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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 216

  • 30 squelettes médiévaux jetés dans la fosse commune du cimetière La Conte.

    A l'emplacement de l'actuel Hôtel des postes, place de Lattre de Tassigny, se trouvait il y a environ deux siècles, le couvent des Cordeliers. Il fut rasé au tout début du XXe siècle.couvent1.jpg

    Façade du couvent, rue Barbès

    Le mur donnant sur l'actuelle rue Barbès, fut refait au XVIIe siècle. L'abside était rectiligne, mais avait été dégradée par la destruction des décorations. Seuls les arceaux avaient encore belle allure. Dans la cour (actuelle, place de Lattre), se trouvaient des chapelles latérales ; on y entrait par des ouvertures en plein cintre datant de la restauration du XVIIe siècle.

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    Le portail, qui s'ouvrait sur la rue Barbès était en pierre et portait un écusson fruste. Le clocher ne manquait pas d'élégance.

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    A l'ouest (face à la rue J. Bringer), le fond de l'église était limité par la maison Grassialo dont la façade s'ornait d'une série d'arcades. Sur l'une d'entre elles fut pratiqué au XVIIe siècle, une porte rectangulaire sur laquelle en lisait en creux : "l'observance".

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    Faisant suite à cette façade, s'élevait une curieuse tour octogonale de style Renaissance pourvue d'un escalier à vis. On voulut d'abord la conserver pour y installer une antenne de télécommunication ; ce projet étant abandonné, elle fut rasée sans autre forme de procès. Le Directoire du département occupa le couvent ; il était tenu de payer un loyer à l'état qui l'avait déclaré Bien national. Le 14 avril, l'ingénieur Chevalier et Jean Embry, plâtrier de la ville, estimèrent l'église à 4000 livres et le reste à 6950 livres. D'après le procès verbal de la circonscription des paroisse du district de Carcassonne, l'église des "ci-devants Cordeliers" est alors conservée comme oratoire. L'un des vicaires de la paroisse Saint-Vincent a obligation d'aller y dire la messe les dimanches et jours de fêtes, pour la commodité des vieillards et des femmes enceintes qui habitent le fond de la ville. Le procès verbal imprimé du Conseil du département de l'Aude constate qu'à l'ouverture de chacun des sermons de 1791, 1792 et 1793, le Conseil en corps assista à la messe du Saint-Esprit, célébrée en l'église des Cordeliers. En 1871, l'église est affectée comme magasin à fourrages pour le régiment de dragons et les annexes servent de magasin à l'intendance.

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    Vue de la destruction de la maison Grassialo, sur l'emprise de l'actuel magasin de l'entreprise Duarte. Au fond, on aperçoit l'ancien clocher de la chapelle des Domicains, rue de Verdun.

    L’église des Cordeliers sur l’emplacement de laquelle fut construit l’hôtel des postes par l’architecte de la ville, Gordien, élève de mon père, servait de salle d’exposition, de salle de banquets ou de réunions. Chaque année de belles peintures ou dessins y étaient exposés avec les sculptures de jeunes statuaires qui se sont fait un nom plus tard dans le domaine des arts. Tous ont laissé de leurs œuvres pour le musée.
    Il y avait une salle spéciale où étaient recueillies les œuvres des Carcassonnais, quelques-unes, de haute valeur. Comme les autres, ces chefs-d’œuvre ont disparu dans la réserve où ils s’abiment en laissant croire qu’à Carcassonne il n’y a pas de peinture possible en dehors du XVIIe ou XVIIIe siècle et maintenant de l’art moderne et cubique.
    Actuellement, faute de salle, les réunions sont impossibles et pourtant, il s’y en est produit de bien célèbres. On y donnait aussi des fêtes et de grands concerts.
    La place de la poste était occupée par la manutention des régiments où nous allions chercher le pain chaque jour. Il y avait en bordure de la rue de la préfecture, la maison de Grassialo, par laquelle on y pénétrait. C’était la maison d’un jurisconsulte renommé, construite sur l’emplacement du couvent des Carmélites qui fut déserté au moment de la peste de 1347. Elle possédait deux fenêtres géminées au 1er étage et sept arcades en plein cintre pour boutiques au rez-de-chaussée. J’ai sauvé bien par hasard, après sa destruction, les belles fenêtres du XVIe siècle que j’ai fait transporter au musée de sculpture comparée de la Cité. (Raymond Esparseil / 1960)

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    © Sudfrance

    Fenêtres de la maison Grassialo sauvées par Raymond Esparseil

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    En lieu et place, s'élève depuis 1907 l'hôtel des postes.

