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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 173

  • Croche-pattes et coups fourrés pour la construction d'un multiplex cinéma à Carcassonne

    Avant que le multiplex cinématographique "Cap cinéma" ne voit le jour à Carcassonne, il a fallu attendre la fin de plusieurs années de batailles procédurières. Chacun sait dans cette ville que tout accouchement urbanistique se fait dans la douleur et au mieux, sous péridurale. Pour que le nouveau né ait une chance d'arriver à terme, ses géniteurs doivent être issus de la même famille politique que l'administration municipale en place. Sans pour autant être un gage de réussite, puisqu'il arrive qu'un amant éconduit revendique en justice le bénéfice de la paternité. 

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    © La dépêche

    L'Odéum en 1998, avenue A. Marty

    Le 21 décembre 1998, lors d'un séance du conseil municipal présidée par Raymond Chésa, il est voté la vente de terrains de 2 hectares à Salvaza face à UCCOAR pour la construction d'un multiplex. Au cours de l'année, le directeur de la société CGR - M. Roger-Marc Lecocq - s'était déplacé trois fois à Carcassonne. Ce projet prévoyait de bâtir une structure de 6000 m2 dont un hall de 1000 m2, avec 9 salles de 1500 à 1800 sièges. Du côté de Madame Bianquis - la directrice des 2 cinémas du centre-ville (Odéum et Colisée) - et du gérant M. Adira, cette annonce allait faire l'effet d'une bombe : "C'est encore une occasion de vider le centre ville, c'est la mort de tous les commerçants et des restaurants qui se trouvent aux abords du cinéma. En implantant ce genre de structure à Salvaza, on enlève tout moyen d'expression au centre ville. Avec les deux cinémas nous avons 9 salles, plus 9 salles qu'ils veulent créer, cela fait 18 salles, c'est beaucoup trop pour une population de 50.000 habitants. En moyenne, par semaine, Le Colisée et l'Odéum accueillent, réunis, 4.000 à 5.000 personnes."

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    © La dépêche 

    Le Colisée, bd Omer Sarraut

    Au mois de février 1999, la riposte s'organise chez les opposants. Christiane Bianquis (Directrice des cinémas du centre-ville), Christian Bernier (Amis du Cinoch") et Tamara Rivel (Conseillère régionale) prennent rendez-vous à la Direction Régionale des Affaires Culturelles à Montpellier. Cette dernière doit se prononcer favorablement ou défavorablement. Les opposants font valoir qu'il en va de la survie du centre-ville. Toutefois, seule la commission départementale d'équipement cinématographique devra statuer à la majorité des votants sur le sort du multiplex. Sept représentants ont sa destiné entre leurs mains : Le maire de Carcassonne, le conseil général du canton, le maire de Castelnaudary, le président de la CCI et celui de la Chambre des métiers, le Centre National de la Cinématographie et le syndicat des consommateurs.

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    © Office du tourisme de carcassonne

    La verrière de la grande salle du Colisée

    L'issue de la consultation entérine le rejet du projet. MM. Sardo (F.O Consommateurs), Maugard (Maire Ps de Castelnaudary) et Tarlier (Conseil général Ps du canton sud) ont voté contre. Ce dernier en fait son cheval de bataille avant les élections municipales de l'an prochain, dans lesquelles il sera candidat. Il se range derrière l'idée que le multiplex va tuer les cinémas du centre-ville et plus largement, l'attractivité commerciale de celui-ci. Il demande que le multiplex se fasse à l'Odéum et au Colisée. Raymond Chésa prend acte du vote, mais n'entend pas lâcher le morceau. Dans le plus grand secret, il consulte des investisseurs privés pour tenter de relancer le multiplex. Pour ne pas avoir à subir un nouveau refus, il est envisagé de ne créer que 1000 places, ce qui permettrait de se passer de la commission.

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    © Aude tourisme 

    Le multiplex au Pont rouge

    Alors que l'ensemble des villes du sud-ouest possèdent déjà un multiplex, Carcassonne devra attendre le 17 décembre 2007 pour que le sien sorte enfin de terre. Soit, neuf ans après le lancement du premier projet. Certains diront : Vive le progrès ! D'autres, constateront avec amertume que la fermeture de l'Odeum et bientôt du Colisée, ont eu pour effet d'assassiner les restaurants et cafés proches desquels ils se trouvaient. Alors, certes d'autres activités génératrices d'emplois se sont créées à la périphérie du nouveau cinéma, mais qu'il est triste ce samedi soir dans le centre de Carcassonne.

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    © Les écrans

    Le multiplex de Limoges, place Denis Dussoub

    D'autres villes comme Limoges, par exemple, ont su aménager un multiplex dans l'ancien cinéma du centre-ville. Les cafés et restaurants s'en portent très bien et le samedi soir, le centre-ville n'est pas désert. Et un centre-ville vivant, c'est moins glauque et avec beaucoup moins d'insécurité. 

