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Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 173

  • Osmin Nogué (1865-1942), avocat et chansonnier

    Osmin Nogué naît à Carcassonne le 6 novembre 1865 d'un père, employé aux lignes télégraphiques, originaire de Tarbes. L'intelligence du jeune Nogué se fait très vite remarquer de ses professeurs, notamment au lycée de garçons de la ville où il se distingue comme un brillant élève. Après ses études de droit et un exil momentané à Paris, l'avocat revient à Carcassonne et s'installe 59, boulevard du musée. C'est aujourd'hui, le boulevard Camille Pelletan.

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    Osmin Nogué

    Nogué se rapproche des milieux radicaux-socialistes et épouse le 2 octobre 1894, la fille du maire de Carcassonne Omer Sarraut. De cette union avec Jeanne Sarraut (1876-1963), naîtront trois enfants : Cécile Nogué (1895-1981), Yvonne Nogué (1899-1909) et Maurice Nogué (1904-1994). Le grand malheur du couple sera la perte tragique et brutale de leur fille Yvonne, décédée à l'âge de dix ans d'une phlébite orbitaire.

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    Osmin Nogué en représentation théâtrale

    L'avocat participe à la vie de nombreuses associations culturelles... Dans la Compagnie d'Art dramatique l'Athénée, il est au Comité d'honneur. A la Société d'Etudes Scientifiques de l'Aude, il est membre depuis juillet 1897 grâce à Marius Robert et Jean Philibert. Son action humanitaire se fait remarquer au sein de la Commission des hospices, où chacun loue les bienfaits de Monsieur le Vice-Président.

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    Cet homme, oublié de nos jours, restera bâtonnier au Tribunal de 1er instance de Carcassonne de 1908 à 1909 et de 1935 à 1936. Quatre mandats au cours desquels, il s'assura le respect de l'ensemble de ses confrères. Lorsque l'on a une telle position dans la vie sociale et civile, on peut qu'être attirer par la politique surtout avec de fortes idées républicaines. Adversaire résolu de Gaston Faucilhon, adjoint de Sauzède puis maire de Carcassonne, Nogué fait entendre sa voix comme conseiller municipal. En vérité c'est politiquement un sympathisant du radicalisme, incarné par les Sarraut. Il dirige même à Carcassonne "La dépêche de Toulouse" et représente le syndicat des journalistes.

    En 1924, son beau-frère Maurice Sarraut lui fait obtenir la légion d'honneur ; il sera élevé au grade d'officier en 1938 et choisira son confrère Henri Malric pour sa réception. Osmin Nogué restera tout de même neuf années de 1919 à 1928, conseiller général du canton ouest. Ne souhaitant pas se représenter devant les électeurs, Albert Tomey prendra son siège en 1928.

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    Sous le pseudonyme de Jacques Aubin, Nogué fait publier en 1922 sous la forme de chroniques de la société Carcassonnaise, un livre imprimé chez Gabelle. Les illustrations sont du caricaturiste Dantoine et le texte est assez savoureux. Il dépeint les méandres d'une ville à l'hygiène douteuse et aux mœurs incarnées par des personnages d'une exaltante typicité.

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    La prieuvre

    Quand sur le boulevard le noble Barreau passe,

    Serviette sous le bras et le front soucieux,

    Il ne se doute pas qu'il est suivi des yeux

    Par un monstre tapi dans son antre rapace

    Le Fisc sombre pieuvre à l'appétit puissant,

    Le Fisc aux mille bras tapissés de ventouses

    Dont les hydres de mer se montreraient jalouses, 

    Le guette pour l'étreindre et lui sucer le sang.

     

    Barreau te reposant sur d'anciens privilèges,

    Tu te croyais naïf, protégé contre lui,

    Tu vivais sans soucis, mais qui peut aujourd'hui

    Du succube goulu fuir traquenards et pièges ?

    Barreau, plein de savoir mais de candeur pétri,

    Tu tombes à ton tour dans les filets perfides

    De l'odieux calmar aux suçoirs myriafides

    Et te voici couché, pâle et le front meurtri !