    Il était en usage jusqu'à la Révolution d'inhumer les personnes notables de la ville dans les églises. Ces personnes finançaient et entretenaient les chapelles où ils désiraient être enterrés. Il en était de même pour les religieux qui avaient leur sépulture dans le chœur de la nef. Dans le courant du mois de juillet 1974, l'administration des PTT a fait effectuer des travaux dans l'hôtel des Postes. 

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    Des travaux de terrassement dans le centre de tri ont permis la découvertes à trois mètres de profondeur et l'exhumation d'une trentaine de squelettes. Nous voyons sur la photo ci-dessus avec quelles précautions et quel intérêt pour la recherche scientifique, les ouvriers du bâtiment ont retiré les restes des moines. Tant et si bien qu'on les a jetés dans une fosse commune au cimetière de la Conte. La même opération fut entreprise lors de la destruction du cimetière médiéval de Villalbe au début des années 1970, par la mairie d'Antoine Gayraud. 

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    © Antoine Labarre

    Dalle funéraire trouvée en 1974 (Couvent des Cordeliers)

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    © Antoine Labarre

    Dalles trouvées en 1974 (Couvent des Cordeliers)

    A droite : "Sépulture de Pierre Jalat, 1763" mesurant 0,70 m de long sur 0,45 de large et 0,08 m d'épaisseur. 

    A gauche : Une dalle portant ce signe énigmatique (1m x 0,55 x à,10)

    Ces dalles ont été découvertes dans la seconde partie de la salle de tri, près du mur des anciens guichets. Reste à savoir ce qu'elles sont devenues...

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    © Martial Andrieu

    Elles furent entreposées, à même le sol, jusqu'en 2012 dans la cour du musée des beaux-arts, avec d'autres vestiges. Ceci sans indications de la provenance... Ci-dessus, il s'agit bien de la dalle au destin énigmatique. Voyez déjà comme le temps depuis 40 ans a fait son œuvre.

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    © Martial Andrieu

    Voici celle de Pierre Jalat, au même endroit. Il manque la partie supérieure... Depuis que l'on a refait la cour du musée des beaux-arts en 2013, les vestiges ont été enlevés. Où sont-ils ?

    Sources

    L'Indépendant / 16 septembre 1974

    Souvenirs R. Esparseil / 1960

    Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

    Photos

    Couvent des cordeliers / ADA 11

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2017

  • Le trésor du Temple de Salomon serait-il enfoui dans la Cité ?

    Quoique relativement récente sur l'échelle de l'humanité, l'histoire du trésor du Temple de Salomon nous montre à quel point les peuples ont intensément coexisté tout autour de la Méditerranée. Lorsque les légions romaines eurent pillé le Temple le plus riche et le plus prestigieux de l'Orient, ils rapportèrent leur butin à Rome, au Capitole. Dans leur invasion de l'Empire romain, les Goths pillèrent Rome et, à leur tour, s'approprièrent entre autres trésors, celui de Salomon. On l'estime à près de vingt millions de pièces d'or, sans parler des nombreux objets, tel le chandelier d'or du temple de Salomon. 

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    Le château comtal

     L'empereur Flavius Honorius pour se débarrasser des Goths leur fit don de toutes les terres conquises sur les Vandales. Après avoir chassé ces derniers, le roi Alaric s'installa dans l'ancienne fortification romaine de Carsac, dont il éleva les murailles flanquées de tours et y déposa ses trésors. Ils devaient faire des envieux... Toutes ces fortifications n'empêchèrent pas Clovis et ses Francs de venir l'assiéger, pendant six mois. Devant le danger, le trésor fut caché. Clovis repartit se battre en Provence et laissa les Goths à leurs luttes intérieures.

