Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Musique et patrimoine de Carcassonne - Page 175

  • Guide à la Cité de Carcassonne. Quel métier de sportif !

    Les qualités indispensables à l'exercice du beau métier de guide à l'intérieur de notre cité médiévale, peuvent se résumer dans cette cette locution latine : "Mens sana in corpore sano". Il paraît évident à tout un chacun - enfin, nous l'espérons - qu'un guide possède une tête bien faite et bien pleine pour transmettre aux visiteurs la science de l'histoire. Qu'en est-il du défit physique auquel sont confrontés quotidiennement les arpenteurs de nos remparts ? Voyez plutôt... Ce sont des milliers de marches à monter et à descendre pour accéder aux tours qu'ils affrontent chaque jour, des portes à ouvrir et à fermer, des kilomètres à parcourir parfois sous une chaleur accablante en été. Ils doivent se poiler de rire devant leur téléviseur, lorsqu'on applaudit aux exploits de quelques vedettes pailletées dans l'émission Fort Boyard. 

    Capture d’écran 2018-04-11 à 09.15.40.png

    MM. Roméro, Goroix et Régnier en 1967

    Aujourd'hui, nos chers guides se sont débarrassés de leur costume de fonction. Ils peuvent en période estivale s'habiller à leur aise avec un short et des manches courtes. En 1967, ils étaient six hommes dirigés par leur chef Marc Robin, en fonction depuis 1954. On peut citer MM. Roméro, Goroix, Régnier, Balmigère et Camilli. Six guides pour 2687 visiteurs le week-end de Pâques en 1967. Combien sont-ils en 2018 alors que le chiffre des entrées est nettement supérieur ? La visite durait 45 minutes, depuis le musée jusqu'au tour des remparts. Le monument étant ouvert toute l'année, ils travaillaient tous les dimanches sans relâche, leur seul jour de repos collectif était le 14 juillet, ou la Cité n'est pas accessible au public à cause de l'embrasement. Après le décès de M. Embry, la vieille ville s'est retrouvée sans guide-conférencier. Jacques Houlet, directeur de la Caisse des Monuments Historiques décida de nommer Alain George en 1964. C'est ensuite Jacques Devèze, le fils de Lily, qui lui succéda. 

    201507261053-full.jpg

    © La dépêche

    Le métier de guide à Carcassonne a nettement évolué... Ne vous y trompez pas, la rentabilité d'un service rendu au public est devenu un axe majeur de la politique du Centre des Monuments Nationaux. Comme à Carrefour, où les hôtesses de caisse sont remplacées par des automates, le guide est concurrencé par l'audio guide. Prenez le plan, l'appareil auditif et démerdez-vous ! Toutefois, vous disposez encore du choix de visite avec un guide patenté. Comment le reconnaître ? Tâtez-lui les mollets ! Lui seul, a la cuisse et le mollet aussi ferme que la pierre qu'il gravit chaque jour.

    ___________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • L'époque où l'on fabriquait des bérets Basques à Carcassonne...

    Entre les deux guerres, l'ensemble de la Haute-Vallée de l'Aude connaît une période de quasi plein emploi grâce à ses usines de chapeaux. A la veille de la grande crise économique de 1929, les différentes sociétés chapelières de l'Aude vont se regrouper afin de mutualiser leurs efforts. De cette restructuration du paysage industriel vont émerger trois nouvelles enseignes. En 1928, la société Canat et de la Chapelle de Couiza s'allie avec les établissements Jean Peille d'Espéraza pour devenir l'I.C.A (Industrie Chapelière de l'Aude). La même année, les usines Villa d'Espéraza et de Couiza fondent l'U.C.F (Union Chapelière Française) ; nous allons en reparler. Enfin, l'année suivante Jean et Baptiste Bourrel s'associent et prennent le nom d'Etablissements Bourrel réunis.

    Capture d’écran 2018-04-06 à 11.08.08.png

    Publicité dessinée par le peintre Jean Camberoque.

