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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 214

  • Sarah Bernhardt au théâtre municipal de Carcassonne

    Ce blog n'a d'intérêt à mes yeux que s'il apporte à la connaissance, des sujets inédits ou complémentaires, à ce qui a été déjà évoqué par nos historiens locaux. C'est peut-être là sa vraie utilité et ce qui, en quelque sorte, fait son succès. L'histoire du théâtre municipal en elle-même est connue ; il suffit de lire les anciens bulletins de la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude ou de la Société des Arts et des Sciences de Carcassonne. En revanche, il semble que personne ne se soit attardé sur les témoins de cette époque. Or, dans de vieux articles de la presse locale, il est possible de retrouver cette mémoire. Il suffit parfois de vouloir s'en donner la peine, mais au final c'est loin d'être inintéressant.

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    La comédienne Sarah Bernhardt par Nadar

    Sous l'Ancien régime, l'emplacement de l'actuel théâtre Jean Alary était occupé par le Couvent des Jacobins. Aliéné à l'Etat après pendant la Révolution française pour la somme de 30 200 livres. Une première partie comprenant l'église, le cloître, le grand escalier, l'entrée et la sacristie fut adjugée à M. Jean Aubry, plâtrier, à la date du 13 germinal An III (2 avril 1795). Le même jour l'acquéreur céda les 3/4 de l'ancien couvent à M. Jean-François Loup, Silfrein et Philippe Marrel, François Sébastien et Antoine Fourès. Le même mois, Marrel et Fourès se désistèrent à leur tour. Ambry et Loup demeurèrent le propriétaire d'une partie des bâtiments. Le reste du couvent représentant une superficie de 950 m2 fut adjugé à Ambry le 23 juin 1796, puis revendue à Loup le 9 décembre 1795.

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    Un négociant d'Alzonne, Benoît Faral, acheta les droits de Loup et Ambry dans le but de faire de l'église, une salle de spectacle, les bâtiments extérieurs devant servir à la location. Pour réaliser ces travaux, il s'adressa à l'architecte Champagne qui dressa les plans. La salle dont le coût des travaux s'éleva à la somme de 141 946 livres 11 sols et 5 deniers, fut prête le 1er octobre 1796. Faral prit M. Hertz pour associé ; il versa 750 000 francs en assignats et 50 000 francs en numéraire. La salle fut affermée au sieur Désormaux, artiste de Toulouse, qui dut s'acquitter de 6000 francs pour le semestre représentant la saison théâtrale. Par la suite, Hertz devint l'unique propriétaire de la salle de spectacle qui fut vendue à Casimir Courtejaire le 3 novembre 1843. Il la légua en héritage à la commune de Carcassonne, par acte du 10 octobre 1874 (Me Mouton), avec cette clause testamentaire :

    "Comme il importe au donateur de laisser à sa ville natale un souvenir durable du don qui lui est fait, la ville, en acceptant cette donation, s'oblige à conserver à l'objet donné sa destination de salle de spectacle. En conséquence, la ville devra s'assurer contre l'incendie, l'entretenir convenablement, même l'embellir, autant que le lui permettra sa situation financière. Elle ne pourra pas utiliser les décors ou tout autre partie du matériel pour une autre salle de spectacle. Toutes ces clauses ne sont pas purement comminatoires, mais de rigueur, de telle sorte que leur inexécution entraînerait la révocation de la donation."

    Les artistes de passage

    L'art lyrique vit passer des artistes aux voix merveilleuses : Martin, Lafeuillade, Sireau, Duluc, Serda, les dames Boulanger, Prévost, Pothier, Vizentinin Bardou, etc. On y entendu l'opéra du Bizet "Les pêcheurs de perles" en 1890. La première de Lohengrin de Richard Wagner se déroula en 1904. Des créations comme Messaline de Isidor de Lara en 1905, Hannibal de Joseph Baichère - compositeur et organiste de l'église St-Vincent - sur un livret de Victor Gastilleur, autre Carcassonnais. On entendit Sapho de Massenet en 1921 et Gismonda d'Henri Ferrier en 1924. La vie de Bohème de Puccini en 1901.