     

    Mengué, le rabatteur du monstre enflé de lucre,

    T'a poussé doucement vers le gouffre profond

    Où notre humanité se liquéfie et fond,

    Comme un café brûlant voit fondre un grain de sucre.

    Aspirés par la bouche avide de l'impôt

    Tu vois tes fiers enfants, infortunés confrères,

    Dans la poche du fisc verser leurs honoraires,

    Pauvres, exsangues, nus, les os trouant la peau.

     

    Mais tout ceci n'est qu'une image

    Rien qu'une image en vérité,

    Vite à présent tournons la page

    Et voyons la réalité.

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    La tombe de la famille Nogué, cimetière St-Vincent

     

    Sources

    Recherches, synthèse et rédaction / Martial Andrieu

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • La nouvelle région Occitanie, un vieux rêve Pétainiste de 78 ans ?

    Lorsqu'on étudie avec attention les archives du gouvernement de Vichy, on s'aperçoit d'une chose assez troublante... Les félibres et autres défenseurs de la culture occitane s'étaient presque tous rangés dès 1940 derrière l'étendard de Philippe Pétain, maréchal de France. Dans l'Aude, ils prirent même une place de choix au sein des conseils municipaux nommés par Vichy. La révocation des maires républicains ayant refusé de prêter allégeance à Pétain, suffit à satisfaire les nostalgiques des anciennes provinces de l'Ancien Régime. Il souffla du côté de l'Etat-Français comme un esprit de revanche contre une Révolution française, responsable de tous les maux du pays. Alors, sur son passage, on applaudit à tout rompre ce vieillard avec sa Révolution nationale accrochée au cœur. Il incarnerait, paraît-il, la renaissance de l'idéal de nos provinces d'autrefois avec leurs langues et leurs beaux pâturages. Comme l'écrivit Jean Cassou, l'Occitanie devint : "Ce petit royaume pétainiste avec ses saluts aux couleurs et ses allumages de flamme." Pas si étonnant que la classe politique majoritairement Radical-socialiste dans l'Aude, soutienne les vertus du maréchal au moins jusqu'en 1942.

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    Les provinces de France en 1788

    D'où vient, me direz-vous, cet amour soudain des Occitanistes pour Philippe Pétain ? En vérité, il est moins le fruit d'un concours de circonstances politiques, que d'une filiation dans laquelle les deux parties trouvèrent les alliés. Qui sont-ils ? Charles Maurras et Frédéric Mistral ! Charles Maurras, doctrinaire du mouvement "La ligue d'Action Française" créée en 1905, préconisait le retour à la monarchie héréditaire et au catholicisme. Il concevait une décentralisation inspirée de l'Ancien Régime, laissant aux corporations, aux villes et aux régions la possibilité de s'administrer elles-mêmes. Rêve également de la Grande Europe du IIIe Reich qui planifiera tout cela... Antiparlementaire, Maurras écrivit que "le député reçoit de ses électeurs un mandat d'entrepreneur de crises ministérielles". Autrement dit, il ne sert à rien. Aujourd'hui encore les actuels pourfendeurs idéologiques du parlementarisme, inondent les réseaux sociaux de slogans (fake news) dénonçant les supposés fainéants de l'Assemblée nationale, grassement rémunérés et forcément inutiles. Sur ce point et tant d'autres, le régime de Vichy s'était aligné sur les positions de Maurras, c'est-à-dire le culte du chef plutôt que la démocratie parlementaire. Citons-le tout de même : "La démocratie c'est le mal, c'est la mort." Avec Léon Daudet, Maurras fonde en 1908 "l'Action Française" et s'attire les faveurs de tous les penseurs de l'extrême-droite française. En vérité, le talent littéraire et journalistique de ces deux réactionnaires a plus éloigné par sa virulence les sympathisants, qu'ils ne les a rapprochés. Aussi, l'emprise maurassienne se trouva t-elle réduite en Occitanie à la partie orientale du Languedoc avec un centre de force à Marseille. Dans le département de l'Aude, l'influence de Maurras fut bien ancrée dans les vieilles familles de propriétaires vignerons. En 1937, le journaliste sera même reçu à la table d'un comte - Président local de l'Action Française - dans un très beau château près de Carcassonne. Cette influence se retrouvait dans l'admiration que tous portèrent à Frédéric Mistral. L'idéologue du "nationalisme intégral" vouait un culte au félibre majoral et écrivit lui-même en languedocien. Lorsque le maréchal Pétain adressa son message à la veuve Mistral qui vivait retirée à Maillane, Maurras écrivit dans le Petit Marseillais : "Or, je vous prie de me dire si un seul chef d'état français a pris garde à cette haute vertu du mistralisme." Dans un autre texte de Maurras, on lit ceci : "La France réduite à l'Occitanie est placée sous le patronage lumineux... de notre Mistral".