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    © John Reve

    Que devint le trésor ? Les avis des historiens sont partagés. Selon les uns, il fut transporté à Ravenne par le général Hiba, venu d'Italie au secours de ses frères de race ou en Espagne, par les partisans d'Amalric, héritier légitime du trône mais victime d'un coup d'état. Selon d'autres, il serait resté soigneusement caché à l'intérieur de la Cité, dont l'invincibilité était alors proverbiale. Mais, cinquante ans après, une effroyable peste et la guerre civile ruinèrent le royaume. Comme cela arrivait fréquemment pour les trésors trop bien cachés, les quelques dépositaires du secret durent disparaître subitement sans le révéler.

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    Vers 1840, la municipalité de Carcassonne décida d'entreprendre des recherches. Dans la Cité, les gens, par tradition, affirmaient que le trésor était au fond du Grand puits, réputé insondable. A l'époque, les spéléologues n'existaient pas. Tout ce qui était caverne, gouffre ou profondeur, était entouré de frayeur superstitieuse. Il est donc normal que les Carcassonnais du Moyen âge au XIXe siècle, aient vu le trésor dans ce puits. Avec un matériel d'époque, des volontaires descendirent dans le puits, profitant d'une intense sécheresse qui le faisait à sec. Ils n'y trouvèrent que de vieilles armes et quelques pièces de monnaie, vestiges des anciennes coutumes des offrandes aux sources et aux puits. Reste à savoir quel autre lieu dans la Cité peut encore renfermer le trésor du Temple de Salomon... La légende ou le mystère restent entiers.

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  • Le monument à Achille Mir (1822-1901) est à jamais perdu

    Achille Mir... Quelle fut l'importance de cet homme pour qu'une avenue de Carcassonne porte son nom depuis 1922, année du centenaire de sa naissance ? Je vous parle d'une époque où notre ville, loin d'organiser des férias, célébrait le patrimoine culturel et la langue du Languedoc. En ce temps-là, à l'instar des Bretons, des Basques ou encore des Corses aujourd'hui, notre pays se montrait fier de son identité. Les Frédéric Mistral, Armand Praviel et autre Prosper Estieu doivent sérieusement se retourner dans leurs tombes, tant leur héritage culturel n'intéresse plus nos édiles locaux.

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    Achille Mir

    (1822-1901)

    Achille Mir fut un félibre (poète occitan), et pas autre chose. Il ne joua ni de rôle politique, ni de rôle social ; c'est à peine s'il reçut les Palmes académiques. Venu du village d'Escales où il était né le 30 novembre 1822, à l'Ecole normale de Carcassonne, il fut ensuite instituteur public à Aigues-Vives de 1842 à 1847. L'année suivante, il est nommé Maître-adjoint de l'Ecole normale où il inventa une méthode d'écriture usuelle avec laquelle il ne voulut pas faire fortune. Sans que l'on sache pourquoi, il démissionna en 1854 et resta à Carcassonne comme professeur de calligraphie. 

    En octobre 1869, il s'occupa d'industrie en devenant Directeur de la Manufacture de la Trivalle, mais il ne quitta guère les horizons languedociens. Ses vers, ses poésies, ses galéjades ne lui donnèrent point la fortune et ce que ses succès de diseur et de félibre lui rapportaient, il le versait dans la main des pauvres. Achille Mir habita l'immeuble de la Manufacture avec le jardin qui allait jusqu'à la route de Narbonne qu'il nommait "Moun Paradis". En 1884, la fabrication des draps ayant été abandonnée à Carcassonne, la manufacture ferma et les intérêts du directeur s'en firent sentir. Il perdit la grande partie de la sa bibliothèque dans l'inondation du 25 octobre 1891, ce qui l'affecta beaucoup. Lors des fêtes des Cadets de Gascogne le 14 août 1897, Mir reçoit les Palmes académiques. 

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    Achille Mir fut de la première génération qui rêva d'une renaissance méridionale. Il s'inspira d'abord de Jasmin (Jacques Boé) et surtout de Pierre Goudelin, dont il rappelle l'inspiration. Plus tard, l'influence de Mistral acheva de l'éclairer et de le former, au moins que celui s'occupa activement de le diriger. Mistral lui écrivit ceci :

    "Il faut expulser hardivement  tous les gallicismes et appliquer à nos dialectes modernes le système orthographique des troubadours du XIIIe siècle."