    Sources

    Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • La destruction de l'ancienne École normale de Carcassonne

    Il est inutile de préciser que les municipalités qui se sont succédé tout au long du XXe siècle, ont été les plus destructrices pour ce qui concerne le patrimoine historique de notre ville. En ce domaine, la palme d'or toutes catégories revient à Monsieur Antoine Gayraud et à l'ensemble de son conseil municipal. Ces gens-là n'avaient aucun respect pour l'héritage que les anciens nous avaient transmis ; il fallait à tout prix raser les vieilleries et construire à la place des cubes de béton : Hôtel Dieu, Lycée de garçons, Chapelles, etc. C'est dans ce mouvement que l'on fit disparaître l'École normale de la rue Littré. 

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    Oh ! Certes, à l'époque la façade du bâtiment n'était pas bien reluisante. Il suffisait d'un ravalement pour lui rendre son lustre d'antan, mais on préféra faire travailler le BTP. Encore de nos jours, les vautours de   la truelle sortis de chez lego, rêvent encore de pouvoir bâtir dans la Bastide leurs fameux cubes en béton. On prend trop souvent ici les mesures de la verticalité avec l'horizontalité du portefeuille. Bref !... Donc, au début de l'année 1975, l'entreprise Depaule envoya ses pelles mécaniques mettre à bas l'École normale. La construction de cette dernière s'était réalisée au XVIIIe siècle, en réemploi avec les vieilles pierres des remparts de la porte de Toulouse. Que croyez-vous qu'ils en firent ? Ils les concassèrent et les utilisèrent ensuite pour la réalisation des routes. 

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    La vieille porte d'entrée fut l'unique objet à être conservé, grâce à l'architecte des Bâtiments de France. Le millésime indiquant la date de 1709 partit avec les gravats. Vous pouvez encore apercevoir les montants de cette porte dans un recoin de l'immeuble cubique qui remplaça l'École normale.

    ecole normale

    Il faut vraiment le savoir car rien n'indique l'histoire de cette porte...

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    Le chef d'œuvre que nous a laissé à la place cet architecte dont la postérité n'a pas, fort heureusement, retenu le nom est sans doute du plus bel effet. Un parking souterrain a été réalisé, mais où sont passées les fouilles archéologiques ? Pourtant sur son emprise, il y avait l'ancien couvent des Augustins. 

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  • La naissance de l'hégémonie du Parti Socialiste dans l'Aude

    Au lendemain de la Libération du département de l'Aude, déclarée officiellement le 25 août 1944, le paysage politique est à reconstruire. Au cours des derniers mois précédant la débâcle Allemande, l'aspect politique au sein des Mouvement Unifiés de Résistance occupe grandement les esprits. Les maquis d'obédience communiste s'occupent avant tout de liquider le nazisme, ennemi redoutable du bolchevisme depuis la fin du pacte de non agression. En coulisse, chacun place ses pions... Henri Noguères et Francis Missa pour le Parti Socialiste clandestin tentent d'obtenir de Gilbert de Chambrun (Chef régional FFI) et de Lucien Roubaud, des places à l'intérieur du futur Comité Régional de Libération. Le refus entraîne la saisine de la Commission des conflits du Conseil National de la Résistance ; elle se prononce en faveur de Noguères. Désormais, le Parti socialiste obtient la légitimité politique d'être représenté dans le Comité de Libération. Il ne va pas s'en priver... Contrairement à ce qui est largement défendu, les communistes combattants ne sont pas si nombreux dans le département de l'Aude. L'essentiel de la force des partisans du camarade Staline réside dans l'énorme débauche d'énergie à occuper le terrain malgré le manque d'effectifs. Là, où il faudrait dix personnes pour diffuser des tracts, porter des messages ou saboter des routes, une seule personne parfois exécute ce travail. Sur le plan politique, le parti communisme fonde plusieurs mouvements dont le Front National, pour donner l'impression de sa puissance, alors même qu'il fonctionne qu'avec peu de militants. En dehors de sa sphère d'influence, le Parti Communiste place des sous-marins dans d'autres mouvements : Parti Socialiste, Mouvement de Libération Nationale, C.G.T, etc. Le Parti Socialiste veut avant tout éviter que les partisans de Moscou ne s'emparent du pouvoir par les armes. Ce ne sont pas les seuls, car les parachutages alliés sur les maquis communistes de l'Aude sont quasiment inexistants, au cours de l'été 1944.

