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Vieux quartiers - Page 11

  • Hameau de Villalbe : autopsie d'un déclin progressif

    Le hameau de Villalbe situé à 5km de la ville n'a plus aujourd'hui qu'un seul privilège... Celui de payer les mêmes impôts qu'à Carcassonne sans toutefois en avoir les avantages. Les rues n'y sont pas toujours bien entretenues, les trottoirs dans le vieux village n'ont pas été refaits depuis 25 ans, la délinquance ordinaire s'y est établie et les commerces ont entièrement disparu. Rassurez-vous cela ne date pas d'aujourd'hui, mais depuis 20 ans cela ne cesse d'empirer.

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    Villalbe

    commune de Carcassonne

     Le village qui n'avait dans les années 1950 que quelques 300 âmes, possédait un nombre important de commerçants. Aujourd'hui, le village compte près de 2000 habitants et n'a plus aucun commerce depuis la fermeture de la boulangerie de Michel Dominé au début des années 1990. On peut considérer contrairement aux autres hameaux (Maquens, Montlegun ou Montredon) que Villalbe et Grèzes-Herminis ont étés de ce côté, totalement laissés à l'abandon. L'argument pour justifier ce manque a toujours été la proximité (3 km, quand même) de l'hypermarché à Salvaza. Si l'on met en avant que les villalbois sont très mal déservis par les lignes de bus aux horaires impossibles qui bientôt passeront par Bram pour s'arrêter au hameau, on alourdit ce constat.

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    Plus aucun abribus malgré des demandes insitantes à l'agglo. 

    Oui, il faut près de 45 minutes pour aller en bus du centre ville à Villalbe, là où en voiture cela en prend seulement dix minutes (il y a 5 km). Dois-je également parler des bus qui ne fonctionnent pas le dimanche à Carcassonne ? Un détail peu gênant pour les carcassonnais intra-muros, mais pour les autres ? Vous me direz, il y a la voiture. Effectivement, mais d'abord bon nombre de personnes âgées n'en possèdent pas ou ont arrêté de conduire. Si elles tombent malades un dimanche, il faudra attendre le lendemain pour se rendre chez le médecin et à la pharmacie... à Maquens. Si par malheur vous deviez mourir, ne comptez pas non plus sur un curé. Le dernier sur le hameau est mort en 1997, c'était l'abbé Maurice Vidal.

    Les anciens commerces

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    Épicerie Castel

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    Épicerie Martrète

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    Café Escudier

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    Tabac-presse Ormières

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    Boulangerie Dominé

    Aujourd'hui cantine de l'école

    Villalbe a perdu en 20 ans son club de football (Etoile Club Villalboise) et son Comité des fêtes, son curé et son conseiller municipal délégué sur place. Il lui reste l'école, la maternelle, un club de 3e âge et une association (A3V).

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • Sur les traces de l'ancien domaine de Saint-Jean de Brucafel

    Il suffit parfois d'une mauvaise retranscription de l'administration, pour qu'une seule lettre change l'identité d'un lieu vieux de plusieurs siècles. À Carcassonne, on est sur ce point assez coutumier du fait. Citons pour exemple la Ferrandière qui devient la Ferraudière, le chemin de Malelait à Villalbe qui devient Matelait, le domaine de Moureau qui devient Moreau...etc. Nous allons aujourd'hui nous intéresser au domaine de Saint-Jean de Brucafel - aujourd'hui disparu - sur lequel s'est construit le quartier Saint-Jean de Brucatel par le miracle d'un fonctionnaire atteint de myopie.

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    Situation

    La commanderie de St-Jean - possession de l'Ordre de Malte jusqu'à la Révolution - se trouvait au nord-est de Carcassonne. En 1810, le passage du Canal du midi dans la ville partagea les terres du domaine en deux. Sur le plateau de Grazailles en direction de l'actuelle zone du Pont-rouge, on distinguait à droite les bâtiments de la ferme. Les terres se prolongeait en contre-bas jusqu'à la route minervoise, la SOMECA et l'usine de St-Jean, qui bien entendu tire son nom de l'ancienne commanderie.

    Généalogie

    Propriété de la famille de Murat jusqu'à la Révolution, ce domaine leur est ensuite confisqué. Il est acquis en 1797 par Pierre Paul Bilhard (1752-1807), futur beau-père de Casimir Dupré (1781-1863) qui en héritera ensuite par le biais d'un mariage consenti avec Marguerite Bilhard (1788-1865). Leur fils, Joseph Léo Dupré (1808-1882), avocat général à Bordeaux puis Procureur général à Toulouse sera Député de l'Aude de 1849 à 1851. Il s'installera en 1870 à St-Jean afin d'entretenir le domaine agricole jusqu'à sa mort le 16 juillet 1882. De son mariage avec Marie Miquel, il aura cinq enfants.

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    © Chroniques de Carcassonne

    Casimir Dupré est le fils de Joseph Dupré (1742-1823), fabriquant en draps. Ce dernier est élu à l'Assemblée Nationale entre 1789 et 1791, puis maire de Carcassonne de 1791 à 1792. C'est un partisan très modéré de la Révolution. Considéré comme suspect pendant la terreur, il doit se cacher et devient le 9 thermidor 1793, membre du Conseil supérieur du commerce. Il vit dans un hôtel particulier de la rue de Verdun ; exactement, dans l'actuel Centre Joë Bousquet.

    Les transformations du domaine

    En 1810, les 120 hectares des terres du domaine de St-Jean de Brucafel sont donc coupées en deux parties, pour laisser passer le Canal du midi dans Carcassonne. Si les 50 hectares situés au nord avec les bâtiments sont constitués de terres fertiles, il n'en est pas de même des 75 ha au sud. Ceux-ci représentent un désert stérile, improductif et abandonné aux crues de l'Aude qui ravagent 15, 20 et parfois 30 ha.