    L'art dramatique permit aux spectateurs d'apprécier MM. Talma et Ligier, Mmes Georges, Duchenois, Rochel, etc. Dans ses mémoires, Edmond Got, de la Comédie française, parle du théâtre en ces termes :

    "1er juillet 1966... Quant au théâtre de Carcassonne, impayable ; dans une vieille église démantelée, pire qu'à Tours, je m'habille, pour l'exemple, dans les anciennes latrines de la sacristie. Mais avant Marseille et Montpellier, j'ai tenu à jouer dans ce trou..."

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    Au cours de la saison de 1889, Sarah Bernhardt vint jouer "Hernani" de Victor Hugo. Afin de ne pas salir la longue robe de satin blanc qu'elle portait au cinquième acte, la grande comédienne fit mettre un tapis partant de sa loge jusque dans les coulisses. La salle de spectacle était dans un état déplorable et les artistes ne considéraient comme un honneur de jouer à Carcassonne.

    "Lors de son passage, cette tragédienne crut devoir nous traiter de sauvages ;parce que les loges n'étaient pas à sa convenance ; parce qu'il y avait des courants d'air dans les coulisses ; parce que le public ne lui avait pas fait un triomphe dans Hernani, cette pièce ayant été choisi pour son caractère politique plutôt que la Dame aux camélias qu'avait proposé l'imprésario ; parce que les musiciens de l'orchestre ne voulurent pas céder leurs fauteuils pour qu'elle puisse louer une cinquantaine de chaises à 10 francs." (L'éclair / 22 septembre 1895)

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    © H. Alaux

    A gauche, l'entrée de l'ancien théâtre en 1905

    Notons que cette clause n'a pas empêché la ville de Carcassonne du temps de la municipalité Chésa, d'envoyer à la benne à ordures l'ensemble des toiles et des décors. Elle aurait pu acheter l'immeuble mitoyen pour en faire un magasin à décors, mais préféra le laisser à la Banque de France. Elle y réalisa un parking privé. Les glaces des loges furent vendues par des employés de mairie à une brocante de la zone de la Bourriette. Les chaises et autres objets, pris par d'autres employés pour chez eux...

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    © Musée des Beaux-arts de Carcassonne

    Casimir Courtejaire en 1843 par J-P Montseret

    Le 9 juillet 1929, le Conseil municipal prit une délibération relative à la reconstruction du bâtiment, à cause de sa vétusté. Les héritiers de Courtejaire donnèrent leur consentement le 2 décembre 1931. On démolit l'ensemble de l'ancien couvent des Jacobins avec son cloître en 1933. 

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    Le cloître lors de sa démolition

    Deux architectes, MM. Raymond Esparseil (1876-1966) et Marcel Oudin (1884-1936), établirent les plans des travaux qui furent effectués par M. Fioriom. Commencés le 19 juillet 1933, ils ne furent achevés que le 27 décembre 1935. Entre-temps, une partie de l'immeuble Peyronnet fut acheté suivant l'acte du 8 janvier 1935. 

    Raymond Esparseil évoque le souvenir du théâtre

    L'ancien théâtre était constitué par l'église du couvent des Jacobins. Ce couvent en 1229, fut tout d'abord installé à la Cité. Il fut transféré à la Barbacane, en 1247, dans la rue Longue : détruit par l'inondation de 1255, on l'installa sur la rive gauche de l'Aude, sur la carrière du quartier de cavalerie (Caserne Laperrine, NDLR) en 1347. Nous avons retrouvé ses fondations lors de la dernière guerre en faisant des tranchées. Il fut détruit en 1355 par le Prince noir et reconstruit dans la ville, à l'emplacement du théâtre actuel.  