    Cet accroissement des débouchés a été momentané et dû au développement brusque des importations des Etats-Unis. Mais la crise de 1929 est venue arrêter brutalement cette expansion. En 1927, ce sont 3 017 127 de cloches à chapeaux qui étaient exportées depuis la Haute-Vallée. Ce chiffre passa à 9 161 787 en 1929. Après la Seconde guerre mondiale, on n'en compte plus que 368 226.

    30222390_10215120916563965_8578959443025199104_n.jpg

    L'Union Chapelière Française est fondée par M. Villa d'Espéraza le 30 juillet 1928, suivant statuts déposés chez Me Escarguel, notaire à Carcassonne, le 17 juillet 1928. Son siège social se trouve à Paris, mais son usine s'implante à Carcassonne au n°33 de la rue Alfred de Musset.

    Capture d’écran 2018-04-06 à 09.40.10.png

    A partir de 1950, la crise chapelière a pour effet de ne plus pouvoir proposer de travail, car il lui impossible de renouveler son personnel. C'est 60% des moins de 21 ans qui quittent Espéraza et Couiza en direction de Quillan et Limoux, villes dans lesquelles de nouvelles industries se créent. Cinq ans plus tard, il ne reste plus que trois fabricants de cloches. Le COFIC fait transformer par l'I.C.A et l'U.C.F les matières premières qu'elle achète. Après la faillite de l'U.C.F, seule l'I.C.A exécutera ce travail.

    Capture d’écran 2018-04-06 à 11.27.47.png

    A l'arrière de l'église du Sacré-Cœur, l'usine des bérets avec sa cheminée

    La faillite de l'Union Chapelière Française intervient le 26 mars 1955 pour défaut d'intérêt de masse. A dater du 7 novembre 1958, l'affaire d'Henry Villa est rachetée par Raoul de Rochette demeurant au château de Gaja près de Carcassonne. Il acquiert un fonds de fabrication et de vente de bérets avec la contremarque Perly pour 90 millions de francs, à la Société Union Chapelière Française représentée par Pierre Azéma, président du Conseil d'administration.

    Capture d’écran 2018-04-06 à 11.33.46.png

    En 1974, la cheminée de l'ancienne usine des bérets qui culminait à 26 mètres au-dessus du quartier de la Pierre Blanche, est abattue. Les bâtiments sont alors transformés et deviennent la propriété de la société textile Sermo qui s'en servira d'entrepôt.

    Capture d’écran 2018-04-06 à 11.39.39.png

    Les bâtiments de l'usine sont aujourd'hui occupés par un bowling. Il ne reste plus que les toits pour matérialiser encore le passé industriel de ce lieu oublié qui fit vivre de nombreuses familles d'ouvriers.

    Sources

    Notes, recherches et synthèse / Martial Andrieu

    Revue d'économie méridionale / 1959

    Bulletin des annonces civiles et commerciales

    _________________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018

  • Mgr Jean Joseph Pays (1882-1951), évêque de Carcassonne

     Né le 7 janvier 1882 à Julos (Hautes Pyrénées), Jean Joseph Pays n'avait pas été élevé avec une cuillère en argent dans la bouche. Ses parents étaient au contraire des travailleurs de la terre vivant très modestement, mais suffisamment pour arriver à nourrir dix enfants : "Ma première éducation familiale fut plutôt austère. Nous étions nombreux et plus riches de traditions honorables et chrétiennes que des biens de la fortune. Nos parents vénérés nous donnèrent en particulier l'exemple du travail, et de bonne heure aussi nous en firent prendre l'habitude. Notre père aimait à rappeler avec une pieuse confiance qu'il était né le même jour que Bernadette, le 7 janvier 1844. Lorsque j'eus fait ma Première Communion le 15 août 1892, M. l'abbé, comme nous appelions le pasteur de la paroisse, me demanda si je voulais étudier pour devenir prêtre. On fut bien vite d'accord, M. l'abbé, mes parents et moi-même." Une vocation familiale, puisque son frère sera le supérieur de la Congrégation de religieux attachés à la grotte de Lourdes.

