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affenage

  • A l'origine du Chapeau rouge, rue Trivalle...

    Si les plus anciens des Carcassonnais d'aujourd'hui ont surtout connu Le chapeau rouge comme salle de cinéma puis en tant que salle de concerts, il est de notre devoir de rappeler ce qu'il fut à ses débuts. A l'époque des carrioles, carrosses et autres camions, Le Chapeau rouge était une maison de roulage avec un affenage. Qu'es aquó ? 

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    © Google maps

    Le chapeau rouge en 2017

    En occitan "Afénaje", signifie "Nourriture en fourrage donnée au bétail, sans peser toutefois le foin. Sorte de pension pour bêtes". Autrefois, les anciens disaient en patois "Métré sous chival à l'afénajé". L'affenage était donc un lieu où l'on hébergeait les bêtes de somme, les chevaux de trait principalement. C'était une espèce de fourrière pour ces animaux. On donnait le foin aux chevaux, mis en pension parfois pour quelques jours. Ce gîte d'étape pour les attelages se payait à l'afénaïre (M. Blanc en 1904), chargé de l'hébergement et de la nourriture des bêtes.

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    Le chapeau rouge avec son enseigne vers 1900

    Autrefois, la traction animale était le seul moyen de locomotion et de communication. Les voituriers transportaient des voyageurs, les rouliers avec leurs longues charrettes faisaient le charroi des barriques de vin, des demi-muids dans notre région. Il y avait également une quantité de transporteurs de fourrage, de paille, de balles de blé, de farine et de bien d'autres marchandises. Tous accomplissaient souvent de longs trajets qui les obligeaient à faire escale dans une ville ; ils servaient alors de l'affenage pour faire reposer leurs bêtes. Souvent, l'affenage et l'auberge ne faisaient qu'un.

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    Affenage (à droite), rue Voltaire vers 1900

    Toute une législation fut édictée au sujet du roulage. Jusqu'en 1724, on peut penser que les transports par la route jouissait d'une liberté absolue. Seul Colbert en 1670 prit des mesures pour garantir les routes des dégradations auxquelles les exposaient la liberté du roulage. La réglementation débute donc en 1724 et se poursuivra jusqu'en 1785 avec les nouvelles dispositions permettant aux voituriers d'atteler à leurs véhicules, un nombre illimité de chevaux, à la condition d'employer des bandes de roues avec largeur déterminée. Vers 1851, toutes ces lois sur le roulage et la police de la route seront abrogées.

    Petit à petit au cours du XXe siècle, la mécanisation fit disparaître les affenages. En 1891, on en comptait plus de vingt dans Carcassonne, dont Le chapeau rouge dans la rue Trivalle. Le plus fréquenté étant "L'affenage des trois mulets", place Davilla. En 1914, le nombre tomba à quinze puis à dix en 1921. A la veille de la Seconde guerre mondiale, seuls ceux de la rue Tourtel et la route Minervoise fonctionnaient. Le dernier affenage de la ville fut rasé dans les années 1970 ; on y construisit à la place, la Mutualité Sociale Agricole.

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    © ADA 11

    Devant l'Hostellerie du Chapeau rouge au XIXe siècle

    Hôtel du Chapeau rouge - Faubourg de la Trivalle, n°112
    Prix à partir du 1er septembre 1881 :
    Affenage : Vente du foin, le quintal : 10 francs ; vente de la paille, le quintal : 5 francs ; vente du fourrage, le quintal : 10 francs ; vente de la lotte : 0,50 francs.
    Attache : par bœuf, pour un jour ou fraction de jour : 0,20 franc ; par cheval ou mulet par ou par fraction de jour : 0,20 franc ; par âne : 0,15 franc ; par mouton enremisé : 0,10 franc
    Repas pour les marchands et meneurs seulement : 2 francs par repas. On sert à la portion selon la carte.
    « Couchée » pour les marchands et meneurs seulement : un chambre 1,15 francs ; un lit 1 franc

    L’hôtel du Chapeau rouge qui se trouvait en face de l'affenage eut son heure de célébrité, à laquelle se rattache le souvenir du chanoine Verguet, dont le Dr Girou a rappelé l’existence aventureuse dans sa « Vie des personnages célèbres de l’Aude ». Né à Carcassonne en 1818, ce prêtre se consacra longtemps aux missions des îles lointaines et les plus dangereuses. Quand il revint de ces pays, il fut tour à tour cité de Montredon et de Pomas.

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    © ADA 11

    Le chanoine Verguet à 80 ans


    Devenu chanoine titulaire en 1901, précenteur entouré de six chapiers, il avait grand allure. Il combattit les élections faites sous le ministère du « petit père Combes ». Le siège épiscopal devenu vacant par la mort de Mgr Billard, il s’institua lui-même vicaire capitulaire et se décernant les honneurs épiscopaux, il devint, Mgr Verguet. L’évêché de la Trivalle eut pour siège l’hôtel du Chapeau rouge. Dès son arrivée Mgr de Beauséjour mit de l’ordre à cette fantaisie et cette indiscipline.
    Le chanoine Verguet termina sa longue vie dans une indépendance pittoresque. Artiste et lettré, il assura longtemps le secrétariat de la Société des Arts et des Sciences. Il mourut dans a ville natale, en 1914, à l’âge de 96 ans.

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