    En 1932, la ville institua entre les architectes de France, pour la construction du théâtre, un concours auquel j'ai pris part. A ma grande surprise, j'ai eu le prix et l'exécution. J'avais en effet, dessiné le projet par plaisir, et sans arrière-pensée, pendant le chômage, dans un moment de crise de nos exploitations minières (Raymond Esparseil était le fils de Marius, inventeur de la mine de Salsigne, NDLR). Depuis mon entrée en loge pour le concours des Beaux-arts, en 1900, j'avais complètement abandonné l'architecture, pour me consacrer à mon métier de mineur, au cours duquel, cependant, j'avais eu l'occasion de construire des usines, des logements et des cités ouvrières, de telle sorte que je n'avais pas perdu l'habitude de la construction. C'est ainsi que le nouveau théâtre fut construit sous ma direction, malgré une mauvaise Kabbale, tellement bien montée au bénéfice de mon associé de Paris, que mon nom avait été effacé des constructeurs du théâtre.

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    © Martial Andrieu

    J'avais donc complètement perdu de vue à Paris, les relations artistiques d'autrefois et je n'avais aucun moyen de chercher seul les nombreux sous-traitants qu'une construction de cet ordre exige, tant dans le domaine artistique que de l'embellissement et de la construction. C'est pourquoi je me suis associé à Paris, avec un architecte qui s'occuperait de tout cela dans la capitale, pendant que je surveillerais les travaux de la construction sur place. Ce qui fut fait. Nous avions pris cependant à frais communs, pour les dessins d'exécution d'après mon plan à l'échelle exigée, un jeune architecte qui s'est révélé dans la suite architecte de valeur, ce qui nous a permis de transformer la façade originale que j'avais dessinée, parce que le prix en était hors de question. C'était avec cet architecte que je discutais sur place, ce qu'il y avait à faire et qu'il mettait en ordre en rentrant à Paris avec mon associé.

    Celui-ci venait rarement à Carcassonne et s'est tellement mal conduit avec moi et notre employé que celui-ci nous a quittés, rompant avec lui, tout en conservant d'excellentes relations avec moi. Mon associé est mort peu après (Marcel Oudin, NDLR), me laissant la responsabilité des erreurs qu'il avait faites en dehors de moi et de la terminaison de la construction dont je n'ai pas voulu signer la réception des travaux, mon associé, malgré moi, ayant accepté de la part d'un sous-traitant, et en dehors bien entendu de l'entrepreneur général, qui n'y était pour rien, une malfaçon.

    Les vestiges

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    © Google

    Un domaine situé sur la commune de Palaja fut la propriété de Casimir Courtejaire. Après la mort du mécène et lors de la destruction de l'ancien couvent servant de théâtre, les héritiers ont récupéré un très grand nombre de vestiges. Presque l'ensemble des colonnes en marbre de Caunes-Minervois qui devaient constituer le cloître sont dans ce domaine, mais pas seulement... D'autres objets sont visibles dans le musée lapidaire Pierre Embry à la Cité.

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    Dans le coulisses du nouveau théâtre, on aperçoit dans le mur une ancienne voûte ogivale. Sous la scène, il y a encore l'emplacement du chœur de l'église du couvent.

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    © Martial Andrieu

    La destruction de la maison attenante dans les années 1990 a mis au jour les vestiges de l'ancien couvent. C'est ce dont je me suis aperçu, lorsque par hasard, le parking de la Banque de France étant ouvert, j'ai pu prendre cette photo.