    Casimir Dupré obtient en 1836 la concession d'un barrage de 0,85 mètres de longueur sur l'Aude avec deux vannes d'un mètre 33 de largeur chacune. Dupré ouvrit un canal d'un kilomètre 600 dont les eaux après avoir arrosé 50 ha, se jetèrent à 2600 mètres du barrage. Les 20 ha restant ne pouvant être arrosé par ce moyen en raison de l'élévation du terrain, ils le furent grâce à une roue hydraulique à double auget et une noria à manège de deux chevaux, donnant ensemble 2 m3 d'eau par minute. 5 ha sont arrosés grâce àune concession avec le Canal du midi.

    Casimir Dupré, afin de préserver ses nouvelles prairies des caprices du fleuve, a fait ériger 2000 mètres de digues et planter en rivière de nombreux arbres et taillis. Après avoir défoncé et nivelé ces terres, il a remplacé les graviers par des limons et de la vase issues des eaux bourbeuses de l'Aude. Tant et si bien que la partie au sud a supplanté en intérêt agricole celle du nord, devenue accessoire. Casimir Dupré devint ainsi le premier qui à grand échelle, transforma dans l'Aude des terres de sable et de gravier en prairies cultivables. Son investissement financier fut considérable, tout comme les milliers d'arbres qu'il a planté pour lutter pendant quinze ans contre les inondations.

    Que reste t-il de St-Jean de Brucafel ?

    Sur les terres situées au sud, on a construit une minoterie dont l'activité perdura jusqu'en 1925; l'usine de javel de St-Jean jusqu'en 1987 et la SOMECA, construite en 1936. Au nord, les bâtiments du domaine de St-Jean de Brucafel ont été rasés dans les années 2000. Un lotissement donnant naissance à un nouveau quartier de la ville a été construit tout autour. Il ne reste que peu de vestiges et un jardin d'enfants.

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    © IGN

    Le domaine de St-Jean en 1986

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    © IGN

    La même prise de vue en 2015 

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    © Jacques Blanco

    Ce qu'il reste de la Commanderie templière de St-jean de Brucafel

    Sources

    Généanet

    Mémoire de la Société Royale et centrale d'agriculture (1841)

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  • L'insidieux bétonnage du poumon vert de Carcassonne...

    Ah! Quelle était belle ma Cité lorsque je l'apercevais depuis le béal longeant le quartier de la Barbacane, s'écriait tristement une riveraine en 1991. La municipalité faisant fi sûrement de la prescription de la DREAL concernant l'inconstructibilité du périmètre protégé autour de la Cité, venait de délivrer un permis de construire pour l'édification sur deux étages d'une résidence pour personne âgées.

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    La zone en rouge délimite le périmètre inconstructible autour de la Cité.

    (Source: DIREN)

    L'ancien terrain maraîcher, situé en zone inondable, allait bientôt accueillir engins de terrassement, pelleteuse et bétonnières. Cette transformation d'un paysage bucolique en zone constructible avait déjà débuté lors des travaux de mise en sens unique de la rue Barbacane en 1986, par le percement et le goudronnage de la rue Dujardin-Beaumetz. La résidence en question se trouve comprise entre les deux voies...

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    5280 m2 de terrain, 3300 m2 au plancher, 7,5 m de hauteur au sol. Ce sont les dimension de la résidence de 73 chambres pour personnes âgées, livrée en juin 1991. Le bâtiment dessiné en L, s'étend sur 46 mètres dans la rue Barbacane et sur 68 mètres, rue Dujardin-Beaumetz. Le chantier a été confié à une énorme entreprise de travaux publics : La SPIE

    L'architecte de Montpellier indique :

    "Nous avons fait attention à ce que toitures (tuiles vieillies) , crépis extérieurs (couleur étudiée) et tout le reste soit dans le ton. Même philosophie au niveau de la façade qui sera rythmée par de petits éléments faisant sallie."

    L'avis d'un riverain en 1991 :

    "De la route, on voyait bien la Cité. Le 14 juillet, les Carcassonnais s'y pressaient nombreux. Magnifique ! De la Cité, on ne verra plus que la girouette. Et encore..."

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    Voici la résidence aujourd'hui

    Une nouvelle polémique sur la construction d'un parking sur les terrains de l'île agite le landerneau Carcassonnais. Situé sur l'emplacement des 220 millions d'euros d'un Centre de congrés qui ne vit jamais le jour et que les Carcassonnais durent rembourser pendant 20 ans, ce nouveau bétonnage s'attaque à un des derniers poumons verts de la ville.

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    Le jardin extraordinaire présenté à la presse

    Ce projet de M. Larrat a été abandonné par la municipalité Pérez, qui promit d'y faire un jardin extraordinaire en 2009. Faute de crédits ou de volonté, l'idée écologique de Tamara Rivel se perdit peu à peu dans les couloirs sombres du service de l'urbanisme comme Trencavel dans les oubliettes de la Cité. Tant et si bien que M. Larrat, revenu aux affaires de la ville, décide de mettre à exécution son projet de 2008. Moralité ? Verdure contre béton, c'est toujours le dernier nommé qui avance dans Carcassonne depuis plus de 30 ans.

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    © Julien Roche

    Dès cet été, les gaz d'échappement viendront polluer l'air de l'île. C'est paraît-il le prix à payer pour supprimer les véhicules de la place Saint-Gimer. Une meilleure idée aurait été peut-être de créer un parking de délestage hors de la ville, avec des navettes gratuites pour amener les touristes à la Cité. Au Mont Saint-Michel, ils n'en sont pas morts. Et puis, il est impossible là-bas de bâtir sur le sable...

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