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    Ainsi, peu à peu, du rimeur spirituel mais patoisant se dégagea le Majoral - espèce d'autorité suprême de la culture languedocienne. Il travailla courageusement et c'est à l'âge de 54 ans que parut son premier recueil "La cansou de la Lauseto". Le Languedoc s'émouvait après la Provence. Mais tandis que Auguste Fourès et Xavier de Ricard, mêlaient leurs ambitions libertaires et anticléricales, si déplorables et si funestes, Achille Mir représentait la vraie tradition félibréene ; il poursuivait dans le Bas-Languedoc, l'œuvre de Font-Ségugne, lui qui n'avais rien de révolutionnaire.

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    Toute sa vie, jusqu'au mois d'août 1901, où elle se termina, Achille Mir garda cette attitude. Aussi, tout naturellement était-il désigné pour entrer à l'Académie des Jeux floraux, lorsque, en 1895, elle reprit le cours de ses plus anciennes traditions en couronnant des poèmes occitans. Hélas, Mir était déjà âgé de 73 ans et des revers de fortune et la maladie étaient venus l'accabler. Contrairement à Mistral et à Estieu, Toulouse n'a pu jamais l'applaudir dans ses compositions du Lutrin de Ladern, du Maridatge per escrit ou du Sermon dal curat de Cucugnan, initié par Roumanille et Alphonse Daudet. Gaston Jourdanne avait dit de lui qu'il était le Maître du rire ; son humour lui avait une place importante parmi les félibres. 

    "Le rire du Midi est sans amertume : il n'est ni desséchant, ni décourageant, ni pervers ; il soutient dans le travail et dans la lutte ; il encourage comme une chanson de bataille ; il console et il réconforte. Sachons rire ainsi que nos aînés... Bons Français de France, n'avons-nous pas pour consigne, avant tout, la bonne humeur ? (Armand Praviel)

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    La dernière demeure d'Achille Mir

    Ce n'est qu'en 1899 que le poète quitta la Manufacture de la Trivalle ; il vient s'installer dans la maison Messal, boulevard Barbès. C'est là qu'il mourut le 10 août 1901, entouré de sa femme Joséphine Négre, de sa fille Amélie et l'abbé Gasc, curé de la Cité. La ville de Carcassonne lui fit de magnifique funérailles et vota l'année suivante, une concession gratuite à perpétuité au cimetière Saint-Michel.

    Le monument à Achille Mir

    Le 21 décembre 1901, l'Ecolo Audenco décide de lancer une souscription afin d'élever un monument en hommage à Achille Mir dans Carcassonne. Au mois de mars 1906, le Comité dispose de la somme de 1696,70 francs, mais malgré le désintéressent du sculpteur toulousain Ducuing, il n'a pas assez d'argent pour le monument. Courant juin, la souscription domiciliée chez Achille Rouquet 3, rue Victor Hugo, compte 2625,50 Francs à la banque Saurel.

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    Le 26 juillet 1908, l'œuvre de Ducuing est inaugurée lors des fêtes du félibrige en présence de : Prosper Estieu (Capiscol de l'Escolo Audenco), le baron Desazans de Montgaillard (Mainteneur des Jeux floraux), J-R de Brousse et Armand Praviel (Maîtres es-jeux floraux), Lannes (secrétaire de préfecture), Achille Rouquet (Revue méridionale), Faucilhon (Maire), Joseph Poux (Achiviste) et la famille d'Achille Mir. Après l'exécution musicale par la Société Sainte-Cécile dirigée par Michel Mir, le voile est levé sur le monument. Après quoi, tous les convives se retrouvent à l'Hôtel Bernard pour un grand déjeuner. On y chantera notamment "La coupo santo". 

    https://www.youtube.com/watch?v=Zk2nUMVxb58C

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    Le dessin ci-dessus de Narcisse Salières illustrant Lo lutrin de Ladern, constitua le bas-relief du monument sur lequel trônait le buste en bronze d'Achille Mir. Malheureusement, les Allemands en 1942 firent disparaître le monument et l'envoyant à la fonte. Au début des années 1950, des amoureux du patrimoine réclamèrent à la mairie de Carcassonne que l'on refasse les statues disparues. Marcel Izard-Longueville, maire de Carcassonne, s'engagea en ce sens mais seul le monument en bronze d'Armand Barbès fut refait sur le boulevard qui porte son nom.

    Sources

    Lou Lutrin de Ladern

    L'express du midi / 1901 et 1908 

    Notes et synthèses / Martial Andrieu

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