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Vieux quartiers - Page 9

  • Souvenirs du quartier des Capucins (Acte 1)

    Difficile aujourd'hui de faire comprendre aux nouveaux habitants de ce quartier de la ville, la raison pour laquelle on le nomme "Les capucins". Le père Anselme, le dernier capucin à la robe de bure de ce couvent - est décédé depuis plusieurs années. Quant aux bâtiments monastiques fondés en 1867, ils ont été rasés en 2002 avec le concours de la municipalité de l'époque.

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    Le couvent avant 2002

    On trouve en lieu et place, une résidence d'un béton déjà ravagé par treize années d'intempéries. Cette destruction attira la foudre des riverains du quartier, mais rien ne sut empêcher l'appât du gain d'un promoteur immobilier, qui n'avait que faire des kermesses de charité du secours catholique... Imaginez-vous la Trivalle sans Notre-Dame de l'abbaye, la Barbacane sans Saint-Gimer ou encore la Pierre blanche sans le Sacré-coeur ?

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    En 1962, un projet avait déjà mobilisé la population du quartier. La municipalité Fil souhaitant réhabiliter les vieilles bâtisses, devait les raser l'ensemble des Capucins. La mode était au immeubles en béton confortables et modernes, dans le style de Saint-Jacques - le Viguier. Pendant six mois, les habitants menés par M. Manceret se sont battus contre ce projet. Grâce aux manifestations, aux pétitions et au fusil de Mme Milhès devant sa porte, la ville rendit les armes. Il faut dire que ce quartier depuis l'attaque du fort du mail au début du XXe siècle, connaît très bien le mot Résistance.

    La naissance du quartier

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    Bordé par l'allée d'Iéna, le boulevard Barbès, la place d'armes et la rive gauche de l'Aude, ce quartier s'est construit entre le Pech Lagastou et la route impériale 119 ; en partie sur les terres de M. Laraignon. D'ailleurs de nombreuses rues portent le nom d'anciens propriétaires de terrains agricoles. On peut comparer le dessin urbain des Capucins à celui de la Bastide St-Louis, en raison de ses rues à angle droit et perpendiculaires. Il y a 100 ans, on compte 502 maisons abritant 1005 ménages pour 3592 habitants ; la population totale de la ville est de 28 868 habitants. Après la Grande guerre, des familles d'immigrés espagnols s'y sont installées, entassées parfois dans une seule et même maison.

    La vie sociale

     Dans ce petit village, les gens vivaient chichement des travaux agricoles ou du traitement des chiffons. D'autres, étaient matelassiers, bourreliers, charbonniers ou tailleurs de pierre, comme Vidallet. Lefarré et Izquierdo avaient choisi la tonnellerie. Pierre et Robert Campagnaro réparaient leurs voitures dans un garage de la rue Alba. À Patte d'oie - le dépôt d'ordures du quartier - accueilli à partir de 1934 la base de production de mortier destinée aux grands travaux de construction de la ville.

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    La jeunesse des années 30

     Le couvent donnait du réconfort moral aux épreuves de la vie et la soupe populaire y était servie. Cependant, la plus grande force aux Capucins, c'était la solidarité entre les habitants de toutes conditions, de toutes confessions, de toutes origines.

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    La jeunesse des années 60

    Le clochard Esquive appelé de son vrai prénom Georges, faisait partie de la famille.

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    Personne n'a oublié Pierre Moffre, le coordonateur de cet élan humaniste. Si vous avez suivi Gino Cervi et Fernandel dans Don Camillo, il est inutile d'en dire davantage...

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    La famille Loustot (Café de l'Industrie)

    On ne se rencontrait pas dans d'austères hypermarchés, mais dans l'une des vingt-cinq épiceries, quatre boulangeries, deux cafés (Industrie et Lapasset). 

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    La boulangerie Bonnafil

    Les loisirs

    Le samedi soir, tout ce petit monde dansait chez Quintilla au Païcherou en sifflant un "blanc" sous la tonnelle. À l'époque, Florent Quintilla ou Paul Chapeau te faisaient passer sur l'autre rive grâce au bac et son fil d'acier, tendu d'un bout à l'autre. Monplaisir d'été - une autre guinguette - attendait les amoureux qui se bécotaient pas sur les bancs publics mais dans le foin d'une grange, à l'abri des regards. D'autres, un peu plus grands, fréquentaient le lupanar du Chat noir, rue Laraignon. Ils y rencontraient les bidasses du 51e bataillon indochinois, en garnison à la caserne Laperrine.