    Capture d’écran 2018-04-02 à 09.42.25.png

    Jean Joseph Pays en 1940

    Le 9 juillet 1905, après des études au Séminaire Saint-Louis des Français à Rome, Jean Joseph Pays est ordonné prêtre. Directeur du Grand Séminaire de Tarbes, sous l'épiscopat du cardinal Gerlier, Primat des Gaules et archevêque de Lyon, l'abbé Pays est nommé évêque de Carcassonne par le pape le 16 août 1932. Son prédécesseur Mgr Portes prendra ses fonctions à l'archiépiscopat d'Aix-en-Provence.

    Capture d’écran 2018-04-02 à 09.55.33.png

    Sacré le 7 octobre 1932 dans la Basilique du Rosaire à Lourdes, Mgr Pays est intronisé dans la cathédrale de Carcassonne le 27 octobre 1932. La République l'honore en 1949 en lui décerna la légion d'honneur, épinglée par le préfet de l'Aude M. Picard, en présence du Dr Philippe Soum, maire de la ville. Très vite, le nouvel évêque s'attache à connaître l'ensemble du département, visitant jusqu'à 8 localités par jour. En 1935 : 66 confirmations et 130 visites canoniques de paroisses. En 1936 : 85 confirmations et 120 visites. En 1937 : 69 confirmations et 130 visites. Même malade, il a tenu jusqu'en décembre 1950 : consécration de la cathédrale en novembre 1949, pèlerinage à Rome en mai 1950, pèlerinage diocésain à Lourdes en juillet, retraites pastorales en septembre, triduum de la Bienheureuse Javouhey en novembre à Limoux, ordination, etc. Concernant ses œuvres pour le département : Réorganisation des collèges de Carcassonne et de Narbonne, fondation de la Manécanterie Notre-Dame et de l'orphelinat Notre-Dame de l'Espérance, aménagements du Grand Séminaire et de la Maison de Béthanie.

    Capture d’écran 2018-04-02 à 10.08.34.png

    Mgr Pays sur son lit de mort

    Le lundi 18 juin 1951 Mgr Pays s'atteint subitement à l'évêché à 8 heures du matin. Carcassonne va alors lui faire des obsèques grandioses, certainement à la dimension de ce personnage d'église. Elles ont lieu le jeudi 21 juin à 9h30, présidée par Mgr Saliège, archevêque de Toulouse. 

    Capture d’écran 2018-04-02 à 10.14.05.png

    A travers les rues du centre-ville, le cortège s'ébranle, comme ici place Carnot. Une foule immense le salue sur son passage. Dans la cathédrale, on remarquera la présence des R.P abbés des Cisterciens de Fontfroide et Saint-Michel de Cuxa, des Bénédictins d'En Calcat, des Trappistes de Sainte-Marie-du-désert. Les Vicaires généraux Rivière et Boyer accompagnés du Chancelier Cazemajou, aident le services religieux célébré par Mgr Garonne. Du côté des autorités civiles : MM. le préfet Picard, le secrétaire de préfecture Alexis Fabre, l'abbé Gau (député), Dr Henri Gout (ancien député), Francis Vals (Président du Conseil général), Itard-Longueville (Maire), etc. Les honneurs militaires sont rendus par un détachement du 24e R.I coloniale.

    100_1757.jpg

    La tombe de Mgr Pays dans le chœur de la cathédrale St-Michel

    Le corps de l'évêque fut déposé dans la crypte du chœur le 22 juin 1951 à 16 heures. Il repose aujourd'hui aux côtés de ses illustres prédécesseurs et successeurs.

    Sources

    Notes, synthèse et recherches / Martial Andrieu

    _______________________________

    © Tous droits réservés / Musique et patrimoine / 2018