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    Dans ce pays où tout est à reconstruire après l'effondrement du régime de Vichy, le Parti Socialiste joue sa carte. Son objectif ? Chasser du pouvoir les Radicaux-Socialistes, qui ont la main mise sur l'Aude depuis plus d'un siècle et qui, dans leur majorité, ont été Pétainistes. En septembre 1944, la droite qui n'était incarnée politiquement que par Vichy n'existe plus. Un boulevard s'ouvre devant la gauche, encore faut-il faire preuve d'opportunisme. Le résistant Francis Vals d'obédience socialiste, propulsé à la tête du Comité Départemental de Libération fait appel à un ancien de la S.F.I.O, conseiller départemental de Capendu avant guerre. Georges Guille de retour à Carcassonne après avoir été professionnellement exilé par Vichy, n'a pas de passé de Résistant connu. Qu'importe ! Vals en fait son adjoint ; il lui donne pour mission de chapeauter les Comités Locaux de Libération, chargés de mettre en place les municipalités provisoires. Dans celles-ci, il faudra veiller à épurer les anciens sympathisants du maréchal non sans quelques difficultés : "Beaucoup d’anciens membres de municipalités nommées par Vichy s’opposent à l’installation des Comités Locaux de Libération. Toute personne qui y fera obstacle sera traduite devant un tribunal populaire. (Jacques Bounin - Commissaire de la République)" 

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    © affiches.socialistes.free.fr

    A côté de ses fonctions au Comité Départemental de Libération, Georges Guille multiplie les réunions politiques durant l'automne 1944. Il créé une cellule de recrutement de jeunes socialistes et l'on ne se bouscule pas au portillon. Selon Robert Anguille, qui fut de ceux-là, vers le mois d'octobre-novembre 1944 il assista à l'une des réunions de Guille au café Calmet à Carcassonne : "Il n’y avait pas grand monde afin de refonder la section socialiste de l’Aude ; à peine sept personnes. Dans ce café, Guille s’emportait contre les quelques militants car les affiches étaient trop petites. Il y avait Claude Escuret (fille d’une journaliste de Midi-Libre) qui deviendra secrétaire fédérale du PS. A cette époque, la permanence se trouvait en face de la poste. Le Midi-Libre à l’angle de la place de la poste, côté pharmacie. Les jeunes communistes, tous Staliniens, étaient plus nombreux. On arriva à 1200 jeunes socialistes dans l’Aude ; la section de Narbonne était la plus importante. Celle de Carcassonne comptait 400 militants entre 1973-1974." Petit à petit le Parti Socialiste (SFIO) tisse sa toile en partant à la conquête du département. Si le gain électoral encaissé lors des élections municipales de 1945 peut être considéré comme modeste, celui des cantonales renverse la carte politique de l'Aude. En 1936, trois cantons étaient socialistes et les autres, radicaux. En 1945, 28 cantons socialistes, 2 communistes et 1 M.R.P.

    A Carcassonne, les élections municipales de 1945 portent aux affaires la liste commune Républicaine et antifasciste. Avec la volonté de Roubaud, l'ancien député Radical-Socialiste Henri Gout, qui n'avait pas voté les pleins pouvoirs à Pétain, devient maire de la ville. Dans tout le département, les femmes ont pour la première fois la possibilité de voter. Ceci explique en partie, un taux d'abstention avoisinant les 40% en moyenne. Dans les villages des Corbières, les sympathisants de la Ve colonne sont restés chez eux. 

    Elections municipales 29 avril 1945

    Carcassonne

    Inscrits : 19403

    Votants : 12100

    Exprimés : 11058

    Elus

    Henri Gout (Parti Radical Socialiste), Mlle Billot (Résistance), Lucien Roubaud (PS), Dr Cannac (Résistance), Léon Noubel (PS), Louis Raynaud (PS), Gaston Valette (PS), Maurice Demons (PS), Mme Picolo (PS), Jean Sablé (Résistance), Léopold Castel (Résistance), Léon Bonnemaison (PC), Henri Maury (PC), Louis Amiel (PRS), Emmanuel Mestre (PC), Jean Denat (PC), François Vidal (PRS), Camille Gachet (PRS), Suzanne Lespinasse (PS), Jean Rougé (PRS), Joseph Comes (PRS), Léonce Escande (PRS), rené Paris (PRS), Emile Patebek (PS), Mlle Germaine Gladieu (PC), François Cathala (PRS), Charline Margarida (PC), Mme Roche (Résistance), Jules Pelouze (PC) et Marie-Jeanne Mavières (PRS).

    Narbonne

    Liste Socialiste élue

    Castelnaudary

    Inscrits : 5601

    Votants : 3824

    Exprimés : 3701

    Elus

    Liste des groupements de Résistance et d'Union Républicaine et Antifasciste 

    Joseph Degrave / Maire

    Limoux

    Inscrits : 3908

    Votants : 3159

    Exprimés : 3116

    Elus

    Liste Résistante contre Liste Radicale

    La Nouvelle

    Inscrits : 1682

    Votants : 827

    Elus

    Liste unique avec 368 voix, soit 44% des votants

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    Après le congrès d'Epinay, Georges Guille s'opposera à la main mise de Mitterrand sur l'appareil politique nouvellement constitué. La fin de la S.F.I.O sonnait pour lui le glas de l'idéal auquel il croyait. Bientôt, il ne serait plus le Président du Conseil général de l'Aude, laissant à Robert Capdeville la destiné du département de l'Aude. 

    Sources

    Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

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