    Les écoles

    Les garçons allaient à l'école publique, située à l'angle des rues du Mail et du 24 février - l'école Barbès l'a remplacé ensuite. L'immeuble appartenait au directeur M. Poux. Les instituteurs s'appelait Tarbouriech, Déjou, Sirven, Bès, Poux... Certains ont connu la règle en fer sur les doigts, la privation de la récré... À une autre époque, le corps enseignant c'était MM. Montech (directeur), Fages, Sadourni, Massine, Calvairac et Mme Avizou. Les filles étaient obligées d'aller à André Chénier.

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    La plaque de l'école Sainte-Marie se trouvait sur le couvent de la place Davilla. Elle a été sauvée par J. Blanco.

    Il y avait également des écoles privées comme celle des Frères de la doctrine chrétienne, rue des Amidonniers. Elle était vulgairement nommée, l'école des frères quatre bras. Ceci à cause de leur tenue vestimentaire : paletot sur les épaules porté en satinette, à grandes manches non enfilées flottant au vent. Les filles allaient à l'ancien patronage Jeanne-d'arc devenu écoles Sainte-Marie et Saint-Michel. Notons également une l'école maternelle des soeurs de Saint-Aignan, à l'angle de la rue des amidonniers et de la rue neuve du mail. Elle a fermé avant 1930.

    Au moment de la construction de la nouvelle école Barbès, des préfabriqués avaient été installés à Patte d'oie pour le filles. Le jeudi, il n'y avait pas classe - c'est maintenant, le mercredi - on allait piquer une tête dans la païchère à Aude. Oui ! Quand tu es des Capucins, tu vas à Aude (le fleuve). On y croisaient ceux du club nautique ; les Crochemore, Septours, Lamy, Séguy, etc... D'autres écoliers se rendaient au patronage (école Saint-Michel), au cinéma "Les Capucines " (rue des Amidonniers), ou chez le scalp des coiffeurs Pécal et Bosc.

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    © Claude Marquié

    Le cinéma "Les Capucines" était tenu par Marcel-Yves Toulzet. C'était une ancienne chapelle... Tout a été rasé pour une résidence immobilière.

    Le catéchisme

    À la sortie de l'école les enfants allaient au catéchisme chez Mlle Pelouze, rue des amidonniers. L'abbé Gironce avait une voix de stentor et ne plaisantait guère, contrairement à l'abbé Lapalu.

    Le Cagadou

    Dans la descente de la rue Marceau Perrutel jusqu'au jardin de Bièche, était le cagadou. Malheur à celui, incapable de parcourir la pente en patin à roulettes sans réussir à se tenir debout. À vélo, l'exploit se résumait à descendre sans user des freins. Le manque de courage excluait tout participant de la bande à "Pichule" alias Gérard Almerge et de ses copains Fanfe, Rigadens, Titan, Baluchon, Villeuch, Guéga, Nano, Escudéro, Boutiole, etc...

    Le sport

    Les soirs d'été, on sortait les chaises devant les portes pendant que les gosses rêvaient aux exploits de l'ASC XIII, en tapant dans le ballon ovale au jardin de Bièche (ASPTT Tennis). Ce dernier était aussi les rendez-vous des embrassades sur la bouche. Les associations sportives animées par des bénévoles comme Alex Lagarde, ne transformaient pas les enfants en voyous des rues. Elles leur donnaient l'esprit de discipline et de camaraderie. On jouait également à la pétanque sur les terrains de Laperrine ou de Macao. Pour le jeu lyonnais, les champions de la boule joyeuse se nommaient Loustot, Ferrer, Fourès ou Fuzier.

    Les fêtes

    Personne n'a oublié la fête du quartier des Capucins avec l'orchestre José Marson, sur la place Joseph Poux. Les farandoles dans les rues, les lampions, les bals... Elle durait deux week-end consécutifs. On allait chercher le buis dans les bois pour la décoration de l'orchestre. Des mains bénévoles réalisaient des guirlandes... "La placette" n'étant pas goudronnée, il fallait aplanir le sol avec de la terre, de la sciure et des planches de bois. Autour de la piste de bal, le cafetier Loustot installait la buvette. Des glaces et des friandises étaient vendues par des marchands ambulants comme MM. Soler, Coma-Pérez ou Alcas. 