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    Le gouvernement de Vichy tentera d'ailleurs, à travers deux lois en 41 et 42, d’introduire pour la première fois l'enseignement des langues régionales à l'école (Breton et Occitan). Pétain entérina une recomposition territoriale régionale par la publication du décret du 30 juin 1941 attribuant à certains préfets les pouvoirs des préfets régionaux et portant division du territoire pour l'exercice de ces pouvoirs portant application de la loi du 19 avril 1941 réorganisant certaines anciennes provinces de France en groupant des départements entre eux. Toute cette politique sera source d'espoirs pour les occitanistes réclamant davantage d'autonomie. Elle sera désavouée à la Libération par le gouvernement provisoire de la République.

    "La population du Midi ne constatait pas sans quelque satisfaction que les limites de France "non occupée" coïncidaient avec celle de son propre domaine. En tout cas, quiconque a séjourné en "zone non-occupée", ne fût-ce que quelques semaines, n'a pas pu ne pas être frappé par la fierté qu'éprouvaient les méridionaux à l'idée qu'ils constituaient à eux seuls ou presque, la France inviolée et, à l'idée que le gouvernement se trouvait désormais en Auvergne et non à Paris." (Paul Sérant / La France des minorités)

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    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • Des erreurs et des oublis sur le nouveau Monument aux morts, parvis de la Cathédrale

    Au mois de février dernier, les autorités municipales et nationales inauguraient le nouveau parvis de la cathédrale Saint-Michel. On constatait que le monument des enfants de Carcassonne morts pour la patrie réalisé en 1919 avait été déposé. Sur le nouveau monument on retrouve les soldats de la Première guerre mondiale, de la Seconde guerre mondiale avec ses victimes civiles, d'Indochine et d'Afrique du Nord. Or, en se penchant dans le détail sur cette longue liste, on s'aperçoit au moins d'un oubli de taille.

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    © Ville de Carcassonne

    La ville de Carcassonne à ses enfants, morts pour la patrie

    Le nom du jeune Résistant Marceau Perrutel (1908-1944) ne figure pas dans la liste. Né à Castelnaudary, mais ayant toute sa famille à Carcassonne et encore aujourd'hui, il fut assassiné par la Gestapo. Une rue dans le quartier des Capucins porte même son nom... On pourrait se dire, c'est peut-être parce qu'il n'était pas né dans la capitale audoise. Certes, mais alors pourquoi y trouverait-on Jean Bringer et Aimé Ramond qui l'un et l'autre sont nés respectivement à Vincennes (94) et à Montgeard (31) ? 

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    Le nom de Marceau Perrutel est absent

    Ci-dessus, on remarque le nom de Pheloup Roger dans la liste des victimes de 39-45. Or, il s'agit très probablement de Pheloup Robert, mort en août 1951 à Dong Khé Cao Bang (Tonkin) durant la guerre d'Indochine. Son décès est bien enregistré à Carcassonne. Notons qu'il ne figure pas dans la liste du monument des morts d'Indochine. Non seulement le prénom est inexact, mais l'emplacement est erroné.  

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    © Ville de Carcassonne

    Le nouveau parvis

    Je n'ai révélé que ces deux cas, mais il serait souhaitable de vérifier sérieusement l'ensemble du panneau. J'ignore si cette vérification a été exécutée sous les auspices du Souvenir français, avant la réalisation du monument. Il est tout de même impensable que de tels oublis se produisent, compte tenu du coût important des travaux financés majoritairement par l'état. Sans compter que le système d'alimentation en eau ne fonctionne toujours pas, pour alimenter le bassin et l'arrosage des plantations.

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