929, il tenait un magasin de jouet dans la rue de la gare depuis plusieurs années. En représailles après l'affaire de Belcaire dont nous allons parler plus bas, la Résistance commença par lui adresser un courrier le 8 décembre 1943, puis un cercueil miniature pour lui souhaiter une Bonne année 1944.

    Capture d’écran 2016-02-20 à 08.40.33.png

    Capture d’écran 2016-02-20 à 08.40.12.png

    © ADA 11 / 107W230

    L'exécution de Kromer

    Capture d’écran 2016-02-20 à 09.08.23.png

    Le magasin de jouet Kromer et leur appartement

    © Google maps

    Les chefs de la Résistance, ayant décidé d'éliminer Kromer, demandent aux dirigeants de la Région R3 de leur fournir des volontaires pour l'abattre. On leur envoie deux jeunes gens appartenant aux groupes francs. Il s'agit de Louis Bonfils alias "Paulo" né le 12 août 1920 à Nice et de Mathieu alias "Fracasse". Le premier sera fusillé à Montpellier pour avoir ensuite tenté d'assassiner le chef du groupe Collaboration de Narbonne, le 7 avril 1944. Le second, fit partie du commando qui assassina Philippe Henriot le 28 juin 1944 à Paris ; il sera tué pendant la Libération de la capitale en août de la même année.

    Mathieu se présente donc le 24 février 1944 à la porte du domicile des époux Kromer, rue Tranquille à Carcassonne. Il tire trois balles de pistolet 7,65 ; deux atteignent Kromer qui est tué sur le coup, la troisième atteint sa femme qui s'était portée à son secours. Blessée au visage, elle est transportée à la clinique Cathala (route de Toulouse) où elle décèdera le lendemain.

    Aux obsèques des époux Kromer, tout ce que Carcassonne compte de collaborateurs et miliciens est là, dont 120 francs-gardes en uniforme avec leurs armes. Les allemands offrent deux couronnes et sont représentés par quatre officiers dont un colonel. L'enquête confiée à deux inspecteurs du Service régional de police judiciaire de Montpellier ne donnera rien.

    Après l'exécution, les deux Résistants furent pris en charge par l'abbé Courtessole. L'équipe resta à Carcassonne, tantôt hébergée par madame Fournier, tantôt à l'hôtel.

    kromer

    Albert Kromer est inhumé à Villemoustaussou dans le caveau de sa belle famille.

    L'affaire de Belcaire

    Au début du mois de novembre 1943, les allemands avaient eu connaissance que des réfractaires du S.T.O (Service du Travail Obligatoire) se cachaient à Belcaire et Camurac, où ils recevaient de l'aide. Ils exigèrent de la police française qu'elle mène une enquête. Les commissaires Pierre Escudey et Gabriel Creupelandt furent chargés de la mission. Ils étaient Résistants et dressèrent, bien entendu, un rapport négatif. Celui-ci n'ayant pas convaincu la Gestapo, c'est là qu'entre scène Albert Kromer - membre du P.P.F et chef de la Milice sous le numéro MO-221. Accompagné par l'inspecteur de la Gestapo Hoffman, ils font une descendante à l'hôtel Bayle de Belcaire. Ils y recueillent des renseignements en se faisant passer pour des résistants. Ils apprennent que L'hôtel Bayle héberge des clandestins et que le menuisier Julien Toustou, emploie en cachette des réfractaires du S.T.O.

     Le 29 novembre au cours d'une opération menée au petit matin par 60 soldats du 71e régiment de l'Air, cantonné à la caserne Laperrine de Carcassonne, des policiers allemands, de René Bach et de miliciens avec Albert Kromer, plusieurs personnes sont arrêtées. Elles sont amenées dans les geôles de la caserne pour y être interrogées. Seront déportés en Allemagne : Jacques Vacquié (Maire de Camurac), René Bayle (Hôtelier), Julien Toutou (Menuisier), René Fournet, Raymond Demarchi, Baptiste Arnaud et Raymond Dieuzère.