    Pendant que José Marson chantait "Oh ! Cathy, Cathy", les gens entamaient la danse des sucettes. 

    Le jeudi après-midi précédant la fête, il y avait le tour de table chez les commerçants et artisans. Le dimanche matin entre 9h et 15h, il se faisait chez les habitants du quartier. En échange d'un morceau de musique joué par l'orchestre, les riverains donnaient un peu d'argent pour financer les festivités.

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    Cet article a été réalisé grâce aux témoignages d'anciens qui ne sont plus là... Citons l'excellent travail de mémoire de Mme Dariscon, tragiquement disparue. Je vous prie de m'excuser si par hasard, il devait y avoir quelques erreurs ou oublis, car je n'ai pas connu cette époque et je n'ai jamais habité ce quartier. Je lance un appel à toutes les bonnes volonté afin d'enrichir ces témoignages. Envoyez-moi vos souvenirs et vos vieilles photos, car il y aura d'autres épisodes à cet article.

    andrieu-martial@wanadoo.fr

    Remerciements

    Alex Lagarde, Jean Lapasset 

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2016

  • Les fêtes de Saint-Gimer à la Barbacane

    Au registre de nos chers disparus, les fêtes de St-Gimer dans le quartier de la Barbacane restent encore dans le souvenir de nombreux Carcassonnais. Vers le 15 mai de chaque année, le coup d'envoi était donné dans la joie et l'allégresse générale. Sans subventions, mais avec une volonté de fer, le comité des fêtes préparait cet évènement trois mois à l'avance. Seule une Marseillaise ou une Internationale - suivant les idées des familles - jouées par des musiciens lors du Tour de table, apportaient quelques sous à l'organisation. Attention ! Il ne fallait surtout pas dépasser la frontière avec la Trivalle voisine, située sous le porche de la rue de la Gaffe. Les deux quartiers étaient les deux meilleurs ennemis de ville...

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    Sur l'actuelle place du chanoine Verguet

    Pendant 36 ans, le café Azéma (discothèque la Bulle) tenu par les familles Azéma et Gardel fut le quartier général des fêtes de St-Gimer. Pauline Azéma en vit passer des Tours de l'âne - la tradition typiquement Carcassonnaise, aujourd'hui disparue :

    "Ah ! ça c'était quelque chose. Après que le dernier marié de l'année y fut monté dessus, je me souviens qu'ils arrivaient tous au café pendant la fête du quartier, âne compris, pour se faire payer à boire. Après plusieurs tournées, les hommes donnaient leur bière à l'âne qui repartait du café à moitié saoul. C'était une tradition."

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    Le café Azéma de 1930 à sa fermeture en 1966 avait pour siège les clubs de boxe et d'haltérophilie. 

    "Avant la vie de quartier c'était drôlement vivant. Chez nous, les grandes figures de la Barbacane : les Morlain, Bajouet, Sautel, Soler, Rajol... savaient faire la fête."

    La dernière halte durant les fêtes de St-Gimer se faisait chez Espeluque ou chez Denis. Chez Dame Carcas, la fête durait toute l'année.

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    Dame Carcas en 2015

    Des fois, l'épouse de l'un des joyeux drilles envoyait son fils chercher le père pour la soupe qui avait sonné depuis longtemps. Quand il arrivait chez lui, sa femme lui réservait cette fois, une belle soupe de "mours". C'est à dire qu'elle lui faisait la tête, en bon français. Le patron de Dame Carcas, Denis Rancher, passa la main et le bar devint Dame Jeanne. Ce fut le rendez-vous des concerts de rock.