    Sources

    Midi-Libre / 1960

    L'éclair / 1895 

    Notes et synthèse / Martial Andrieu

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  • Le parcours tortueux d'une croix de mission à travers Carcassonne

    Si l'on peut encore admirer derrière le chevet de la cathédrale Saint-Michel et en toute discrétion, cette croix de mission de 1815, ce n'est pas grâce à l'opération du Saint-Esprit mais à plusieurs Carcassonnais très dévoués. Sans leur concours, cet objet d'art sacré serait allé rejoindre la longue liste des couvents, églises et autres témoins du passé chrétien de notre ville, à avoir subi la foudre des anticléricaux. De ce point de vue, on peut affirmer sans crainte que Carcassonne est une cité martyre. Il va de soi qu'ici nous ne faisons ni l'apologie du cléricalisme, ni de ses opposants. Nous essayons de regarder l'histoire en face en appelant un chat un chat.

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    © Martial Andrieu

    La croix de mission dans le jardin de la Cathédrale

    C'est le 24 mars 1815 que cette croix fut érigée sur la place Davilla à la suite d'une mission organisée par Mgr Arnaud-Ferdinand de la Porte, évêque de Carcassonne, pour le rachat des horreurs commises pendant la Révolution. Elle délimitait, si l'on peut dire, les deux paroisses de St-Michel et de St-Vincent, à l'extrémité ouest de la porte de Toulouse (rue de Verdun). Réalisée par le serrurier Serre, à qui l'on doit également le portail du jardin du Calvaire situé en haut de la rue Voltaire, elle porte les attributs de la passion du Christ.

    "La branche supérieure est surmontée d'un coq pour rappel les paroles de Jésus à Pierre : "Avant que le coq ne chante tu m'auras renié trois fois." Au-dessous, l'inscription I.N.R.I (Iesvs Nazarenvs, Rex Ivdæorvm) qui signifie "Jésus de Nazareth, roi des juifs", qui Pilate fit fixer dessus. Au centre, un cœur entouré d'une couronne d'épines. A gauche, la lanterne qui éclaira les soldats au jardin des oliviers. A droite, le calice remémorant les paroles de Jésus : "Si ce calice ne peut s'éloigner de moi..." Les deux extrémités sont occupées, l'une par le soleil, l'autre par la lune, qui s'obscurcirent au moment du trépas. On voit au-dessous le marteau, les tenailles et clous de la crucifixion ; le voile dont Véronique se servit pour essuyer la face de Jésus ; l'aiguière et la cuvette que Pilate utilisa pour se laver les mains ; le sabre de Pierre auquel est restée accrochée l'oreille du serviteur du Grand-Prêtre ; la verge de la flagellation et le roseau sceptre de railleries. Plus bas, fixée à un bâton, l'éponge qui humecta les lèvres de l'agonisant ; la bourse de Judas ; lance qui perça le côté et l'échelle de la descente de croix. (Louis Cros, ancien archiviste de l'évêché)

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    La croix de Villegly dite "Croix de Louis XVI"

    On trouvait une croix identique au chevet de l'église de Fanjeaux. A Villegly, on peut encore admirer un calvaire contemporain de la croix de Carcassonne et presque semblable. 

    Sous la Monarchie de Juillet, la croix fut déposée. En 1830, on la transporta dans la chapelle du Rosaire de la Cathédrale Saint-Michel qui trouvait sur l'emplacement de l'actuel parvis. Après la fin de l'épidémie de Choléra, les Carcassonnais voulurent manifester leur reconnaissance et ériger une croix à l'entrée de la ville. Quatre ans plus tard en 1858, l'évêque souhaitant perpétuer le souvenir de la Mission des Révérends Père Augustins, obtint de M. Roques Salvaza - maire de Carcassonne - que la croix soit réinstallée sur la place Davilla.  Le 11 décembre 1858, 3000 personnes assistèrent à son érection sur son piédestal.