    Témoignage de Reine Bayle en 1989

    "J'avais flairé un piège quelques jours auparavant en voyant dans l'hôtel deux hommes, un chef de la Gestapo et un marchand de jouet nommé Kromer. Le 29, lors des arrestations elle aperçoit que les allemands arrachent du registre de l'hôtel la page où est inscrit le nom du commerçant. Le lendemain, raconte Reine, je suis allée à Carcassonne, à la préfecture et au commissariat pour avoir des renseignements sur l'arrestation de mon frère René, puis dans une rue du centre ville j'ai reconnu ce Kromer dans son magasin. Grâce à une cousine, on m'avait indiqué le marchand de jouets. Revenue à Belcaire, il y avait le sous-préfet, on faisait semblant de ne pas croire mes explications. Par chance, les allemands ne m'ont jamais interrogé. Je n'ai pas été inquiétée."

    Le 10 janvier 1944, une perquisition a lieu dans le bureau du commissaire Escudey et au domicile de son adjoint, Gabriel Creupelandt. Ils sont envoyés en déportation. Pierre Escudey, né à Toulenne le 24 novembre 1909, mourra à Neuengamme le 6 janvier 1945.

    Fold3_Page_9008_Miscellaneous_Lists_and_Registers_of_German_Concentration_Camp_Inmates_Originated_or_Collected_by_the_International_Tracing_Service.jpg

    Gabriel Creupelandt, né à Roubaix le 31 décembre 1910, mourra le 28 février 1945 à Vaihingen. Ce dernier a son nom gravé au Monument aux morts de Bram.

    179542877.jpg

    Leurs noms figurent sur une plaque en hommage aux "Morts pour la France" dans la cour du commissariat de Carcassonne.

    Sources

    La 2e guerre mondiale dans l'Aude / J. Allaux

    La Résistance audoise / Lucien Maury

    Archives de l'Aude

    Généanet

    Merci à Sylvain le Noach pour ses renseignements sur G. Creupelandt

    _________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016 

  • Quand Talleyrand annonçait la venue de Monsieur (frère de Louis XVI) à Carcassonne en 1777

    Dans une lettre en date du 30 mai 1777, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord alors député du clergé, annonce à Monsieur de Pelletier - major de Carcassonne - la venue prochaine en sa ville de Monsieur, le frère du roi Louis XVI. 

    Capture d’écran 2016-02-18 à 18.05.31.png

    Capture d’écran 2016-02-18 à 18.05.40.png

    © Collection Philippe Maillard

    Avec l'aimable autorisation du site : www.le-prince-de-talleyrand.fr

    Paris, le 30 mai 1777.

    Je vous donne avis, Monsieur, que Monsieur arrivera le 24 du mois prochain à Carcassonne, et crois ne pouvoir mieux faire pour vous mettre à portée de connaître les honneurs militaires qui devront être rendus à ce prince, que de vous envoyer copie de la lettre que M. le comte de Saint-Germain m’a fait l’honneur de m’écrire à cette occasion en vous recommandant de vous y conformer en tout ce qui peut vous y regarder.

    Comte de Périgord.

    42033585.jpg

    Hôtel Pelletier du Claux, rue Trivalle

    Il s'agit de Jean Anne Crépin de Pelletier (1724-1790), dernier major commandant la Cité.

    (Carcassonne d'hier à aujourd'hui / p.525)

    1788_portrait_of_Louis_Stanislas_Xavier_of_France,_Count_of_Provence_in_the_robes_of_the_Order_of_the_Holy_Spirit_by_Callet_(Château_de_Vizille).jpg

    Monsieur en 1788

    (futur Louis XVIII)

    Dans une lettre de M. Bertin - supérieur du séminaire de Saint-Charles à Toulouse - en date du 14 juin 1977, il est également annoncé le passage du comte de Provence dans la région.