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    Le char de la Barbacane au Carnaval de Carcassonne

    Crédit photos

    Paola Barberis

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    © Tous droits réservés/ Musique et patrimoine/ 2015

  • La rue Voltaire au début du XXe siècle

    Anciennement rue Saint-Michel, ce n'est que le 7 juillet 1883 que l'administration municipale décide de lui donner le nom du philosophe Voltaire (1694-1778). Cette rue rejoint en sens unique de circulation le boulevard Camille Pelletan à celui de Théophille Marcou et dessert perpendiculairement vers le centre de la bastide St-Louis, les rues Coste-Reboulh, Bringer, Courtejaire, Chartran, Tomey, Sauzède, des études et Littré. Cette artère dépourvue de commerce, ceci expliquant peut-être cela, n'a jamais bénéficié d'un plan de rénovation urbain semi-piétonnier. Si le bas de la rue jusqu'à la cathédrale St-Michel est plutôt préservé de la ruine, le haut jusqu'au jardin du Calvaire est presque totalement laissé à l'abandon. Les trottoirs sont trop petits pour s'y croiser ou y passer avec une poussette; il faut alors emprunter le centre de la rue avec le danger de se trouver nez-à-nez avec un véhicule. Certaines habitations sont miséreuses et les façades fortement décrépies donnent un aspect d'un bien triste Carcassonne. Pour autant, la rue Voltaire bénéficie d'un avantage certain; celui de désengorger la rue de Verdun située dans le même axe de circulation. Si vous venez du Dôme pour rejoindre la place Davilla, vous gagnerez du temps en passant rue Voltaire jusqu'au boulevard Marcou. Il ne vous restera que 200 mètres en tournant à droite pour aller à votre destination finale. Cela vous permettra sur votre passage d'apercevoir la cathédrale (à gauche), la façade de la chapelle du petit séminaire (à droite) et l'entrée du jardin du Calvaire (à gauche).

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    La rue Voltaire, vue depuis la clinique Delteil en 1905

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    Au même endroit, à l'angle de la rue Coste-Reboulh en 2015

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    La première montrée sur cette photo, est la deuxième à partir de la rue, a été reconstruite mais a gardé à l’intérieur des structures anciennes. On y mettra une plaque..La deuxième avait été refaite par le pédicure Maury. La suivante a été refaite en partie. Il y avait ensuite des anciennes écuries reprises en habitation par la famille Bertrou. Celle qui continue est celle des Perxachs, etc.
    L'arbre que l'on aperçoit au fond de la photo, montre l'ancien jardin sur la parcelle de la Banque de France ; ancien hôtel Rivals-Gincla.

    Il y avait des transversales, notamment dans ce quartier du bas de la ville qui permettaient de se rendre du boulevard Barbès à la poste sans passer par les rues ! Les enfants qui jouaient toute la journée dans les rues les connaissaient bien.
    Ainsi, lorsque vous vous trouviez sur la promenade des Tilleuls (actuel Bd Roumens) vous pouviez rejoindre la poste sans passer par les rues ou presque. Il suffisait d'emprunter les escaliers et le couloir à côté du Café glacier (actuelle Maison de retraite Korian) et vous vous retrouviez rue Voltaire entre la clinique Delteil et la maison de madame Anna Nègre. En faisant quelques pas dans la rue Coste Reboulh vous rentriez dans la cour toujours ouverte (Ecole de danse Anny Brumas) puis jardin du Colonel Soulet et couloir du Docteur Soum. Vous voilà dans la rue Aimé Ramond qu'il suffisait de traverser pour prendre le passage de l'imprimerie Fillouid, vous passiez une cour, puis un couloir, puis encore une cour et vous étiez rue de Verdun à hauteur du café de la Poste. A cet endroit, en traversant la rue vous aviez une belle porte cochère au niveau du magasin "La redoute" (actuel marchand de fleurs) et un long couloir qui vous menez sur la place de la poste.
    Outre le fait que l'on pouvait se cacher dans tous ces couloirs, cours et escaliers nous avions en pleine ville de quoi faire un jeu de piste. Si l'on jouait "aux gendarmes et aux voleurs" il valait mieux être voleur car les gendarmes n'arrivaient jamais à vous retrouver!!!
    Des transversales existaient aussi en haut de la ville, notamment entre la rue Aimé Ramond et la rue de Verdun, c'était l'époque où tout était ouvert jour et nuit, le temps de la libre circulation ! 

    Les récits ci-dessus ont été rapportés par Marie-Chantal Ferriol et Gérard Authier

    Collection Martial Andrieu

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