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    En 1881, l'atmosphère politique était à la lutte contre les courants monarchistes et bonapartistes soutenus par l'église catholique. Considérant cette dernière comme un adversaire de la République, les élus radicaux de l'Aude cherchèrent à amoindrir son influence sur la population. Prétextant que la croix effrayait les chevaux, le maire Joseph Teisseire somma Mgr Leuilleux de l'enlever de la place Davilla. Devant le refus de l'évêque, la mairie déboulonna la croix le 9 mars 1881, aux frais de l'évêché. Elle fut laissée telle quelle sur le trottoir. Ceci provoqua de vives protestations parmi une partie des Carcassonnais qui entonnèrent le Parce Domine, face à d'autres chantant la Marseillaise. Mademoiselle Gaubert qui habitait à l'angle du boulevard Marcou et de la place Davilla, proposa que l'on installe la croix dans son jardin. Ce fut chose faite, après que des séminaristes l'ont transportée à bout de bras. On la fit restaurer par François Ourtal et on y fixa un Christ en fonte. Le 14 mars 1881, l'évêque procéda à la bénédiction de la croix profanée. Par la suite, la demeure de Mlle Gaubert fut vendue aux sœurs de Saint-Aignan qui la cédèrent aux Sœurs Marie-Auxilliatrices. Ces religieuses y créèrent l'école Sainte-Marie que les Carcassonnais appelèrent "Le couvent de la Croix".

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    L'ancienne maison de Mlle Gaubert

    Après que les sœurs ont coupé les arbres qui protégeaient la croix du vent et des intempéries, celle-ci commença à rouiller et le coq à se tordre. Ce dernier fut confié à Antoine Clavel, ferronnier à Revel en 1958 ; la croix, quand à elle, passa entre les mains de la maison E. Laucat de Mieux-en-val. Les dorures furent refaites par l'abbé Esquirol, curé de Montolieu. En 1970, les sœurs vendirent leur couvent à un promoteur immobilier qui ne prit aucun soin de la croix ; elle fut tordue par la grue du chantier et mise à l'extérieur du bâtiment. Sans le secours de Gustave Mot, elle aurait rejoint la ferraille. Son piédestal, œuvre du sculpteur Léon Nelli ne put être sauvé car trop abimé par l'épreuve de démolition. Il portait les dates des missions de 1858 et de 1933.

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    Démolition de l'Ecole Sainte-Marie en juillet 1970

     C'est l'entreprise Lauze qui redressa la croix et permit sa restauration. Après quoi, elle fut déposée sur un nouveau piédestal, réalisé par Gleizes, dans le jardin du Chapitre attenant au chevet de la cathédrale Saint-Michel. Elle s'y trouve depuis le mois d'août 1975.

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    Le Christ qui avait été ajouté en 1858 fut enlevé et mis dans le jardin de la maison de retraite Béthanie, rue Pasteur, où il se trouve encore aujourd'hui. Si la Croix de Mission de 1815 n'est pas classée à l'inventaire des monuments historiques, ce serait une bonne chose qu'elle le soit.

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    L'ancien couvent depuis 1971

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    Seul vestige de l'école Sainte-Marie, la plaque sauvée par J. Blanco

    Sources

    Louis Cros / Académie des Arts et des Sciences / 1985

    Midi-Libre / 1957

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  • La construction de l'école Barbès dans le quartier des Capucins

    Nous allons évoquer pour la première fois, l'histoire de la construction de la nouvelle école primaire de garçons dans le quartier des Capucins. Pendant longtemps, les riverains l'appelèrent l'école de Macao - nous verrons pourquoi - avant que le nom de l'illustre tribun républicain n'entre définitivement dans les esprits.

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    Jusqu'en 1951, les garçons des Capucins fréquentaient le vieille école située à l'angle de la rue du 24 février et de la rue des rames. Précisément, en face du couvent des Capucins rasé en 2002. Ce bâtiment ressemblait dans les derniers temps à une espèce de taudis et depuis longtemps déjà, les habitants réclamaient à la mairie la construction d'un nouvel établissement.

