Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 312

  • L'église Saint-Martin dans le quartier Pasteur va être rasée

    Voilà une décision qui ne va pas manquer de raviver de tristes et déchirants souvenirs auprès des habitants du quartier des Capucins. Ils savent dans quelles conditions on a rasé leur couvent en 2002... Quatorze ans après, c'est cette fois le quartier Pasteur qui devrait s'émouvoir de voir disparaître son église la semaine prochaine paraît-il, sous les coups des bulldozers.

    2660149622.jpg

    L'église Saint-Martin

    fut édifiée par les soins du chanoine Andrieu - curé de St-Vincent - et consacrée le 19 octobre 1953 peu de temps après l'émergence de ce nouveau quartier. D'ailleurs, son vrai nom est le quartier Saint-Martin ; c'est l'usage familier qui, au cours du temps, lui donna le patronyme du célèbre savant. Il y a 63 ans, les terrains n'étaient que marécages et appartenaient à la famille Garric. Peu à peu des pavillons sortirent de terre en même temps que se dessinaient de nouvelles artères. L'église trouva naturellement sa place, comme ses semblables dans d'autres nouveaux quartiers de la ville.

    1832189227.jpg

    Selon nos renseignements, le lieu de culte - situé derrière la maison de retraite Béthanie - était tombé en déshérence depuis quelques temps. Comme tout bâtiment non entretenu, il devint la proie des méfaits des intempéries ; tant et si bien que l'on décida de ne plus y dire l'office. Il semble que pour des raisons de sécurité, l'évêché se soit résolu à le détruire. Cela devrait être fait la semaine prochaine... Nous connaissons actuellement les problèmes rencontrés par les paroisses pour maintenir les prêtres en place et réhabiliter les lieux de cultes. A ce titre, l'exemple le plus marquant est celui de la chapelle des Carmes, rue Clémenceau. 

    Toutefois, nous trouvons regrettable de devoir en arriver à de telles extrémités. Certes, cette église n'a pas actuellement de valeur patrimoniale. Qu'en dira t-en dans 50 ans ? Les goûts d'aujourd'hui ne sont pas ceux de demain. Qui détruirait maintenant la Tour Eiffel alors qu'après l'Exposition Universelle de Paris en 1900, les parisiens la jugeaient immonde ? 

    chapelle.jpg

    A l'intérieur de cette église se trouve un maître autel du XIXe siècle provenant de la chapelle Saint François-Xavier (ci-dessus) ; elle accueille actuellement le Cercle Taurin Carcassonnais dans la rue Barbès. Il semblerait que lui aussi soit destiné au pilon.

    Si l'on prend comme référence les travaux de Claude Seyte sur les cloches du département, on notera ce qu'il dit au sujet de celles de Saint-Martin :

    La cloche de gauche, encore munie de son joug de bois, provient de la chapelle des Carmes. Elle est datée de 1822. La cloche à l'anse trilobée a été fondue par De Besse en 1727 ; elle provient de l'hospice des vieillard qui est allé à Leucate.

    Espérons que l'on prendra soin de ces cloches, si elles y sont encore. On peut regretter que l'on n'ait pas tenu les riverains du quartier au courant de cette destruction prochaine. Peut-être auraient-ils pu lever une souscription pour la sauver...

    ____________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • Le témoignage de Louis Bouisset, rescapé du massacre de Trassanel en août 1944

    Début août 1944, le groupe est attaqué par l'aviation nazie. Il reçoit l'ordre de se replier sur la grotte de Trassanel, poursuivi par des patrouilles allemandes, mais s'arrête le dimanche 6 août dans le ruisseau de la Grave. Une arrière-garde est laissée pour faire disparaître les traces, pendant que le gros des troupes repart. Mais lorsque les Allemands débarquent par surprise au Picarot, ils prennent l'arrière-garde sans même avoir besoin de combattre. Les prisonniers sont torturés, sept exécutés d'une balle dans la nuque à la Pierre Planté, élevée peu après par les résistants, portant les noms des disparus. Pendant ce temps, le reste des maquisards a rejoint la grotte de Trassanel, à l'aube du 8 août. Alertés de la présence allemande, ils décident de s'enfuir par un ravin. L'ennemi les mitraille, faisant de nombreux morts dont Antoine Armagnac. Une trentaine sont pris, conduits à Trassanel, dont le maire Edmond Agniel vient d'être pendu, ayant refusé de collaborer avec les occupants. Les Allemands fusillent 19 maquisards morts pour la France. Ce maquis aura perdu 44 hommes. (La dépêche)

    Louis Bouisset.jpg

    © DDM

    "Deux échappent miraculeusement au massacre bien que grièvement blessés. L'un est Louis Bouisset, de Conques et l'autre, Henri Tahon, de Roubaix. Henri Tahon sera retrouvé inconscient mais vivant. Il fut adopté par le bataillon "Minervois". Il est décédé fin décembre 1977 à Fournes-Cabardès où il s'était retiré."