    "Monsieur arrive à Toulouse vendredi prochain le 20 du courant. Il séjournera le 21 et partira le dimanche 22, après avoir entendu la messe, pour aller coucher chez M. l'évêque de St-Papoul ; le 23, il ira voir le bassin de St-Ferréol et reviendra coucher à St-Papoul. Le 24, il partira sans doute après la messe pour aller à Carcassonne, à moins que, voyageant sur le canal, il ne s'en écarte pas. C'est ce que j'ignore. Si cela est, vous pourriez bien ne pas le voir à Narbonne."

    (Bulletin de la Commission archéologique de Narbonne / 1895)

    En effet, au printemps 1777 le futur Louis XVIII assiste à Toulouse à une séance des Jeux floraux. Une réception en son honneur est même organisée par les parlementaires de cette ville chez le comte Riquet de Caraman. Il embarque ensuite au Pont St-Sauveur et poursuit son périple sur le Canal Royal du Languedoc.

    Après avoir couché à St-Papoul chez Mgr Jean-Antoine de Castellane, il visite le 23 juin l'école de Sorèze. Il veut tout savoir depuis les programmes jusqu'aux menus et donnera au jeune commandant du bataillon, un brevet pour entrer dans sa garde à la fin de ses études. 

    Capture d’écran 2016-02-19 à 09.17.56.png

    École royale de Sorèze

    Ces cérémonies terminées le futur page de Monsieur, le jeune Montgaillard se précipita chez ses parents pour leur annoncer l’heureuse nouvelle, ceux-ci se mirent aussitôt à constituer le trousseau, de leur fils, afin qu’il pût être envoyé à Versailles au premier avis. Ils attendirent un mois, deux mois, six mois, un an... Rien ne vint. Ce n'était qu'une « promesse de Monsieur » et Monsieur n'en avait tant répandu le long de sa route que parce qu’il était résolu à n'en tenir aucune...

    (Michel Demelin / Sorèze : au coeur du Languedoc...)

    3507147091.jpg

    © Chroniques de Carcassonne

    Ancien échêvé de Carcassonne

    Monsieur arriva avec son escorte à Carcassonne, le 24 juin 1777. Il alla dîner et coucher à l'évêché (aujourd'hui, préfecture de l'Aude) chez Mgr de Bezons ; dans la même chambre qu'occupera en 1815 son frère Louis de France, duc d'Angoulème.

    "Lorsqu'en 1777, Monsieur, comte de Provence, qui depuis a régné si glorieusement sous le nom de Louis XVIII, passa à Carcassonne, on servit à ce prince des vins de Limoux et de Villemoustaussou : il eut la bonté d'en faire éloge à M. de Bezons ; le vin de Villemoutaussou provenait d'une vigne qui appartenait depuis longtemps à la famille Don, et dont le M. le secrétaire perpétuel de la Société d'Agriculture de l'Aude est actuellement propriétaire. Un habitant de Limoux, que la Révolution dans sa fermentation tumultueuse et dans ses collisions centrifugeuses avait porté à Saint-Pétersbourg, réchauffait les estomacs des habitants de cette capitale du nord avec les vins de son pays et sa blanquette gracieuse."

    (Journal de la Société d'agriculture de l'Aude / 3e année)

    Chateau de Ventenac- Cave.jpg

    Château de Ventenac

    Le comte de Provence repartit de Carcassonne le lendemain où il devait coucher à Ventenac-en -Minervois chez M. de Caraman, avant de rejoindre Narbonne.

    Il est fort regrettable que dans le département de l'Aude, on ne regarde l'histoire de France qu'à partir du 4 septembre 1870 et la proclamation de la République. Faut-il être à ce point sectaire pour ne jamais évoquer dans les livres contemporains, la visite des illustres personnages de l'Ancien de Régime à Carcassonne ? 

    _____________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016