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    L'ancienne école, 28 rue du 24 février

    C'est en 1924 que la ville de Carcassonne fit l'acquisition d'un terrain vague au lieu-dit Macao. Là, une belle propriété s'étendait entre la rue du 24 février et le boulevard Barbès. Elle avait appartenu à un ancien officier des colonies qui lui avait donné le nom de Macao. Si l'on regarde le portail d'entrée de la Direction départementale des Territoires et de la Mer, on aperçoit l'inscription Macao dans le fer forgé. Cet espace sur lequel devait être construit la future école, servait de terrain de pétanque et de piste de bal au moment des fêtes du quartier. Il fallut attendre 1948 et l'avis de l'inspection académique pour lancer le projet, qui se confirmera par l'agrément du ministère de l'Education nationale en 1949. Le 2 septembre 1950, M. le maire devait se rendre au ministère pour faire activer le financement et le 28 septembre 1951, était posée la première pierre.

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    L'architecture du bâtiment typique du style des années d'après-guerre est l'œuvre de M. Bourrely. A son ouverture à la rentrée 1952, il se compose : d'un vestibule, de quatre classes, d'un atelier de travail manuel, d'un bureau de direction, d'une vaste cour et d'un préau. Ces salles de classe dont chacune peut contenir 40 élèves sont de couleur verte, le sol carrelé est recouvert de linoléum. Les enseignants sont MM. Fort (Directeur), Calvayrac, Sadourny et Mesdames Avizou et Massine. Deux fois par semaines, MM. Almerge et Esparseil dispensent des cours de gymnastique.

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    La rentrée des classes en 1952

    Ce groupe scolaire fut réalisé en un temps record, puisqu'au bout d'une année il ouvrit ses portes. Un peu trop rapidement peut-être... Le jour de la rentrée, le mercredi 1er octobre - le jour de repos étant le jeudi à cette époque - il manquait les tables, les bancs et le bureau du maître. Les services techniques admirent que la réception du mobilier avait du retard. Ceci ne manqua pas de créer une espèce de polémique, car le lundi 29 septembre les officiels venaient d'inaugurer les locaux. M. Itard-Longueville - maire de Carcassonne - se félicitait de cette réalisation en ces termes.

    "Puisque la mode est à l'auto-critique, qu'il me soit permis de faire aujourd'hui de l'auto-compliment au Conseil municipal tout entier, puisque c'est à l'unanimité qu'il a décidé la création de cette école. Je pense  que les enfants travailleront dans ce cadre de lumière, car contrairement à nos ennemis d'outre-Rhin, qui voulaient créer la force dans la joie, notre but à nous est de créer le travail dans la joie."

    On loue beaucoup les réalisations de Jules Fil peut-être parce qu'il était socialiste, mais on a tendance à oublier tout ce qu'à fait Marcel Itard-Longuevile en seulement quatre années de mandat. Lors de l'inauguration on remarquait dans les rangs : M. Manière, chef de cabinet du préfet ; M. Guille, député de l'Aude ; M. Noubel, conseiller général ; M. Laurent, Inspecteur de l'Académie ; M. Testanier, directeur de l'Ecole normale de garçons ; M. Azalbert, président du syndicat des instituteurs ; M. Segné , chef des travaux de la ville ; M. Descadeillas, directeur de la bibliothèque municipale ; M. Delpech, secrétaire général de la mairie, etc.

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    © Martial Andrieu

    La céramique de Camberoque dans le halld'entrée

    La décoration du hall, du préau et des salles fut confiée au peintre Carcassonnais Jean Camberoque. Depuis l'après-guerre, il avait apprit chez M. Armaing - potier à Castelnaudary - l'art du feu. La céramique devenait à peine une nouvelle force de sa créativité. C'est cette technique qu'emploiera Camberoque pour décorer l'école Barbès. 

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    © Martial Andrieu

    En 1988, les élèves de CM1 ont poursuivi à leur manière l'œuvre de Camberoque, en décorant la façade donnant sur la cour.

    Sources

    L'indépendant / 1952

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