    (La Résistance Audoise / Lucien Maury / 1980)

    Nous avons retrouvé le témoignage de Louis Bouisset sur ces évènements tragiques, livré à la presse le 27 janvier 1951. Soit exactement sept ans après les faits. Il nous a paru intéressant de les transcrire ici tant à cette époque, ils sont encore vifs.

    Que se passa t-il le 8 août 1944 ?

    grotte.jpg

    La grotte des maquisards

    Armagnac et ses compagnons étaient engagés dans un combat qui les mit aux prises, non seulement avec les hitlériens, mais encore, parmi eux, des Waffen SS français. Nous avons été pris à la grotte de Trassanel, et déjà, là, démontrant leur cruauté, les blessés sont achevés devant nos yeux. L'officier nous donna alors l'ordre de nous mettre en route. 

    - Marchez. Nous allons à Villeneuve où se trouvent nos camions. Vous serez conduits en Allemagne, où vous deviendrez des travailleurs.

    Mais ceci n'était pas la vérité. A peine huit cents mètres de Trassanel, il donne l'ordre de s'arrêter sur le bord d'un chemin encaissé. Les monstres ont tout calculé. Ils vont nous assassiner, froidement.

    - Faites votre dernière prière ! dit brutalement l'officier nazi.

    Nous sommes dix-neuf maquisards qui nous préparons à mourir fièrement pour la liberté de la France. Deux fusils-mitrailleurs sont placés à environ cinq mètres de nous et croisent leurs tirs.

    - Feu !

    Sous la rafale, le camarade se trouvant à mes côtés est projeté contre moi et me sauve la vie. Une vive douleur à mon bras droit me fait apercevoir que je suis blessé. 

    Encore le plus terrible c'est le coup de grâce. Je n'ai pas besoin de vous dire tout ce qui m'est passé par la tête. Avant moi, c'est le coup de grâce pour seize camarades. J'entends crépiter seize coups de révolver avant que n'arrive mon tour. Un coup sourd me fait croire que ma tête a éclaté. Je reprends mes esprits : la balle dans la nuque est sortie près de la tempe droite.

    Après avoir rampé quatre-vingts mètres, je me retrouve dans une vigne où je passe la nuit. Le lendemain, mes cris alertent trois personnes, mais, devant le monceau de cadavres jonchant le chemin creux, les deux femmes partent à grands cris, l'homme me dit : "Je viens !", et va appeler du renfort à Trassanel. Je suis soigné dans une cabane, et ensuite la Résistance, alertée, arrive Félix Roquefort et quelques autres me transportent à Villegly, où je ne resterai pas longtemps, car déjà la Gestapo est sur notre piste. Louis Bouisset poursuit :

    "Au moins dites-le : Qué jamai armoun pas aquelis criminels ! D'ailleurs nous ne le permettrons pas"

    Que pensez-vous du réarmement allemand ?

    Ah ! ça par exemple. Il faut le dire et l'écrire, jamais une pensée pareille ne peut germer dans un cerveau humain ! Non, mais, vous vous rendez compte un peu. Qu'ils ne viennent pas nous raconter des histoires, pour ma part, j'y suis passé et ça suffit. Réarmer ces bandits ? Jamais de la vie ! C'est vrai que cela dépend du reste de la population. Signifier au gouvernement que les Français n'acceptent pas Eisenhower et son Etat-major du réarmement allemand. Ce qu'il nous faut, c'est un gouvernement qui veuille construire la Paix, et non dépenser des sommes astronomiques pour préparer une guerre contre les héros de Stalingrad et aux côtés des bourreaux de Trassanel.

    Voilà des paroles qui n'ont pas perdu leur sens depuis 1951...

    ________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016

  • L'ancien château d'eau de la place Marcou dans la Cité médiévale

    En 1872, l'architecte communal Léopold Petit fait bâtir au centre de l'actuelle place Marcou située dans la Cité médiévale, un château d'eau de style néogothique. Grâce au maire Théophile Marcou, les habitants de la vieille citadelle peuvent bénéficier de l'eau courante ; elle est acheminée par un système d'adduction d'eau par pompage dans l'Aude.

    Château d'eau bis.jpg

    © ADA 11

    La photographie du château d'eau ci-dessus a été prise par le chanoine Verguet en 1890. Elle montre bien l'ampleur de cet ouvrage qui sera rasé en 1901 afin d'édifier sur son emplacement, l'actuelle fontaine supportant le buste de Marcou - oeuvre du sculpteur Barrau.

    Capture d’écran 2016-04-26 à 10.28.14.png

    La fontaine après son inauguration en 1901

    Les platanes qui aujourd'hui font ombrage sur cette place, n'étaient alors que de petits spécimens...

    _______________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2016